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Message Publié : 02 Août 2006 7:38 
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Grégoire de Tours
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L'incoutournable Marcel Francisci l'empereur des jeux et l'homme lien entre Cosa nostra et les clans Corses


Marcel Francisci, empereur des jeux, a été tué dans un parking en 1982. Il appartenait à la lignée des parrains corses qui ont dominé Marseille depuis Paul Carbone dans les années 1930. Paul Mondoloni fut son associé. Marcel Francisci fut conseiller général de Corse-du-Sud (UDR).
Juge de paix du milieu, il aurait fait le lien entre le milieu corse des grandes années 1950-1960 et la mafia sicilo-américaine, Cosa Nostra.

Au printemps 1971, il fut désigné par le Congrès américain (Rapport Steele) comme un élément du trafic d'héroïne vers les États-Unis (French Connection). (Selon Le Monde du 22 mai 2006)

Cette implication a toujours été niée par lui-même et sa famille.


Pendant trente ans, de la fin de la guerre au milieu des années 70, Marseille a été la capitale mondiale de la fabrication de l'héroïne qui notamment alimentait le marché américain à travers la célèbre French Connection aux mains de la mafia corse. Celle-ci profita des luttes féroces entre communistes d'une part, gaullistes et socialistes de l'autre, pour prendre le contrôle du premier port français, luttes dans lesquelles, guerre froide oblige, la C.I.A. joua un rôle essentiel.




extrait d'un article du monde de 2006 "le retour de la mafia corse"

Citer :
Selon les spécialistes du grand banditisme, les Corses de Marseille et de l'île ont repris, depuis la mort du Belge, l'ascendant sur le milieu français. "Aujourd'hui, face à l'éclatement de la grande délinquance, ce sont les rares truands à être organisés. Ils sont plus discrets. Ils se parlent avant de s'entretuer et peuvent même s'entraider", explique un commissaire de police d'origine insulaire.

Ils avaient quitté le devant de la scène depuis l'exécution, en 1982, de l'empereur des jeux Marcel Francisci, soupçonné par les Américains de tremper dans le trafic de drogue, puis, celle, en 1985, de Paul Mondoloni, dit "M. Paul", dont l'austérité n'avait d'égale que sa capacité à échapper à la justice. Francisci appartenait à la lignée des parrains corses qui ont dominé Marseille depuis Paul Carbone dans les années 1930. Mondoloni fut son associé. Juge de paix, capable de réunir le gotha du milieu sur de grosses affaires de drogue, il faisait le lien entre les Corses et la mafia sicilo-américaine.

Après leur mort, les Corses n'ont pas disparu. Repliés, ils ont poursuivi leurs affaires dans l'ombre du Belge, qui s'est imposé en éliminant ses concurrents. Cet équilibre a duré pendant plus de dix ans, chacun faisant ses affaires ou s'associant dans des trafics de drogue, tels que "Topaze". Mais au fil du temps, le Belge a sans doute fini par oublier ses devoirs de parrain. Il ne bougeait plus guère de Paris, où ses lieutenants lui portaient, tous les quinze jours, une mallette d'argent liquide. Tout juste si les policiers ont relevé qu'en 2000 il s'était rendu sept fois en Corse. Pourquoi ? Mystère.

Est-il intervenu en défaveur des intérêts corses? A-t-il oublié de partager certaines prébendes? Ses protections sont-elles tombées? En tout cas, il ne s'attendait pas à ce qu'un tueur casqué vienne l'éliminer dans ce bar-PMU des quartiers chics de Paris, où il rachetait les tickets gagnants pour blanchir son argent de poche.

En 2006, les policiers, un temps égarés sur la piste des caïds de banlieue, s'accordent, désormais, pour dire que "son exécution profite aux Corses". Déjà, le 3 juin 2003, une note des renseignements généraux (RG) indiquait "qu'il y aurait une entente entre une partie des Bastiais de la Brise de mer, les Corses de Marseille et un Italo-Marseillais pour prendre le contrôle des affaires du Belge".



Titre : MARSEILLE HEROINE. Les beaux jours de la French Connection (1945-1975)
Auteur : Alfred Mccoy
Paru le : 26/06/1999


Thème : psychologie, psychanalyse
Thème associé : drogues


Pendant trente ans, de la fin de la guerre au milieu des années 70, Marseille a été la capitale mondiale de la fabrication de l'héroïne qui notamment alimentait le marché américain à travers la célèbre French Connection aux mains de la mafia corse. Celle-ci profita des luttes féroces entre communistes d'une part, gaullistes et socialistes de l'autre, pour prendre le contrôle du premier port français, luttes dans lesquelles, guerre froide oblige, la C.I.A. joua un rôle essentiel.




Marseille : le laboratoire d'héroïne de l'Amérique

Genèse

De la pègre à la Résistance

Les socialistes, les Guerrini et la CIA

Le milieu corse

La vendetta Guerrini-Francisi

Le déclin du trafic européen de l'héroïne




Alfred McCoy est professeur à l'université de Madison au Wisconsin.


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Message Publié : 02 Août 2006 8:06 
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À la Libération, la famille Guérini prit le contrôle du "milieu" marseillais. Avec l'aide de l'armée française, qui y voyait une nécessité économico-politique, elle assura la transformation et la distribution des drogues produites par les populations pro-françaises d'Indochine et du Moyen-Orient. Dans le cadre de cet accord, les Guérini s'imposèrent un embargo complet sur la vente d'héroïne en France et exportèrent leur marchandise exclusivement en Amérique. À Marseille, où se trouvaient leurs laboratoires, ils furent protégés par le maire socialiste Gaston Defferre dont ils assuraient en retour le service d'ordre. Les Guérini étaient en contact avec la Mafia américaine de Lucky Luciano par l'intermédiaire d'un truand exilé pour faits de collaboration, Étienne Léandri. En 1967, une guerre des gangs meurtrière opposa la famille Guérini (PS) à la famille Francisci (gaulliste). L'élimination des Guérini favorisa la montée en puissance du casinotier Marcel Francisci, conseiller général gaulliste de Corse, assisté des frères Jean et Dominique Venturi. Avec quelques autres, les familles Francisci et Venturi dirigèrent une organisation criminelle, l'Union corse. Ce syndicat français du crime fournit hommes de main et appuis logistiques aux services spéciaux extérieurs, le Sdece, ainsi qu'à la garde prétorienne de De Gaulle, le SAC.


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Message Publié : 02 Août 2006 19:48 
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En France le cas atypique de la Corse
Extrait d'un rapport parlementaire.

UNE CRIMINALITÉ FORTE, PERSISTANTE ET ATYPIQUE
1. Une criminalité violente traditionnellement élevée
De longue date, que ce soit pour les crimes de sang, les attentats à l'explosif ou par mitraillage des biens publics ou privés, ou les vols à main armée, la Corse se distingue par un taux élevé de faits constatés, et par un faible taux d'élucidation.

Ainsi, entre 1979 et 1998, 924 homicides ont été commis ou tentés. De 1974 à 1997, 9 policiers et gendarmes, et 5 élus ont été tués.

Le taux d'élucidation moyen de ces homicides (rapport entre les faits élucidés et faits constatés) pour la période 1979-1998 est de 50 %, alors qu'il est de 82 % pour la même période sur le continent.

Le ministère de l'intérieur indique que " l'absence de témoignages ou d'indices matériels, comme la difficulté de déterminer un mobile de ces infractions, expliquent pour partie cette différence ".

La particularité de cette situation tient à un double aspect : la petite criminalité est relativement faible : ainsi, en 1998, la Corse du Sud se classait, pour le nombre de délits commis pour 1 000 habitants, en 33e position des départements français (36e pour la Haute-Corse). Le déploiement considérable des diverses forces de sécurité enregistre là son résultat le plus probant. Mais en revanche, s'agissant des motifs réels de leur présence, c'est-à-dire la répression des violences terroristes, sous le triple aspect des homicides, vols à main armée et attentats, après avoir fléchi en 1997 et surtout 1998, ces violences sont en nette recrudescence depuis le début de l'année 1999.

Ainsi 105 vols à main armée sont-ils intervenus sur les huit premiers mois de l'année 1999 dont, pour la seule Corse-du-Sud, 23 en mars et 19 en août.


b) L'émergence d'un phénomène mafieux ?
Le terme de mafia, sans doute parce qu'il fait référence à un phénomène qui a prospéré dans un cadre géographique comparable à celui de la Corse, et parce qu'il désigne une forme d'activités criminelles que l'Italie n'a toujours pas pu réduire à néant, ne peut qu'inquiéter. Est-ce la raison pour laquelle l'existence ou non d'activités de type mafieux dans l'île suscite autant de controverses ? Certains responsables de la police ou de la Chancellerie, dont la commission a recueilli le témoignage, ont cru devoir récuser ce terme.

En revanche, plusieurs membres du corps préfectoral ou de la magistrature, exerçant ou ayant exercé leurs fonctions en Corse, ont souligné devant la commission l'existence de collusions constitutives, selon eux, de réseaux de type mafieux.

Ce témoignage inquiétant rejoint celui exprimé en 1994 par le procureur général de Bastia, M. Christian Raysséguier, lors d'une réunion franco-italienne sur le crime organisé :

" La Corse ne paraît donc pas être, sauf de très rares exceptions, une terre de repli, de refuge de mafieux étrangers fuyant l'action policière et judiciaire de leur pays. Il existe en Corse un milieu corse suffisamment organisé, actif et puissant pour ne pas laisser directement agir sur son territoire les organisations criminelles étrangères à l'île.

En clair, et de façon caricaturale, la Corse n'a pas besoin de la mafia sicilienne, calabraise ou napolitaine, elle a la sienne !

Est-il besoin de rappeler que si la population de toute l'île ne représente à peine plus de 0,50 % de la population française, 20 % des individus inscrits au fichier national du grand banditisme se trouvent ou sont originaires de l'île de Beauté ! ".




obiwan kenobi
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Sujet: La Cosa nostra. le crime organisé. Sam 20 Mai à 12:21

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La mafia corse fait son cinéma

Des coups de feu, deux hommes cagoulés, des cris de panique. Sur le sol pavé, François Paoli, figure incontournable de la mafia corse, est en train de mourir. Sa fille, Sandra, hurle son désespoir. Cette scène, tournée en plein coeur de La Ciotat est la scène centrale de la nouvelle série de Canal+, « Mafiosa ». L'histoire, celle d'une femme propulsée à la tête d'un clan mafieux à la mort de son père. « On s'est énormément documentés. C'est avant tout une saga romanesque, mais toutes les scènes d'action de banditisme sont basées sur des faits réels », explique la productrice, Nicole Collet.

Le tournage se déroulera jusqu'en juin dans les alentours de Marseille, mais très peu en Corse, « essentiellement pour des raisons pratiques et financières », assure la production. La région possède toutes les infrastructures nécessaires et les ruelles de La Ciotat sont, de l'avis général, tout à fait raccord avec celles du vieux Bastia. A la tête de la réalisation, Louis Choquette, Québécois d'origine et a priori sans grande connaissance de la Corse : « J'ai été très étonné qu'on fasse appelle à moi ! La production voulait en fait un regard neuf et neutre. Et puis je suis très bien conseillé. »

Pierre-Marie Mosconi, comédien corse, veille en effet à ce que tout soit le plus réaliste possible, notamment l'accent des acteurs. Et quelle sera, d'après lui, la réaction des Corses ? « Il y aura toujours des esprits chagrins qui vont critiquer, mais il faut arrêter de cantonner l'île à ses bergers et à ses chèvres. Les clans mafieux sont bien réels. »


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Message Publié : 02 Août 2006 19:50 
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Quand Le Monde voit la criminalité à travers un prisme ethnique...

Reportage
Le retour de la mafia corse
LE MONDE | 22.05.06 | 15h01 • Mis à jour le 22.05.06 | 15h01
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_elem ... 563,0.html

Il n'est jamais bon pour un truand de s'absenter trop longtemps. En cavale ou en prison, il pense souvent que l'on attend son retour. Mais lorsqu'il revient, généralement, les choses se gâtent. Farid Berrhama, un caïd de 40 ans, surnommé "Gremlin" pour ses accès de fureur, en a fait l'amère expérience, le 7 avril, lorsque 14 balles lui ont transpercé le corps dans une brasserie à Marseille. Ses deux lieutenants ont reçu deux fois moins de balles, mais cela ne les a pas sauvés pour autant.

Berrhama avait fait ses classes dans la région de Tarascon et de Carpentras, auprès de Marc Monge, connu dans le milieu pour sa propension à monter les truands les uns contre les autres, ce qui lui vaudra d'être tué début 2000 à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis.

Machines à sous, trafic de stupéfiants, exécution des concurrents, le jeune Farid devient vite "le caïd de Salon-de-Provence" et grimpe les échelons d'un milieu dominé par le clan de Francis Vanverberghe, dit "le Belge", dont le charisme et la puissance de feu en font le seul véritable parrain du milieu français.

