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Message Publié : 11 Mars 2009 19:44 
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je me souviens avoir entendu le problème de l'eau sous le réacteur, mais je pense, qu'il ne s'agissait pas de danger de fusion( la fusion a besoin de bien plus d'énergie, et de combustible appropriée). Le danger pouvait être une explosion des vapeurs de l'eau, surchauffée et compressée par le magma du réacteur. Le contact rapide entre l'eau de refroidissement et le combustible toujours en réaction pouvait provoquer une explosion ordinaire, qui risquait de disséminer encore plus les particules radioactives dans l'atmosphère.

Je ne sais pas si c'est lors de cette opération précisément que fut réalisé ceci : avant de pouvoir injecter du béton sous la centrale, il y a fallu creuser des tunnels. C'est pourquoi les mineurs y creusèrent d'abord des galeries.


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Message Publié : 11 Mars 2009 23:11 
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kalinin11 a écrit :
Je ne sais pas si c'est lors de cette opération précisément que fut réalisé ceci : avant de pouvoir injecter du béton sous la centrale, il y a fallu creuser des tunnels. C'est pourquoi les mineurs y creusèrent d'abord des galeries.

Il doit s'agir de ce que j'ai décrit comme un sous-sol avec des piliers : en fait, une galerie étayée. (les images n'étaient pas fameuses - mauvais éclairage)

Merci pour vos précisions.

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Message Publié : 12 Mars 2009 23:02 
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Le risque de 2eme explosion a bien été réel si on en croit Ackerman, avec a la clef une destruction de Kiev et Minsk puis une propagation des effets des radiations qui aurait rendue la vie "insupportable" en Europe.

Autrement dit nous ne serions pas là pour en parler ou peut être en direct d'une connexion ADSL dans les grottes de Lascaux...

Qui sont les sauveurs de l'humanité?
Les meilleurs mineurs de la Dombass tout simplement, il fallait faire le travail et ils l'ont fait.

Contrairement aux pompiers et à quelques primo-intervenants ils n'ont même pas été décorés et crèvent à petit feu encore à l'heure ou j'écris, sans aucune pension ou reconnaissance.

Que ce soit à Stalingrad ou à Tchernobyl le courage de ce peuple m'étonnera toujours.


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Message Publié : 12 Mars 2009 23:47 
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Cartapus a écrit :
Le risque de 2eme explosion a bien été réel si on en croit Ackerman, avec a la clef une destruction de Kiev et Minsk puis une propagation des effets des radiations qui aurait rendue la vie "insupportable" en Europe.

D'après Ackerman, en quoi consiste ce risque de 2ème explosion ?

Le risque de réactions de fusion au contact de l'eau, que j'ai évoqué - et à supposer qu'il existe - n'est pas un risque d'explosion thermonucléaire.

Citer :
Que ce soit à Stalingrad ou à Tchernobyl le courage de ce peuple m'étonnera toujours.

Le pire, c'est qu'avec leur régime toujours autoritaire, on n'a jamais eu l'occasion de les remercier.

Sauf en les invitant au 60ème anniversaire du débarquement, ce qui est tout même... un peu curieux.

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Message Publié : 13 Mars 2009 0:36 
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Vous mélangez 2 problèmes et 2 effets différents.

Le premier, le corium peut être très chaud. L'uranium fond à 1200°C. Or, à une certaine température, l'eau se décompose violemment et l'hydrogène surchauffé réagit de manière explosive avec l'oxygène. Bref, on avait peur à une série d'explosion "chimiques" qui auraient répandu plus de produits radioactifs, mais à faible distance. Les explosion en questions ne seraient pas des explosions nucléaires et dissiperaient peu d'énergie.

