Je reste interrogatif sur cette affaire du lancement d'une torpille nucléaire par un sous-marin soviétique pendant la crise de Cuba. Il a été dit que c'est le sang-froid de Vassili Arkhipov qui a empêché le lancement d'une torpille nucléaire contre l'avis des autres officiers. Mais, selon un autre témoignage (voir
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vassili_Arkhipov), seul le commandant aurait perdu son sang froid, les autres officiers étant opposés au tir. D'ailleurs, si Vassili Arkhipov n'était pas le commandant du sous-marin, il était le commandant de la flotille, ce qui lui donnait une autorité sur le commandant en matière d'engagement. Ensuite, pourquoi la torpille qui aurait été lancée aurait-elle été nécessairement munie d'une charge nucléaire ? Quoiqu'il en soit, quel que fût le type de l'arme employée, une unité de la marine américaine détruite par un sous-marin soviétique à proximité de Cuba aurait pu être le fait déclencheur d'une escalade vers une guerre mondiale.
Pierma a écrit :
En revanche ce documentaire affirmait que ces sous-marins disposaient de torpilles nucléaires tactiques - 10 kTonnes - de quoi vaporiser par exemple un groupe aéronaval.
Pire encore, et en contravention de tous les principes de la dissuasion, dans laquelle la décision d'usage d'armes nucléaires doit absolument être centralisée - mais cette règle était elle déjà bien établie ? - il étaient partis avec des instructions les autorisant à en faire usage, typiquement dans le cas où ils auraient été attaqués.
Il faut ramener les choses à leur juste proportion. Une torpille à charge nucléaire de 10 kt n'est pas une arme de destruction massive. Cela reste une arme tactique insuffisante pour vaporiser un groupe aéronaval. La marine américaine a mis en service en 1963 la torpille Mk 45 ASTOR. Il s'agit, pour la partie propulsive, d'une torpille lourde classique d'une autonomie de 8 miles. On en déduit que le lanceur, qui n'est pas censé se suicider, n'est distant que de quelques miles du lieu de l'explosion et cependant hors du volume dangereux.
Dans ces conditions, il n'est pas aberrant que le commandant puisse avoir autorité pour ordonner le tir d'une torpille à charge nucléaire. La doctrine américaine en la matière était la riposte graduée qui n'excluait pas l'emploi d'armes nucléaires tactiques dans un cadre strictement tactique. La doctrine française est différente : l'emploi de l'arme nucléaire tactique a une signification stratégique en tant qu'avertissement ultime. J'ignore quelle était la doctrine soviétique. Il me semble qu'elle était proche de la doctrine américaine.