Attiré par la puissance dominante, Berrhama se place dans le sillage d'Antoine Cossu, dit "Tony l'anguille", alors beau-frère du Belge, et obtient une petite renommée grâce à sa spécialité: "la voiture barbecue". Après avoir tué sa victime dans une voiture, il place le corps dans le coffre avant d'y mettre le feu.

L'affaire "Topaze", nom de code d'une enquête sur un réseau international de trafic de cocaïne, dans lequel Berrhama est impliqué aux côtés de proches du Belge, l'éloigne, un temps, du terrain. Arrêté, en 2001, à Malaga, en Espagne, il est ensuite extradé en France. Il ressort de prison au mois d'août 2005, convaincu qu'une place de choix l'attend.

Mais les temps ont changé. La disparition du Belge, tué, le 27 septembre 2000, dans un bar-PMU des Champs-Elysées, à Paris, a entraîné la mort de tous ses fidèles qui voulaient le venger. Ceux qui ont fait savoir qu'ils ne "bougeraient pas" sont encore en vie.

Berrhama, dès sa sortie, remonte une équipe de malfrats venant, pour l'essentiel, de l'Etang-de-Berre pour s'approprier le marché des machines à sous et de la drogue à Marseille. Parmi les victimes de cette reconquête, un Corse, âgé de 36 ans, né à Marseille, Roch Colombani, tué dans sa Mercedes le 23 mars, est celle de trop. S'en prendre à lui, c'est aussi menacer ceux qui occupent aujourd'hui le haut du pavé du crime : les Corses. Mais cela, Berrhama n'en a cure. Il le paiera de sa vie.

Selon les spécialistes du grand banditisme, les Corses de Marseille et de l'île ont repris, depuis la mort du Belge, l'ascendant sur le milieu français. "Aujourd'hui, face à l'éclatement de la grande délinquance, ce sont les rares truands à être organisés. Ils sont plus discrets. Ils se parlent avant de s'entretuer et peuvent même s'entraider", explique un commissaire de police d'origine insulaire.

Ils avaient quitté le devant de la scène depuis l'exécution, en 1982, de l'empereur des jeux Marcel Francisci, soupçonné par les Américains de tremper dans le trafic de drogue, puis, celle, en 1985, de Paul Mondoloni, dit "M. Paul", dont l'austérité n'avait d'égale que sa capacité à échapper à la justice. Francisci appartenait à la lignée des parrains corses qui ont dominé Marseille depuis Paul Carbone dans les années 1930. Mondoloni fut son associé. Juge de paix, capable de réunir le gotha du milieu sur de grosses affaires de drogue, il faisait le lien entre les Corses et la mafia sicilo-américaine.

Après leur mort, les Corses n'ont pas disparu. Repliés, ils ont poursuivi leurs affaires dans l'ombre du Belge, qui s'est imposé en éliminant ses concurrents. Cet équilibre a duré pendant plus de dix ans, chacun faisant ses affaires ou s'associant dans des trafics de drogue, tels que "Topaze". Mais au fil du temps, le Belge a sans doute fini par oublier ses devoirs de parrain. Il ne bougeait plus guère de Paris, où ses lieutenants lui portaient, tous les quinze jours, une mallette d'argent liquide. Tout juste si les policiers ont relevé qu'en 2000 il s'était rendu sept fois en Corse. Pourquoi ? Mystère.

Est-il intervenu en défaveur des intérêts corses? A-t-il oublié de partager certaines prébendes? Ses protections sont-elles tombées? En tout cas, il ne s'attendait pas à ce qu'un tueur casqué vienne l'éliminer dans ce bar-PMU des quartiers chics de Paris, où il rachetait les tickets gagnants pour blanchir son argent de poche.

En 2006, les policiers, un temps égarés sur la piste des caïds de banlieue, s'accordent, désormais, pour dire que "son exécution profite aux Corses". Déjà, le 3 juin 2003, une note des renseignements généraux (RG) indiquait "qu'il y aurait une entente entre une partie des Bastiais de la Brise de mer, les Corses de Marseille et un Italo-Marseillais pour prendre le contrôle des affaires du Belge".

On sait désormais que la jeune garde de la Brise de mer, ce fameux gang basé en Haute-Corse, qui occupe, depuis plus de vingt ans, une place centrale dans le banditisme français, n'est pas étrangère à tous ces bouleversements. Parmi ces nouvelles têtes brûlées figurent notamment José Menconi, grand costaud aux cheveux longs, excellent motard, connu pour ses évasions spectaculaires et ses talents de braqueur. Proche d'un autre braqueur et célèbre fugitif, Antonio Ferrara, Menconi fonctionne depuis longtemps en duo avec Jacques Mariani, fils d'un baron de la Brise de mer.

En 2003, l'Office central de répression du banditisme (OCRB) avait mis en place un dispositif de surveillance près de la plage Ocoa, à Saint-Tropez, après avoir appris que les patrons des principales boîtes de nuit y étaient parfois convoqués par la nouvelle puissance dominante. En vain. Selon les RG, chaque premier mercredi du mois, vers 14 heures, deux hommes à moto travaillant pour les Corses faisaient le tour de Saint-Tropez pour récolter les fruits du racket. Non loin de là, à Toulon, la chute des Perletto, alliés du Belge, dans l'affaire Topaze a fait place nette. Cohabitant jusque-là avec les Perletto, considérés comme les patrons du Var, la famille Barbieri menait ses propres affaires mais restait dans l'ombre. Là aussi les choses ont changé. Fin septembre 2005, les policiers ont incarcéré Antoine Barbieri et ses complices pour 40 kg de cocaïne.

Le lieu d'arrestation, un appartement du Val-de-Marne, dissimulait un laboratoire de transformation de la drogue. Les Barbieri sont originaires du même village, Moltifao, au-dessus de la Balagne (Haute-Corse), que les Costa, piliers historiques de la Brise de mer. Quasiment un lien de sang...

L'avancée des Corses n'est cependant pas uniforme. Les écoutes, dans l'affaire de cocaïne des Barbieri, ont permis d'apprendre qu'ils avaient des griefs à l'encontre de l'activisme de l'équipe Menconi dans le Var. Le même Menconi, alors en cavale, sera d'ailleurs arrêté en 2003, à Aubagne, grâce à un tuyau donné par des voyous... à la brigade de recherche et d'intervention (BRI) de Marseille.

En dépit de ces aléas, les Corses renforcent leurs positions. A Saint-Laurent-du-Var, des fidèles de la Brise de mer, très liés à des élus locaux, sont aujourd'hui présents dans les sports nautiques et se retrouvent dans un établissement balnéaire à la mode dont ils ont fait leur QG. Le jeune Jacques Mariani aurait acheté en sous-main une brasserie de la ville.

Même s'il n'accepte généralement guère les intrusions étrangères, le milieu niçois, tout proche, a laissé faire. Il est vrai que les Corses ont toujours disposé à Nice de bases solides sans prendre part aux affaires de la pègre locale. Pourtant, là aussi, si les policiers locaux estiment qu'"il n'y a pas vraiment de nouveau depuis la mort du Belge", ils s'intéressent de près à la famille Agostini, brasseurs proches de notables locaux dont les appétits commencent à faire jaser. La PJ travaille ainsi sur les liens entre l'un des rejetons de cette famille et une nouvelle bande qui tente de percer dans le milieu de la nuit niçoise.

En février 2002, le parquet de Nice s'était penché sur la tentative de reprise du club de football de la ville par les fils de Rolland Cassone et de Roger Mouret, figures du grand banditisme marseillais. Mouret, originaire de Grenoble, serait un affidé de Cassone, Italo-Marseillais présenté comme l'un des juges de paix du milieu marseillais. Cassone, lié au milieu de la nuit, n'est pas n'importe qui. Vieille relation de Jean-Jérôme Colonna, dit Jean-Gé, ancien de la French Connection et figure incontournable du milieu de Corse-du-Sud, son réseau s'étend de l'Italie à la Corse.

Le paysage marseillais compte également deux familles dont les liens avec la Corse n'ont pas échappé aux enquêteurs. Souvent citées et peu condamnées au regard des faits qu'on leur impute, les Baresi et les Campanella sont des fratries dont le nom est redouté chez les voyous, à Marseille comme à Paris.

L'un des frères Baresi, poursuivi dans des affaires de racket sur le port de Marseille et de commissions occultes dans le football professionnel, illustre un mélange des genres très local. Proche de l'homme d'affaires Bernard Tapie, ami de Renaud Muselier, député (UMP) et maire adjoint de Marseille, qui ne le dément pas, il sait se faire discret à l'instar de ses autres frères. Pourtant, le nom des Baresi apparaît régulièrement dans les notes de renseignements de la police sur le milieu phocéen et leurs contacts avec la famille Mariani de la Brise de mer sont connus.

En 2003, tandis qu'ils surveillaient un Corse, ex-garde du corps du leader nationaliste François Santoni, les policiers rapportèrent, par écrit, à leur hiérarchie qu'il s'était vu proposer la gestion de 200 machines à sous sur Paris et sa région par un homme qui prétendait représenter les Baresi. Son refus les empêcha d'en savoir plus mais l'épisode laissait entrevoir la dimension présumée des Baresi.

Chez les Campanella, Michel, âgé de 44 ans est considéré comme "l'un des plus dangereux malfaiteurs de la région". Le 27 mars, la BRI de Marseille a sablé le champagne après son arrestation en douceur. Ayant purgé dix ans de prison pour des braquages, il était, notamment, recherché pour des règlements de comptes dans la région de l'étang de Berre. Il pourrait, sans doute, éclairer la justice sur l'affaire Berrhama, mais le détenu est du genre taciturne...

Solidement installés dans leurs bastions depuis la mort du Belge, les Corses n'ont pas traîné à pousser leur avantage sur Paris. Machines à sous, trafic de drogue, les voyous insulaires ont retrouvé leur implantation du passé. Face à la dispersion du milieu, ils sont les seuls, à l'exception des Gitans de Seine-Saint-Denis, à offrir un front uni à tout ennemi potentiel.

Les autorités constatent que les Corses progressent même, de manière tout à fait légale, sur leur terrain de prédilection, les cercles de jeux. Longtemps fermé, le Cercle Concorde, établissement de jeu parisien, doit rouvrir prochainement. Son futur directeur, Paul Lantieri, s'était exilé à Aix-en-Provence après que sa discothèque, l'Amnésia, à Bonifacio (Corse-du-Sud), l'une des plus grandes d'Europe, eut été rasée, en 2000, par un attentat attribué au milieu. Paris, Marseille, le Var, il n'y a que Lyon d'où les Corses semblent aujourd'hui absents. La nouvelle donne touche même leur île natale. La Corse-du-Sud est encore sous le choc des assassinats qui ont frappé l'île ces derniers mois. Parmi les victimes figuraient des personnalités n'appartenant pas au milieu. L'élimination en mars de Robert Felicciaggi, homme d'affaires ayant fait fortune en Afrique avant un retour sur l'île pour une carrière politique, a plongé les observateurs dans une grande perplexité.

La situation est si instable que Jean-Gé, personnalité de l'histoire criminelle insulaire, qui affirmait en 2002 s'être retiré des affaires, a remonté une équipe pour se protéger des mauvaises surprises. Il aurait même demandé à ses sbires de découvrir les commanditaires de l'élimination de Feliciaggi dont il était proche. Reste la très fantasmatique Brise de mer, dont les fondateurs, devenus de très riches retraités de 50 ans et plus, évitent de monter en première ligne. En revanche, leur influence, leurs alliances en France et à l'étranger et la crainte que suscitent leurs jeunes successeurs leur assurent un rôle majeur sur le milieu français.

Membre historique de la Brise de mer, Richard Casanova, autre mythe insulaire, a été arrêté début mars dans l'affaire du "casse du siècle" de l'UBS, à Genève, après seize ans de cavale. Atypique, lié à certains chefs d'Etat africains, associé dans les jeux sur ce continent, interlocuteur de certains services de l'Etat, il rappelle ces personnages sulfureux des affaires troubles de la Ve République. Il ne manquait que cette touche du passé pour parfaire le retour en force des Corses sur le marché du crime.

Jacques Follorou
Article paru dans l'édition du 23.05.06



Portrait
François Marcantoni, vedette du milieu et ami des vedettes
LE MONDE | 24.05.06 | 13h28 • Mis à jour le 24.05.06 | 13h28
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_elem ... 448,0.html

Il n'est rien d'autre qu'un honorable retraité. Bien calé au fond de son fauteuil, François Marcantoni s'efforce de convaincre de ce qui est pour lui "une évidence". A 85 ans, il n'est plus cette figure du "milieu" familière des "unes" de la presse des années 1970, mais un vieux monsieur tranquille qui partage sa vie entre Paris et sa maison de campagne de Goussainville (Eure-et-Loir). "Quand les flics me suivent, dit-il d'un ton le plus sérieux, ils voient que je ne fais que 600 mètres par jour, 300 mètres aller, de chez moi à l'Hôtel Méridien, où je donne mes rendez-vous, et 300 mètres retour !"

