Jerôme a écrit :
Je ne comprends pas bien l intervention de Pierma.
Elle semble valider l idee d une alliance de fait entre De Gaulle et l Urss !
Ou alors j'ai mal compris !
Non, je ne vais pas jusque-là.
Tout d'abord la position du PCF pendant les évènements de Mai 68 s'explique par des considérations franco-françaises : le PCF ne veut en aucun cas être submergé par un raz de marée gauchiste dans sa base ouvrière. Hors au début du mouvement les gauchistes ont le vent en poupe.
(Autre indice : le PCF, via les délégués CGT, mettra tout en oeuvre pour faire cesser la grève et remettre les ouvriers au travail, avec l'argument que la grève avait eu des résultats significatifs à Grenelle. Ce qui n'est d'ailleurs pas faux.)
De Gaulle dans son fameux discours "J'ai pris mes résolutions" - un de ses meilleurs - met en cause sans le nommer le Parti Communiste, "entreprise totalitaire" qui veut imposer "la dictature dite du prolétariat", mais c'est de la rhétorique classique et électorale. Il sait très bien que le PCF a négocié en coulisse et vise au contraire le retour au calme.
Du côté de l'Union Soviétique, on ne rêve pas d'une alliance avec De Gaulle, dont on a noté par exemple la position sans détour au moment de l'affaire de Cuba : un soutien total et explicite à Kennedy. En cas de conflit armé, sa position ne fait pas de doute. Mais le PCF n'étant pas en position de prendre le pouvoir en France, on préfère que celle-ci soit gouvernée par un homme qui maintient à égale distance les deux blocs, et a décidé par exemple le retrait du commandement unifié de l'OTAN et donc la fermeture des bases américaines en France.
Pour faire simple, on préfère à Moscou une France indépendante à une France vassale des USA, avec un président atlantiste. (on pourrait noter d'autres occurences où Moscou a accueilli avec satisfaction la position gaulliste, comme par exemple le discours de Pnohm Penh ou il invitait les Américains à quitter le Viet Nam, jugeant la victoire impossible.)
Ces bonnes dispositions expliquent par exemple que Moscou ne mettra pas son véto aux visites de De Gaulle dans les pays de l'Est. Quel autre dirigeant occidental aurait obtenu un tel accord ? (De Gaulle anticipe un peu, trop visionnaire pour une fois, avec l'idée que "la Russie absorbera le communisme comme le buvard absorbe l'encre" et ces visites seront des déceptions : en Pologne, l'équipe de Gomulka lui rappellera qu'ils sont de bons communistes et des alliés sans faille de Moscou. De Gaulle a raison sur le fond, mais avec 20 ans d'avance.)