Dalgonar a écrit :
Léonard59 a écrit :
Dalgonar a écrit :
Parmi les choses qui peuvent faire sourire sur les réactions en Europe (et font franchement rigoler les Ukrainiens aujourd'hui), c'est la théorie "officielle" des autorités françaises sur le nuage de particules qui s'arrête à la frontière. Il semble que la France soit alors le seul pays européen à réagir ainsi. L'exécutif et le gouvernement de cohabitation sont en phase: les ministres du gouvernement Chirac ne veulent pas "alarmer" la population, et le Président François Mitterrand ne veut pas apporter de l'eau au moulin anti-nucléaire de ses grands amis de Greenpeace. La plupart des journalistes semble d'ailleurs avoir suivi.
Euhh... Vous ne croyez quand même pas à cette invention médiatique ? Si oui, allez donc consulter la Une du journal Libération du 02/05/86, vous y verrez en grand que les autorités françaises ont bien signalé que le nuage de Tchernobyl était en train de survoler la France. Ce qui n'a pas empêché le même journal Libération de tirer le 12/05/86, l'article qui lançait ce mensonge médiatique... Franchement, on n'arrivera jamais à éradiquer cette fake-news tellement il y a de gens convaincus que c'est vrai. Pourtant, c'est simple de le vérifier, vous aller dans n'importe quel quotidien, localn régional ou national et vous demandez à consulter dans leurs archives leur exemplaire du 02 mai 1986...
Je ne sais si c'est une fake news. Mais on trouve en ligne les JT. J'ai bien vu
l'article de Yann Kindo sur Mediapart, mais je ne trouve pas qu'il démontre que les autorités n'ont pas fait au minimum de la rétention d'information, et les JT montrent bien les théories d'époque sur la barrière anticyclonique. La revue
Hérodote consacre bien un article à un
"mensonge d'Etat", c'est à dire des autorités. Après, il est possible que la presse ait douté. Voulez-vous dire qu'il n'y pas pas eu de mensonge d'Etat, ou que toute la presse a mis en doute ce que disaient les autorités?
A voir ces archives d'époque (INA):
https://youtu.be/28XT5gZEfUkhttps://youtu.be/87YCdJNMGXoà lire:
https://www.lci.fr/politique/30-ans-de-tchernobyl-comment-a-t-on-pu-affirmer-que-le-nuage-radioactif-ne-passerait-pas-la-frontiere-1508979.html(svp pourriez-vous également référencer avec des liens en ligne pour que chacun puisse voir les sources?)
Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1986, le SCPRI envoie un télex à toutes les rédactions pour signaler que le nuage est en train de survoler la France. Le SCPRI fournira régulièrement des cartes qui seront reprises, entre autres, dans un article quotidien du Monde. En fait, le communiqué de presse sur lequel se sont appuyés la plupart des antinucléaires pour prétendre que le gouvernement niait le passage du nuage en France ne provient pas des services compétents en radioprotection, ni des ministères qui avaient cette compétence à l'époque (Ministère de la Santé, Ministère de l'Industrie et services du Premier Ministre), mais d'une direction rattachée au ministère de l'agriculture publié le 06 mai 1986 et dans lequel on trouve les 2 phrases suivantes :
Citer :
" Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombée de radionucléides consécutives à l’accident de la centrale de Tchernobyl "
" A aucun moment les hausses de radioactivité observées n’ont posé le moindre problème d’hygiène publique "
Ces 2 phrases sont à la suite l'une de l'autre dans le communiqué du ministère de l'Agriculture. Oui, elles se contredisent et elles sont incohérentes. Et elles sont le fait de personnes qui ne sont pas compétentes, ni en santé publique, ni en radioprotection.
Voici le texte du premier télex établi par le SCPRI le mardi 29/04/1986 :
Citer :
Premier communiqué du SCPRI (suite à l’alerte en provenance de Suède)
" Ce jour, 29/04/86 à 24 h, aucune élévation significative de la radioactivité sur l’ensemble des stations du SCPRI du territoire.