Cette discrétion revendiquée n'a pas empêché la police de placer encore François Marcantoni en garde à vue en 2005. Il était soupçonné dans une affaire de racket et a finalement été mis hors de cause. "Je suis victime de ma réputation, proclame-t-il, désespéré. Dès qu'il se passe quelque chose, c'est Marcantoni par-ci, Marcantoni par-là." L'honorable retraité ne veut pas jouer au coquet, mais il insiste, afin qu'on le comprenne bien: "Je vous assure que je m'en passerais volontiers."

Pour qu'il évoque l'affaire Markovic dans son nouveau livre, Monsieur François. Le milieu et moi de A à Z (Ed. Le Cherche Midi, 254 p., 17 €), son éditeur a dû se montrer persuasif. "Si cela ne tenait qu'à moi, je n'en aurais pas parlé", confesse-t-il. A la fin du mois de septembre 1968, le cadavre de Stephan Markovic est découvert dans une décharge publique d'Elancourt (Yvelines), une balle dans la tête. Ce ressortissant yougoslave au physique avenant a pour caractéristique d'être un proche du comédien Alain Delon. Une des affaires les plus sulfureuses de la Ve République est enclenchée. Elle vise l'ancien premier ministre et futur président, Georges Pompidou, et mêle dans un véritable micmac des gaullistes des services secrets, la presse à scandale et des voyous. Des photos truquées circulent qui accusent Claude Pompidou, l'épouse de Georges, d'avoir participé à des parties fines, dont Markovic était l'un des maîtres de cérémonie.

Et Monsieur François, dans tout cela ? Lui aussi, alors qu'il est fiché au grand banditisme, entretient des liens avec l'acteur, dont il vante aujourd'hui encore "la fidélité en amitié". Il est aussi le cousin d'un protagoniste de l'affaire, l'agent des services d'espionnage Jean-Charles Marchiani, gaulliste antipompidolien, futur préfet du Var, et suspecté d'avoir tenu un rôle actif dans la machination. La police ne tarde pas à effectuer un rapprochement entre le mort d'Elancourt et le trop célèbre Marcantoni, qui se retrouve, une fois de plus, en prison. "J'avais le port de tête idéal pour porter le borsalino", résume-t-il dans son livre, en précisant: "La police judiciaire s'est donc évertuée à démontrer que la balle qui avait traversé la matière grise du Yougoslave m'appartenait."

L'ancien commissaire Claude Bardon, qui interrogea Marcantoni, n'est pas de cet avis. Des éléments matériels mettaient selon lui en cause "Monsieur François", qu'il décrit comme un homme "solide, courageux, un bon exécutant", qui avait su se faire sa place aux lendemains de la guerre, dont il était sorti en "voyou honorable de l'Occupation". Un non-lieu avait cependant été rendu en sa faveur en 1976.

Sur le reste de son parcours, il est volontiers plus prolixe. Le "milieu" d'abord. Le jeune Corse originaire du village d'Alzi (Haute-Corse) n'était pas destiné à figurer au palmarès des beaux messieurs. Il se rêvait artificier, a commencé sa formation à Toulon. Elle a été interrompue par la guerre. Résistance. Prison, déjà. "Là, explique-t-il, je me suis dit: si je m'en sors, je vivrais une autre vie." La grande vie. Il entame une longue carrière dans le gang des "tractions avant", "la meilleure voiture de l'époque", carrière qu'il va traverser "sans se faire tirer une seule fois dessus", et pendant laquelle il va rencontrer ceux qui comptent.

Barthélemy Guérini, dit "Mémé", maître de Marseille, autant dire maître du monde, jusqu'au milieu des années 1970 ? "Un homme formidable. Nous étions très intimes. Je vois encore sa fille, Christine, installée à Paris." Francis Vanverberghe, "le Belge", un successeur du précédent, dont la vie s'est brutalement interrompue en septembre 2000, après qu'un individu non encore identifié lui eut tiré huit balles dans le corps? "Il était très sympa, élégant. Il avait la classe." François Marcantoni précise qu'il devait dîner avec "le Belge" le soir de son assassinat. Il avait aussi beaucoup d'estime pour le rival, Gaëtan Zampa, "Tany", qu'il rencontrait "amicalement" à Paris. C'était "des commerçants", résume-t-il d'une audacieuse formule.

Est-ce à cet éclectisme qu'il doit son exceptionnelle longévité ? Ou à son art de ne dire du mal de personne? "Quand je parle des gens, admet-il, je me sens obligé de dire du bien." Il y a une exception: les Zemmour, flamboyants boss de la capitale jusqu'au début des années 1980. "Ils faisaient dans la drogue et dans le proxénétisme. Je ne les aimais pas", condamne-t-il sans appel.

Pour M. Bardon, qui, à ses débuts, en 1962, avait reçu pour mission d'infiltrer le milieu parisien, "Marcantoni n'a jamais franchi la dernière marche... Il connaissait les grands, mais ceux-ci ne l'associaient pas aux mécanismes les plus subtils de leurs affaires. Mais il était fiable, il avait bonne réputation."

Monsieur François avait des intérêts dans un bar chic près des Champs-Elysées, ouvert par le frère de Tino Rossi. L'établissement était fréquenté par des vedettes du cinéma et du music-hall, dont il garde un souvenir forcément ému: "Ginette Leclerc, Viviane Romance, Jean Richard, Achille Zavatta, Raymond Pellegrin." Et puis, il y en a un qu'il n'oubliera jamais. Ce n'est pas Alain Delon, mais Michel Simon, qu'il a connu "trop tard". "C'était un révolté, dit-il. J'étais allé chez lui, à Bry-sur-Marne, accueilli par ses mainates qui chantaient La Marseillaise. On était partis déjeuner dans ma Chevrolet. Les gens se levaient pour lui. Il était avec une fille de la porte Maillot et fredonnait des chansons d'Arletty. Quand j'ai appris sa mort à la radio, ç'a été un choc."

Aujourd'hui, François Marcantoni fait "attention" pour jouir de ses dernières années, nanti de la morale de sa propre histoire. "Je ne regrette rien, vous pouvez l'écrire, dit-il. Car je préfère le champagne à la limonade et le caviar aux lentilles."

Pascal Ceaux

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Parcours

1920
Naissance à Alzi (Haute-Corse).

1940
Entame une formation d'artificier à Toulon.

1959
Est inscrit au fichier du grand banditisme.

1968
Découverte du corps de Stephan Markovic.

1976
Non-lieu en faveur de François Marcantoni.

2006
Parution de "Monsieur François" (Le Cherche Midi).

Article paru dans l'édition du 25.05.06




A Paris, le règne du clan gitan des "H"
LE MONDE | 22.05.06 | 15h01
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_elem ... 564,0.html

La scène se déroule dans un bar situé près de la place de l'Etoile à Paris. Elle est racontée par un policier, fin connaisseur des Hornec, les "H", comme les surnomme le milieu. Ce jour-là, un homme pénètre dans l'établissement et tente de convaincre le patron de lui verser une obole, s'il veut éviter des "ennuis". Celui-ci résiste et obtient un délai. Lorsque le racketteur revient, il est accompagné d'un individu qui, sans dire un mot, s'assied à une table. L'autre glisse un nom à l'oreille du barman: celui de Marc Hornec. Plus question de résistance... Dans la région parisienne, les "H" ont bonne réputation. Ils forment aujourd'hui le seul clan vraiment organisé, autour de trois frères, Marc, Mario et Jean-Claude, les seuls "beaux mecs" avec lesquels les Corso-Marseillais négocient d'égal à égal. Les uns et les autres se sont jusqu'à présent gardés de tout affrontement. La famille Hornec possède quelques biens immobiliers aux environs de Cannes et de Nice. Les autres affirment leur présence à Paris dans les machines à sous et les jeux en général. Chacun dispose de son aire d'influence, et seule la région lyonnaise est à l'écart de ces arrangements. Les Corso-Marseillais, hégémoniques dans le Sud, y sont totalement absents. Dominé par le trafic de stupéfiants, le grand banditisme est entre les mains des équipes de beurs des cités de la banlieue lyonnaise, qui travaillent en relation avec l'Espagne.

C'est au début des années 1990 que les "H" s'emparent du pouvoir. Gitans originaires d'Alsace installés à Montreuil (Seine-Saint-Denis) au début du XXe siècle, ils ont constitué une équipe originale qui mêle, autour de la fratrie, des beurs tels Ihmed Mohieddine ou Nordine Mansouri, dit "la Gelée", lui aussi né à Montreuil. Ils prennent la place de Claude Genova, spécialisé dans le racket des voyous. Celui-ci tombe dans un guet-apens en août 1994; encerclé par un groupe de 8 hommes, il est assassiné à la sortie d'un rendez-vous avec les Hornec.

S'ouvre alors une période florissante. Il se dit qu'à Paris plus aucune affaire sérieuse ne se traite sans l'aval des "H". Ils sont rarement pris en défaut par la justice. En 1995, Marc est condamné à quatre ans d'emprisonnement, après qu'environ 500 kg de haschisch ont été découverts dans un box loué à son nom. En février 2002, il est à l'origine d'une polémique entre policiers et magistrats: interpellé en décembre 2001, l'homme a été remis en liberté six semaines plus tard par un juge des libertés et de la détention.

En fait, les Hornec n'apparaissent plus en première ligne. Dans leurs rares interventions publiques, ils se présentent comme des gens honnêtes qui n'ont rien à se reprocher. Selon un policier, ils investissent dans des sociétés financières établies au Luxembourg ou dans des commerces parisiens dont ils deviennent les propriétaires de fait par l'intermédiaire de proches. Leur nom est un moment cité parmi les possibles commanditaires de l'assassinat de Francis le Belge en septembre 2000 à Paris. Mais la piste n'aboutit pas.

"En région parisienne, la situation est aujourd'hui très anarchique, explique un avocat qui connaît bien les "H". Les voyous se saucissonnent entre eux. En clair, lorsque l'un d'entre eux a réussi un beau coup, il a intérêt à être discret, sinon d'autres l'enlèvent pour lui extorquer son butin. Les Hornec sont la seule équipe que personne n'ose ennuyer."

Au faîte de leur puissance, les "H" n'ont toutefois pas franchi la dernière marche, qui les placerait au niveau des Corso-Marseillais, estime un policier spécialisé dans la lutte contre le grand banditisme. Quelques signes récents sont interprétés en leur défaveur. James, le fils de Mario, a été tué par balles le 24 décembre 2005. L'hypothèse d'une mort accidentelle - il aurait été tué par un homme qui craignait d'être cambriolé - a été admise par la famille. Mais elle est vécue comme un coup dur par Mario, aujourd'hui chef du clan. D'autre part, Marc serait atteint de troubles psychiatriques. Il a produit une attestation émanant d'un professeur de médecine du sud de la France. Il n'empêche que les policiers s'interrogent sur la réalité de cette subite maladie mentale. Ils suspectent une tentative pour échapper à d'éventuelles poursuites. Sans vouloir encore y croire tout à fait, ils posent désormais ouvertement la question du déclin des "H".

Pascal Ceaux
Article paru dans l'édition du 23.05.06


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Message Publié : 03 Août 2006 3:12 
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Grégoire de Tours
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Quand Le Monde voit la criminalité à travers un prisme ethnique...

Reportage
Le retour de la mafia corse
LE MONDE | 22.05.06 | 15h01 • Mis à jour le 22.05.06 | 15h01
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_elem ... 563,0.html

Il n'est jamais bon pour un truand de s'absenter trop longtemps. En cavale ou en prison, il pense souvent que l'on attend son retour. Mais lorsqu'il revient, généralement, les choses se gâtent. Farid Berrhama, un caïd de 40 ans, surnommé "Gremlin" pour ses accès de fureur, en a fait l'amère expérience, le 7 avril, lorsque 14 balles lui ont transpercé le corps dans une brasserie à Marseille. Ses deux lieutenants ont reçu deux fois moins de balles, mais cela ne les a pas sauvés pour autant.

Berrhama avait fait ses classes dans la région de Tarascon et de Carpentras, auprès de Marc Monge, connu dans le milieu pour sa propension à monter les truands les uns contre les autres, ce qui lui vaudra d'être tué début 2000 à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis.

Machines à sous, trafic de stupéfiants, exécution des concurrents, le jeune Farid devient vite "le caïd de Salon-de-Provence" et grimpe les échelons d'un milieu dominé par le clan de Francis Vanverberghe, dit "le Belge", dont le charisme et la puissance de feu en font le seul véritable parrain du milieu français.

Attiré par la puissance dominante, Berrhama se place dans le sillage d'Antoine Cossu, dit "Tony l'anguille", alors beau-frère du Belge, et obtient une petite renommée grâce à sa spécialité: "la voiture barbecue". Après avoir tué sa victime dans une voiture, il place le corps dans le coffre avant d'y mettre le feu.

L'affaire "Topaze", nom de code d'une enquête sur un réseau international de trafic de cocaïne, dans lequel Berrhama est impliqué aux côtés de proches du Belge, l'éloigne, un temps, du terrain. Arrêté, en 2001, à Malaga, en Espagne, il est ensuite extradé en France. Il ressort de prison au mois d'août 2005, convaincu qu'une place de choix l'attend.

