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Message Publié : 17 Déc 2018 12:54 
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Pierre de L'Estoile
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Je confirme. C'est la une du Figaro du 30 avril.


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Message Publié : 17 Déc 2018 15:17 
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Barbetorte a écrit :
Je confirme. C'est la une du Figaro du 30 avril.

Oups, j'aurais du mettre mes lunettes. (je lisais 26 sans difficulté.) lol

C'est intéressant, parce que c'est 4 jours après la catastrophe que l'URSS fait appel à l'aide de la Suède et de l'Allemagne, ce qui est relativement rapide.

C'est également la date de la notification à l'AIEA, et donc l'URSS ne cache rien de la gravité de la situation, du moins à destination de l'occident.

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Message Publié : 17 Déc 2018 18:15 
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En ce qui concerne la détection de l'accident... Je travaillais du matin le dimanche 27 avril 1986. Je m'en souviens parce que ce dimanche nous avons détecté dans la mesure de radioactivité du Grand Canal d'Alsace une augmentation perceptible, mais en-dessous des seuils d'alarme. Malgré tout, nous avons commencé à rechercher d'où cela provenait. Comme c'était sur une mesure en aval, nous avons d'abord suspecté qu'il s'agissait d'un rejet incidentel chez nous. Et nous avons tout contrôlé. Ensuite, nous avons suspecté un dysfonctionnement dans la sonde de mesure. Et on a demandé aux services concernés de nous valider la mesure tandis qu'on lançait un rinçage de la sonde de mesure. Au bout d'environ 30-40 minutes, les chimistes nous ont signalé que la source de pollution était en AMONT sur le fleuve. Un chimiste avait pris sur lui de faire un prélèvement supplémentaire de l'eau en amont pour faire un delta entre l'amont et l'aval et avoir une idée de l'éventuelle source de pollution. Là, l'information a été lancée vers le national. Nous pensions à un accident sur une des centrales suisses, ou sur une de leurs industries. A l'époque, il y avait à l'amont de Bâle une fabrique de peinture luminescente pour montres, et on savait qu'ils incorporaient des éléments radioactifs dans leur peinture.

Avant midi, nous avons eu l'information par le national qu'il s'agissait en fait d'un accident de l'autre coté du rideau de fer


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Message Publié : 17 Déc 2018 18:59 
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Dalgonar a écrit :
Léonard59 a écrit :
Dalgonar a écrit :
Parmi les choses qui peuvent faire sourire sur les réactions en Europe (et font franchement rigoler les Ukrainiens aujourd'hui), c'est la théorie "officielle" des autorités françaises sur le nuage de particules qui s'arrête à la frontière. Il semble que la France soit alors le seul pays européen à réagir ainsi. L'exécutif et le gouvernement de cohabitation sont en phase: les ministres du gouvernement Chirac ne veulent pas "alarmer" la population, et le Président François Mitterrand ne veut pas apporter de l'eau au moulin anti-nucléaire de ses grands amis de Greenpeace. La plupart des journalistes semble d'ailleurs avoir suivi.


Euhh... Vous ne croyez quand même pas à cette invention médiatique ? Si oui, allez donc consulter la Une du journal Libération du 02/05/86, vous y verrez en grand que les autorités françaises ont bien signalé que le nuage de Tchernobyl était en train de survoler la France. Ce qui n'a pas empêché le même journal Libération de tirer le 12/05/86, l'article qui lançait ce mensonge médiatique... Franchement, on n'arrivera jamais à éradiquer cette fake-news tellement il y a de gens convaincus que c'est vrai. Pourtant, c'est simple de le vérifier, vous aller dans n'importe quel quotidien, localn régional ou national et vous demandez à consulter dans leurs archives leur exemplaire du 02 mai 1986...


Je ne sais si c'est une fake news. Mais on trouve en ligne les JT. J'ai bien vu l'article de Yann Kindo sur Mediapart, mais je ne trouve pas qu'il démontre que les autorités n'ont pas fait au minimum de la rétention d'information, et les JT montrent bien les théories d'époque sur la barrière anticyclonique. La revue Hérodote consacre bien un article à un "mensonge d'Etat", c'est à dire des autorités. Après, il est possible que la presse ait douté. Voulez-vous dire qu'il n'y pas pas eu de mensonge d'Etat, ou que toute la presse a mis en doute ce que disaient les autorités?

