calame a écrit :
De ce que j'ai compris, c'est que le 13 mai 1958, Pfimlin dit qu'il pourrait négocier avec les "rebelles" algériens. En conséquence, manifestations monstres à Alger de la part de la population européenne pour appeler au maintien de l'Algérie française.
Non Pfimlin n'a pas dit ce jour-là qu'il pourrait négocier avec les rebelles. Il l'avait évoqué quelques temps plus tôt, ce qui explique que les algérois décident de se mobiliser contre le "bradeur" potentiel de l'Algérie.
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Des généraux pensent à un coup d'Etat et Salan fait acclamer De Gaulle par la foule. C'est cela que je ne comprends pas. Pourquoi faire acclamer de Gaulle ? Les généraux pensent-ils à créer un nouveau gouvernement avec De Gaulle en président ?
Les généraux sont déjà de fait en situation de coup d'état, dans la mesure où ils refusent désormais l'autorité du pouvoir en Algérie et entendent en régler eux-même le sort.
L'idée de faire appel à De Gaulle est mise en avant par une cellule de 4 hommes qui ont très activement participé à la préparation du 13 mai et qui sont omniprésents dans ces journées. Il s'agissait d'une cellule "d'observation" financée par le ministre la défense, un certain... Chaban-Delmas, donc gaulliste. Elle comprenait notamment Léon Delbecque et Jean pouget, un commandant de paras légendaire parmi les paras, qui eux permettent et encadrent les événements. C'est l'un de ces 4 hommes qui réussira à faire crier "vive De Gaulle" par Massu, puis plus difficilement par Salan.
A noter que dans ce putsch du 13 mai en Algérie, ce sont davantage les colonels paras qui mènent la danse que les généraux.
Les généraux sont très embarrassés. (Le premier mouvement de Massu est de "mettre fin à ce bordel" mais les colonels lui démontrent que c'est impossible.) Du coup ils cherchent une solution pour en sortir et De Gaulle apparaît comme le seul homme capable de résoudre le problème, d'autant qu'il dispose à cette époque d'une image Algérie Française, notamment du fait des prises de position incendiaires de Debré en ce sens.
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Quelle est la position de De Gaulle le 13 mai 1958 vis à vis de ces généraux, et comment évolue-t-elle par la suite ? Est-ce simplement une figure charismatique dans laquelle les Français d'Algérie peuvent facilement placer leur confiance ? A-t-il déjà pris position sur l'Algérie française ?
De Gaulle est en contact avec les putchistes et les généraux ne déclencheront pas l'
opération Résurrection (débarquement parachutiste sur Paris pour y prendre le pouvoir) sans son accord. - ce qui en dit long sur sa légitimité réelle : "on ne peut tout de même pas déclencher ça sans avoir son accord." Il considère que son moment est venu, et va réussir une
opération politique magistrale pour être appelé comme président du Conseil.
Pour autant, par tempérament, De Gaulle ne supporte pas le désordre. Ses premiers ordres donnés au cours de son voyage en Algérie, 3 ou 4 jours après sa prise du pouvoir sont que les militaires doivent quitter les Comités de Salut Public qui ont fleuri un peu partout, et retourner à leur métier : la guerre. (au passage, il avait traité en 44 les résistants de la même façon.) Il mettra également en place un gouverneur civil de l'Algérie, avec autorité effective sur le commandant en chef militaire. Il annonce d'ailleurs à Salan qu'il va le remplacer. De Gaulle n'aime pas les putchistes maintenant qu'ils ne lui sont plus d'aucune utilité. Pour lui c'est l'autorité du gouvernement qui doit s'imposer aux militaires. (C'est une constante de sa pensée politique.) Il n'aura de cesse de sortir les militaires de tous les pouvoirs civils qu'ils ont occupé de fait en Algérie, par la mise en place d'une administration civile effective et bénéficiant de son autorité.
Etait-il Algérie française ? Non, De Gaulle pensait depuis son séjour en Algérie en 43-44 que "c'est par l'indépendance que ça finirait." Depuis que la guerre a commencé, il n'a fait aucune déclaration explicite en faveur de l'Algérie française. Pour autant il sait qu'il va devoir composer avec l'opinion, l'armée et les civils algériens. (des "braillards" bons à rien, pour lui.)
Et puis par tempérament De Gaulle rechigne à brader l'empire français, et recherche une solution qui soit la plus favorable possible à la France. Il veut bien négocier, mais en situation de force et à condition que ce soit lui qui dicte les termes de l'accord, en quelque sorte. C'est la raison pour laquelle il va d'abord lancer un appel à la "paix des braves", puis relancer la guerre pour écraser le FLN sur le terrain. C'est pour cette raison - la relance victorieuse de la guerre - que ses adversaires de l'OAS décriront sa politique comme une monumentale et patiente duperie, alors que dans les faits De Gaulle est resté longtemps très partagé.