Mais les temps ont changé. La disparition du Belge, tué, le 27 septembre 2000, dans un bar-PMU des Champs-Elysées, à Paris, a entraîné la mort de tous ses fidèles qui voulaient le venger. Ceux qui ont fait savoir qu'ils ne "bougeraient pas" sont encore en vie.

Berrhama, dès sa sortie, remonte une équipe de malfrats venant, pour l'essentiel, de l'Etang-de-Berre pour s'approprier le marché des machines à sous et de la drogue à Marseille. Parmi les victimes de cette reconquête, un Corse, âgé de 36 ans, né à Marseille, Roch Colombani, tué dans sa Mercedes le 23 mars, est celle de trop. S'en prendre à lui, c'est aussi menacer ceux qui occupent aujourd'hui le haut du pavé du crime : les Corses. Mais cela, Berrhama n'en a cure. Il le paiera de sa vie.

Selon les spécialistes du grand banditisme, les Corses de Marseille et de l'île ont repris, depuis la mort du Belge, l'ascendant sur le milieu français. "Aujourd'hui, face à l'éclatement de la grande délinquance, ce sont les rares truands à être organisés. Ils sont plus discrets. Ils se parlent avant de s'entretuer et peuvent même s'entraider", explique un commissaire de police d'origine insulaire.

Ils avaient quitté le devant de la scène depuis l'exécution, en 1982, de l'empereur des jeux Marcel Francisci, soupçonné par les Américains de tremper dans le trafic de drogue, puis, celle, en 1985, de Paul Mondoloni, dit "M. Paul", dont l'austérité n'avait d'égale que sa capacité à échapper à la justice. Francisci appartenait à la lignée des parrains corses qui ont dominé Marseille depuis Paul Carbone dans les années 1930. Mondoloni fut son associé. Juge de paix, capable de réunir le gotha du milieu sur de grosses affaires de drogue, il faisait le lien entre les Corses et la mafia sicilo-américaine.

Après leur mort, les Corses n'ont pas disparu. Repliés, ils ont poursuivi leurs affaires dans l'ombre du Belge, qui s'est imposé en éliminant ses concurrents. Cet équilibre a duré pendant plus de dix ans, chacun faisant ses affaires ou s'associant dans des trafics de drogue, tels que "Topaze". Mais au fil du temps, le Belge a sans doute fini par oublier ses devoirs de parrain. Il ne bougeait plus guère de Paris, où ses lieutenants lui portaient, tous les quinze jours, une mallette d'argent liquide. Tout juste si les policiers ont relevé qu'en 2000 il s'était rendu sept fois en Corse. Pourquoi ? Mystère.

Est-il intervenu en défaveur des intérêts corses? A-t-il oublié de partager certaines prébendes? Ses protections sont-elles tombées? En tout cas, il ne s'attendait pas à ce qu'un tueur casqué vienne l'éliminer dans ce bar-PMU des quartiers chics de Paris, où il rachetait les tickets gagnants pour blanchir son argent de poche.

En 2006, les policiers, un temps égarés sur la piste des caïds de banlieue, s'accordent, désormais, pour dire que "son exécution profite aux Corses". Déjà, le 3 juin 2003, une note des renseignements généraux (RG) indiquait "qu'il y aurait une entente entre une partie des Bastiais de la Brise de mer, les Corses de Marseille et un Italo-Marseillais pour prendre le contrôle des affaires du Belge".

On sait désormais que la jeune garde de la Brise de mer, ce fameux gang basé en Haute-Corse, qui occupe, depuis plus de vingt ans, une place centrale dans le banditisme français, n'est pas étrangère à tous ces bouleversements. Parmi ces nouvelles têtes brûlées figurent notamment José Menconi, grand costaud aux cheveux longs, excellent motard, connu pour ses évasions spectaculaires et ses talents de braqueur. Proche d'un autre braqueur et célèbre fugitif, Antonio Ferrara, Menconi fonctionne depuis longtemps en duo avec Jacques Mariani, fils d'un baron de la Brise de mer.

A suivre


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Message Publié : 03 Août 2006 3:13 
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Grégoire de Tours
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En 2003, l'Office central de répression du banditisme (OCRB) avait mis en place un dispositif de surveillance près de la plage Ocoa, à Saint-Tropez, après avoir appris que les patrons des principales boîtes de nuit y étaient parfois convoqués par la nouvelle puissance dominante. En vain. Selon les RG, chaque premier mercredi du mois, vers 14 heures, deux hommes à moto travaillant pour les Corses faisaient le tour de Saint-Tropez pour récolter les fruits du racket. Non loin de là, à Toulon, la chute des Perletto, alliés du Belge, dans l'affaire Topaze a fait place nette. Cohabitant jusque-là avec les Perletto, considérés comme les patrons du Var, la famille Barbieri menait ses propres affaires mais restait dans l'ombre. Là aussi les choses ont changé. Fin septembre 2005, les policiers ont incarcéré Antoine Barbieri et ses complices pour 40 kg de cocaïne.

Le lieu d'arrestation, un appartement du Val-de-Marne, dissimulait un laboratoire de transformation de la drogue. Les Barbieri sont originaires du même village, Moltifao, au-dessus de la Balagne (Haute-Corse), que les Costa, piliers historiques de la Brise de mer. Quasiment un lien de sang...

L'avancée des Corses n'est cependant pas uniforme. Les écoutes, dans l'affaire de cocaïne des Barbieri, ont permis d'apprendre qu'ils avaient des griefs à l'encontre de l'activisme de l'équipe Menconi dans le Var. Le même Menconi, alors en cavale, sera d'ailleurs arrêté en 2003, à Aubagne, grâce à un tuyau donné par des voyous... à la brigade de recherche et d'intervention (BRI) de Marseille.

En dépit de ces aléas, les Corses renforcent leurs positions. A Saint-Laurent-du-Var, des fidèles de la Brise de mer, très liés à des élus locaux, sont aujourd'hui présents dans les sports nautiques et se retrouvent dans un établissement balnéaire à la mode dont ils ont fait leur QG. Le jeune Jacques Mariani aurait acheté en sous-main une brasserie de la ville.

Même s'il n'accepte généralement guère les intrusions étrangères, le milieu niçois, tout proche, a laissé faire. Il est vrai que les Corses ont toujours disposé à Nice de bases solides sans prendre part aux affaires de la pègre locale. Pourtant, là aussi, si les policiers locaux estiment qu'"il n'y a pas vraiment de nouveau depuis la mort du Belge", ils s'intéressent de près à la famille Agostini, brasseurs proches de notables locaux dont les appétits commencent à faire jaser. La PJ travaille ainsi sur les liens entre l'un des rejetons de cette famille et une nouvelle bande qui tente de percer dans le milieu de la nuit niçoise.

En février 2002, le parquet de Nice s'était penché sur la tentative de reprise du club de football de la ville par les fils de Rolland Cassone et de Roger Mouret, figures du grand banditisme marseillais. Mouret, originaire de Grenoble, serait un affidé de Cassone, Italo-Marseillais présenté comme l'un des juges de paix du milieu marseillais. Cassone, lié au milieu de la nuit, n'est pas n'importe qui. Vieille relation de Jean-Jérôme Colonna, dit Jean-Gé, ancien de la French Connection et figure incontournable du milieu de Corse-du-Sud, son réseau s'étend de l'Italie à la Corse.

Le paysage marseillais compte également deux familles dont les liens avec la Corse n'ont pas échappé aux enquêteurs. Souvent citées et peu condamnées au regard des faits qu'on leur impute, les Baresi et les Campanella sont des fratries dont le nom est redouté chez les voyous, à Marseille comme à Paris.

L'un des frères Baresi, poursuivi dans des affaires de racket sur le port de Marseille et de commissions occultes dans le football professionnel, illustre un mélange des genres très local. Proche de l'homme d'affaires Bernard Tapie, ami de Renaud Muselier, député (UMP) et maire adjoint de Marseille, qui ne le dément pas, il sait se faire discret à l'instar de ses autres frères. Pourtant, le nom des Baresi apparaît régulièrement dans les notes de renseignements de la police sur le milieu phocéen et leurs contacts avec la famille Mariani de la Brise de mer sont connus.

En 2003, tandis qu'ils surveillaient un Corse, ex-garde du corps du leader nationaliste François Santoni, les policiers rapportèrent, par écrit, à leur hiérarchie qu'il s'était vu proposer la gestion de 200 machines à sous sur Paris et sa région par un homme qui prétendait représenter les Baresi. Son refus les empêcha d'en savoir plus mais l'épisode laissait entrevoir la dimension présumée des Baresi.

Chez les Campanella, Michel, âgé de 44 ans est considéré comme "l'un des plus dangereux malfaiteurs de la région". Le 27 mars, la BRI de Marseille a sablé le champagne après son arrestation en douceur. Ayant purgé dix ans de prison pour des braquages, il était, notamment, recherché pour des règlements de comptes dans la région de l'étang de Berre. Il pourrait, sans doute, éclairer la justice sur l'affaire Berrhama, mais le détenu est du genre taciturne...

Solidement installés dans leurs bastions depuis la mort du Belge, les Corses n'ont pas traîné à pousser leur avantage sur Paris. Machines à sous, trafic de drogue, les voyous insulaires ont retrouvé leur implantation du passé. Face à la dispersion du milieu, ils sont les seuls, à l'exception des Gitans de Seine-Saint-Denis, à offrir un front uni à tout ennemi potentiel.

Les autorités constatent que les Corses progressent même, de manière tout à fait légale, sur leur terrain de prédilection, les cercles de jeux. Longtemps fermé, le Cercle Concorde, établissement de jeu parisien, doit rouvrir prochainement. Son futur directeur, Paul Lantieri, s'était exilé à Aix-en-Provence après que sa discothèque, l'Amnésia, à Bonifacio (Corse-du-Sud), l'une des plus grandes d'Europe, eut été rasée, en 2000, par un attentat attribué au milieu. Paris, Marseille, le Var, il n'y a que Lyon d'où les Corses semblent aujourd'hui absents. La nouvelle donne touche même leur île natale. La Corse-du-Sud est encore sous le choc des assassinats qui ont frappé l'île ces derniers mois. Parmi les victimes figuraient des personnalités n'appartenant pas au milieu. L'élimination en mars de Robert Felicciaggi, homme d'affaires ayant fait fortune en Afrique avant un retour sur l'île pour une carrière politique, a plongé les observateurs dans une grande perplexité.

La situation est si instable que Jean-Gé, personnalité de l'histoire criminelle insulaire, qui affirmait en 2002 s'être retiré des affaires, a remonté une équipe pour se protéger des mauvaises surprises. Il aurait même demandé à ses sbires de découvrir les commanditaires de l'élimination de Feliciaggi dont il était proche. Reste la très fantasmatique Brise de mer, dont les fondateurs, devenus de très riches retraités de 50 ans et plus, évitent de monter en première ligne. En revanche, leur influence, leurs alliances en France et à l'étranger et la crainte que suscitent leurs jeunes successeurs leur assurent un rôle majeur sur le milieu français.

Membre historique de la Brise de mer, Richard Casanova, autre mythe insulaire, a été arrêté début mars dans l'affaire du "casse du siècle" de l'UBS, à Genève, après seize ans de cavale. Atypique, lié à certains chefs d'Etat africains, associé dans les jeux sur ce continent, interlocuteur de certains services de l'Etat, il rappelle ces personnages sulfureux des affaires troubles de la Ve République. Il ne manquait que cette touche du passé pour parfaire le retour en force des Corses sur le marché du crime.

Jacques Follorou
Article paru dans l'édition du 23.05.06



Portrait
François Marcantoni, vedette du milieu et ami des vedettes
LE MONDE | 24.05.06 | 13h28 • Mis à jour le 24.05.06 | 13h28
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_elem ... 448,0.html

Il n'est rien d'autre qu'un honorable retraité. Bien calé au fond de son fauteuil, François Marcantoni s'efforce de convaincre de ce qui est pour lui "une évidence". A 85 ans, il n'est plus cette figure du "milieu" familière des "unes" de la presse des années 1970, mais un vieux monsieur tranquille qui partage sa vie entre Paris et sa maison de campagne de Goussainville (Eure-et-Loir). "Quand les flics me suivent, dit-il d'un ton le plus sérieux, ils voient que je ne fais que 600 mètres par jour, 300 mètres aller, de chez moi à l'Hôtel Méridien, où je donne mes rendez-vous, et 300 mètres retour !"

Cette discrétion revendiquée n'a pas empêché la police de placer encore François Marcantoni en garde à vue en 2005. Il était soupçonné dans une affaire de racket et a finalement été mis hors de cause. "Je suis victime de ma réputation, proclame-t-il, désespéré. Dès qu'il se passe quelque chose, c'est Marcantoni par-ci, Marcantoni par-là." L'honorable retraité ne veut pas jouer au coquet, mais il insiste, afin qu'on le comprenne bien: "Je vous assure que je m'en passerais volontiers."