A voir ces archives d'époque (INA):
https://youtu.be/28XT5gZEfUk
https://youtu.be/87YCdJNMGXo

à lire:
https://www.lci.fr/politique/30-ans-de-tchernobyl-comment-a-t-on-pu-affirmer-que-le-nuage-radioactif-ne-passerait-pas-la-frontiere-1508979.html

(svp pourriez-vous également référencer avec des liens en ligne pour que chacun puisse voir les sources?)


Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1986, le SCPRI envoie un télex à toutes les rédactions pour signaler que le nuage est en train de survoler la France. Le SCPRI fournira régulièrement des cartes qui seront reprises, entre autres, dans un article quotidien du Monde. En fait, le communiqué de presse sur lequel se sont appuyés la plupart des antinucléaires pour prétendre que le gouvernement niait le passage du nuage en France ne provient pas des services compétents en radioprotection, ni des ministères qui avaient cette compétence à l'époque (Ministère de la Santé, Ministère de l'Industrie et services du Premier Ministre), mais d'une direction rattachée au ministère de l'agriculture publié le 06 mai 1986 et dans lequel on trouve les 2 phrases suivantes :
Citer :
" Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombée de radionucléides consécutives à l’accident de la centrale de Tchernobyl "
" A aucun moment les hausses de radioactivité observées n’ont posé le moindre problème d’hygiène publique "


Ces 2 phrases sont à la suite l'une de l'autre dans le communiqué du ministère de l'Agriculture. Oui, elles se contredisent et elles sont incohérentes. Et elles sont le fait de personnes qui ne sont pas compétentes, ni en santé publique, ni en radioprotection.

Voici le texte du premier télex établi par le SCPRI le mardi 29/04/1986 :
Citer :
Premier communiqué du SCPRI (suite à l’alerte en provenance de Suède)

" Ce jour, 29/04/86 à 24 h, aucune élévation significative de la radioactivité sur l’ensemble des stations du SCPRI du territoire.

En revanche, premier prélèvement significatif effectué sur le vol Air France Hambourg-Paris (en provenance de la région de la baltique). Les pourcentages relatifs de la composition en spectrométrie gamma :

132 Tellure environ 39%

131 Iode environ 30%

132 Iode environ 21%

103 Ruthénium environ 5%

99 M Technétium environ 3%

134 Césium traces

137 Césium traces

140 Baryum traces

Ces mesures se poursuivent "


Dans le journal Libération du 29 avril on peut lire :
Citer :
Journal Libération du 29 avril

Page 1

" L’Agence Tass annonce une catastrophe nucléaire en URSS "

" Hier matin les autorités des pays nordiques ont détecté un taux de radioactivité 5 à 6 fois supérieur à la normale, sans pour autant qu’il menace les populations scandinaves "

Page 40 :

" Depuis dimanche [donc le 27/4] une vague de radioactivité anormale s’est abattue sur la Finlande, la Suède et la Norvège ¼ incertitude sur la provenance ¼ Selon l’Agence Tass ¼ Tchernobyl. "


Donc, le 29/04, l'agence Tass avait déjà annoncé que la provenance du nuage était Tchernobyl.

Le 30 avril à minuit, le SCPRI envoie un télex supplémentaire. En fait, c'est le second de la journée :
Citer :
" Ce jour, 30/04/86 à 24 h, situation dans l’ensemble stationnaire. On note cependant, sur certaines stations [de mesure du SCPRI] du sud-est, une légère hausse de la radioactivité atmosphérique, non significative pour la santé publique"


En fait, à ceux qui désirent connaitre les textes des divers télex émis : " Tchernobyl , vous avez dit mensonge ?"

Le télex du 02 mai 1986 comporte le texte suivant :
Citer :
" Radioactivité ambiante consécutive à l’accident nucléaire russe de Tchernobyl. Mise au point à diffuser auprès des médecins et du public.

1) L’élévation relative de la radioactivité relevée sur le territoire français à la suite de cet accident est très largement inférieure aux limites recommandées par la CIPR et aux limites réglementaires françaises, elles-mêmes fixées avec des marges de sécurité considérables. Il faudrait imaginer des élévations dix mille ou cent mille fois plus importantes pour que commencent à se poser des problèmes significatifs d’hygiène publique. La distance, la dilution atmosphérique et la décroissance radioactive excluent une telle évolution dans notre pays.

