Lord Foxhole a écrit :
marc30 a écrit :
Staline avait proposé une réunification d une Allemagne neutralisée. Kroutchev l'avait admis pour l'Autriche. Pourquoi ni Kroutchev ni Brejnev n'ont relancé l'idée ? C'etait stand même piégeur pour l'ouest : bien des Allemands auraient été tentés. Et cela aurait changé la donne pour l'otan
Juste après la Seconde Guerre Mondiale, Staline acceptant qu'il existe une Allemagne réunifiée
et indépendante du pouvoir de Moscou !?
Est-ce bien sérieux !?
Oh mais ça pouvait être très sérieux ! (il faudrait voir à quelle date il a proposé ça...)
On a déjà parlé du plan Morgenthau, un délire américain destiné à transformer l'Allemagne en paisible nation pastorale, ne possédant rien de plus dangereux que des fusils, et dépourvue d'usines. (A supposer que ce fût souhaitable et même réalisable, on sait qu'en pratique les alliés occidentaux ne sont jamais allés plus loin que le dégroupage des cartels industriels.)
En tous cas, les Américains, qui se trouvaient pour la seconde fois avec une guerre en Europe sur les bras, du fait des Allemands, les Français et les Anglais pour la même raison, et les Russes qui venaient de perdre 20 millions d'habitants, tout ce petit monde considérait avec sympathie une Allemagne neutre et dépourvue d'armée, écartant toute menace pour longtemps.
On l'a oublié, mais la grosse préoccupation militaire française en 46, c'était d'avoir la certitude d'écraser dans l'oeuf tout renouveau militariste allemand. (En somme ce qu'on n'avait pas fait dans les années 30, mais on connait le proverbe, "les militaires préparent toujours la guerre précédente".)
Les choses n'ont réellement évolué que lorsque les Alliés ont commencé à repérer quel jeu jouait Staline, et finalement le blocus de Berlin puis le coup de Prague en 48 ont clairement ouvert la confrontation : là il n'était plus question d'un Allemagne pastorale.
J'ai vu il y a quelques jours des images d'archives, où l'annonce de la création de la Bundeswehr, et donc du réarmement allemand, a déclenché dans Paris des manifestations monstres, avec en tête des anciens déportés dans leur tenue rayée. (bon, on peut imaginer un effet de la mobilisation militante du PCF, sur instructions de Staline, mais il n'était pas nécessaire de pousser ces manifestants : le souvenir de l'occupation était encore tout frais.) Le gouvernement français lui-même - qui comptait sans doute sur les Américains et leur monopole nucléaire - n'était pas très chaud et le faisait savoir.
Donc en 1946, une Allemagne unifiée et neutre, sans armée... (on sait que c'est Churchill qui a réagi très tôt, en inventant l'expression "rideau de fer" et en alertant Truman sur la défense de l'Europe occidentale une fois les boys rembarqués. C'est sans doute cela qui a évité toute dérive vers cette solution.)