Le second est justement le risque d'une explosion nucléaire selon divers mécanismes. Il faut tenir compte qu'à l'époque la connaissance des réactions au sein du corium est toute théorique et plusieurs théories étaient en concurrence.
Or, l'une partait du principe qu'au sein du corium en fusion, les éléments allaient se regrouper en fonction de leur densité, les plus lourds en bas. L'uranium est l'élément le plus lourd du corium. Il faut environ 50kg d'uranium pour atteindre la masse critique. Donc, dès qu'une telle quantité d'uranium en fusion se serait regroupée, on risquait de voir une explosion nucléaire qui aurait répandu tout le reste de la masse des éléments fondus sur une très grande surface. Mais, ce n'était pas le scénario le plus grave.

Le scénario le plus grave, c'est que l'uranium se soit regroupé, mais pas suffisamment pour exploser. A l'arrivée dans l'eau de la nappe phréatique, cette eau aurait servie de modérateur et aurait initié le démarrage des réactions de fission de tout l'uranium présent. Pouvant générer une espèce de bombe atomique de plusieurs tonne de combustible.

Rassurez-vous, cela ne nous aurait pas conduit à vivre dans des grottes. Son effet aurait été relativement proche de celui de la Tsar Bomba. Même si une telle bombe peut rayer une ville comme Paris de la carte :

Image

Sauf erreur de ma part, il me semble qu'actuellement on estime que le corium a une tendance à augmenter son volume puisqu'il fond les matériaux qui viennent à son contact comme le béton des fondations ou la terre des sols. Or, ces éléments légers diffusent en son sein et auraient tendance à "diluer" le combustible nucléaire présent dans le corium. Ce qui réduirait d'autant les risques d'atteindre la masse critique.

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Message Publié : 13 Mars 2009 11:50 
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Merci pour ces explications très claires.

QU'est-ce que la Tsar Bomba ? Une bombe A de forte puissance ?

Je trouve un peu curieux que l'accident de Three Miles Island n'ait pas conduit les atomistes occidentaux à travailler davantage sur la simulation du corium (avec différentes hypothèses) L'idée que les éléments lourds se regroupent au fond, assez logique, est peut-être un peu courte dans un phénomène où il y a tant d'énergie en jeu. (dans l'huile bouillante, les oeufs tombent-ils au fond ? lol )

C'est le genre de travaux qui aurait pu aider les atomistes soviétiques. Mais peut être cela s'est-il produit.

A Tchernobyl, il faut tenir compte du fait que les hélicos ont lancé dès que que possible des tonnes de modérateur (du bore, en particulier) dans le réacteur à ciel ouvert. Il est probable que le corium était très loin de représenter une masse d'uranium pur, sauf peut-être dans les couches les plus basses.

Au passage, on peut noter que la solution qui consiste à balancer du bore et des tonnes de matière sur le réacteur n'aurait pas été possible sur un réacteur occidental avec une enceinte confinée. Paradoxalement, le fait que l'accident a lieu à ciel ouvert, s'il provoque plus de dissémination radioactive, permet par contre d'intervenir sur le réacteur fondu, et peut-être de limiter le risque de "syndrome chinois."

Cartapus a raison de souligner que nous devons certainement une fière chandelle aux mineurs et pompiers russes et ukrainiens.

Pour ma part, je trouve l'accident de TMI plus inquiétant que celui de Tchernobyl. A Tchernobyl on a un réacteur de conception risquée, non confiné, utilisé ce jour-là pour un essai de montée rapide en puissance avec des sécurité disjonctées et - je crois - une ou plusieurs pompes indisponibles sur le circuit primaire. Accident provoqué par l'incompétence sur une installation dangereuse utilisée en dépit du bon sens.

Par contre à TMI on a une centrale au même standard que les notres. Et l'hypothèse de la Tsar Bomba, ou d'une dissémination due à l'explosion chimique de l'hydrogène est aussi plausible qu'à Tchernobyl.

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Message Publié : 13 Mars 2009 13:56 
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pierma a écrit :
Qu'est-ce que la Tsar Bomba ? Une bombe A de forte puissance ?