2) De toutes façons, la plupart des radioéléments à l’origine de cette faible radioactivité ont des périodes relativement courtes. En particulier l’iode 131 a une période d’une semaine, il en résulte que dans six semaines sa radioactivité sera réduite de plus de 50 fois et dans dix semaines de plus de 1.000 fois.

3)…La distribution d’iode stable destinée à bloquer le fonctionnement de la thyroïde n’est ni justifiée ni opportune même dans les pays proches de l’Union Soviétique et dans l’Union Soviétique elle-même si l’on excepte les abords immédiats (environ 50 km) du réacteur accidenté. En tout état de cause, les pastilles ou plaquettes d’iodure de potassium ne sont pas nécessaires

Une goutte de teinture d’iode, disponible dans toutes les pharmacies familiales dans un verre de lait pendant quelques jours serait, si nécessaire, au moins aussi efficace.

En conclusion : ni la situation actuelle, ni son évolution ultérieure ne justifient dans notre pays quelque contre-mesure sanitaire que ce soit.

Professeur P. Pellerin Directeur du SCPRI, Ministère de la Santé



En fait, il y avait les normes du CIPR qui servaient de référence pour tous les pays qui reconnaissait cet organisme rattaché à l'ONU (c'était le cas de la RFA et c'était le cas de l'URSS, ainsi que de la France). Il se trouve qu'en Allemagne, les États situés près du Mur et les plus proches de l'Ukraine étaient aux limites des seuils d'intervention définis par le CIPR. Les responsables politiques des Länders ont pris la décision politique d'interdire certains produits. Décision qui pouvait se comprendre puisqu'ils étaient aux limites. Dans les Länders limitrophes, et parce qu'il y avait des élections en vue, on a pris des décisions identiques. Bien qu'ils étaient sous les seuils. Et en quelques heures, tous les États d'Allemagne avaient pris des mesures conservatoires pour interdire la consommation de certains aliments. En France, on a constaté qu'on était largement sous les seuils prévus, et on a pris la décision rationnelle de ne rien interdire. Les responsables politiques n'intervenant pas, ce qui est une manière de valider politiquement cette décision administrative. Le 04 mai 1986, les valeurs de la radioactivité dans l'air étaient redevenues identiques à ce qu'elles étaient avant l'accident.

Je sais que dans les semaines qui ont suivi l'accident de Tchernobyl, les services compétents de la centrale nucléaire de Fessenheim ont fait de très nombreuses mesures dans l'air, dans du lait, sur de l'herbe prélevée dans diverses parcelles, tous les agents de la centrale qui avaient eut une anthropogammagraphie le mois d'avril (on en faisait une tous les 6 mois) le mois d'avril 1986 ont été reconvoqués pour des contrôles supplémentaires. En fait, ils ont servi d'étalons puisqu'on savait exactement leurs niveaux d'expositions juste avant la catastrophe. Toutes ces données partaient directement à Paris où elles ont été étudiées de près.

Voici une partie de la conclusion de l'article que je cite dans ce message :
Citer :
Il apparaît qu’en 1986, au moment de l’accident, le SCPRI a très correctement effectué son travail d’analyse et d’alerte et que les estimations de l’impact du passage du nuage ainsi que celle de la nocivité des dépôts laissés suite au passage du nuage n’ont pas été sous estimées en fonction de ce qui était observable et mesurable en temps réel durant le passage du nuage.

Si un reproche doit être fait, le reproche ne peut concerner ceux qui en temps réel avaient à effectuer dans les laboratoires du SCPRI et dans l’urgence le maximum de prélèvements, de comptages d’activité faibles, d’analyse et de publications des résultats. Il s’agissait d’un travail colossal mené avec diligence et avec la plus extrême rigueur.

Toutes les informations dont disposait le SCPRI ont été immédiatement communiquées aux autorités, les documents transmis au jour le jour ainsi que la déclaration du ministre M Fauroux devant l’Assemblée Nationale en fait foi. Ces informations ont également été largement transmises aux médias qui n’en ont d’ailleurs pas tous et toujours fait l’usage attendu.

