Pierma a écrit :
... sans conflit extérieur majeur et sans guerre civile interne. Le fruit était mur sur le plan économique, mais surtout dans les têtes : mis à part les privilégiés du régime, le communisme plus personne n'en voulait.
"
Sans conflit extérieur majeur" mais il semble qu'il y ait eu des conflits intérieurs.
A son arrivée, Gorbatchev lance une seconde déstalinisation avec deux objectifs :
- la perestroïka, restructuration de la vie économique et politique
- la glasnost qui marque la volonté d'un nouveau dialogue social.
Cette ouverture intérieure comme extérieure entraîne la réévaluation du passé stalinien et en octobre 87 est créée une commission du bureau politique du PC pour l'étude du passé stalinien. Le printemps 88 voit une lutte ouverte entre les C. réformateurs et les conservateurs, ceci prend d'ailleurs un nouveau tour :
-
Cf. :
Le débat sur la déstalinisation. Réformateurs et conservateurs s'affrontent ouvertement en URSS (
Le Monde - Jeudi 7 avril 1988).
Il faudrait donc voir la première déstalinisation avec Kroutchtchev ? Je ne vois que la dénonciation des excès du stalinisme en comparaison aux valeurs léniniennes. (
Rapport Krouchtchev découvert par l'occident en 56)
[... Staline fut à l'origine de la conception de "l'ennemi du peuple"...
La sagesse de Lénine dans son rapport avec les gens...
Les traits de Lénine -le travail patient avec les gens, l'entêtement et le soin apportés à leur éducation, sa faculté d'amener les gens à lui obéir sans user de la contrainte mais bien plutôt de l'influence idéologique...
Il (
Staline) avait renoncé à la méthode léniniste...]
Il semble qu'à l'intérieur tout ne soit pas si simple. Allait-on remettre en question "l'industrialisation, la collectivisation et la révolution culturelle qui ont donné à notre pays le rang de grande puissance mondiale ?" le tout cité avec des appréciations flatteuses de Churchill ou de de Gaulle sur Staline ("une personnalité éminente").
Le rejet de cette période constituait une insulte aux efforts et aux sacrifices. La Pravda prend le contrepied en explicitant "... qu'il est grand temps de comprendre que les méthodes de gestion administrative n'ont pas amené les résultats voulus (et) ne sont qu'une illusion sans justification historique".
Dès lors que la "glasnost" est la règle et que l'on encourage pour encourager les bouches à s'ouvrir, comment éviter que celle-ci ne soit retournée contre elle-même par ses adversaires ?
Gorbatchev répète que c'est une révolution qui démarre, qu'elle est inévitable et indispensable, qu'elle connait et connaitra des difficultés mais vaincra parce-que l'Histoire l'exige.
C'est autant de points marqués par un art de politicien consommé. Déjà au niveau de l'étranger et il faut reconnaître que l'apaisement du volcan arménien n'est pas le fait d'un amateur.
Son avantage ? Il sait où il veut aller alors que manifestement ses adversaires ne veulent qu'une chose : aller nulle part. Ce qui n'est pas un programme après 20 ans d'immobilisme.
On pourrait remarquer -mais ceci serait hors des bornes chronologiques- que la politique de certain engage la Russie dans une réhabilitation de son passé soviétique. Le fruit était donc mûr, mais pas pourri car on voit ressurgir le vocabulaire des années 30, je reprends l'exemple de Pierma : la Tchétchénie.