Je m'interroge sur le succés de ce film de 1966 , 17 millions d'entrées, soit plus du quart des français qui sont allés le voir . Or parmi eux , les plus de 30 ans avaient vécu la réalité de l'occupation allemande et en avaient des souvenirs précis . Comment ont 'ils vécu cet excellent film , en sachant que le mythe de le resistance était encore fort et entretenu en 1966 . Il y a t'il eu des commentaires de la part des politiques et des historiens sur ce film ?
Ce film a t'il été diffusé aprés en Allemagne ? ( si oui avec quel succés ? )
Si la guerre d'algérie n'avait pas été terminée en 1962 et si le traité de l'Elysée n'avait pas scéllé en 1963 la réconciliation franco-allemande , pensez vous qu'un film qui rit de la guerre , de l'occupation et des occupants aurait eu un même succés ?

C'est drôle je viens d'acheter le film en DVD.

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"Les gosses n'apprennent plus rien à l'école; en histoire-géo par exemple, ils doivent se débrouiller comme ils peuvent. Bientôt, un gamin nous dira par déduction que l'an 1111 correspond à l'invasion des Huns....."

Compte rendu de réunion d'une communauté d'agglomération

Et bien , en le visionnant , mettez vous dans le personnage de quelqu'un né en 1920 , ayant 23-24 ans à l'époque de l'histoire du film et qui le découvre pour la 1ere fois au cinéma en 1966 , à 46 ans.

Le film fait rire, mais il ne se moque ni des résistants ni des alliés. Il satisfait justement l'idéologie de l'époque: tous de bons français résistants du peintre à la bonne sœur en passant par les marionnettistes. On n'y voit pas un seul collabo même si le chef d'orchestre a bien failli jouer pour les allemands. En même temps en 1967 on est déjà 20 ans après, ce sont les trente glorieuses, mais on est encore sous la protection tutélaire du général (Qui sait ce qu'il en pensait). On peut aborder le sujet de manière plaisante. Le mystère ceci dit ce n'est pas tellement les 17 millions d'entrée que l'audience que le film fait encore à chaque rediffusion. C'est comme les enfants qui veulent toujours qu'on leur raconte la même histoire on rit d'avance de chaque gag que l'on connaît. Mon préféré c'est le premier du film quand l'avion vole en plein brouillard, la navigateur annonce d'un ton sûr de lui: "nous devrions approximativement être au dessus de Calais", les nuages se déchirent et apparaît la tour Eiffel, et tout le comique est dans le tête et le ton du pilote qui répète Calais! Je ne sais toujours pas pourquoi c'est si drôle.

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Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII

Bonsoir,



Tous les films de Louis de Funès ont été diffusés en Allemagne et avec de gros succès.
Comme vous, je me suis aussi posé la question. Comment les allemands réagissaient-ils de se voir tourner en ridicules dans ce genre de film ?? Je l'ai posée à mon entourage et cela les faisaient beaucoup rire et d'un clin d'oeil complice, il m'a toujours été répondu " mais c'est nous qui étions chez vous !! "

Cordialement.

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ne nous prenons pas au sérieux, il n'y aura pas de survivant (A. Allais)

Ce film a aussi eu un gros succès au Québec. Je m'en souviens très bien tellement j'ai ri.

Josaimé

Moi aussi Alceste, chaque fois que je pense à cette première scène, avec l'air désespéré du pilote pour son navigateur, je rigole tout seul C'est grave, Docteur

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

C'est Coluche, je crois, qui disait : on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui. J'ajouterais qu'il est bon aussi d'avoir du talent : Benigni l'a montré avec la vie est belle.

Je pense qu'il y a un vrai talent chez Gérard Oury et chez les acteurs, le duo principal Bourvil-de Funés mais aussi tous les autres (Big Moustache, ...). Et que ce film touchait une fibre qu'on dit bien française (est-ce particulier aux français ?) : la dérision de l'institution, un peu comme à une autre époque les chansons de Maurice Chevalier (Et tout ça, ça fait d'excellents français par exemple).