Par contre l’État et le monde politique se sont montrés bien frileux et discrets. Ils ont laissé les scientifiques et les techniciens seuls, en première ligne. Sauf quelques exceptions (Alain Madelin et Michèle Barzac lors de l’accident, Roger Fauroux ultérieurement).

Peu sinon rien n’a été fait pour démentir les propos diffamatoires proférés à l’encontre des fonctionnaires de l’État dont l’honneur et la probité avaient été (et continuent d’être) malmenées.

En réalité ce qui n’a pas été pardonné au Pr Pellerin c’est d’avoir gâché l’occasion que l’accident de Tchernobyl offrait aux opposants au nucléaire de provoquer un mouvement d’opinion radical de rejet immédiat, catégorique et définitif de l’énergie nucléaire, à l’instar de ce qui s’est passé dans d’autres pays plus touchés par les retombées.

Ce qui ne lui a également pas été pardonné, c’est d’avoir participé à l’élaboration des positions fermes affichées par les autorités et le gouvernement, en particulier celles affirmées dans les deux communiqués de presse du 16 mai 1986 du ministre chargé de la Santé et de la Famille Mme Michèle Barzach :

Le premier communiqué :

" A la suite de l’accident survenu à Tchernobyl, le ministre…rappelle et confirme ce qui suit :

La santé publique n’est aucunement menacée par les conséquences de cet accident.

Les activités courantes peuvent donc être poursuivies sans précautions particulières, notamment :

Alimentation : les eaux habituellement potables, le lait, les produits alimentaires frais ou de conserve peuvent être consommés quel que soit l’âge du consommateur

Activités en plein air : elles peuvent être menées sans modification.

Aucune précaution particulière ne s’impose donc "



Le second communiqué :

" …le ministre a été saisi de certaines inquiétudes de femmes enceintes qui craignent pour leur enfant à naître.

Le ministre de la Santé tient à confirmer que de telles inquiétudes sont totalement injustifiées et sans aucun fondement scientifique, ni médical.

Le déroulement des grossesses en cours ne nécessite aujourd’hui, à ce titre, absolument aucune précaution particulière. "

Par la suite les opposants au nucléaire se sont employés à récupérer la situation à leur profit en inventant puis en assurant la promotion d’une formule qu’auraient prétendument prononcé les autorités sur " l’arrêt du nuage aux frontières ". C’est un coup de bluff de génie qui a jeté le discrédit sur le nucléaire et sur ses autorités de tutelle et de surveillance.


La plupart des personnalités politiques de l'époque sont restées en retrait, alors qu'en Allemagne, les personnalités politiques prenaient des décisions qui allaient à l'encontre de celles préconisées par leurs services administratifs, allant jusqu'à abaisser les seuils dans l'urgence.


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Message Publié : 17 Déc 2018 21:01 
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Merci de ces précisions Léonard. Et en effet, j'ai publié la "une du 30 avril", date lisible sur la photo. Mais mea culpa, je pensais à la journée du 26 et ai tapé cette coquille. :oops:


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Message Publié : 18 Déc 2018 1:53 
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Pierma a écrit :
nico69 a écrit :
Est-ce qu'une forme de coopération internationale sur la sûreté nucléaire s'est développée après l'accident et notamment après la fin de l'URSS ?

Et aujourd'hui, connait-on (ou peut-on connaitre) quel est le niveau d'expertise des techniciens et opérateurs du nucléaire en Russie ? Par ailleurs est-ce que leur culture de la sûreté a profondément changé ?
Des échanges entre Français et Russes existent-ils ?

la réponse est oui à toutes les questions, pour la Russie, mais aussi pour l'Ukraine. (en plus de l'aide spécifique apportée à l'occasion de la crise de Tchernobyl.)

Il faut tout de même imaginer les angoisses des occidentaux à la suite de la chute du communisme et de la dislocation de l'URSS :

- le premier sujet de cauchemar portait sur les armes nucléaires.

En effet, certains sites de lancement se trouvaient hors de Russie, et donc des pays indépendants depuis peu, dont les dirigeants étaient de parfaits inconnus, devenaient du jour au lendemain des pays armés jusqu'aux dents.