Pour qu'il évoque l'affaire Markovic dans son nouveau livre, Monsieur François. Le milieu et moi de A à Z (Ed. Le Cherche Midi, 254 p., 17 €), son éditeur a dû se montrer persuasif. "Si cela ne tenait qu'à moi, je n'en aurais pas parlé", confesse-t-il. A la fin du mois de septembre 1968, le cadavre de Stephan Markovic est découvert dans une décharge publique d'Elancourt (Yvelines), une balle dans la tête. Ce ressortissant yougoslave au physique avenant a pour caractéristique d'être un proche du comédien Alain Delon. Une des affaires les plus sulfureuses de la Ve République est enclenchée. Elle vise l'ancien premier ministre et futur président, Georges Pompidou, et mêle dans un véritable micmac des gaullistes des services secrets, la presse à scandale et des voyous. Des photos truquées circulent qui accusent Claude Pompidou, l'épouse de Georges, d'avoir participé à des parties fines, dont Markovic était l'un des maîtres de cérémonie.

Et Monsieur François, dans tout cela ? Lui aussi, alors qu'il est fiché au grand banditisme, entretient des liens avec l'acteur, dont il vante aujourd'hui encore "la fidélité en amitié". Il est aussi le cousin d'un protagoniste de l'affaire, l'agent des services d'espionnage Jean-Charles Marchiani, gaulliste antipompidolien, futur préfet du Var, et suspecté d'avoir tenu un rôle actif dans la machination. La police ne tarde pas à effectuer un rapprochement entre le mort d'Elancourt et le trop célèbre Marcantoni, qui se retrouve, une fois de plus, en prison. "J'avais le port de tête idéal pour porter le borsalino", résume-t-il dans son livre, en précisant: "La police judiciaire s'est donc évertuée à démontrer que la balle qui avait traversé la matière grise du Yougoslave m'appartenait."

L'ancien commissaire Claude Bardon, qui interrogea Marcantoni, n'est pas de cet avis. Des éléments matériels mettaient selon lui en cause "Monsieur François", qu'il décrit comme un homme "solide, courageux, un bon exécutant", qui avait su se faire sa place aux lendemains de la guerre, dont il était sorti en "voyou honorable de l'Occupation". Un non-lieu avait cependant été rendu en sa faveur en 1976.

Sur le reste de son parcours, il est volontiers plus prolixe. Le "milieu" d'abord. Le jeune Corse originaire du village d'Alzi (Haute-Corse) n'était pas destiné à figurer au palmarès des beaux messieurs. Il se rêvait artificier, a commencé sa formation à Toulon. Elle a été interrompue par la guerre. Résistance. Prison, déjà. "Là, explique-t-il, je me suis dit: si je m'en sors, je vivrais une autre vie." La grande vie. Il entame une longue carrière dans le gang des "tractions avant", "la meilleure voiture de l'époque", carrière qu'il va traverser "sans se faire tirer une seule fois dessus", et pendant laquelle il va rencontrer ceux qui comptent.

Barthélemy Guérini, dit "Mémé", maître de Marseille, autant dire maître du monde, jusqu'au milieu des années 1970 ? "Un homme formidable. Nous étions très intimes. Je vois encore sa fille, Christine, installée à Paris." Francis Vanverberghe, "le Belge", un successeur du précédent, dont la vie s'est brutalement interrompue en septembre 2000, après qu'un individu non encore identifié lui eut tiré huit balles dans le corps? "Il était très sympa, élégant. Il avait la classe." François Marcantoni précise qu'il devait dîner avec "le Belge" le soir de son assassinat. Il avait aussi beaucoup d'estime pour le rival, Gaëtan Zampa, "Tany", qu'il rencontrait "amicalement" à Paris. C'était "des commerçants", résume-t-il d'une audacieuse formule.

Est-ce à cet éclectisme qu'il doit son exceptionnelle longévité ? Ou à son art de ne dire du mal de personne? "Quand je parle des gens, admet-il, je me sens obligé de dire du bien." Il y a une exception: les Zemmour, flamboyants boss de la capitale jusqu'au début des années 1980. "Ils faisaient dans la drogue et dans le proxénétisme. Je ne les aimais pas", condamne-t-il sans appel.

Pour M. Bardon, qui, à ses débuts, en 1962, avait reçu pour mission d'infiltrer le milieu parisien, "Marcantoni n'a jamais franchi la dernière marche... Il connaissait les grands, mais ceux-ci ne l'associaient pas aux mécanismes les plus subtils de leurs affaires. Mais il était fiable, il avait bonne réputation."

Monsieur François avait des intérêts dans un bar chic près des Champs-Elysées, ouvert par le frère de Tino Rossi. L'établissement était fréquenté par des vedettes du cinéma et du music-hall, dont il garde un souvenir forcément ému: "Ginette Leclerc, Viviane Romance, Jean Richard, Achille Zavatta, Raymond Pellegrin." Et puis, il y en a un qu'il n'oubliera jamais. Ce n'est pas Alain Delon, mais Michel Simon, qu'il a connu "trop tard". "C'était un révolté, dit-il. J'étais allé chez lui, à Bry-sur-Marne, accueilli par ses mainates qui chantaient La Marseillaise. On était partis déjeuner dans ma Chevrolet. Les gens se levaient pour lui. Il était avec une fille de la porte Maillot et fredonnait des chansons d'Arletty. Quand j'ai appris sa mort à la radio, ç'a été un choc."

Aujourd'hui, François Marcantoni fait "attention" pour jouir de ses dernières années, nanti de la morale de sa propre histoire. "Je ne regrette rien, vous pouvez l'écrire, dit-il. Car je préfère le champagne à la limonade et le caviar aux lentilles."

Pascal Ceaux

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Parcours

1920
Naissance à Alzi (Haute-Corse).

1940
Entame une formation d'artificier à Toulon.

1959
Est inscrit au fichier du grand banditisme.

1968
Découverte du corps de Stephan Markovic.

1976
Non-lieu en faveur de François Marcantoni.

2006
Parution de "Monsieur François" (Le Cherche Midi).

Article paru dans l'édition du 25.05.06




A Paris, le règne du clan gitan des "H"
LE MONDE | 22.05.06 | 15h01
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_elem ... 564,0.html

La scène se déroule dans un bar situé près de la place de l'Etoile à Paris. Elle est racontée par un policier, fin connaisseur des Hornec, les "H", comme les surnomme le milieu. Ce jour-là, un homme pénètre dans l'établissement et tente de convaincre le patron de lui verser une obole, s'il veut éviter des "ennuis". Celui-ci résiste et obtient un délai. Lorsque le racketteur revient, il est accompagné d'un individu qui, sans dire un mot, s'assied à une table. L'autre glisse un nom à l'oreille du barman: celui de Marc Hornec. Plus question de résistance... Dans la région parisienne, les "H" ont bonne réputation. Ils forment aujourd'hui le seul clan vraiment organisé, autour de trois frères, Marc, Mario et Jean-Claude, les seuls "beaux mecs" avec lesquels les Corso-Marseillais négocient d'égal à égal. Les uns et les autres se sont jusqu'à présent gardés de tout affrontement. La famille Hornec possède quelques biens immobiliers aux environs de Cannes et de Nice. Les autres affirment leur présence à Paris dans les machines à sous et les jeux en général. Chacun dispose de son aire d'influence, et seule la région lyonnaise est à l'écart de ces arrangements. Les Corso-Marseillais, hégémoniques dans le Sud, y sont totalement absents. Dominé par le trafic de stupéfiants, le grand banditisme est entre les mains des équipes de beurs des cités de la banlieue lyonnaise, qui travaillent en relation avec l'Espagne.

C'est au début des années 1990 que les "H" s'emparent du pouvoir. Gitans originaires d'Alsace installés à Montreuil (Seine-Saint-Denis) au début du XXe siècle, ils ont constitué une équipe originale qui mêle, autour de la fratrie, des beurs tels Ihmed Mohieddine ou Nordine Mansouri, dit "la Gelée", lui aussi né à Montreuil. Ils prennent la place de Claude Genova, spécialisé dans le racket des voyous. Celui-ci tombe dans un guet-apens en août 1994; encerclé par un groupe de 8 hommes, il est assassiné à la sortie d'un rendez-vous avec les Hornec.

S'ouvre alors une période florissante. Il se dit qu'à Paris plus aucune affaire sérieuse ne se traite sans l'aval des "H". Ils sont rarement pris en défaut par la justice. En 1995, Marc est condamné à quatre ans d'emprisonnement, après qu'environ 500 kg de haschisch ont été découverts dans un box loué à son nom. En février 2002, il est à l'origine d'une polémique entre policiers et magistrats: interpellé en décembre 2001, l'homme a été remis en liberté six semaines plus tard par un juge des libertés et de la détention.

En fait, les Hornec n'apparaissent plus en première ligne. Dans leurs rares interventions publiques, ils se présentent comme des gens honnêtes qui n'ont rien à se reprocher. Selon un policier, ils investissent dans des sociétés financières établies au Luxembourg ou dans des commerces parisiens dont ils deviennent les propriétaires de fait par l'intermédiaire de proches. Leur nom est un moment cité parmi les possibles commanditaires de l'assassinat de Francis le Belge en septembre 2000 à Paris. Mais la piste n'aboutit pas.

"En région parisienne, la situation est aujourd'hui très anarchique, explique un avocat qui connaît bien les "H". Les voyous se saucissonnent entre eux. En clair, lorsque l'un d'entre eux a réussi un beau coup, il a intérêt à être discret, sinon d'autres l'enlèvent pour lui extorquer son butin. Les Hornec sont la seule équipe que personne n'ose ennuyer."

Au faîte de leur puissance, les "H" n'ont toutefois pas franchi la dernière marche, qui les placerait au niveau des Corso-Marseillais, estime un policier spécialisé dans la lutte contre le grand banditisme. Quelques signes récents sont interprétés en leur défaveur. James, le fils de Mario, a été tué par balles le 24 décembre 2005. L'hypothèse d'une mort accidentelle - il aurait été tué par un homme qui craignait d'être cambriolé - a été admise par la famille. Mais elle est vécue comme un coup dur par Mario, aujourd'hui chef du clan. D'autre part, Marc serait atteint de troubles psychiatriques. Il a produit une attestation émanant d'un professeur de médecine du sud de la France. Il n'empêche que les policiers s'interrogent sur la réalité de cette subite maladie mentale. Ils suspectent une tentative pour échapper à d'éventuelles poursuites. Sans vouloir encore y croire tout à fait, ils posent désormais ouvertement la question du déclin des "H".

Pascal Ceaux
Article paru dans l'édition du 23.05.06


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Message Publié : 06 Sep 2006 23:31 
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Le bar du téléphone, en , dix morts


Citer :
Dillinger (John Toland)

'Dillinger' est une biographie de John Dillinger et des autres bandits sévissant aux Etats Unis dans les années trente (1930) (Bonnie and Clyde(Le gang Barrow), le gang Barker-Karpis, le massacre de Kansas City et les ravisseurs de Charles F. Urschell). Kidnappeurs, braqueurs de banque et prisonniers se cotoient dans ce livre axé autour du plus fameux d'entre eux alors, John Dillinger. Né le 13 Juin 1903 dans un quartier bourgeois d'Indianapolis, Dillinger aprés un premier séjour en prison, sombre dans le grand banditisme. A la "tête" d'un premier gang, il écume la région du Middle West Américain dévalisant bon nombre de banques entre Septembre 1933 et Janvier 1934. Ennemi public, il est cependant arrété puis incarcéré dans une des prisons des sécurisées de l'époque dont il s'évade de façon rocambolesque. De Mars 1934 à Juillet 1934, à la tête d'un deuxième gang, il recommence une vague de braquages de banques spectaculaires. Proclamé ennemi public numéro un par le FBI de J.E. Hoover à l'époque, il est finalement abattu en Juillet 1934 par les agents fédéraux. Au delà de tout cette vie mouvementée, on retiendra surtout la personnalité de Dillinger, bandit refusant autant que possible de tuer et possédant le banditisme dans le sang. L'écriture agréable de John Toland pimente de plus ce récit, plein de mitraillettes, course poursuite et voiture des années trente. A la fin du livre figure la liste des entretiens avec des agents du FBI et des proches des bandits ayant permis à l'auteur d'écrire ce livre. Petite précision avant de finir, pour rédiger cet ouvrage en 1963, John Tolant a parcouru 39 états afin de rassembler la documentation nécéssaire.


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Message Publié : 06 Sep 2006 23:32 
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Rolland Luperini dit le Dillinger Corse du Panier, lors de sa première arresatation, il reconnait, la balance qui l'avait donnée, et qui racketait, un pauvre épicier du quartier, il se jette sur lui, lui coupe, l'oreillle, et la mange devant lui.
Tueur d'elite, mais parlons trop, il travaillent pour les services secrets et la police, tout le milieu aussi utiliseent ses talents., un éléctron libre un peu fou.ne
En faisant dans la fausse monnnaie et en se vantant de ses meutres haut plus haut niveux,devenue incontournable, Luperini sera trop dangereux pour ses "amis", condamné aprés l'histoire du bar téléphone (et le meurtre d'un ministre (De Broglie) proche de Giscard, il refit, l'installlation de sa maison de son père, car il était éléctricien, puis parti à la chasse, "je te laisse tout en ordre"", on ne le revit jamais plaus.)


