Je propose que l'on discute de la réconciliation de la France et de l'Allemagne.
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La réconciliation de la France et de l'Allemagne, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a transformé l'histoire et constitue un élément clé de l'Europe d'aujourd'hui. Dans ce long processus de rapprochement mutuel des deux pays, la période allant de la signature du traité franco-allemand du 22 janvier 1963 jusqu'à la démission du général de Gaulle, le 28 avril 1969, prend une signification particulière.
La mésentente apprivoisée - De Gaulle et les Allemands, 1963-1969Benedikt Schoenborn (2007)
J'ai lu rapidement cet ouvrage. Dans la "conclusion", l'auteur évoque une « antinomie à l’égard de l’Allemagne » :
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La politique étrangère du président de Gaulle comporte une antinomie profonde à l’égard de l’Allemagne : il prône à la fois une coopération franco-allemande très étroite et l’indépendance nationale de la France. Jamais le général ne renonce au principe des mains libres, jamais il ne consulte les Allemands avant ses conférences de presse, jamais il ne donne de garantie formelle pour défendre la République fédérale en cas de guerre. De nombreux Allemands jugent les promesses gaulliennes trop floues pour confier à la France le destin de leur pays. Par ailleurs, nous l’avons décrit, la République fédérale est toujours déchirée entre l’amitié avec la France et la nécessité vitale de se faire protéger par les États-Unis.
Nous avons posé la question de savoir s’il existe, durant la période étudiée, une volonté franco-allemande d’avancer ensemble vers la réunification allemande, en recherchant une politique commune vis-à-vis de l’Est. En effet, le président de Gaulle, d’une façon suivie et bien argumentée, s’engage auprès des dirigeants du camp communiste en faveur de la réunification à long terme. Mais en même temps, les sentiments du général de Gaulle à ce sujet sont empreints d’une profonde ambiguïté. Le chancelier Erhard, quant à lui, cache aux Français son idée originale et peu connue visant à « acheter » la réunification allemande en échange d’aides économiques massives pour l’URSS. Erhard en parle aux Américains et souhaite s’adresser directement à Nikita Khrouchtchev, mais il se méfie d’en discuter avec Paris. Le chancelier Kiesinger adopte une partie des conseils français et se montre plus chaleureux envers l’Est, en refusant toutefois de reconnaître la ligne Oder/Neisse.