C'était spécialement le cas de l'Ukraine. la solution adoptée, après négociation, a été tout simplement de leur racheter ces installations pour les démanteler. (Je me souviens que pour l'Ukraine, ce sont les USA qui ont mis le chèque sur la table, j'ai en tête l'ordre de grandeur de plusieurs milliards de dollars.)

Je sais que ça a concerné, dans une moindre mesure, un ou plusieurs des pays "en stan" (les fameux Tadjikistan, Ouzbekistan, etc...) mais de façon plus anecdotique, parce que les sites de missiles soviétiques, dans l'ensemble, ne se trouvaient pas là. (On en a peu parlé, leurs dirigeants n'avaient pas d'ambitions géopolitiques, bref, chèques dessus et sans doute dessous la table, mais rien qui ait posé souci.) Pour la Biélorussie - le Bélarus - je n'ai pas souvenir, mais elle a été neutralisée aussi.

- le second sujet était évidemment, dans l'état de délabrement où se trouvaient les économies de la Russie et de l'Ukraine, d'abord la question de la maintenance des installations, parce que la maintenance d'un réacteur nucléaire ça coûte très cher, et ensuite la gestion du personnel, et sa formation à la sûreté.

Je sais qu'il y a eu une coopération durable, en toute transparence, sur ces deux sujets, financée par l'Europe - et peut être par d'autres sources - mais je ne connais pas les détails. (On peut imaginer que les autorités russes et ukrainiennes, après Tchernobyl et alors que leurs pays respectifs n'avait plus un rond, ne devaient pas être très rassurées non plus sur ces sujets là.) EDF en tous cas y a participé, Narduccio pourra peut-être nous en dire plus.

(Il faut se représenter, pour situer ce que "pas un rond" veut dire, que les réacteurs de certains sous-marins nucléaires ancrés à Mourmansk - Moscou n'avait plus les moyens d'entretenir toute sa flotte - ont tout simplement été raccordés au réseau électrique de la ville. - j'ai vu des images de ces sous-marins avec les câbles électriques qui sortaient par le kiosque. On a beaucoup parlé à l'époque de ces navires à propulsion nucléaire qui rouillaient là, et plus encore à Vladivostok. Tout ce que je peux en dire est qu'il n'y a pas eu de drame majeur, mais il me semble qu'on a parlé de faibles contaminations radioactives en mer.)

la situation actuelle des centrales russes est même encore plus rassurante : je ne saurais pas situer l'année - avant 2000, en tous cas - mais la Russie est allée jusqu'à commander à EDF une mise à niveau de sûreté des équipements de ses centrales. Là encore avec une aide européenne.

La page suivante de l'INRS, plus précise, contient un encart (en bas de page) qui distingue deux phases sur la mise à niveau :
- sur les RBMK une phase de modifications immédiates : barres de ralentissement permanent, compensées par un combustible plus riche, pour les rendre plus stables, et arrêt d'urgence aligné sur celui de la France, en faisant tomber les barres de contrôle.
- et une phase ultérieure, celle dont j'ai parlé pour la Russie, de mise à niveau général des équipements de sécurité sur tous les réacteurs.

https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/Les-accidents-nucleaires/accident-tchernobyl-1986/2016-Tchernobyl-30ans-apres/Pages/1-Tchernobyl-2016-30ans-apres-accident-deroulement.aspx

On peut donc considérer que la Russie et l'Ukraine ont aujourd'hui, tant que faire se peut, des réacteurs qui se rapprochent davantage de la culture européenne de la sécurité. A un (gros) détail près : leurs réacteurs ne sont toujours pas confinés. Hors on a vu à Fukushima que c'était un point décisif en cas d'accident majeur.

je me suis un peu avancé : je ne sais pas si cette coopération continue aujourd'hui, mais vu l'expertise apportée par EDF, ça serait logique. (Narduccio, as-tu cette info ?)

@Narduccio : sur le nuage radioactif en France, je ne lisais pas Libé à l'époque, en revanche je me souviens bien d'une intervention d'un spécialiste mandaté par l'état, au journal de 20 Heures, expliquant qu'il n'y avait rien à craindre. (je ne saurais pas dire s'il s'agissait du professeur Pélerin ?) L'idée que j'en avais retenue à l'époque, était que le nuage s'était redéposé sur les pays au nord et à l'est de la France. (Il n'apparaissait même pas que toute la RFA avait été touchée, il ne s'agissait donc pas d'un "arrêt à la frontière" caricatural.)

