BiblioEdualk a écrit :
les 2 hommes ont profité d'une crise politique et militaire majeure pour prendre le pouvoir.
Leur différence essentielle, c'est que Pétain l'a gardé, et a fait disparaître les fondements de la démocratie (libre expression du peuple par les élections) (ah, et le pays était un petit peu occupé par l'ennemi, aussi...) alors que De Gaulle, malgré ses défauts (et il en avait, le Connétable
) a conservé cette base fondamentale. Sa constitution a été approuvée par le peuple librement. Les élections ont continué. Et quand il a été désavoué en 1969, il s'est retiré. Bref, il s'est soumis à la souveraineté populaire.
D'accord sur l'essentiel mais le parallèle dans le détail, entre Pétain et De Gaulle, est bien plus cruel pour le premier.
Ainsi quand en 1925 -1926, "des troupes françaises sous le commandement de Pétain, en campagne avec une armée espagnole (450 000 hommes au total), dans laquelle se trouve aussi Franco, mènent une campagne contre les forces d’Abd el-Krim, chef de la très jeune République du Rif, au Maroc ; Abd el-Krim se plaignit à la Société des Nations de l'utilisation par l'aviation française de gaz moutarde sur les douars et les villages (civils)."
Pétain a bel et bien préparé avec soin son accession au pouvoir. Il se fait nommer ministre de la guerre en 1934. Il voulait l'Education pour pouvoir retirer aux instituteurs la formation de la jeunesse, coupables à ses yeux des désertions et mutineries de la PGM, une bizarre hantise.
Puis cet ambassadeur à Madrid en mars 1939, se fait voir sans cesse à Paris, jusqu'à être appelé comme vice-président du Conseil par Reynaud.
Enfin, sous sa pression et celle des plus hauts gradés de l'armée dont Weygand , il contribue à la démission de Reynaud et prend sa fonction, grâce au poids de l'armée qui est alors considérable, une armée qui exige l'arrêt des combats sans capitulation militaire. Des pressions terribles.
Rien de tel chez de Gaulle en 1958, il est à l'écart, oublié, attendant un retour improbable avec peu de fidèles, Chaban est loin de lui cherchant à être désigné comme président du Conseil de la 4è, il a été au bord en 57-58.
L'armée ne le soutient pas comme Pétain avant-guerre. C'est pour cette raison qu'on n'a pas retrouvé la trace d'une préparation de 1958.
De Gaulle a plutôt sauté sur les évènements et ont surgi alors des collaborateurs de petit niveau d'ailleurs dans mes souvenirs, pour se rendre à Alger influencer l'armée et dire que de Gaulle était la solution et que cette solution était légale. Les généraux y on cru. Ils ne devaient guère être confiants car de Gaulle n'avait pas eu de relations avec l'armée auparavant. Il jouait un retour civil et légal, attendant que la providence lui fasse signe comme en 1940, silencieux et inactif.
Mais d'accord pour dire que la plus grande différence est après la délégation que Pétain et de Gaulle reçoivent pour préparer une constitution en 1940 et 1958, tous deux P du C, Pétain établissant alors un régime qui n'est plus une République et changeant à dessein la devise républicaine, instaurant un régime de dictature personnelle avec son buste remplaçant le buste de Marianne, son hymne (maréchal nous voilà chanté dans les écoles), rien de moins. Pétain écarte Lebrun et le Parlement et met fin à toute démocratie, une démocratie honnie, on le découvre, symbole à ses yeux de faiblesse et de trahison (procès de RIOM).
De Gaulle au contraire ne faillira jamais, même dans la seule contestation sérieuse dans l'emploi de la Constitution, la procédure de révision pour l'élection du PR au SU, à partir de l'article 11 par référendum sans passage au Sénat et après un attentat.
Là il y eut un vrai problème juridique mais pas avant. La doctrine actuellement est moins sévère à ce sujet à cause du climat de l'époque et l'éventuel doute de constitutionnalité de certains a été presque pardonné, parfois compris, malgré des éclats considérables. Quoiqu'il en soit, on est loin de Pétain, il y une procédure et un référendum, un seul accroc. Aucun passage à la dictature.