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Message Publié : 06 Sep 2006 23:34 
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L'Affaire De Broglie

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Deux scandales majeures de la cinquième République prouvent que la France n'est pas différente de l'Italie dès qu'il est question intérêts et de partage des pouvoirs. Le meurtre du prince De Broglie, le 24 septembre 1976, dont le dénouement officiel fut unanimement contesté fut un cas unique de géologie politique. Une affaire que le président de la 1ere section de la cour d'assise de Paris qui présida contre vents et marées le procès, le magistrat André Giresse, appela le Watergate français. Un scandale qui n'explosa pas, la droite comme la gauche au pouvoir au moment du jugement intrigant au nom de sombres tractations politiques pour couvrir une police qui avait caché la vérité et bafoué la justice de la République. On y trouve en strates les principaux composants de l'histoire de France de ces trente dernières années.

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Le prince De Broglie, député de l'Eure, secrétaire d'état sous les gouvernements Debré puis Pompidou, signataire des accords d'Evian qui mirent fin à la guerre d'Algérie, fut également l'un des fondateurs du parti des républicains indépendants au coté de Valéry Giscard d'Estaing et de Raymond Marcellin. Malgré les déclarations de Michel Poniatowski, alors ministre de l'intérieur, il apparu que la police était au courant d'un contrat lancé sur la tète du prince et pire que la surveillance dont il faisait l'objet avait été levé un peu avant son assassinat. Ce fut les deux fameux rapports de l'inspecteur Roux, ignorés par sa hiérarchie et révélés par le Canard Enchaîné en 1980 qui firent rebondir l'affaire.

Quatre pistes furent évoquées au procès cachant le même mobile.

La piste politique après la disgrâce du prince, mis au banc du tout nouveau UDF de Giscard d'Estaing et qui devait rallier avec armes et bagages le RPR de Jacques Chirac au moment de sa création en 1976.

La piste arabe mêlait le prince à de sombres tractations d'armes et de pétrole destinées à financer les services secrets algériens en générant de juteuses commissions.

Plus crédible fut la piste espagnole qui voyait le prince lié au scandale de la Matesa, l'un des plus grands procès politico financier des dernières années du franquisme. Entre 1959 et 1969, 80 % des crédits espagnols à l'exportation dans le domaine du textile ont été alloués à la Matesa, fleuron de cette industrie en Espagne. 800 millions de francs allaient disparaître, la presse révélant en 1969 que tous les ministres et les industriels impliqués dans l'affaire étaient membres de l'Opus Deï. Cette organisation catholique internationale crée en 1928 par le très influent José maria Escrima (béatifié en 1992 par Jean Paul II) s'est lancé dans le recrutement international des élites pour imposer au monde un régime théocratique futur... Implantée en France depuis 1956, l'Opus Deï cherche à bâtir l'élite européenne qui doit arriver un jour au pouvoir, sous couvertd'échanges culturels et d'octroi de bourses.

Parallèlement, la sainte Mafia prit pied dans le monde des affaires français, ses ambitions nécessitant de l'argent. Investissant à hauteur de plus d'un tiers des actions de la Banque des intérêts français, l'Opus Deï allait ainsi siéger au coté de l'actionnaire principal de la banque, la Société financière pour la France et les pays d'outre mer présidé par Edmond Giscard d'Estaing, le père de Valéry. Un VGE qui, ministre des finances, était très lié à Antoine Pinay, sympathisant actif de l'Opus Deï et père du nouveau franc... En 1967, De Broglie rencontrait Juan Vila Reyes, administrateur de la Matesa, pour créer la Sodetex, vraisemblablement présenté par un personnage trouble, escroc et ancien collaborateur qui devint le cerveau financier des affaires avalisées par le prince, Raoul de Leon. Ce dernier aurait aussi arrangé une réunion entre Vila Reyes et Giscard d'Estaing ainsi qu'un voyage à Madrid du futur président français pour rencontrer des membres de l'Opus Deï. Il aurait été question d'un projet de création d'un parti politique espagnol sur le modèle des républicains indépendants français. La Sodetex, dans l'esprit de Vila Reyes et de l'Opus Deï était au centre d'un dispositif financier mis en place dans le monde pour remplir les caisses de la sainte Mafia. En fait, la société servait de super taxi, utilisant des fausses factures pour blanchir l'argent que l'état espagnol versait à la Matesa pour soutenir ses exportations. De Broglie, naïf, aurait accepté de prendre la tète de la Sodetex, vraisemblablement sur ordre.

Lorsque l'état espagnol, après la liquidation de la Matesa, demanda la restitution du capital au prince, il fut dans l'impossibilité de le restituer, très certainement versé à une caisse politique. Raoul de Leon et jean de Broglie signèrent un protocole d'accord en juin 1974 pour rembourser l'état espagnol, un mois après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing. Un protocole qui ne fut jamais honoré...

La quatrième piste, croisant la piste espagnole remontait au plus puissant des gangs de la Mafia française d'après guerre et de la cinquième république, le gang des ferrailleurs. Le prince De Broglie, prêt à toutes les compromissions pour rembourser ses dettes prit part à un gigantesque trafic de faux bons du trésor qui devait être écoulés en Europe et surtout en Afrique (ils coûteront 140 millions de francs au Gabon). Proche de ceux qui fabriquent les bons et qui organisent le trafic, il aurait voulu en profiter personnellement et mis en danger l'organisation. Le juge Michel, un peu avant qu'il ne meure assassiné à Marseille en 1981, cherchait à prouver que les bénéfices de ce trafic de faux bons et de faux billets auraient très bien pu être destinées à financer des laboratoires d'héroïne marseillaise d'une french connection renaissante (l'originale fut démantelée en 1973), la french sicilian connection.

L'affaire fit surtout la lumière sur les relations inquiétantes entre des truands fichés au grand banditisme, des barbouzes proche de l 'organisation et des policiers de la IIeme section des renseignements généraux, la police politique française. La section politique la plus sensible, s'occupant des affaires spéciales, de la surveillance des personnages importants, la police des coups tordus, des opérations montées à l'occasion pour neutraliser des gêneurs ou des adversaires trop irritants des régimes en place.


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Message Publié : 06 Sep 2006 23:37 
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Tany Zampa, de son vrai nom Gaëtan Zampa (ou Gaëtano) dit « Tany », mais aussi « Gaï » ou « Don Gaëtano », est né le 1er avril 1933 à Marseille, dans le quartier du Panier.

C'est un parrain du milieu marseillais des années 1970. Il est soupçonné d'avoir commandité l'assassinat de Pierre Goldman pour le compte des GAL espagnols et serait le meurtrier d'Antoine Guérini, pour venger la mort de Robert Blémant.

Gaëtano Zampa a de qui tenir : son père, Mathieu Zampa, né en 1902 à Naples, est un voyou respecté dans la ville. Il a commencé dans les années 1930 sous Paul Carbone et François Spirito, puis s'est rangé du côté des Guérini après la Libération, comme la plupart des marseillais de l'époque. Mathieu Zampa a été le propriétaire du bar de la Ruche, et a trafiqué à Saïgon, notamment les piastres, en 1950. Dans les années 60, il part à Dakar exploiter un night club. Il reviendra à Marseille en 1972 et mourra l'années suivante.

Autant dire que Tany a grandit avec le Milieu et connaît parfaitement son parfum. Lorsqu'il débute dans le métier comme maquereau, vers 1950, dans le quartier Saint-Lazarre, tout le monde le connaît. À vingt ans, il travaille dans le service d'ordre de Gaston Defferre. À même pas vingt-cinq ans, il tient déjà un hôtel, le Réal. C'est un flambeur, il aime montrer sa richesse, tout en évitant d'irriter les anciens de la ville. À Marseille, des caïds comme Antoine Guérini, Robert Blémant ou Paul Mondoloni l'apprécient.

En 1955, il monte à Paris en même temps que la "Bande des Trois Canards", dont il connaît certains membres grâce aux Italiens du quartier du Panier (le noyau dur de la bande, environ dix personnes, est composé essentiellement d'Italiens).

L'équipe, qui a commencé en Côte d'Azur, a décidé de se lancer dans le racket d'hôteliers parisiens (en plus d'être des racketteurs, les membres de la bande donnent aussi dans le casse, le proxénétisme, le jeu...). Beaucoup de voyous de la capitale commencent à cotoyer cette bande, et pas n'importe lesquels. Ils sont parmi les plus durs : Joseph Brahim Attia (dit Jo Attia), Georges Boucheseiche (au centre de l'affaire Ben Barka), Jean Palisse...

Tany Zampa, qui connaît déjà très bien le Milieu, est désormais rôdé pour un tas d'activités. À Paris, il apprend à connaître des voyous violents, il les fréquente et s'habitue à leur attitude. Il est lui-même un nerveux, un "excité".





Une Bande Redoutable
Jusqu'en 1965, Zampa travaillera entre Paris et Marseille. Dans la cité phocéenne, il commence à s'entourer de vrais durs. Des impulsifs, des sanguinaires, des personnages violents et craints. Son passage dans la "Bande des Trois Canards" a été très formateur. Il établit avec ses hommes une sorte de pacte de sang. Mais Tany Zampa est impitoyable : il serait très bien capable d'en descendre un si celui-ci devenait gênant. On peut citer parmi eux Jean Toci, son demi-frère et bras droit, Gaby Regazzi, le vrai cerveau de l'équipe, Bimbo Roche, Gérard Vigier, Gilbert Hoareau dit Gilbert le Libanais, ou encore Jacky le Mat. Plus une multitude d'autres durs issus de la nouvelle génération.

L'efficacité de Tany Zampa dans le racket et la "protection" pousse bon nombre de caïds marseillais à faire appel à lui, notamment Robert Blémant. Il prend ses aises et se permet tout et n'importe quoi. Certains anciens, adeptes des règles "morales" du Milieu, comme les Guérini, voient d'un mauvais œil les méthodes violentes de Tany Zampa. Mais personne n'ose s'opposer à lui.

Alors qu'il commence à investir dans l'héroïne, Gaëtano Zampa signe un gros coup : le cambriolage de la caisse d'allocations familiales de Marseille, dans la nuit du 31 décembre 1960 au 1er janvier 1961, pour deux millions de francs. Zampa monte en puissance. Il a investi dans la prostitution, la drogue, les jeux et il est le plus efficace racketteur de la Côte.

Mais les Guérini occupent le trône du crime marseillais. Et on ne s'attaque pas aux Guérini. Mais le 4 mai 1965, Robert Blémant est abattut sur ordre d'Antoine Guérini. Pour Zampa, c'est une aubaine. Le Milieu n'accepte pas qu'Antoine ait fait assassiner un pilier comme Blémant uniquement par jalousie. Les associés des Guérini s'écartent peu à peu du clan, qui s'en retrouve très affaiblit.

Zampa en profite. Il ordonne à ses hommes de racheter ou de "protéger" les établissements de la région, dont, à la fin des années 60, certains appartenant (ou ayant appartenu) aux Guérini. Les lieutenants de Zampa exécutent les ordres et opèrent avec violence et détermination. Grâce à eux, Zampa met la main sur un bon nombre d'établissements de nuit. Et l'incarcération de Zampa de 1966 à 1970 (il se marie en prison en juin 1966) n'empêchera pas ses hommes de continuer de prendre du terrain.

Lorsqu'il sort de prison, Zampa est le nouveau maître des rues marseillaises : Antoine Guérini a été abattut en 1967 (certains pensent que c'est Jacky le Mat qui l'a exécuté sur ordre de Zampa), et Mémé est en prison.

Pendant les années 70, Tany s'intéresse au trafic d'armes et aurait fournit l'ETA.


L'Heure des Comptes a sonné
Si dans l'ombre de Zampa Jacky le Mat gagne du galon, c'est surtout Francis le Belge qui monte en puissance. Les deux hommes se sont régulièrement croisés à Paris, mais restent rivaux. Le tout est qu'en 1972, des trafiquants d'héroïne proche de Zampa ont escroqué le Belge d'une grosse cargaison.

Prévoyant une riposte, Zampa décide d'agir : le 5 septembre 1972 sont abattus au Canet Robert Di Russo, Jean-Claude Bonello et Daniel Lamberti. L'un des tueurs est abattu le 14 octobre 1972 en Corse, et l'autre le 28 octobre 1972. Le 26 décembre 1972, c'est un homme du Belge qui tombe, puis deux autres en février 1973, à la Belle-de-Mai.

Francis le Belge réplique durement : le 31 mars 1973, quatre hommes sont tués au bar du Tanagra. Il s'agit de Joseph Lomini dit le Toréador, l'un des trafiquants ayant escroqué le Belge et cible principal du commando, Ansan Bistoni dit l'Aga Khan, poids lourd de la French Connection, Jean-Claude Napoletano, un petit truand, et la patronne du bar.

