Aristide a écrit :
Il ne me reste plus que des informations sur les "mentalités " des américains, des Mr Smith de tous les jours, à cette époque. Quels ont été les chargements depuis. Etaient-ils plus religieux? conservateurs?
A ces deux questions, il faut sans doute répondre oui et non
Plus religieux : il y avait certainement un plus grand nombre de personnes déclarant croire en Dieu dans les années 1950 que de nos jours (le chiffre est d'environ 85% actuellement). De même pour la pratique religieuse, et le fait que la diversité religieuse était moins grande à l'époque (prédominance très nette du protestantisme, surtout de ces branches nordistes au détriment du baptisme ; quasi absence de religions autres que chrétienne, mis à part un petit pourcentage de Juifs).
Pour autant, le religion occupait un place beaucoup moins importante à l'époque dans la vie publique : les enjeux de valeurs n'étaient pas aussi prégnants dans la vie politique que depuis la fin des années 1970, et je doute fort qu'on retrouve autant de références à la religion dans le discours d'un Truman ou d'un Eisenhower que dans celui d'un Clinton, d'un Bush Jr. ou d'un Obama.
Idem pour le conservatisme. Bien sûr, les américains étaient à l'époque plus conservateurs : qui était pour la mariage gay ou l'euthanasie dans les années 1950 ? Mais c'était là des sujets qui n'étaient absolument pas inscrits à l'agenda politique, la comparaison n'est donc pas réellement pertinente.
Si on compare ce qui est comparable, je pense que l'Amérique est légèrement plus conservatrice aujourd'hui (que ce soit sur la plan économique, avec le rejet de l'interventionnisme étatique depuis la "révolution reganienne", ou, sur le plan des valeurs, sur les quelques sujets qui sont restés pertinents tout au long de la période : ainsi, une majorité d'américains s'opposaient à la peine de mort dans les années 1960, ce qui n'a plus jamais été le cas par la suite), mais elle est surtout plus polarisée. Alors que dans les années 1950, les deux partis soutenaient des politiques très semblables et que la population s'accordait relativement sur les enjeux majeurs, aujourd'hui, non seulement républicains et démocrates présentent des options politiques très éloignés, mais en plus (cause ou conséquence ?), ils s'appuient sur des blocs électoraux aux antipodes l'un de l'autre dans la manière dont ils pensent que les principaux problèmes du pays doivent être résolus.