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Message Publié : 02 Mai 2006 1:32 
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Grégoire de Tours
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Stratégie d'implantation des grandes mafias étrangères en France :

Lorsqu’ils arrivent sur un territoire, les mafieux s’entendent toujours avec la bande locale.
Ils n’interviennent que sur les gros coups, trafic d’armes, la drogue, les cigarettes, les gros hold up et le blanchiment, ils laissent la prostitution, les maisons de jeux clandestines, les machines à sous.
C’est toujours en association, jamais contre, ils ne veulent pas avoir de guerre en France.
Ils ne s’imposent pas par la terreur, mais par l'argent et la corruption. Tuer pour eux, c’est déjà une défaite qui va les gêner.


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Message Publié : 02 Mai 2006 20:24 
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Merci pour toutes ces précisions.

Connaît on d'autres villes en France où une (plusieurs?) mafia est implanté en dehors de la côte d'azur ?


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Message Publié : 02 Mai 2006 22:28 
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Grégoire de Tours
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j-mat a écrit :
Merci pour toutes ces précisions.

Connaît on d'autres villes en France où une (plusieurs?) mafia est implanté en dehors de la côte d'azur ?

Pour parler des vrais mafias tels que les décrivent les criminologues (voir plus haut), il serait naif de croire qu'elles investissent partout dans le monde, sauf en France.
C'est comme Tchernobyl, le nuage s'arrete pas aux frontières.
Comment s'imaginer que les grandes mafias n'ont pas investis à Paris par exemple.(immobilier, art ect...)
La France reste surtout un lieu de blanchiment et d'investissement.
Donc les mafias y font des affaires légales avec des fonds douteux.
La criminalité française est suffisement puissante pour protéger son territoire.
Les mafias comme dit ci-dessus collaborent avec les différentes criminalités françaises.
Mais on a trouvé des tentaculent ormis la cote d'Azur, de criminalités étrangères, triades, cartel colombiens, gangs russes, albanais, yougoslaves, roumains ect...dans plusieurs endroits en France.
Maintenant la France n'est pas un sanctuaire pour les vrais mafias, une mafia règne uniquement sur son territoire, mais la France est une zone d'activitées mafieuses comme quasiment tous les pays du monde.
De plus la criminalité française est suffisement symbiotique avec son territoire pour ne pas se faire totalemnt déloger.
Je recite
Citer :
Lorsqu’ils arrivent sur un territoire, les mafieux s’entendent toujours avec la bande locale.
Ils n’interviennent que sur les gros coups, trafic d’armes, la drogue, les cigarettes, les gros hold up et le blanchiment, ils laissent la prostitution, les maisons de jeux clandestines, les machines à sous.
C’est toujours en association, jamais contre, ils ne veulent pas avoir de guerre en France.
Ils ne s’imposent pas par la terreur, mais par l'argent et la corruption. Tuer pour eux, c’est déjà une défaite qui va les gêner.

Il serait illusoire de croire que notre propre criminalité ne soit pas aussi active que celle de certains pays.
Encore un mythe de croire que notre état est plus efficace que certains autres dans le combat contre la grande criminalité.
La French connection fut pendant 40 ans, la plus grande organisation de traffic de drogue du monde, et la plupart de ses membres avaient des cartes tricolores qui leur permettaient d'échapper aux policiers, cartes délivrées par l'état, et dans 20 ans on s'apercevra sans doute, que d'autres réseaux français trafiquent au plus haut niveaux en accord avec certaines parties du monde sportif, du spectacle, politique ou économique.


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Message Publié : 27 Juil 2006 23:37 
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Plutarque
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obiwan kenobi a écrit :
Jo Attia, qui fut déporté en tant que juif et non en temps que résistant qu'il n'a pas été, eu en effet un comportement héroique durant son internement.

Je suis d'accord avec tout ce que vous racontez sauf sur ce point de détail: Joseph Brahim Attia n'était pas juif. Du moins, pas à ma connaissance.
Si j'en crois Grégory Auda dans "Les belles années du milieu 1940-1944" publié aux Editions Michalon en 2002:
"Attia, de son coté, avait commencé lui aussi par travailler pour les nazis. Il avait fait partie de la bande de la rue Lauriston en tant que membre de l'équipe de Charles Cazauba. Il était en particulier chargé de la distribution de faux tickets d'alimentation. Attia avait un temps travaillé avec le service de la rue Lauriston et aurait même donné un réseau de résistance à Lafont. Ses indications auraient permis l'arrestation d'une quinzaine de personnes. Cependant Attia menait lui aussi un jeu trouble et semble s'être rapproché assez rapidement de la Résistance. Arrêté par Lafont en 1943, il sera déporté au camp de Mathausen où il aura une attitude exemplaire"


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Message Publié : 28 Juil 2006 6:17 
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Grégoire de Tours
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A préciser étant assez sur de ma source je vais faire quelques recucerches, et si je me trompe sur ce détail, je vous reconnaitrais volontier mon erreur.


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Message Publié : 28 Juil 2006 7:43 
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Grégoire de Tours
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So What a écrit :
obiwan kenobi a écrit :
Jo Attia, qui fut déporté en tant que juif et non en temps que résistant qu'il n'a pas été, eu en effet un comportement héroique durant son internement.

