Dalgonar a écrit :
N'était-ce pas Lebrun qui envisageait qu'on joignît la France à l'Angleterre en un seul Etat, en 1940? Ou était-ce uniquement Reynaud ?
Non, Lebrun n'avait pas cette envergure. (De plus, je ne pense pas que le rôle du Président dans la Constitution de la 3ème République le lui permettait, mais peut-être aurait-il eu à la ratifier.) Le mot délicieusement féroce de De Gaulle est vrai, même s'il joint dans la même phrase un problème de circonstance - la personnalité effacée de Lebrun - et un problème structurel : la faiblesse de l'exécutif dans la constitution de l'époque.
L'idée venait de Churchill (sans doute inspirée à la fois par Jean Monnet, responsable à Londres de la Commission d'Armement Interalliée et par Anthony Eden, qui rédigent ensemble une note en ce sens) qui à ce moment était prêt à tout faire pour maintenir la France dans la guerre. Il en fait part à De Gaulle, alors en liaison à Londres, qui téléphone immédiatement à Reynaud le contenu de cette note, pour faire poids dans le prochain Conseil des Ministres face aux partisans de l"armistice.
Reynaud présente ce projet d'union au Conseil et se prend une douche froide, avec en particulier ce mot stupéfiant de Pétain :"Ce serait un mariage avec un cadavre !" (Alors que l'armée française est à l'agonie, cette phrase est sans doute inspirée par la certitude, déjà exprimée à De Gaulle par Weygand, que l'Angleterre ne mettrait pas 15 jours avant de capituler, comme si les Français, au cours de la transhumance depuis Paris et des réunions de château en château, n'avaient pas eu l'occasion de mesurer la détermination de l'équipe britannique.)