Bonsoir, je profite d'une remarque sur un autre sujet pour rebondir sur cet épisode peut être mal connu.

En 1947 le PCF est sorti du gouvernement et tente un coup de force par des grèves insurrectionnelles. La SFIO est bien décidé à le contrecarrer. Pour ce faire, les socialistes montent des syndicats opposés à la CGT. Je peux vous préciser ce qui s'est passé sur Marseille : Gaston Defferre monte des syndicats anticommunistes (contre la CGT) sur le port de Marseille en s'appuyant fortement sur les familles corses du milieu marseillais (les Guerini). Certains les disent proches de la CIA. En tout cas c'est eux qui casseront la grève des dockers de 1950.
J'ai eu la confirmation orale de ces faits du côté PCF. Je tenterai de l'avoir (avec beaucoup plus de détail) de l'autre côté par un témoin direct.

Le plus connu c'est l'histoire de FO , force ouvrière , issu d'une branche dissidante de la CGT et qui a été soutenue financièrement par les américains pour démarrer.

Il faut dire aussi qu'à Marseille, les émeutes sont très violentes et que la Mairie a été prise d'assaut. Le Midi n'est plus tenu par les forces de l'ordre, on assiste à une insurrection générale. Le gouvernement socialiste parait spécialement visé et ne tient plus la situation en mains. Très vite il apparait que le but du PC n'est pas de prendre le pouvoir, l'objectif est autre, contrer le plan Marshall ? Permettre à l'URSS de confirmer sa domination en Europe de l'Est ? L'agitation en France détourne l'attention ? Mais Jules Moch a du frapper très fort pour que la IVè ne sombre pas ! Le PS y a perdu son prestige. Une haine considérable s'installe entre PS et PC, beaucoup de socialistes deviennent anti-communistes. On sent bien que les ordres au PC viennent de Staline.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Et le PCF perd dans cette affaire une partie de son crédit patriotique acquis dans la Résistance.

Il choisit de redevenir le parti de l'étranger. Fin d'une équivoque. Au moins les choses sont claires.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Tout ce qui est écrit précédemment me parait exact d'après mes informations. Le PCF aux ordres de Moscou cherchait à paralyser les ports français pour torpiler l'aide du Plan Marshall. Les socialistes de la SFIO, ne se sont pas laissés demonter et malgrè la gravité de la situation (il y a eu plusieurs morts, dont le déraillement d'un train de voyageurs vers Arras ), ont fait preuve d'une poigne exemplaire. Quelques faits : la création de Force ouvrière pour casser le monopole de la CGT (ce fut cependant un drame de conscience pour Léon Jouhaux de falloir rompre l'unité syndicale ), la nommination de Jules Moch un vieux social-démocrate,au ministère de l'intérieur (il aura parmi ses collaborateurs un certain Raymond Marcelin, qui sera bien utile en 1968 ),enfin, à Marseille où tout est noyauté par la CGT et le PCF, le pouvoir légal dépassé,il y a bien eu recours aux hommes de la bande à Guérini pour reprendre la situation en mains.

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

Euh le terme "bande" est de trop. On dit milieu. Même si ce qu'ils ont fait est condamnable, ils ont bien joué en 40 contre Spirito et Carbone. Ils ont même été décorés pour faits de résistance.

On a dit du PS de cette époque, je crois, qu'il était subventionné par la CIA, tout comme FO! Plus probable pour FO peut-être ?

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Pour FO, c'était la grande centrale syndicale américaine AFL-CIO qui aidait financièrement. On a dit que c'était un écran pour l'argent de la CIA. De toutes manières, c'était ça ou un pouvoir communiste aux ordres de Staline. Le choix était vite fait.

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

Cela était même dit dans mon livre de terminale (collection Bouillon chez Bordas). et n'oublions pas que les ministres communistes ont été chassés du gouvernement alors que le président du conseil était un socialiste, Ramadier. Mais cet affrontement est finalement bien compréhensible pour des hommes qui étaient plus ou moins jeunes au moment du congrès de Tours et qui ont connu le PCF dans sa pire phase de bolchevisation (années 20) où il déclarait une guerre à mort contre les socio-traîtres. L'euphorie de la Libération n'a pas effacé ces souvenirs.
en outre, les EU sont à l'époque une référence pour la gauche de gouvernement avec la politique sociale de Truman (Fair Deal). Rien à voir avec le repoussoir des EU de Reagan par exemple !
Il faut aussi mettre en parallèle la peur du RPF gaulliste : on croit véritablement à la SFIO comme au MRP que De gaulle veut devenir dictateur. Auriol l'écrit dans son journal : "je n'appelerai pas De Gaulle [ à la présidence du conseil], je ne suis pas un nouvel Hindenburg". Cela veut dire qu'il prend De Gaulle pour Hitler ! Et c'est un journal intime tout à fait sincère.
Cette ambiance de guerre civile qui s'annonce entre PCF et RPF justifie toute l'ardeur répressive du pouvoir MRP/SFIO. Du reste, il y a eu des affrontement violents à Marseille à ce moment là si je me souviens bien entre communistes et gaullistes, avec au moins un mort. On comprend que Defferre s'appuie sur le milieu pour ramener l'ordre !

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"Denken heisst überschreiten" : Penser signifie faire un pas au-delà. Ernst Bloch (1885-1977)

Est ce que le statut trés spécial et trés avantageux des dockers date de cette époque. ?
Avec , en prime, le fameux monopole d'embauche de la CGT ?

Oui je crois bien!

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.