Bonjour,
Robert Badinter est décédé. Il ne s'agit pas de disserter sur l'opportunité ou non de la peine de mort, mais rappelons que c'est lui qui l'a faite abolir. Une mesure qui est rentrée dans l'histoire. Un homme qui a traversé de nombreuses périodes historiques, qui a vu fonctionner la guillotine un petit matin de novembre 1972.
1981 restera une date clef pour l'histoire de la Justice.

Je tenais à le rappeler.

J'ai lu un témoignage dans lequel on disait qu'en fait, c'était une mesure qui était "dans l'air du temps", bref, se fut lui, puisqu'il était le ministre de la Justice de l'époque, et qu'il avait longtemps combattu contre la peine de mort, mais ça aurait pu être un autre, si Mitterrand avait choisi un autre ministre de la Justice.

PS, mais d'un autre côté, parce que c'était son combat, je pense que Mitterrand l'avait choisi justement pour cela.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie

Certes, mais ceci étant, en 1981, la majorité des français était favorable au maintien de la peine de la mort.

Et c'est encore le cas, selon les derniers sondages.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie

Je pense que le débat sur la peine de mort ne passionne plus les gens aujourd'hui. Cela passionnait les gens au temps où elle existait. Le combat contre la peine de mort fut le fruit d'une longue histoire. De nombreux écrivains et philosophes, depuis Beccaria, en passant par Victor Hugo, notamment, ont été d'ardents abolitionnistes. Les partisans, comme Jean-Jacques Rousseau, ont beaucoup écrit à ce sujet. Jusqu'en 1981, le débat était houleux, passionné, vindicatif. Après, il s'est apaisé.
Bien sûr, lorsqu'un crime atroce est commis et médiatisé à l'échelle nationale, des voix disent "Ah! voyez ce qu'il a fait votre Badinter ".
Sinon, ce débat n'alimente plus guère les conversations. En tout cas, je n'entends pas souvent les gens en parler.

Si on faisait des sondages aujourd'hui, je me demande si on n'aurait pas des surprises.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Je suis perplexe. J’ai cherché ce qu’il y avait eu comme sondage sur le sujet récemment.

Je suis tombé sur ceci : https://fr.statista.com/statistiques/661677/francais-adhesion-retablissement-peine-de-mort-france/
En 2022, le pourcentage de Français favorables à la peine de mort serait tombé à 37 % après un pic de 46 % en 2011. Sources : CNCDH – IFOP

Mais également sur ceci : https://www.radiofrance.fr/franceinter/40-ans-de-l-abolition-comment-a-evolue-l-opinion-sur-la-peine-de-mort-en-france-4819242
Selon l'institut de sondage IPSOS, le pourcentage de Français favorables au rétablissement de la peine de mort serait remonté à 55 % en 2020.

Les résultats sont donc très divergents et doivent être pris avec précaution. L’analyste Emmanuel Rivière observe que beaucoup de personnes ont répondu à une question qu'ils ne se s’étaient pas posée.

La remarque de gamelin est très juste : « Je pense que le débat sur la peine de mort ne passionne plus les gens aujourd'hui » et s’accorde avec la conclusion d’Emmanuel Rivière : «L'opposition à la peine de mort apparait "de plus en plus comme un principe", tandis qu'il n'y pas véritablement de demande exprimée spontanément en faveur de son rétablissement.»

Admettons que plus de la moitié des Français se déclarent favorables au rétablissement de la peine de mort lorsqu’on les interroge. C'est possible. Mais combien seraient-ils prêts à militer pour cela ? Probablement très peu. Combien militent effectivement ? Aucun. En tout cas, plus aucun parlementaire n’exprime de souhait en ce sens, même les plus conservateurs. C’était différent en 1981. L’abolition de la peine de mort est entrée dans les mœurs, ce n’est plus une question d’actualité.

Je ne suis pas personnellement attaché à la peine de mort mais très attaché à la défense du beau langage même s'il peut m'arriver de commettre des fautes.

Le participe passé du verbe faire est invariable lorsqu’il est suivi d’un infinitif : c’est lui qui l’a fait abolir.

En fait, les statistiques sur la peine de mort suivent l'actualité. Actuellement, ce serait environ 50% des français qui y seraient favorables : Choc: 50% des Français favorables au rétablissement de la peine de mort!

Quand une affaire criminelle fait "la Une", le nombre de partisans de la peine de mort augmente. Mais, c'est aussi le cas quand le sentiment d'insécurité augmente, même si les faits de délinquance n'ont jamais conduit à des mises à mort des condamnés.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Tiens, je n'avais pas remarqué que j'avais commis une faute d'orthographe

Le président Fallières avait décidé de grâcier tous les condamnés à mort, mais l'affaire Soleilland, qui avait tué une fillette, et sa grâce émut fortement l'opinion publique et fit abandonner le projet d'abolition de la peine de mort qui était en bonne voie.

Mais qui se souvient des passions que suscita cette affaire Soleilland ?

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Oui, l’affaire Soleilland est bien connue.

De toutes façons, il n'y avait presque plus d'exécutions les dernières années de la peine de mort en France. Durant les années 1970, il y a eu 6 exécutions (3 sous M.Pompidou, 3 sous M.Giscard). Les condamnations à mort étaient quasi-systématiquement commuées en réclusion criminelle à perpétuité.

J'avais lu aussi que, défenseur de l'abolition de la peine de mort, Badinter avait été également un redoutable avocat d'affaire qui défendit entre autres le patron de Boussac ou celui de la société Givaudan dans l’affaire du talc empoisonné Morhange (trente-six bébés morts, plus de deux cents intoxiqués). Certes, un avocat doit défendre tout le monde, même les individus peu recommandables... Et n'évoquons pas ses prises de position sur la "simplification" du code du travail, nous serions hors limites

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Le passé change parce que nous changeons

On peut aussi relier à Badinter plusieurs évolutions juridiques et psychologiques qui le semblent importantes.

Avant lui la magistrature était vue comme une corporation plutôt bourgroise et technicienne- après lui- elle devint plutôt un groupe de jeunes gens sympathiques et mobilisés pour la défense des droits de l'homme.

C'est à lui qu'on doit le nouveau code pénal qui supprime la fixité des peines (principe qui datait de 1791) pour lui substituer celui de la personnalisation (le code fixant un plafond sans limite basse).

Il était à ma connaissance le premier homme de gauche à entrer au gouvernement en étant riche et même (par sa femme) très riche et ce depuis longtemps (depuis toujours ? ). Le voir siéger au conseil des ministres avec les communistes était étonnant !