En revanche, premier prélèvement significatif effectué sur le vol Air France Hambourg-Paris (en provenance de la région de la baltique). Les pourcentages relatifs de la composition en spectrométrie gamma :
132 Tellure environ 39%
131 Iode environ 30%
132 Iode environ 21%
103 Ruthénium environ 5%
99 M Technétium environ 3%
134 Césium traces
137 Césium traces
140 Baryum traces
Ces mesures se poursuivent "
Dans le journal Libération du 29 avril on peut lire :
Citer :
Journal Libération du 29 avril
Page 1
" L’Agence Tass annonce une catastrophe nucléaire en URSS "
" Hier matin les autorités des pays nordiques ont détecté un taux de radioactivité 5 à 6 fois supérieur à la normale, sans pour autant qu’il menace les populations scandinaves "
Page 40 :
" Depuis dimanche [donc le 27/4] une vague de radioactivité anormale s’est abattue sur la Finlande, la Suède et la Norvège ¼ incertitude sur la provenance ¼ Selon l’Agence Tass ¼ Tchernobyl. "
Donc, le 29/04, l'agence Tass avait déjà annoncé que la provenance du nuage était Tchernobyl.
Le 30 avril à minuit, le SCPRI envoie un télex supplémentaire. En fait, c'est le second de la journée :
Citer :
" Ce jour, 30/04/86 à 24 h, situation dans l’ensemble stationnaire. On note cependant, sur certaines stations [de mesure du SCPRI] du sud-est, une légère hausse de la radioactivité atmosphérique, non significative pour la santé publique"
En fait, à ceux qui désirent connaitre les textes des divers télex émis :
" Tchernobyl , vous avez dit mensonge ?"Le télex du 02 mai 1986 comporte le texte suivant :
Citer :
" Radioactivité ambiante consécutive à l’accident nucléaire russe de Tchernobyl. Mise au point à diffuser auprès des médecins et du public.
1) L’élévation relative de la radioactivité relevée sur le territoire français à la suite de cet accident est très largement inférieure aux limites recommandées par la CIPR et aux limites réglementaires françaises, elles-mêmes fixées avec des marges de sécurité considérables. Il faudrait imaginer des élévations dix mille ou cent mille fois plus importantes pour que commencent à se poser des problèmes significatifs d’hygiène publique. La distance, la dilution atmosphérique et la décroissance radioactive excluent une telle évolution dans notre pays.
2) De toutes façons, la plupart des radioéléments à l’origine de cette faible radioactivité ont des périodes relativement courtes. En particulier l’iode 131 a une période d’une semaine, il en résulte que dans six semaines sa radioactivité sera réduite de plus de 50 fois et dans dix semaines de plus de 1.000 fois.
3)…La distribution d’iode stable destinée à bloquer le fonctionnement de la thyroïde n’est ni justifiée ni opportune même dans les pays proches de l’Union Soviétique et dans l’Union Soviétique elle-même si l’on excepte les abords immédiats (environ 50 km) du réacteur accidenté. En tout état de cause, les pastilles ou plaquettes d’iodure de potassium ne sont pas nécessaires
Une goutte de teinture d’iode, disponible dans toutes les pharmacies familiales dans un verre de lait pendant quelques jours serait, si nécessaire, au moins aussi efficace.
En conclusion : ni la situation actuelle, ni son évolution ultérieure ne justifient dans notre pays quelque contre-mesure sanitaire que ce soit.
Professeur P. Pellerin Directeur du SCPRI, Ministère de la Santé
En fait, il y avait les normes du CIPR qui servaient de référence pour tous les pays qui reconnaissait cet organisme rattaché à l'ONU (c'était le cas de la RFA et c'était le cas de l'URSS, ainsi que de la France). Il se trouve qu'en Allemagne, les États situés près du Mur et les plus proches de l'Ukraine étaient aux limites des seuils d'intervention définis par le CIPR. Les responsables politiques des Länders ont pris la décision politique d'interdire certains produits. Décision qui pouvait se comprendre puisqu'ils étaient aux limites. Dans les Länders limitrophes, et parce qu'il y avait des élections en vue, on a pris des décisions identiques. Bien qu'ils étaient sous les seuils. Et en quelques heures, tous les États d'Allemagne avaient pris des mesures conservatoires pour interdire la consommation de certains aliments. En France, on a constaté qu'on était largement sous les seuils prévus, et on a pris la décision rationnelle de ne rien interdire. Les responsables politiques n'intervenant pas, ce qui est une manière de valider politiquement cette décision administrative. Le 04 mai 1986, les valeurs de la radioactivité dans l'air étaient redevenues identiques à ce qu'elles étaient avant l'accident.
