Roy-Henry a écrit :
Pour revenir à DBP, l y avait hier soir sur France 3 une excellente émission sur le rapport secret de la commission chargée d'évaluer les responsabilités du désastre. Avec un certain nombre de témoignages des survivants tous aussi intéréssants les uns que les autres...
J'ai revu le général Moreau qui était lieutenant là-bas en qualité d'artilleur. L'artillerie, justement, qui fut la cause principale de notre défaite !
On comprend que le commandement ignorait que l'ennemi serait capable de mettre en place un nombre de canons supérieurs aux siens et surtout, d'assurer le ravitaillement en munitions.
Le projet conçu par Navarre n'était donc point sot: barrer la route du Laos au Viet-minh et casser son corps de bataille. Ce qui laissait augurer un siège, quand même.
Donc, DBP était conçu comme un vaste camp retranché, ravitaillé par air, ce qui supposait de tenir les collines qui permettaient d'assurer le trafic aérien sur les pistes.
On conçoit que le 13 mars, la chute de la colline "Béatrice" fut un véritable KO pour le commandement: jamais, l'armée française n'avait reçu un tel déluge d'obus dans ses expéditions "coloniales" !
Les généraux savaient que les Viets amenaient du canon. Ils ne pensaient pas que ce serait en telle quantité. Surtout, le renseignement pêcha par le fait que l'emplacement des pièces et leur nombre n'étaient pas connues!
Et Navarre, ainsi que Cogny étaient d'anciens artilleurs !
Profitant des couverts luxuriant sur les pentes des collines environnant DBP, les Viets parvinrent à aménager des niches pour leurs canons soigneusement camouflées et ne les sortaient que pour tirer, surtout de nuit. Dans ces conditions, il n'y avait pas de contre-batterie possible, du fait de la carence des reconnaissances aériennes.
Une autre erreur semble avoir été de ne pas lancer les partisans méos sur les routes de ravitaillement où transitaient plus de 70 000 coolies, transportant à dos d'hommes, nourriture et munitions.
Ces coolies n'étaient pas armés ou très peu: des coups de mains incessants auraient perturbé le flux logistique, ce dont notre aviation se révéla incapable.
Passé la 1ère surprise, on sent que le commandement local assuré par Castries ne fut pas à la hauteur. Certaines contre-attaques immédiates furent positives (celle de Bigeard), mais d'autres furent différées ou abandonnées.
On peut se demander aussi dans quelle mesure la France n'était pas capable d'envoyer toute son aviation de bombardement pour réaliser un "carpet-bombing", seule solution pour renverser le cours des évènements.
Cette solution faillit d'ailleurs être adoptée sur proposition des Américains.
qui renoncèrent pour ne pas indisposer la Chine...
Il est entendu que les bombes auraient été américaines. Mais les appareils ne pouvaient pas être Français ? Il n'y avait donc aucune escadrille de bombardement en Europe ?
Chose que j'ignorais, c'est que les Américains finançaient 87% de la guerre en Indo en 1954...
On m'avait prêté le DVD, j'avais beaucoup apprécié.
Dien Biên Phu : le rapport secret
Patrick JEUDY
Edité par TF1 vidéo [2005]
Le rapport de la commission d'enquête n'a jamais été divulgué. C'est ce rapport secret que le réalisateur a choisi de mettre en scène dans ce passionnant récit, la bataille qui solde la présence française en Indochine. Des milliers de soldats pris au piège des Vietminh, des milliers de morts... qui ont nécessité la mise en place d'un vaste commission d'enquête pour lever les responsabilités de cette terrible défaite...