Sans exagération, cette bande dessinée est une pure merveille.
Connaissant mon goût immodéré pour l'histoire un collègue passionné de BD eu la gentillesse de me prêter plusieurs ouvrages, dont "Cher pays de mon enfance". Je l'ai lu d'une traite et j'envisage de l'acheter pour prendre plaisir à le "refeuilleter" à l'envie.
Il y a quelques temps de cela, Ouest France a consacré un article à cette bande dessinée, l'auteure de ce billet nous énumère les 10 bonnes raisons de la lire.
1. Se laisser griser par les pages
Benoît Collombat et Étienne Davodeau, l’un, journaliste à France Inter ; l’autre, auteur de bande-dessinée, cosignent cette « enquête dessinée ». Cher pays de notre enfance est une pépite documentaire sur les années sombres de la Ve République, un joyau de pages en noir et blanc sur le chemin des années 70, un polar tumultueux qu’on ne lâche plus jusqu’à la dernière bulle.
2. Saisir l'envers du décor
« Étonnamment, il y a eu assez peu de choses faites sur la face cachée de cette période, déplore Benoît Collombat. La plupart des moins de trente ans n’en ont jamais entendu parler. De leur côté, les autres ont du mal à imaginer tous les aspects peu reluisants de cette époque. »
3. Sillonner le passé
Les deux premiers chapitres, publiés dans les tomes 5 et 7 de La Revue Dessinée, retracent les pas du juge François Renaud, magistrat assassiné en 1975, puis se plongent dans l’univers du Sac (Service d’action civique), une association gaulliste controversée… Les deux derniers chapitres, eux, nous emmènent à la rencontre des syndicats patronaux en lien avec le Sac, et sur les dernières heures du ministre Robert Boulin.
« C’est un peu notre époque », rappelle Benoît Collombat. Lui est né en 1970, Étienne Davodeau, en 1965. « C’est une période qui me passionne, journalistiquement et historiquement », ajoute le premier, pour qui la Ve République n’a plus de secret.
4. Plonger au cœur d'une enquête
Souvenez-vous, le mois dernier. L’enquête sur la mort du ministre Robert Boulin, retrouvé mort en 1979 (noyé dans 10 cm d’eau et ayant ingurgité des barbituriques), a été rouverte. Entre autres, grâce à un témoin révélé par Benoît Collombat dans son livre Un homme à abattre : contre-enquête sur la mort de Robert Boulin.
Cher pays de notre enfance, c’est aussi l’occasion de découvrir les propos de ce témoin, illustrés par Étienne Davodeau. Et en prime, « il y a quelques éléments inédits liés à Robert Boulin dans la BD ! » promet Benoît Collombat.
5. Découvrir les coulisses de l'histoire
Mafieux, truands, barbouzes… Tous les personnages de l’ombre y passent. « J’aime aller voir sous le tapis de notre histoire », résume Benoît Collombat.
Cher pays de notre enfance est comme une Route 66 qui mène le lecteur derrière les rideaux de la politique de l’époque. Un chemin sulfureux et poussiéreux, des années en arrière : on se plonge dans les récits des contemporains et témoins, sous le trait de crayon d’Étienne Davodeau.
6. Enquêter comme un journaliste
« La bande-dessinée explore les coulisses de notre société, rappelle Benoît Collombat, mais aussi de notre propre travail : nos tâtonnements, le silence des témoins, la gêne… » On voyage avec les deux reporters à travers la France, à la recherche d’histoires, d’anecdotes, voire même d’indices.
7. S'informer autrement
« Avec Étienne [Davodeau], on soutient le mariage du dessin avec le journalisme », souligne Benoît Collombat. « C’est formidablement intéressant d’emmener la BD dans ce domaine, renchérit son comparse. La bande-dessinée a des vertus et des moyens qu’on sous-estime : ceux-là même qui m’animent depuis quinze ans maintenant. »
« Étienne [Davodeau] a été le premier à aller vers le documentaire en BD, tout en assumant une part subjective dans le récit, souligne Benoît Collombat. Quelques témoins prennent toute leur force avec le dessin. »
8. Dévorer le projet
Ils se sont rencontrés dans un restaurant parisien. lls connaissaient peu ou prou leurs travaux respectifs. À l’apéro, ils ont commencé à parler d’une éventuelle collaboration ; au dessert, ils avaient décidé de l’histoire qu’ils allaient raconter. C’est là que naît, entre deux coups de fourchette, Cher pays de notre enfance, une « enquête dessinée ».
Deux ans plus tard, cette rencontre, initiée par La Revue Dessinée, une bande de trublions du journalisme en BD, a porté ses fruits.
9. Se saisir de l'œuvre
La bande-dessinée est terminée depuis juillet, mais, au moment où nous rencontrons les auteurs, ils ne l’ont pas encore vue. « Je suis dans une espèce de No man’s land pas très agréable, décrit Étienne Davodeau. J’ai passé deux ans dans ce livre, et je n’ai plus aucun recul. Je la laisse maintenant aux lecteurs, et à tous les gens qui vont s’en saisir. »
En tout cas, les deux auteurs s’accordent à un bilan « enthousiasmant » et « enrichissant ». « D’habitude, je travaille seul, rappelle Étienne Davodeau. Mais pour un projet comme celui-là, je serais prêt à faire une nouvelle entorse ! »
10. L'acheter en librairie
Allez quoi, ça ne vous fait rien, vous, de traverser les rayons d’une librairie ? L’odeur du papier, le grain des pages… C’est l’occasion d’y faire un saut, cette bande dessinée vous y attend !
Cher pays de notre enfance : enquête sur les années de plomb de la Ve République, de Benoît Collombat et Étienne Davodeau. 224 pages, 195 x 265 mm, 24 €. Parution le 8 octobre chez Futuropolis.