Mmoui moui moui, je nous vois tous ici bien sûrs de nous quant aux motivations et à la maturité des électeurs.
Le plus probable, c'est qu'il y a autant de motivations de vote que d'électeurs.

Si demain l'on nous proposait de revenir par referendum au septennat, les Français voteraient-ils:
- selon leurs passions de l'instant t, et l'envie ou non de d'approuver le gouvernement en place?
- ou bien à la suite d'une décision réfléchie, nourrie d'un débat politique, ayant fait appel à sa mémoire de citoyen pour se souvenir de ce qu'était la pratique politique avant 2002?

Réponse: les deux, évidemment.

Ce qui est certain, c'est que la IIIème était un repoussoir (96%, ce n'est pas 53%), et la simple instabilité ministérielle me paraît bien insuffisante pour susciter un tel dégoût.

Moi, par exemple, je peux vous assurer que quand je vote, j'ai la mémoire longue et la rancune tenace.

Il y a, à chaque approbation d'une nouvelle constitution, une avancée en matière de légitimité démocratique.
La IIe république et la IIIe république ont seulement étaient votées par des assemblées.
La constitution de IVe république a été approuvée par le référendum du 27 octobre 1946 mais avec seulement 9,3 millions de vote favorable (53,24 de oui pour une participation de 67,62 %) sa légitimité est faible.
Par contre, avec la constitution de la Ve république, on fait un pas de géant. Le référendum du 28 septembre 1958 l'approuve avec une majorité de 31,12 millions de voix (82,6 % de oui pour une participation de 80,63 %).
Trois fois plus de Français pour approuver cette constitution que pour celle de la IVe.

Je suis d'origine italienne. L'Italie a gardé un système électoral proche de celui de nos 3e et 4e Républiques. De nombreux italiens pensent que l'instabilité gouvernementale a été un des gros problèmes de l'Italie. La Belgique a aussi un système parlementaire instable, et le pays a été plusieurs fois bloqué à des moments assez cruciaux, faute de majorité. L'Allemagne s'en est mieux sortie, grâce à leur science du consensus. Dans de nombreux pays, où il y a des systèmes parlementaires qui génèrent une instabilité ministérielle on voit bien que le peuple est dégouté par le système.

En fait, chaque parlementaire peut faire chuter le gouvernement, dès l'instant où il appartient à un parti minoritaire sur lequel le gouvernement se repose pour gouverner. Et certains font payer leur soutien. Soit de manière éthique, en réclamant plus pour leurs électeurs, soit d'une manière moins éthique, mais cela finit toujours par se savoir. Et les gens perdent confiance dans le système.


Vous devez être une exception. Intéressez-vous aux analyses des sondages, plutôt qu'aux sondages. Un cas d'école : le vote au sujet de l'Accord de Maastrich. 6 mois avant le vote, plus de 50% des français étaient pro-européens (il me semble même que le chiffre exact soit plus proche de 70% que de 50%). Pendant la campagne, ce chiffre chute, et on connait le résultat du référendum. 3 mois après celui-ci, on retrouve les niveaux d'avant la campagne du référendum ... Pour la plupart des analystes, les français ont en fait voté contre le gouvernement de l'époque. Si le gouvernement aurait demandé à voter "non", les résultats auraient été pour la plupart à l'opposé. Les sondages montrent simplement que durant une période, les français ont corrélé ce qu'ils allaient voter, le "non", avec leur réponse à la question : "Pensez-vous que l'Europe soit une bonne chose ?". Ils ne pouvaient pas répondre "Oui", alors qu'ils s'apprêtaient à voter "non"...

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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