Je sais que dans les semaines qui ont suivi l'accident de Tchernobyl, les services compétents de la centrale nucléaire de Fessenheim ont fait de très nombreuses mesures dans l'air, dans du lait, sur de l'herbe prélevée dans diverses parcelles, tous les agents de la centrale qui avaient eut une anthropogammagraphie le mois d'avril (on en faisait une tous les 6 mois) le mois d'avril 1986 ont été reconvoqués pour des contrôles supplémentaires. En fait, ils ont servi d'étalons puisqu'on savait exactement leurs niveaux d'expositions juste avant la catastrophe. Toutes ces données partaient directement à Paris où elles ont été étudiées de près.
Voici une partie de la conclusion de l'article que je cite dans ce message :
Citer :
Il apparaît qu’en 1986, au moment de l’accident, le SCPRI a très correctement effectué son travail d’analyse et d’alerte et que les estimations de l’impact du passage du nuage ainsi que celle de la nocivité des dépôts laissés suite au passage du nuage n’ont pas été sous estimées en fonction de ce qui était observable et mesurable en temps réel durant le passage du nuage.
Si un reproche doit être fait, le reproche ne peut concerner ceux qui en temps réel avaient à effectuer dans les laboratoires du SCPRI et dans l’urgence le maximum de prélèvements, de comptages d’activité faibles, d’analyse et de publications des résultats. Il s’agissait d’un travail colossal mené avec diligence et avec la plus extrême rigueur.
Toutes les informations dont disposait le SCPRI ont été immédiatement communiquées aux autorités, les documents transmis au jour le jour ainsi que la déclaration du ministre M Fauroux devant l’Assemblée Nationale en fait foi. Ces informations ont également été largement transmises aux médias qui n’en ont d’ailleurs pas tous et toujours fait l’usage attendu.
Par contre l’État et le monde politique se sont montrés bien frileux et discrets. Ils ont laissé les scientifiques et les techniciens seuls, en première ligne. Sauf quelques exceptions (Alain Madelin et Michèle Barzac lors de l’accident, Roger Fauroux ultérieurement).
Peu sinon rien n’a été fait pour démentir les propos diffamatoires proférés à l’encontre des fonctionnaires de l’État dont l’honneur et la probité avaient été (et continuent d’être) malmenées.
En réalité ce qui n’a pas été pardonné au Pr Pellerin c’est d’avoir gâché l’occasion que l’accident de Tchernobyl offrait aux opposants au nucléaire de provoquer un mouvement d’opinion radical de rejet immédiat, catégorique et définitif de l’énergie nucléaire, à l’instar de ce qui s’est passé dans d’autres pays plus touchés par les retombées.
Ce qui ne lui a également pas été pardonné, c’est d’avoir participé à l’élaboration des positions fermes affichées par les autorités et le gouvernement, en particulier celles affirmées dans les deux communiqués de presse du 16 mai 1986 du ministre chargé de la Santé et de la Famille Mme Michèle Barzach :
Le premier communiqué :
" A la suite de l’accident survenu à Tchernobyl, le ministre…rappelle et confirme ce qui suit :
La santé publique n’est aucunement menacée par les conséquences de cet accident.
Les activités courantes peuvent donc être poursuivies sans précautions particulières, notamment :
Alimentation : les eaux habituellement potables, le lait, les produits alimentaires frais ou de conserve peuvent être consommés quel que soit l’âge du consommateur
Activités en plein air : elles peuvent être menées sans modification.
Aucune précaution particulière ne s’impose donc "
Le second communiqué :
" …le ministre a été saisi de certaines inquiétudes de femmes enceintes qui craignent pour leur enfant à naître.
Le ministre de la Santé tient à confirmer que de telles inquiétudes sont totalement injustifiées et sans aucun fondement scientifique, ni médical.
Le déroulement des grossesses en cours ne nécessite aujourd’hui, à ce titre, absolument aucune précaution particulière. "
Par la suite les opposants au nucléaire se sont employés à récupérer la situation à leur profit en inventant puis en assurant la promotion d’une formule qu’auraient prétendument prononcé les autorités sur " l’arrêt du nuage aux frontières ". C’est un coup de bluff de génie qui a jeté le discrédit sur le nucléaire et sur ses autorités de tutelle et de surveillance.
La plupart des personnalités politiques de l'époque sont restées en retrait, alors qu'en Allemagne, les personnalités politiques prenaient des décisions qui allaient à l'encontre de celles préconisées par leurs services administratifs, allant jusqu'à abaisser les seuils dans l'urgence.