La bombe tsar fut la plus puissante bombe jamais testée sur terre, c'est une bombe thermonucléaire (bombe H) de puissance de 57 mégatonnes.

Quant à la fameuse expérience sur la centrale de tchernobyl, j'ai lu son description dans un rapport d'aiea sur l'accident, cette expérience, bien que partant de désir d'améliorer la sécurité, fut très mal préparée et gérée.
en bref, ils avaient constate, qu'en cas de rupture de caténaire d'alimentation d'installations de la centrale en électricité, l'alimentation de secours mettait une minute pour démarrer..., dont ils ont eu l'idée d'utiliser l'énergie cinétique des turbines du générateur pour alimenter les installations pendant le démarrage d'alimentation de secours (en cas de coupure, le générateur est arrêté, mais les turbines continuent de tourner encore quelque temps). Mais le comble fut le fait que pour tester leur système, ils ont coupé toutes les installations de sécurité, pour se placer bien dans les conditions d'une avarie electrique.
N'ayant pu maitriser le réacteur, ils ont ainsi déclenché un accident. C'est un grand résumé de mémoire, il y a eu d'autres facteurs précipitant l'emballement du réacteur.


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Message Publié : 13 Mars 2009 14:06 
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Pour simuler le comportement du corium, il faut des moyens de simulations très important que très peu de monde possédait à l'époque. Et on préférait réserver les très chères heures de calcul sur les super-ordinateurs à la conception de réacteurs sûrs que à étudier les éventuelles conséquences de la non-réalisation de ces calculs.

En fait, pour TMI, et les centrales occidentale, l'enceinte est conçue de manière à régler seule le problème du corium. En cas de fusion complète du cœur, le corium serait constitué au départ par les éléments présents dans le combustible : quelques pourcents d'uranium U235 et de plutonium si on est en fin de vie ou si on a du combustible MOX, plus au moins 96% d'U 238, plus le métal des gaines de combustibles, des structures internes du réacteur. Au moment ou le corium percerait la cuve du réacteur, il incorporerait du métal de cette cuve, plus le béton fondu de la structure interne qui supporte la cuve. En fait, en descendant, il incorpore de plus en plus de matériaux et sa concentration en éléments fissibles diminue. Le plancher de l'enceinte à une épaisseur de 2 mètres, en creusant dans cette couche de béton, il va encore prendre de la masse. De plus, pendant toute cette période, il serait arrosé par le système d'aspersion enceinte, plusieurs centaines de mètres cube d'eau, dont le but est de refroidir le corium de manière à le figer. D'après les simulations qui sont réalisées en prenant des hypothèses les plus défavorables possibles, le corium se figerait avant de percer 1,5 m dans le fond du bâtiment. Il restera donc confiné à l'intérieur du bâtiment.

Mais, le but est de tout faire pour ne pas atteindre la probabilité de survenue d'un tel scénario catastrophe. On a donc vu ces 20 dernières années un durcissement très net des règles d'exploitations des réacteurs nucléaires. Ainsi, pour ce qui est des fuites primaires-secondaires, le critère était de 130 litres heures de fuites autorisées. Aujourd'hui, on s'est donné les capacités de détecter une fuite de 0,1 l/h et on prend des mesures conservatoires à partir d'une augmentation de 3l/h par 24 heures. Dans les faits, on a même tendance à anticiper le critère, si on note une augmentation de la fuite qui pourrait entrainer une augmentation de 3l/h sur 24 heure, on repli préventivement le réacteur. Ce n'est pas rien, puisque cela va indisposer le réacteur pendant environ 2 mois, le temps du diagnostic, de la réparation, des test pour certifier que l'on peut fonctionner sans risques. Ensuite, il faut attendre que l'Autorité de Sûreté Nationale valide le dossier et donne l'autorisation de rediverger le réacteur. Ce qui n'est pas rien puisqu'en ce moment, le MWh coûte environ 70€. Ce qui représente une perte de production d'environ 1 million d'euros par jour pour un réacteur de 900 MW. Mais, je vous rassure, c'est un critère qui n'est pas pris en compte. Quand on a les alarmes, on applique les procédures et la tranche est aussitôt repliée. Et comme je l'ai dit, dans plusieurs cas, on a replié avant que l'alarme apparaisse. L'enjeu est trop important pour EDF, il vaut mieux perdre 60 millions d'euros qu'apparaitre comme un exploitant pas responsable. La manne d'EDF c'est son parc nucléaire, si demain, suite à un incident mal géré, la décision est prise de fermer le parc, EDF sera en faillite.

