Il est très difficile en fait de se faire une idée des convictions profondes de Valéry Giscard d'Estaing puisque son septennat a mêlé des éléments "progressistes" (avortement, divorce, hausse du SMIC), démagogiques (petit déj avec les éboueurs) et d'autres nettement conservateurs (sur l'immigration - mais on peut aussi penser à l'application de la peine de mort ou à la loi sécurité et liberté).

Un détail curieux : lors du premier sommet mondial (futur G7) de Rambouillet, Giscard a invité les dirigeants catholiques à l'accompagner à la messe !

Raymond Barre présentait d'ailleurs une complexité comparable (mais à un degré moindre) puisqu'il se revendiquait démocrate chrétien, qu'il a flirté avec Mitterrand après 1988 tout en étant accusé d'antisémitisme jusqu'à sa mort (il est vrai qu'il avait tenu des propos publics pour le moins équivoque sur les Juifs à plusieurs reprises).

Alors que penser ?

S'agissait il de personnalités libérales dont l'éducation traditionnelle ancienne remontait parfois à la surface ?
ou au contraire de conservateurs authentiques qui par opportunisme (ou par naïveté) avait adopté quelques façons de pensées progressistes ?

On ne retrouve pas facilement des déclarations de VGE concernant l'immigration par exemple.( En a t il fait en public ? C'est vrai que la fréquence de la communication présidentielle des années 70, n'avait rien de commun avec celle pratiquée aujourd'hui).
Chez ces ministres, que ce soit Stoléru en charge du dossier, ou Chirac premier ministre, en matière d'immigration on fait tout simplement des "maths" , puisque l'un déclare "Un pays dans lequel il y a près d’un million de chômeurs, mais où il y a 2 millions d’immigrés, n’est pas un pays dans lequel le problème de l’emploi est insoluble" , l'autre " Quand il y a en France un million de personnes au chômage et deux millions de travailleurs immigrés, cela dénote une situation anormale".
On retrouve dans le presse de l'époque une question : les Français sans emploi, voudront ils de certains boulots ( aux conditions de travail difficiles) occupés par des travailleurs étrangers ?

Le point sur lequel il y eu le plus de revirements de la politique est sans doute le regroupement familial; comme on l'a vu sur le lien donné par Narduccio, l'immigration familiale est supendue en 1974, rétablie l'année suivante, bénéficie d'un décret en avril 1976, sera suspendue pour une durée de trois ans fin 1977 par un décret du gouvernement Barre, décret qui sera annulé par le conseil d'Etat un an plus tard...
Au bout du compte cette immigration familiale diminuera durant les années Giscard, mais passera en valeurs au dessus de l'immigration des travailleurs, comme on l'observe sur cette courbe:

Courbe tirée de cet article