En novembre 1973, l'arrestation de Francis le Belge et sa condamnation à quatorze ans de prison mettent fin aux affrontements. Par ailleurs, la légende veut qu'en plein coeur des combats opposant les deux marseillais, Tany Zampa et ses hommes auraient apperçu le Belge à Paris, sans aucune protection, mais auraient refusés de faire feu sur ce dernier car accompagné de sa mère. Au cours de ces affrontements, Zampa aura préféré se réfugier en Italie pour échapper aux balles et à la police, et y restera jusqu'en 1975.

Tany fera huit mois de prison pour port d'armes en 1975 et est soupçonné d'avoir fournit des moyens pour le "casse du siècle" d' Albert Spaggiari en 1976. Il est cependant très peu probable qu'il ait eu un quelconque rôle dans le casse de Nice.

En parallèle de ses démêlés judiciaires sans concéquences, Tany Zampa se lance dans les jeux de la Côte d'Azur en association avec son ami d'enfance Bimbo Roche et le roi du jeu niçois Jean-Dominique Fratoni.

Mais même si tout semble aller bien pour Zampa, il reste un point noir : Jacky le Mat. Ce dernier s'est écarté de Tany et ne cesse de faire augmenter son capital. Alors lorsque les intérêts des deux hommes se toucheront, les balles vont fuser. Le litige survient en 1977, lorsque Jacky le Mat rackette un client qui était déjà la cible de Zampa. Ce dernier, fou de rage, part régler son compte au Mat le 1er février 1977, accompagné de Gaby Regazzi et Bimbo Roche. Il tire sept balles de 11.43 sur son ennemi tandis que ses accolytes tirent chacun une décharge de chevrotine. Mais manque de chance pour Tany, Jacky a survécu à ses blessures et prépare la contre-attaque. De mars 1977 à avril 1978, les corps vont tomber des deux côtés (douze au total). Avec une avance pour le Mat, qui a éliminé les portes-flingue qui faisaient toute la puissance du clan Zampa. Ce dernier en sort très affaiblit, et sur le terrain il ne tient plus réellement Marseille.


Une fin peu glorieuse
Les pressions policières ne font qu'aggraver les choses. Surtout à partir d'octobre 1981, date de l'assassinat du juge Pierre Michel, pour lequel Zampa est immédiatement soupçonné. À partir de cette date, Zampa est sans cesse surveillé, ce qui limite fortement son influence et son contrôle du crime marseillais.

En octobre 1983, Gilbert le Libanais, accolyte de Zampa spécialisé dans le monde de la nuit, est descendu. Le clan Zampa est sûrement l'auteur de cette assassinat, n'ayant pas supporté l'éloignement du Libanais par rapport au clan et son ambition d'enrichissement solitaire. La police met la main sur sa comptabilité et y découvre des affaires louches auxquelles sont liés Tany Zampa, sa femme, son avocat, et de nombreuses autres personnes. En novembre 1983, ils sont tous arrêtés.

En prison, Zampa sombre lentement dans la folie. À l'intérieur des murs tout comme à l'extérieur, le monde des voyous s'amuse à surnommer l'autoproclamé "parrain à l'italienne" la "marraine" ou encore la "balance". Les 20 et 22 juin 1984, il tente vainement de se suicider. Et le 23 juillet, malgré une condamnation ne pouvant atteindre au maximum que cinq ans de prison, Tany Zampa se pend dans sa cellule des Baumettes. Et la trachéotomie tentée par son voisin de cellule avec un couteau n'a rien arrangé. Zampa meurt finalement le 16 août 1984 à 51 ans, aux termes d'une lente agonie.

Néanmoins, d'anciens fidèles de Zampa s'étant fait plus discrets que d'autres vont continuer leur route dans la criminalité pendant un certain temps, notamment Jean Toci, qui sera assassiné en mai 1997 à Istres.

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Message Publié : 07 Sep 2006 10:17 
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Rolland Luperini dit le Dillinger Corse du Panier, lors de sa première arresatation, il reconnait, la balance qui l'avait donnée, et qui racketait, un pauvre épicier du quartier, il se jette sur lui, lui coupe, l'oreillle, et la mange devant lui.
Tueur d'elite, mais parlons trop, il travaillent pour les services secrets et la police, tout le milieu aussi utilisent ses talents., un éléctron libre un peu fou.ne
En faisant dans la fausse monnnaie et en se vantant de ses meutres haut plus haut niveux,devenue incontournable, Luperini sera trop dangereux pour ses "amis", condamné aprés l'histoire du bar téléphone 10 morts(et le meurtre d'un ministre (De Broglie) proche de Giscard, il refit, l'installlation de sa maison de son père, car il était éléctricien, puis parti à la chasse, "je te laisse tout en ordre"", on ne le revit jamais plaus.)


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Message Publié : 08 Sep 2006 17:10 
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L'Affaire De Broglie
LUperini coupable pour les sevices spéciaux certainement ???
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Deux scandales majeures de la cinquième République prouvent que la France n'est pas différente de l'Italie dès qu'il est question intérêts et de partage des pouvoirs. Le meurtre du prince De Broglie, le 24 septembre 1976, dont le dénouement officiel fut unanimement contesté fut un cas unique de géologie politique. Une affaire que le président de la 1ere section de la cour d'assise de Paris qui présida contre vents et marées le procès, le magistrat André Giresse, appela le Watergate français. Un scandale qui n'explosa pas, la droite comme la gauche au pouvoir au moment du jugement intrigant au nom de sombres tractations politiques pour couvrir une police qui avait caché la vérité et bafoué la justice de la République. On y trouve en strates les principaux composants de l'histoire de France de ces trente dernières années.

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Le prince De Broglie, député de l'Eure, secrétaire d'état sous les gouvernements Debré puis Pompidou, signataire des accords d'Evian qui mirent fin à la guerre d'Algérie, fut également l'un des fondateurs du parti des républicains indépendants au coté de Valéry Giscard d'Estaing et de Raymond Marcellin. Malgré les déclarations de Michel Poniatowski, alors ministre de l'intérieur, il apparu que la police était au courant d'un contrat lancé sur la tète du prince et pire que la surveillance dont il faisait l'objet avait été levé un peu avant son assassinat. Ce fut les deux fameux rapports de l'inspecteur Roux, ignorés par sa hiérarchie et révélés par le Canard Enchaîné en 1980 qui firent rebondir l'affaire.

Quatre pistes furent évoquées au procès cachant le même mobile.

La piste politique après la disgrâce du prince, mis au banc du tout nouveau UDF de Giscard d'Estaing et qui devait rallier avec armes et bagages le RPR de Jacques Chirac au moment de sa création en 1976.

La piste arabe mêlait le prince à de sombres tractations d'armes et de pétrole destinées à financer les services secrets algériens en générant de juteuses commissions.

Plus crédible fut la piste espagnole qui voyait le prince lié au scandale de la Matesa, l'un des plus grands procès politico financier des dernières années du franquisme. Entre 1959 et 1969, 80 % des crédits espagnols à l'exportation dans le domaine du textile ont été alloués à la Matesa, fleuron de cette industrie en Espagne. 800 millions de francs allaient disparaître, la presse révélant en 1969 que tous les ministres et les industriels impliqués dans l'affaire étaient membres de l'Opus Deï. Cette organisation catholique internationale crée en 1928 par le très influent José maria Escrima (béatifié en 1992 par Jean Paul II) s'est lancé dans le recrutement international des élites pour imposer au monde un régime théocratique futur... Implantée en France depuis 1956, l'Opus Deï cherche à bâtir l'élite européenne qui doit arriver un jour au pouvoir, sous couvertd'échanges culturels et d'octroi de bourses.

Parallèlement, la sainte Mafia prit pied dans le monde des affaires français, ses ambitions nécessitant de l'argent. Investissant à hauteur de plus d'un tiers des actions de la Banque des intérêts français, l'Opus Deï allait ainsi siéger au coté de l'actionnaire principal de la banque, la Société financière pour la France et les pays d'outre mer présidé par Edmond Giscard d'Estaing, le père de Valéry. Un VGE qui, ministre des finances, était très lié à Antoine Pinay, sympathisant actif de l'Opus Deï et père du nouveau franc... En 1967, De Broglie rencontrait Juan Vila Reyes, administrateur de la Matesa, pour créer la Sodetex, vraisemblablement présenté par un personnage trouble, escroc et ancien collaborateur qui devint le cerveau financier des affaires avalisées par le prince, Raoul de Leon. Ce dernier aurait aussi arrangé une réunion entre Vila Reyes et Giscard d'Estaing ainsi qu'un voyage à Madrid du futur président français pour rencontrer des membres de l'Opus Deï. Il aurait été question d'un projet de création d'un parti politique espagnol sur le modèle des républicains indépendants français. La Sodetex, dans l'esprit de Vila Reyes et de l'Opus Deï était au centre d'un dispositif financier mis en place dans le monde pour remplir les caisses de la sainte Mafia. En fait, la société servait de super taxi, utilisant des fausses factures pour blanchir l'argent que l'état espagnol versait à la Matesa pour soutenir ses exportations. De Broglie, naïf, aurait accepté de prendre la tète de la Sodetex, vraisemblablement sur ordre.

Lorsque l'état espagnol, après la liquidation de la Matesa, demanda la restitution du capital au prince, il fut dans l'impossibilité de le restituer, très certainement versé à une caisse politique. Raoul de Leon et jean de Broglie signèrent un protocole d'accord en juin 1974 pour rembourser l'état espagnol, un mois après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing. Un protocole qui ne fut jamais honoré...

La quatrième piste, croisant la piste espagnole remontait au plus puissant des gangs de la Mafia française d'après guerre et de la cinquième république, le gang des ferrailleurs. Le prince De Broglie, prêt à toutes les compromissions pour rembourser ses dettes prit part à un gigantesque trafic de faux bons du trésor qui devait être écoulés en Europe et surtout en Afrique (ils coûteront 140 millions de francs au Gabon). Proche de ceux qui fabriquent les bons et qui organisent le trafic, il aurait voulu en profiter personnellement et mis en danger l'organisation. Le juge Michel, un peu avant qu'il ne meure assassiné à Marseille en 1981, cherchait à prouver que les bénéfices de ce trafic de faux bons et de faux billets auraient très bien pu être destinées à financer des laboratoires d'héroïne marseillaise d'une french connection renaissante (l'originale fut démantelée en 1973), la french sicilian connection.

L'affaire fit surtout la lumière sur les relations inquiétantes entre des truands fichés au grand banditisme, des barbouzes proche de l 'organisation et des policiers de la IIeme section des renseignements généraux, la police politique française. La section politique la plus sensible, s'occupant des affaires spéciales, de la surveillance des personnages importants, la police des coups tordus, des opérations montées à l'occasion pour neutraliser des gêneurs ou des adversaires trop irritants des régimes en place.


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Message Publié : 08 Sep 2006 17:16 
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Grégoire de Tours
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Dillinger (John Toland)

'Dillinger' est une biographie de John Dillinger et des autres bandits sévissant aux Etats Unis dans les années trente (1930) (Bonnie and Clyde(Le gang Barrow), le gang Barker-Karpis, le massacre de Kansas City et les ravisseurs de Charles F. Urschell). Kidnappeurs, braqueurs de banque et prisonniers se cotoient dans ce livre axé autour du plus fameux d'entre eux alors, John Dillinger. Né le 13 Juin 1903 dans un quartier bourgeois d'Indianapolis, Dillinger aprés un premier séjour en prison, sombre dans le grand banditisme. A la "tête" d'un premier gang, il écume la région du Middle West Américain dévalisant bon nombre de banques entre Septembre 1933 et Janvier 1934. Ennemi public, il est cependant arrété puis incarcéré dans une des prisons des sécurisées de l'époque dont il s'évade de façon rocambolesque. De Mars 1934 à Juillet 1934, à la tête d'un deuxième gang, il recommence une vague de braquages de banques spectaculaires. Proclamé ennemi public numéro un par le FBI de J.E. Hoover à l'époque, il est finalement abattu en Juillet 1934 par les agents fédéraux. Au delà de tout cette vie mouvementée, on retiendra surtout la personnalité de Dillinger, bandit refusant autant que possible de tuer et possédant le banditisme dans le sang. L'écriture agréable de John Toland pimente de plus ce récit, plein de mitraillettes, course poursuite et voiture des années trente. A la fin du livre figure la liste des entretiens avec des agents du FBI et des proches des bandits ayant permis à l'auteur d'écrire ce livre. Petite précision avant de finir, pour rédiger cet ouvrage en 1963, John Tolant a parcouru 39 états afin de rassembler la documentation nécéssaire.


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Message Publié : 23 Sep 2006 12:01 
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Grégoire de Tours
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Il est louable de parler de l'esclavage dans l'histoire, mais des articles récent, dans different pays, meme concernant des populations les plus inattendus existent en 2006.

Quand les mafia Italiennes sous traites l'esclavage d'etre humains , des Polonais en l'occurence, pour l'économie locale.