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Message Publié : 13 Mars 2009 15:50 
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Merci pour ces indications, d'ailleurs rassurantes.

Je viens de lire la description de l'accident de TMI, sur Wiki, et je suis stupéfait d'apprendre que le problème originel concernait le circuit secondaire. La description des séquences successives montre à quel point le moindre détail compte. (Dans l'ensemble, les opérateurs semblent s'être débrouillés assez bien à partir d'informations fausses ou incomplètes.)

Par ailleurs la liste des accidents nucléaires militaires donnée par Wiki est impressionnante. Par la force des choses est concerne surtout les Etats-Unis (L'URSS maintenait le secret sur les mêmes incidents) et liste un nombre incroyable d'armes nucléaires perdues au cours d'exercices aériens ou au cours de crashs.

kalinin11 a écrit :
en bref, ils avaient constate, qu'en cas de rupture de caténaire d'alimentation d'installations de la centrale en électricité, l'alimentation de secours mettait une minute pour démarrer..., dont ils ont eu l'idée d'utiliser l'énergie cinétique des turbines du générateur pour alimenter les installations pendant le démarrage d'alimentation de secours (en cas de coupure, le générateur est arrêté, mais les turbines continuent de tourner encore quelque temps).

Si cette possibilité n'avait jamais été testée, c'était un essai de cinglés. Une idée du responsable de site ou un essai demandé par une plus haute autorité ? (J'imagine qu'on ne le sait pas forcément....)

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Message Publié : 13 Mars 2009 17:12 
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pierma a écrit :
Si cette possibilité n'avait jamais été testée, c'était un essai de cinglés. Une idée du responsable de site ou un essai demandé par une plus haute autorité ? (J'imagine qu'on ne le sait pas forcément....)

je n'ai pas le rapport d'aiea pour le montrer, j'avais lu le rapport sous forme papier, datant de 1989(je l'avais trouvé dans les archives d'une organisation écologique), je ne l'ai pas retrouvé sur internet.
Par contre je viens de trouver un document, décrivant la fameuse expérience
Image
il parait que c'est un document de travail fourni par l'URSS à la commission d'enquête.

De mes propres souvenirs, je crois que l'expérience était proposée par les opérateurs de la centrale, sans envoyer de demande aux instances supérieures (sans doute voulaient-ils se faire bien voir de leurs chefs, obtenir quelque récompense?)
Au début de pouvoir de Gorbatchev, furent fréquents les appels aux ouvriers pour améliorer la qualité de leur travail, à innover, à montrer de l'Initiative. Il se peut que les opérateurs de la centrale ont voulu donner de l'initiative, et innover...


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Message Publié : 13 Mars 2009 20:23 
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pierma a écrit :
Si cette possibilité n'avait jamais été testée, c'était un essai de cinglés. Une idée du responsable de site ou un essai demandé par une plus haute autorité ? (J'imagine qu'on ne le sait pas forcément....)


Je dirais qu'avant de faire l'objet d'un essai en vrai grandeur, il aurait fallu faire une analyse des risques et mettre en oeuvre des parades adéquates.

