J'ai vu il y a quelques années un documentaire - ce ne devait pas être le même, le cas Marchais n'était pas évoqué - du style "que sont-ils devenus ?" ou " comment peut-on encore être communiste ?"
Les militants interrogés y évoquaient leur déception devant la découverte de ce qu'était réellement le communisme à Moscou, leur évolution idéologique forcée devant la chute de l'URSS. Deux réflexions m'avaient frappé :
- Une militante qui disait :"tout de même, ces gens en Russie qui vivent maintenant dans le désordre et la misère, on se dit : avec toutes les tragédies qu'ils ont vécu depuis 1917, ce pays aurait bien le droit de souffler. En sortiront-ils un jour ?"
- Un conseiller municipal communiste :" Ce qu'on m'a appris, c'est qu'il ne sert à rien de construire des utopies si on n'est déjà pas capable de se retrousser les manches et de lutter contre la misère autour de soi."
Et il expliquait son action dans sa commune (banlieue parisienne) ce qui m'a remis en mémoire ce qu'on a appelé le "communisme municipal". L'aide aux familles, spécialement dans l'après-guerre et les années 50, remplissait le rôle qui est aujourd'hui dispersé un peu au hasard dans divers associations (vêtements chauds, nourriture...) et cela allait jusqu'à l'organisation de colonies de vacances subventionnées, pour des enfants qui n'avaient jamais vu la mer ou la montagne. (Evoquées à l'écran par des militants devenus vieux.)
C'était cela aussi le PCF, et on comprend mieux comment il a pu longtemps inspirer une confiance qu'il ne méritait pas. Mais pour tous ces honnêtes gens trompés, comme la désillusion a dû être dure !
Et tout de même, ils y ont mis le temps ! Lorsque Ferrat a sorti sa chanson "Le bilan" en 1980, il s'est trouvé des militants pour crier à la trahison - il avait "retourné sa guitare" !
Jean Ferrat, honnête homme s'il en fut, réagissait à un propos de Georges Marchais qui avait jugé le bilan historique du communisme "globalement positif." Réplique qui avait le mérite de la clarté :
Mais quand j'entends parler de bilan positif
Je ne peux m'empêcher de penser "à quel prix !"
Et ces millions de morts qui forment le passif,
C'est à eux qu'il faudrait demander leur avis.https://www.youtube.com/v/3hfYHLgqSZw