J'ai surtout retenu cette intervention, mais elle a été corrigée ultérieurement - je dirais une semaine, mais sans être affirmatif - puisqu'il y a eu débat sur les régions de France dont la production agricole devait être détruite, ou simplement "rincée avec soin." :rool: (J'ai en mémoire des points en Alsace et en Corse, mais ce n'est certainement pas exhaustif.) En tous cas je me souviens avoir regardé les reportages sur les destructions massives de produits agricoles en Allemagne avec une certaine incrédulité : qu'est-ce qui leur prenait à ces Allemands ? encore une parano des écolos ?


Merci Pierma pour toutes ces informations très intéressantes.


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Message Publié : 19 Déc 2018 12:17 
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Dalgonar a écrit :
Sur le pourcentage que Tchernobyl, une fois terminé, aurait dû représenter pour l'URSS, il nous manque encore les chiffres, mais Leonard59 semble bien informé pour dire que la centrale produisait 4000 MW. Une fois terminés les 8 réacteurs, dont 4 plus modernes, cela aurait donc représenté au minimum 8000MW.

je reviens sur ce point : vous aurez compris pourquoi j'ai protesté que l'URSS - malgré ses limites d'efficacité industrielle et ses statistiques faussées - n'était tout de même pas un pays sous-développé :
En France, les réacteurs REP font soit 900 soit 1300 MW. Donc en phase finale, Tchernobyl aurait représenté en gros l'équivalent de 8 réacteurs français. L'estimation à 20% - si je l'ai bien comprise - plaçait donc l'URSS à un niveau de production d'électricité inférieur à la France, pour une population au minimum 5 fois plus élevée.

Je me demande aussi quel a été l'engagement des atomistes russes et leur coopération avec leurs homologues occidentaux. (Pour Fukushima il y a eu quasiment une coopération mondiale.) Léonard nous apprend qu'à l'époque on n'avait guère que des notions théoriques sur le comportement d'un corium, et donc j'imagine qu'il a dû y avoir des échanges d'idées. Mais là c'est sans doute trop pointu pour qu'on sache qui a travaillé sur quoi. (J'ai en tête l'idée qu'une cellule de crise réunissant des savants atomistes soviétiques a été mise en place à Moscou, mais je n'en suis pas certain.)

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Message Publié : 19 Déc 2018 13:53 
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Sans avoir la science infuse, je ne crois pas que le secteur atomique soviétique, même civil, ait été caractérisé par une grande transparence et une ferme volonté d'échanger avec les savants occidentaux.


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Message Publié : 19 Déc 2018 15:17 
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Pierma a écrit :
je reviens sur ce point : vous aurez compris pourquoi j'ai protesté que l'URSS - malgré ses limites d'efficacité industrielle et ses statistiques faussées - n'était tout de même pas un pays sous-développé (...) L'estimation (...) plaçait donc l'URSS à un niveau de production d'électricité inférieur à la France, pour une population au minimum 5 fois plus élevée.


Oui il faut revenir sur ce point, pour essayer d'obtenir, sinon des chiffres, du moins des ordres de grandeur.

La population supérieure en nombre n'a que peu à voir avec l'efficacité ou la production, ni d'ailleurs la taille du territoire. Il est évident que la production d'électricité nucléaire soviétique était inférieure à celle de la France, a fortiori en 1986. Elle l'est d'ailleurs toujours aujourd'hui, pour ce grand pays industrialisé qu'est la Russie. Sans être un pays "sous-développé" (nous dirions plutôt maintenant en développement), l'URSS n'atteignait pas le niveau de développement ni même la production de la France. Sauf erreur, il y avait une quinzaine de centrales en activité à l'époque en France contre une douzaine pour toute l'Union Soviétique.
- Novo Voronej
- Bieloiarsk
- Kola
- Leningrad
- Armenie (Metsamor)
- Tchernobyl
- Koursk
- Rovno
- Ioujno-Oukrainskaia
- Smolensk
- BN-350 Aktau
- Ignalina

Seules Leningrad, Koursk et Tchernobyl étaient des centrales à haut rendement RMBK. Tchernobyl était la seconde centrale soviétique en termes de production, après celle de Leningrad. Il serait donc plausible qu'elle fournissait au minimum 10% de toute l'énergie nucléaire de l'Union Soviétique.