En fait, l'accident de Tchernobyl est du à la concordance de 2 circonstances. Un fonctionnement prolongé à puissance réduite qui fait que le réacteur se retrouve dans une phase ou en cas de brusque appel de puissance, il va s'emballer et justement la réalisation d'un essai qui va générer un brusque appel de puissance.

Les réacteurs PWR ou BWR fonctionnent dans des plages de puissances ou ils sont autostables. En cas d'augmentation de puissance on a tendance à étouffer les réactions nucléaires. Il est interdit de les faire fonctionner dans des conditions ou ils seraient instables, ou l'augmentation de puissance aurait tendance à emballer les réactions. Le réacteur de Tchernobyl avait plusieurs domaines de fonctionnement ou il était instable ... L'essai dans d'autres circonstances n'aurait pas conduit aux mêmes conséquences. Il était du devoir des directeurs de la centrale de veiller à ce que l'on fasse cet essai dans de bonnes conditions et surtout que l'on ne déconnecte pas des sécurités fondamentales du réacteur.

Apparemment, il s'agirait d'un essai décidé par un ingénieur technique de la centrale. Essai qui devait se faire avant l'arrêt de celle-ci pour révision. Il semblerait que les autorités de Moscou ignoraient que cet essai devait se réaliser. Mais, la direction de la centrale avait une confiance excessive sur les caractéristiques du réacteur.

Maintenant, réalisé dans de bonnes conditions, c'est essai n'était pas aussi aberrant qu'il y parait maintenant que l'on connait les conséquences d'un essai réalisé dans de mauvaises conditions. Surtout, il pouvait permettre d'améliorer la sûreté de la tranche en cas de pertes des alimentations électriques extérieures de la centrale. Il y a une centrale américaine qui a perdu toutes ses alimentations électriques extérieures pendant plusieurs heures en arrêt pour rechargement. Par chance, cela ne s'est pas fait au mauvais moment. Actuellement, nous avons des alimentations internes qui nous permettent de palier pendant plusieurs heures à la perte des alimentations externes. Mais, le réacteur doit toujours être refroidi à cause de la puissance résiduelle qui peut atteindre 7% de la puissance nominale 1 heure après l'arrêt du réacteur. Elle décroit ensuite assez vite. En France ( contrairement aux USA), nous n'avons pas le droit d'ouvrir la cuve du réacteur tant que cette puissance résiduelle n'est pas au-dessous d'une valeur limite.

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Message Publié : 14 Déc 2018 17:40 
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Cartapus a écrit :
il me semble qu'un trés gros radar rendu obsolète par les radiations se situait à proximité de la centrale ce qui n'est pas un hasard puisque des installations militaires secrètes se trouvaient également dans la zone de Pripiat.


Ce radar, appelé Dugan, était d'une conception totalement nouvelle, unique par son ampleur et son ambition. Il a la taille de plusieurs barres d'immeubles. Il était tenu secret même des habitants de Pripyat, et destiné à détecter les missiles ballistiques avant leur ré-entrée dans l'atmosphère. A l'heure de la "guerre des étoiles" avec Reagan, Dugan était un atout primordial du dispositif de défense stratégique de Gorbatchev.

Dugan n'a pas été rendu obsolète par les radiations, mais rendu inopérant par l'explosion de la centrale. En effet, sa taille gigantesque nécessitait sa proximité avec une source d'énergie énorme. En un sens, sa perte c'est l'une des conséquences les plus catastrophiques, stratégiquement, de la perte de la Centrale pour l'URSS.

Du reste, la centrale de Tchernobyl fournissant une partie très importante de l'énergie totale de l'URSS (il semble que ce soit environ 20% attendus à la fin de la construction prévue des autres réacteurs).

Tchernobyl est l'un des événements-clef dont l'URSS ne s'est pas relevé, et montre beaucoup des faiblesses de l'URSS à cette époque.

La chronologie des réactions, juste après l'explosion, montre l'extrême ignorance et désorganisation des autorités.