Image







'est une masure abandonnée, ouverte aux quatre vents. Une ruine au milieu de nulle part, une " casolare" comme il en existe tant sur les hautes terres de la province de Foggia, dans le sud de l'Italie. L'endroit est écrasé de soleil, silencieux, beau et lugubre comme un décor de Sergio Leone. A l'intérieur, les trois pièces sont jonchées de matelas crasseux et de couvertures roulées en boule. Le vent s'engouffre par la fenêtre fracassée, fait claquer la porte d'entrée en fer.



Sinistre, ce coin des Pouilles l'était encore davantage quand Stanislaw Fudalin y a débarqué, dans la nuit du 5 au 6 janvier, après un épuisant voyage en minibus depuis Cracovie. Les vitres étaient déjà cassées, la porte ne fermait déjà pas. Ce Polonais de 51 ans y a séjourné près d'un mois avec huit de ses compatriotes, sans eau, sans électricité, sans autre chauffage que les branchages qu'ils ramassaient alentour pour alimenter une cheminée délabrée. De l'aube au crépuscule, ils trimaient aux champs ; la nuit, ils luttaient contre le froid, la faim et le désespoir.

"L'idée folle de rentrer en Pologne à pied m'a traversé l'esprit", sourit aujourd'hui Stanislaw. Mais où se diriger quand on ignore où l'on est ? L'immensité du paysage valait prison. Toute envie de fuite leur avait été ôtée, dès l'arrivée, par le "comité d'accueil" : deux Polonais et surtout "Pedro", un Ukrainien qui faisait régner la peur, une arme à la ceinture, le coup de matraque facile. Ses menaces résonnent encore aux oreilles de Stanislaw Fudalin : "Il nous disait : "ici, la loi c'est moi, vous êtes mes esclaves. Si vous essayez de partir, je vous retrouverai et je vous massacrerai. C'est dans un sac en plastique que vous retournerez en Pologne.""

Stanislaw et ses compagnons ont réussi à tromper la surveillance, un peu par miracle, beaucoup grâce au consulat de Pologne, venu les récupérer nuitamment dans une fourgonnette. Leurs témoignages, ajoutés à une trentaine d'autres, ont permis aux services spéciaux des carabiniers de libérer, le 18 juillet, dans plusieurs communes des environs, 113 travailleurs agricoles polonais, exploités comme eux dans des conditions inhumaines. Au cours de ce raid, les forces de l'ordre ont arrêté Pedro et 26 autres personnes - des Polonais, des Ukrainiens, un Algérien, un Italien -, toutes mises en examen pour "trafic d'êtres humains" et "réduction en esclavage".

C'est ainsi que l'Italie a appris l'existence sur son territoire de "véritables camps de travail forcé", selon l'expression du procureur national antimafia, Pietro Grasso. L'enquête, baptisée "Terre promise", conduite en collaboration avec la police polonaise, a permis de démanteler une filière de main-d'oeuvre clandestine qui fonctionnait depuis au moins deux ans entre le sud de la Pologne - où une vingtaine de trafiquants ont été mis sous les verrous - et la région de Foggia.

Dans ce "triangle des tomates", où l'on récolte chaque été des millions de tonnes de précieux fruits rouges, les journaliers de l'Est ont peu à peu remplacé les Marocains, mais personne n'imaginait leur condition d'esclaves modernes.

Ces ressortissants de l'Union européenne travaillaient sans contrat, enduraient des privations, des humiliations, des coups. "Et parfois pire", ajoute un enquêteur. Le procureur antimafia de Bari, Lorenzo Lerario, a décidé de rouvrir les enquêtes sur quatorze morts suspectes de Polonais, survenues depuis deux ans dans les environs de Foggia.

Jusque-là, on pensait à des rixes entre travailleurs immigrés, des accidents, des morts naturelles. Chaque cas était traité de manière isolée. Mais le taux de mortalité, y compris par pneumonie, chez cette population plutôt jeune et robuste, est apparu "statistiquement aberrant" aux magistrats.

Certaines enquêtes avaient été franchement bâclées, comme pour ce Polonais de 45 ans dont le cadavre à demi brûlé a été retrouvé le 2 juillet 2005 devant l'ancien abattoir de la petite commune de Stornara. "Mort accidentelle", avaient conclu les carabiniers, alors que le passeport de la victime était posé, intact, sur son corps carbonisé.

L'opération "Terre promise", conclue en juillet a révélé le problème dans toute son ampleur. "Un phénomène qui ne peut être affronté seulement sur le plan répressif", nuance le procureur Lorenzo Lerario, tout en affirmant que la direction antimafia de Bari s'y emploie "avec une extrême attention et tout l'engagement possible, en parfaite collaboration avec les autorités judiciaires de Pologne".

Domenico Centrone, le consul de Pologne pour la région des Pouilles, accuse :"Les autorités locales ne voulaient pas savoir. Depuis quatre ou cinq ans, je leur mettais la pression par des courriers, notamment au préfet de Foggia, mais sans succès. On refusait de me croire." Il a fallu la découverte, le 19 août 2005, de 90 Polonais littéralement prisonniers d'un camp de travail à Orta Nova, petite commune au sud de Foggia, pour dessiller les yeux des responsables. M. Centrone, chef d'entreprise de 49 ans, lui-même industriel dans l'agroalimentaire, a hébergé, et même embauché, plusieurs "rescapés". Il les a convaincus de porter plainte.

Bien que libres, beaucoup refusaient en effet de parler, par peur de représailles. "A les écouter, tout allait bien, ils étaient au Hilton", se souvient un carabinier. Depuis la révélation du scandale, le climat est resté délétère dans la région. Toutes les bandes n'ont pas été éliminées, et les autorités déconseillent aux journalistes de s'aventurer sans escorte dans certaines zones.

Une fois transférés à Castellana Grotte, petite ville à 150 kilomètres au sud de Foggia, où le consulat polonais a son siège, les plus courageux ont accepté de raconter leur histoire sur procès-verbal. A quelques variantes près, toujours la même : une petite annonce lue dans un journal ou sur Internet, la promesse d'un emploi correctement payé (5 à 6 euros de l'heure, nourris, logés), un emprunt à la banque ou à la famille pour payer les 200 à 400 euros du voyage, un minibus qui tourne des heures dans la campagne italienne en attendant la nuit, puis l'arrivée en enfer.


Marek Pajestka, 45 ans, conserve dans le regard l'effroi du premier jour. C'était en juin 2005 : "Les "caporaux" nous ont emmenés à 4 heures du matin dans un champ d'artichauts où nous avons travaillé pendant six heures, puis dans un champ de tomates pour dix heures encore, sans la moindre pause." Cette cadence quotidienne de 16 heures allait être sa routine pendant deux mois. A 6 euros de l'heure, le jeu en aurait encore valu la chandelle pour ce cariste au chômage, trapu, peu économe de ses efforts. Mais dans le camp d'Orta Nova, que les travailleurs exténués regagnaient vers 22 h 30, il fallait payer pour survivre, rien n'était gratuit. Sauf la violence. Pour dormir dans la baraque, entassé avec 60 autres bagnards, le tarif était de 5 euros par jour. Dans une tente igloo, à même le sol : 3 euros. Le prix de la nourriture (pain, pâtes) et des bougies (il n'y avait pas d'électricité) était défalqué du compte. Le comble ? Les esclaves devaient débourser 1 euro chaque matin pour être transportés dans les champs ! Et malheur à ceux qui tombaient malades : 20 euros d'amende par jour non travaillé. "J'ai perdu tout espoir d'être payé le jour où ils se sont mis à six pour rouer de coups un grand costaud qui réclamait sa paie, explique Marek. Ensuite, ils l'ont traîné en sang à l'extérieur du camp, au bord du chemin. Ils criaient : "Tu as deux heures pour disparaître, sinon on te tue"."



Jakub Olszewski, 21 ans, a échoué dans le même enfer. Enfant d'une famille modeste, "Kuba" espérait financer ses études d'architecture grâce à ce job. "C'est l'oncle d'un copain qui en avait entendu parler", explique-t-il. En trois semaines, le jeune homme a perdu 7 kg. Il avait perdu tout espoir de s'en sortir lorsque les carabiniers ont fait irruption. "Il n'y avait pas de latrines et seulement deux douches, disons deux tuyaux, pour une centaine de personnes", dit-il.

Marek et Kuba décrivent un espace clos de murs surmontés de barbelés. La nuit, des chaînes condamnaient le portail. A l'extérieur, une enseigne mangée de rouille rappelle qu'il y avait là, naguère, une discothèque, l'exotique "Club Paris". La seule lueur venait d'un local voisin où les "caporaux" avaient leur quartier général.

Tous les saisonniers, qu'ils soient polonais, roumains, africains ou italiens, parlent des "capos". Le caporalato est un phénomène aussi vieux que l'agriculture dans cette région de grands domaines latifundiaires où les propriétaires terriens ne traitent jamais directement avec la main-d'oeuvre. De tout temps, ce sont les caporali qui recrutent les journaliers, les véhiculent dans les champs, organisent leur travail, les paient, avant de les raccompagner le soir chez eux. Ce système est la plaie endémique d'une agriculture fondée sur le travail au noir. Mais avec la disparition des saisonniers italiens, remplacés par des clandestins, les méthodes des nouveaux "capos" ont dérivé vers la violence et la coercition.

Au "Club Paris", le chef des gardes-chiourmes, Mariusz, était polonais. Cet homme patibulaire, le corps couvert de tatouages, s'est illustré par sa violence. Personne ne l'a oublié : "Dès que je l'ai vu, le soir de mon arrivée, j'ai su que j'étais mal", raconte Kuba. Aujourd'hui, Mariusz est en prison. Mais combien d'autres "capos" ont pris le relais, dans cette zone où plus de 7 000 ouvriers agricoles clandestins s'affairent à la récolte de l'"or rouge" ? Les brigades de carabiniers cachent à peine leur impuissance : "Comment contrôler une main-d'oeuvre invisible et nomade ?", demande l'un des neuf hommes de la caserne d'Ascoli Satriano, devant la carte de la commune qui s'étend sur 334 km2.

Ce jour-là, jeudi 14 septembre, le commandant des carabiniers d'Ascoli reçoit dans son bureau un couple de Polonais qui n'ont plus de nouvelles de leur fils Gregorz, 28 ans, depuis deux ans. Lui aussi était parti du sud de la Pologne pour l'Italie et la promesse d'un bon salaire. Fait-il partie des "disparus du triangle des tomates" ?

Les autorités de Varsovie ont recensé 119 personnes parties pour l'Italie depuis 2000 et dont on est sans nouvelles. La moitié auraient disparu dans les environs de Foggia. La police polonaise vient de publier sur son site Internet les noms et les photos de ces hommes et de ces femmes. Un avis de recherche géant que l'ambassade de Pologne à Rome a transmis officiellement à la justice italienne.

Les parents de Gregorz Kusz sont venus dans les bagages d'une équipe de la télévision polonaise qui multiplie les reportages sur l'affaire. Ils ont laissé une photocopie du passeport de leur fils à la caserne d'Ascoli Satriano, comme partout où ils vont. Mais l'espoir est mince : "Comment chercher efficacement des gens dont on ne sait même pas s'ils sont arrivés", plaide un magistrat. Pourtant, la publicité donnée à ces disparitions semble avoir réveillé les ardeurs au parquet de Foggia. Des dossiers sortent des tiroirs, un travail de recoupement d'informations a été entrepris.

Des écoutes téléphoniques recueillies pendant l'enquête "Terre promise" ont de quoi inquiéter sur le sort des disparus. On entendait notamment un "capo" confier à sa petite amie toute sa colère après la fuite de deux journaliers : "Je ne leur permettrai pas de se comporter comme cela. Aujourd'hui je vais dans les champs et j'en tue deux à titre d'exemple".

Vantardise macabre ou menace réelle ? Kuba Olszewski n'a assisté qu'à des passages à tabac à coups de poing et de pied : "Certains disparus ont peut-être été tués, admet-il, mais je crois que la plupart sont encore vivants, qu'ils travaillent toujours quelque part. Ils ont emprunté de l'argent à leur famille pour venir, ils ne veulent pas rentrer au pays sur un tel échec." Le jeune homme a un pâle sourire : "Ils sont morts de honte."


source le monde de Vnenndredi 22 septembre 2006


Etant sur un topic sur Cosa nostra, je ne parlerais pas des Phillippins dans les pays arabes, des slaves au Kosovo, ou des ethnies noirs entre elles en 2006. Je peux citer des pages entière de journaux de références sur ça.
Parlons un peu de l'esclavage moderne.
Là j'ai posté ici car cela concerne directement les MAFIA, le traffic d'etre humains rapporte aujourd"'hui plus que la drogue, aux grandes mafias internationales.

L'esclavage moderne, partout dans le monde, serait un bon sujet en géoplitique moderne, je pense. Pensons à ceux qui souffrent aujourd'hui aussi.


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Message Publié : 02 Oct 2006 9:43 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 02 Oct 2006 9:08
Message(s) : 1
bonjour , bien que voir ton avatar me derange un peu , cher mr obiwan , je voulait te dire que tu fait du bon boulot , et je voudrais en savoir un peu plus sur Messino denaro , apparement celui qui a remplacer Provenzano , merci et bonne continuation


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