Dernière édition par Dalgonar le 19 Déc 2018 15:23, édité 3 fois.

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Message Publié : 19 Déc 2018 15:19 
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Jerôme a écrit :
Sans avoir la science infuse, je ne crois pas que le secteur atomique soviétique, même civil, ait été caractérisé par une grande transparence et une ferme volonté d'échanger avec les savants occidentaux.


Pierma en réponse à mon post écrivait que la Russie est allée jusqu'à commander à EDF une mise à niveau de sûreté des équipements de ses centrales, avant les années 2000.


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Message Publié : 19 Déc 2018 15:33 
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*edit: Ignalina également RMBK. Les centrale de Kalinin et Zaporijia furent aussi inaugurées l'année d'avant, et il faut aussi mentionner Novovoronej. Une quinzaine de centrales donc, dont certaines assez anciennes ou peu productives. Il faudrait avoir les chiffres de la capacité installée en avril 1986. On trouve 18000 MW de capacité installée totale à la fin 1982*. La capacité a certainement augmenté en trois ans et demi.


___
* B.A. Semenov, "L'Energie nucléaire en Union Soviétique", AIEA bulletin vol. 25 n. 2


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Message Publié : 19 Déc 2018 16:06 
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Nico69 a écrit :
Jerôme a écrit :
Sans avoir la science infuse, je ne crois pas que le secteur atomique soviétique, même civil, ait été caractérisé par une grande transparence et une ferme volonté d'échanger avec les savants occidentaux.


Pierma en réponse à mon post écrivait que la Russie est allée jusqu'à commander à EDF une mise à niveau de sûreté des équipements de ses centrales, avant les années 2000.



La Russie d Eltsine n était pas l URSS.


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Message Publié : 19 Déc 2018 16:26 
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Jerôme a écrit :
Nico69 a écrit :
Jerôme a écrit :
Sans avoir la science infuse, je ne crois pas que le secteur atomique soviétique, même civil, ait été caractérisé par une grande transparence et une ferme volonté d'échanger avec les savants occidentaux.


Pierma en réponse à mon post écrivait que la Russie est allée jusqu'à commander à EDF une mise à niveau de sûreté des équipements de ses centrales, avant les années 2000.



La Russie d Eltsine n était pas l URSS.


Ah oui, nous parlions de 1986 en effet


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Message Publié : 19 Déc 2018 23:17 
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Nico69 a écrit :
Jerôme a écrit :
Sans avoir la science infuse, je ne crois pas que le secteur atomique soviétique, même civil, ait été caractérisé par une grande transparence et une ferme volonté d'échanger avec les savants occidentaux.


Pierma en réponse à mon post écrivait que la Russie est allée jusqu'à commander à EDF une mise à niveau de sûreté des équipements de ses centrales, avant les années 2000.


Disons que lorsque vous avez peur que tout vous pète à la gueule, vous vous asseyez rapidement sur certains principes... Toutes les idées étaient bonnes à prendre


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Message Publié : 20 Déc 2018 5:30 
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Dalgonar a écrit :
Du reste, la centrale de Tchernobyl fournissant une partie très importante de l'énergie totale de l'URSS (il semble que ce soit environ 20% attendus à la fin de la construction prévue des autres réacteurs).

Je suis remonté à l'affirmation qui m'avait fait sursauter, et effectivement, c'était bien ce dont je me souvenais : Tchernobyl =20% de toute l'électricité soviétique.

Vous auriez dit 20% de l'électricité d'origine nucléaire, j'aurais compris. De fait vous venez d'en faire la démonstration à la louche.

Mais 20% de l'électricité soviétique, ça ne me parait pas sérieux : que la puissance électrique installée nécessaire à une économie ne soit pas proportionnelle à la population, c'est entendu, (encore que dans un pays développé les besoins domestiques augmentent, logiquement, avec la population) mais on parle ici d'une économie située, à l'époque, au moins selon ses propres chiffres, au 2e rang mondial, devant le Japon et l'Allemagne. (La France se trouvait alors au 5e rang.)

Pouvez-vous me confirmer que vous ne parliez que du nucléaire ?

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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