Les premiers à intervenir réellement pour arrêter l'incendie furent les pompiers, puis quand il s'est avéré que cela était insuffisant, les soldats qui furent envoyés pour recouvrir le centre avec des sacs de sable de 80 kilos, à la main. Ils furent bientôt secondés par des hélicoptères. Les taux de mortalité de ces intervenants furent énormes, et la rapidité avec laquelle ils sont morts de radiation fut fulgurante. Lorsque la décision fut prise enfin d'utiliser du plomb pour recouvrir l'incendie, la première idée fut de déverser 2400 tonnes de plomb directement sur le matériau en fusion, par hélicoptère (les 600 pilotes en sont morts). La température était telle que le plomb s'évaporait, ajoutant une pollution atmosphérique de particules de plomb au nuage radioactif qui montait, empoisonnant la population environnante. C'est pourtant ce qui a éteint l'incendie.

Ensuite, une fois l'incendie éteint, il fallait recouvrir le matériau radioactif. Ce fut le premier sarcophage, qui n'a pas tenu.

La manière dont les responsables locaux de Tchernobyl ont minimisé l'ampleur des dégâts à Moscou révèle les peurs et difficultés de communication au sein de l'Union. Gorbatchev a mis plusieurs jours à être mis au courant de ce qui se passait vraiment. On lui disait que tout était sous contrôle. C'est la Suède qui finalement l'a averti, quand ses scientifiques ont trouvé que les relevés atmosphériques étaient tout à fait anormaux.

Beaucoup d'archives se sont ouvertes sur l'évacuation forcée des villages, dont le village-modèle de Pripyat, l'ignorance dans laquelle les habitants ont été maintenus, les condamnant à mort, sur l'histoire du premier sarcophage, puis de l'actuel. L'histoire du super-radar "Dugan", longtemps maintenue secrète, est également à mettre en lien avec Tchernobyl. Il faut aussi souligner le rôle de la météo et des vents dominants, ce qui a sauvé Kiev.

Un monument à la mémoire des intervenants célèbre depuis l'héroïsme des hommes qui ont tenté d'éteindre l'incendie puis de couvrir l'épicentre, sachant qu'il s'agissait de missions suicides. La région reste une zone d'exclusion, en Ukraine et en Biélorussie.


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Message Publié : 14 Déc 2018 18:56 
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Pour en revenir au titre du post, je me souviens très bien que le premier pays sollicité par les Soviétiques pour les aider, fut la Suède. Les Suédois donnèrent leur accord sans réserve, tout en faisant savoir aux autres nations qu'ils étaient étonnés d'avoir été sollicités car ils n'avaient pas des connaissances tellement pointues sur ce genre de problème. Quelqu'un a-t-il des précisions sur cet épisode :?:

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Message Publié : 14 Déc 2018 21:05 
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Ce qu'on sait est que Gorbatchev leur faisait confiance. Ce fut le premier pays d'Europe occidentale à détecter les particules radioactives dans l'atmosphère, avant même les propres services de Moscou, qui étaient trop déconnectés du terrain. Ils furent les premiers au courant de la gravité de la situation, avant tous les autres. La Suède faisait des relevés précis et réguliers autour de leurs propres centrale, et dans la région de Forsmark, les niveaux de radioactivité étaient anormalement élevés. Un niveau élevé de particules radioactives fut constaté aussi dans l'atmosphère de Stockholm. Ces indices indiquaient qu'il y avait eu une explosion majeure quelque part. Lorsqu'ils alertèrent la Russie voisine pour savoir si une explosion avait eu lieu, Gorbatchev a demandé à ses propres services d'enquêter. Le Politburo n'avait aucune information. Gorbatchev a demandé au KGB d'envoyer des agents pour lui rapporter personnellement toutes les conversations entre les scientifiques de Tchernobyl.