Quant à moi, j'ai une petite faiblesse pour la scène de la fuite par les égouts, celle où le Méphisto lance de sa voix de basse profonde : et que Dieu vous garde ! ...

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Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de rigoler !

Je crois plutôt que c'est Desproges qui avait lancé ça pendant un de ses réquisitoires au Tribunal des Flagrants Délires, en 1982 ou 1983, je ne me souviens plus. Il faut dire que l'invité d'alors ne donnait pas franchement à l'auteur l'envie de rigoler, puisque c'était Jean-Marie Le Pen.

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«L'humanité est comme un paysan ivre à cheval: quand on la relève d'un côté, elle tombe de l'autre.»
(Martin Luther)

Moi c'est mon film préféré et j'aime beaucoup de scènes, mais l'une de mes préférés est celle ou Louis de Funès fait semblant d'apprendre le piano à l'anglais et aussi juste après quand il essaye de parler anglais. Hilarant! Et je rejoins l'avis général, c'est à dire que le film est sorti en 1966 c'est à dire 20 ans après je pense que cela n'a du choquer personne. D'autant plus qu'il n'y est pas question d'antisémitisme, de camps de concentration ou d'extermination.

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"Mourir n'est rien mais vivre vaincu c'est comme mourir tous les jours" Napoléon Bonaparte

Bonjour,

Concernant La Grande Vadrouille, mon père qui avait eu 20 ans en 1939, me disait que, finalement, ça lui faisait du bien de rire en voyant ce film sur la France occupée parce qu'il en avaient suffisamment soufferts tous et que, sans oublier, il faut savoir aussi rire non seulement de ses ennemis mais de soi-même. Le film "La vie est belle" en est un parfait exemple. C'était, je pense, une manière de désamorcer un peu des souvenirs douloureux.

Encore moins de collaborateurs !
Ce film marque véritablement le sommet du mythe du "français résistant" - presque par nature ! A cette époque, il ne fallait pas donner l'impression qu'une fracture pouvait se sentir dans la société et dresser le portrait d'une société soudée vaille que vaille, au-délà de la lutte des classes, par la haine du ridicule allemand qui veut faire peur - mais fait plutôt rire ! (le major ronfle fort, très fort...)
C'est la période du "gaullisme triomphant" politiquement qui donne les cadres "idéologiques" du film.
Fort drôle d'un point de vue artistique, mais catastrophique comme tableau de société.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

"C'est la période du "gaullisme triomphant" politiquement qui donne les cadres "idéologiques" du film."

Qu'entendez-vous par là, Duc de Raguse?

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"Mourir n'est rien mais vivre vaincu c'est comme mourir tous les jours" Napoléon Bonaparte

En 1966, ce n'était pas à l'ordre du jour. A l'époque, on est encore sur le mythe que les vraies victimes de la barbarie nazie (je ne mets pas ici de connotation péjorative au mot mythe), ce sont la Résistance et les résistants. Les seuls déportés dont on parle sont les déportés politiques et les requis du STO. A l'époque, personne ou presque ne parle d'extermination raciale.

La découverte, ou la prise de conscience, de ce qu'était la Shoah ne date vraiment (tous pays d'Europe confondus) que des années soixante-dix ! Ne l'oublions pas, regarder la Grande Vadrouille avec un jugement de valeur sur ce qui serait non-dit serait un anachronisme et un non-sens...

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Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de rigoler !

Ce que j'ai écrit plus haut et que Jean-Mic illustre aussi fort justement.
Lorsque De Gaulle était président - tout comme lors de la Libération -, dans un souci de réconcilliation nationale, il ne fallait pas réouvrir des plaies mal cicatrisées. Donc, ne pas parler de Vichy, encore moins des déportés raciaux et surtout faire croire que les Français avaient résisté à tous les niveaux. Les gaullistes rejoignaient ainsi les communistes dans cette vision glorieuse de la résistance, bien loin des chiffres réels et des 40 millions de pétainistes...
Cette vision de la société française sous l'Occupation vola en éclats dans les années 1970.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine