Rob1 a écrit :
Parité que les Soviétiques ont finit par avoir autour de 1970, puis dépasser en se dotant d'un nombre invraisemblable d'ICBM dans la décennie qui suivit mais c'est une autre histoire. Ce n'est qu'alors qu'ils comprennent l'impasse que constitue la MAD.
Invraisemblable est bien le mot. Je ne connais pas les chiffres russes, mais je sais qu'au plus fort de cette course folle les Américains ciblaient
plus de 5000 objectifs derrière le rideau de fer. (En première et en deuxième frappe.) Pour ce faire ils ont même mis au point le "mirvage" - de MIRV : Multi Independent Reentry Vehicles - qui consistait à mettre plusieurs ogives sur une seule fusée.
Et pour quoi faire, grands Dieux !
(Après cette phase de folie, ils sont passés à la théorie de la riposte graduée, qui paradoxalement a inquiété les Européens : en cas de frappe sur l'Europe, les Américains sacrifieraient ils Boston ou Philadelphie pour frapper la Russie ? Ou refuseraient-ils l'escalade ?)
En tous cas cet arsenal monstrueux n'était pas nécessaire pour être dissuasif. De Gaulle avait bien pesé les choses, après explication de ses stratèges, en résumant :"Je comprends. Il suffit qu'on puisse leur arracher un bras."
Une dernière chose sur la dissuasion : les experts considèrent que la dissuasion fonctionne dans un face à face. On ne sait pas ce que serait le jeu dans une région où 5 ou 6 puissances seraient nucléarisées, d'où l'inquiétude face à la bombe au Moyen-Orient, où pourrait surgir un conflit à plusieurs. Disons un peu comme dans l'Europe de 1914.
Citer :
Mais ne serait-ce pas grâce à la peur du conflit nucléaire qu'on a réglé ces tensions ?
Certainement. Aucun des deux camps ne souhaitait de guerre nucléaire.
Mais cela seulement pour les tensions directes, mettant en cause un des deux pays.
Pierre Nord va même plus loin, en se demandant si le surarmement sur le théâtre européen - et la menace d'une guerre, conventionnelle ou nucléaire, qui n'aurait pas lieu - ne servaient pas de leurre pour couvrir la guerre révolutionnaire menée partout ailleurs, une guerre qui, elle, battait son plein.
Il fait remarquer que dans cette guerre menée d'abord par la propagande, l'intoxication, puis par la fourniture d'armes, les Soviétiques avaient une longueur d'avance, en termes de savoir-faire, et aussi, disait-il, "en reconnaissant que sur le plan idéologique les Américains n'avaient pas grand chose à vendre, la liberté de vote et l'american way of life ne signifiant rien pour les crève-la-faim du Tiers Monde, tandis que la lutte des classes et le système égalitaire vendu par les Russes leur ouvraient d'autres perspectives."
Preuve de leur supériorité en ce domaine, les Soviétiques, jusqu'en 79, ont toujours trouvé des alliés ou des relais pour se battre à leur place, alors que les Américains ont dû - ou cru devoir - s'engager deux fois dans une guerre, en Corée, puis au Vietnam.