Vos remarques sont correctes sur le fond mais vous pinaillez
un tantinet tout de même: n'oubliez pas que le cinéma est un art (enfin, parfois) et qu'un artiste vise rarement la reconstitution exacte du réel au bouton de guêtre près, quoique certains metteurs en scène, comme Visconti, apportaient une sorte de maniaquerie obessionnelle à avoir exactement les costumes d'époque reproduits au bouton de guêtre près, les décors chronologiques en tous points, veillaient à ce que tout soit exact historiquement etc.
Dans "Milou en mai", où on est dans le registre de la comédie sociale, il y a de plus la nécessité de forcer le trait pour produire l'effet comique: il est bien évident qu'il est plus percutant de faire lire le testament peu de temps après le décès, et en présence du corps de la défunte que banalement et réglementairement deux mois après dans l'étude du notaire. De plus, pour des raisons dramatiques celles-là, il était impératif que la lecture du testament se produise rapidement, juste pendant mai 68 et pas deux mois après, sinon il n'y a plus d'histoire.
Ce que cherche à faire Malle
, c'est d'évoquer un ressenti, l'atmosphère d'une période exceptionnelle, le sentiment qu'il en a gardé, ce quelque chose d'insaisissable mais d'évident qu'on appelle le zeitgeist. Je trouve qu'il y a plutôt réussi. Ce n'est pas son meilleur film mais ce n'est pas le moins bon, et il a assez bien vieilli.