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Des éléments épars : en lisant les préfaces, tant de Primo Levi que de Robert Merle ("La mort est mon métier"), on les voit faire le même constat : les livres sur ce sujet qui sont aujourd'hui des "classiques", ont généralement été écrits juste après la guerre (avant 1950), et ont rencontré un accueil indifférent. Les déportés revenus racontent la même chose - y compris ceux qui sont partis dans l'Etat d'Israël naissant. Dans un premier temps qui dure une bonne quinzaine d'années, personne n'a trop envie de se replonger là-dedans : c'est la vie qui reprend son cours, la reconstruction, on regarde vers l'avant, surtout pas vers les horreurs du passé.
C'est par la suite, à partir des années 60 que les choses changent, que les livres tels que "Si c'est un homme" connaissent un succès parfois immense, et que la question de la mémoire se met à concerner, bon gré mal gré, les divers pays ex-belligérants. En Israel, certains datent précisément ce revirement de l'époque du procès d'Eichmann. Cependant, il fallait bien que certains, même à contre-courant, se préoccupassent de la mémoire de la Shoah pour qu'Eichmann fût enlevé.
Pourquoi ce retard à l'allumage ? Pas forcément la honte, hormis pour ceux qui se savent personnellement compromis, d'autant plus que chacun, à cette époque-là, s'est bien forgé sa petite légende dorée, les "tous résistants" ici, "rien vu, rien entendu" là, etc, mais peut-être la volonté de populations qui se réveillent d'un cauchemar, de ne plus y penser. Quant au revirement, il tient probablement en partie à l'arrivée de la génération qui n'a pas connu la guerre (ou qui était vraiment trop jeune), ne se sent donc, pas coupable de quoi que ce soit, et interroge ses aînés.