Ils étaient donc parmi les premiers concernés hors d'URSS, le fameux nuage de particules recouvrant d'abord leur territoire.


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Message Publié : 14 Déc 2018 21:26 
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Dalgonar, je ne sais pas où vous avez trouvé ce récit du traitement de l'accident de Tchernobyl, mais il est truffé d'erreurs, et à l'inverse oublie un épisode crucial.

Dalgonar a écrit :
Du reste, la centrale de Tchernobyl fournissant une partie très importante de l'énergie totale de l'URSS (il semble que ce soit environ 20% attendus à la fin de la construction prévue des autres réacteurs).

Non, l'URSS n'était pas sous-développée, et elle consommait bien davantage d'énergie. Du reste il y avait à l'époque bien d'autres centrales du même modèle en URSS.
Peut-être ce chiffre de 20% se rapporte-t-il à la consommation de l'Ukraine. Ce serait plausible.

Citer :
Tchernobyl est l'un des événements-clef dont l'URSS ne s'est pas relevé, et montre beaucoup des faiblesses de l'URSS à cette époque.

En même temps - c'est une opinion personnelle - le fait que l'URSS était encore communiste a permis de faire passer des centaines de milliers de soldats pour dégager les débris radioactifs qui bloquaient le passage sur le toit et autour du batiment, et auraient empêché que le terrain soit dégagé pour construire le sarcophage.

Citer :
Ensuite, une fois l'incendie éteint, il fallait recouvrir le matériau radioactif. Ce fut le premier sarcophage, qui n'a pas tenu.

Non, il fallait déjà recouvrir le matériau radioactif lui-même, en surface. Eteindre l'incendie ne suffisait pas, il fallait recouvrir le "corium". Les Russes ont largué des centaines de tonnes de bore et de divers autres matières. (Le bore est un absorbeur de neutrons, qui ralentit donc la réaction nucléaire. Il est utilisé dans toutes les centrales occidentales - et peut être du monde - pour réguler le réacteur.) Cela a permis de constituer une couche de surface non radioactive. Sinon personne n'aurait pu s'approcher pour construire quoi que ce soit.

Votre récit oublie un danger dramatique : le fait que le noyau radioactif commençait à traverser la dalle sous le réacteur, menaçant de rentrer en contact avec l'eau en dessous, d'où surpression d'hydrogène et explosion colossale.
mais je perds mon temps, l'article de Wiki est très bien fait. (ça vaut pour tous les articles sur les accidents nucléaires, manifestement rédigés par des spécialistes.)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_nucl%C3%A9aire_de_Tchernobyl

Citer :
La manière dont les responsables locaux de Tchernobyl ont minimisé l'ampleur des dégâts à Moscou révèle les peurs et difficultés de communication au sein de l'Union. Gorbatchev a mis plusieurs jours à être mis au courant de ce qui se passait vraiment. On lui disait que tout était sous contrôle. C'est la Suède qui finalement l'a averti, quand ses scientifiques ont trouvé que les relevés atmosphériques étaient tout à fait anormaux.

Là je suis désolé, mais on tombe dans la propagande anticommuniste. (Il c'est rare que j'émette ce genre de condamnation, mais là c'est trop gros.) Gorbatchev a été mis au courant très vite, et son action a été essentielle, vu l'ampleur des décisions à prendre. (dont la première a été de mettre sur le coup tous les savants atomistes de l'URSS.)

En revanche, les Russes ont effectivement tardé à informer l'occident, et c'est bien la Suède qui a sursauté en premier.
Citer :
l'ignorance dans laquelle les habitants ont été maintenus, les condamnant à mort,

J'imagine que les anciens habitants de Pripyat constituent une population suivie médicalement, avec très probablement une surincidence de cancers, mais ils n'ont pas été "condamnés à mort." (toutefois, ils n'ont été évacués que le surlendemain, ils ont donc passé une journée à respirer de l'air contaminé.)

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