Romeo a écrit :
La plupart des pied-noirs ont quitté l'Algérie en 1962, cependant est ce que beaucoup ont quitté l'Algérie avant 1962 ? Pourquoi n'ont-ils pas été plus nombreux à partir durant la guerre voyant que celle ci serait perdue ? Pouvaient-ils partir librement ?
Bonjour, j'ai découvert ce forum et le lis depuis plusieurs mois mais n'ai encore jamais posté ici…
Pour répondre à la question initiale, je dirai que la fin de la guerre d'Algérie n'a pas été une guerre comme les autres. Sur le terrain la France tenait la situation en main (autant bien sûr qu'on puisse dire cela d'une guérilla). La fin de la guerre et l'indépendance de l'Algérie a été une volonté politique délibérée du gouvernement français et les français d'Algérie ont simplement espéré jusqu'au bout un renversement du dit gouvernement et la mise en place d'un gouvernement favorable au maintient de l'Algérie française.
De plus il faut bien comprendre que, pour les pieds-noirs, vivre dans une Algérie non-française était quelque chose de totalement inconcevable, d'étranger à leur culture. Je suis moi-même pied-noir (né en Algérie en 1945) et ma famille directe (mon père, ma mère, mon frère et moi) étions revenus en France depuis 1950 (pour raisons de santé de mon père, avant la guerre d'Algérie). Tout le reste de ma famille est arrivé en France (avec 2 valises) à l'été 1962.
Partir librement avant ? Jusqu'au début 62 de toute façon, personne n'y pensait et avait l'espoir d'un renversement de la situation. Partir au contraire plus tard ? Dès l'indépendance de l'Algérie personne n'a voulu rester dans un pays qui ne serait plus la France et de plus beaucoup avaient peur de représailles (c'était la valise ou le cercueil…).
Il y a eu bien sûr quelques pieds-noirs libéraux favorables à l'indépendance et à la coopération, mais c'était une petite minorité qui concernait plus des milieux intellectuels que populaires. L'immense majorité des pieds-noirs faisait bloc pour une Algérie Française quelque soient leurs tendances politique d'antan. Par exemple, Bab el oued qui était un quartier populaire d'Alger à tendance très fortement PC était devenu en 61/62 un fief de l'OAS.