Je suis d'accord avec tout ce que vous racontez sauf sur ce point de détail: Joseph Brahim Attia n'était pas juif. Du moins, pas à ma connaissance.
Si j'en crois Grégory Auda dans "Les belles années du milieu 1940-1944" publié aux Editions Michalon en 2002:
"Attia, de son coté, avait commencé lui aussi par travailler pour les nazis. Il avait fait partie de la bande de la rue Lauriston en tant que membre de l'équipe de Charles Cazauba. Il était en particulier chargé de la distribution de faux tickets d'alimentation. Attia avait un temps travaillé avec le service de la rue Lauriston et aurait même donné un réseau de résistance à Lafont. Ses indications auraient permis l'arrestation d'une quinzaine de personnes. Cependant Attia menait lui aussi un jeu trouble et semble s'être rapproché assez rapidement de la Résistance. Arrêté par Lafont en 1943, il sera déporté au camp de Mathausen où il aura une attitude exemplaire"


Ce que vous dites est exact, comme la plupart des truands de la rue Lauriston, Joe Attia fut un collaborateur actif, mais il permit aussi, à certains résistants, surtout ceux qui avaient la bonne chance d'etre de ses amis dans la "carrefour de la grande de truanderie", de s'échapper.
En cela il n'eut qu'un comportement assez banal pour ce genre d'individus à cet époque.
La cause réelle de son arrestation est flou, car les agissement de double jeu étaient monnaies courantes, tous les truands notoires de la carlingues et de l'occupation, l'eurent, (Carbone , Spirito permirent le sauvetage d'Albert Einstein par exemple).
Je disais plus haut
Citer :

Les truands durant la l'occupation on eut des attitudes trés différentes et ambigues. En nombre égal ils choisirent la collaboration ou la résistance. Certains par pragmatisme,d'autres par réel patriotisme (car étonnement on peut etre gangster et patriote). Toutefois s'il y a une constante, c'est le soutien qu'ils s'apportèrent les uns aux autres, les truands-collabos protégeant dans la plupart des cas, grace à leurs contacts avec les Allemands, les truands-résistants. A la libération les truands de la résistance réintégrèrent leurs homologues collabos et les protégèrent de l'épurations.
Exemple: Spirito et Carbone qui collaboraient, ont protégés les Guérrini eux meme résistants, et ont favorisé le départ de nombreux juifs europeens depuis Marseille. Plus tard Antoine et Mémé Guérrini (devenu héros de la résistance, car il détruisit seul un char Allemand sur la Canebière, avec une grenade) permirent aux truands collaborateurs de se soustraire à la répression


Alors la déportartion de Joseph Brahim Attia était elle du à une quelconque judaité, qui l'aurait au moins fragilisé, dans ses rapports avec l'occupant, je le crois, pour en savoir plus quelque lectures :


ATTIA Nicole, Jo Attia mon père, Gallimard, 1974.

extrait:





Citer :
Jo Attia, mon père
Auteur(e) : Nicole Attia

La vie, toute la vie légendaire du dernier « caïd » du milieu, Jo Attia, forte tête mais bon coeur, sa fille, Nicole, la raconte, sans rien cacher. Ce n'est pas seulement la facilité et un trop heureux caractère qui lui firent choisir des expédients que la loi et la morale réprouvent. C'est aussi le manque de chance et la méchanceté de ceux à qui il eut affaire, dès ses premiers pas dans le monde.
Jo a été un enfant martyr, loué à des fermiers brutaux et sans scrupules. Il aurait pu être un grand boxeur, si sa carrière n'avait été brisée par des managers marrons. Il a connu les Bat' d'Af', les fameuses compagnies disciplinaires qui, du côté de Tataouine, n'étaient pas seulement l'enfer, mais l'école du vice et du crime. Il sut s'y faire respecter. Il s'y fit aussi un ami redoutable, Pierre Loutrel, qui devint Pierrot le Fou.

Puis il y eut l'Occupation, où tous les coups étaient permis. Si beaucoup de mauvais garçons se retrouvèrent du côté de la Gestapo de Bonny-Laffond, Jo Attia, lui, fut déporté comme résistant. À Mauthausen, sa bravoure, son intrépidité lui permettront de sauver bien des vies. Plus tard, au cours des nombreuses comparutions d'Attia devant la justice, il y aura toujours de grands résistants, des déportés pour témoigner du bien qu'il avait fait là-bas.

A peine les camps libérés, Jo recommence une joyeuse cavale, à travers l'Allemagne et la France, jusqu'à Paris, où il retrouve un jour Pierrot le Fou. C'est alors la folle aventure, menée à toute vitesse, du gang des tractions, un épisode unique dans l'histoire du banditisme. Les hold-up se succèdent à un rythme de folie, jusqu'au jour où Pierrot le Fou se blessera mortellement et sera clandestinement enterré par ses amis.

Un long chapitre présente un autre Jo Attia : l'agent secret qui, sur ordre, opère au Maroc et en Afrique noir. Partout où il passe, d'étranges troubles éclatent… Puis c'est la fin. Miné par la maladie, Jo veut finir en beauté, c'est-à-dire réussir le hold-up du siècle. Il échoue de peu, à Neuilly.

Chacun jugera comme il l'entend cette aventure où l'on voit un homme aller jusqu'au bout du possible. C'est en tout cas un témoignage unique sur une époque où le milieu se donnait encore pour rois des personnages hors série.
______



On appréciera au passage, la logique occultation par la fille de Jo Attia, de sa participation aux affaires de la rue Laurisson comme vous le précisez, et ou son role dans l'affaire Ben Barka, ou son "bon coeur" ne fut pas mis en évidence.

Je pense que Joe Brahim Attia, dut à sa condition d'isarélite au regard des lois vichystes et allemandes,d'etre fragilisé, et ne de pas avoir put poursuivre, durant la guerre, les activités de son meilleur ami Pierre loutrel dit "Pierrot le fou".

Cela n'empèche pas comme je l'ai dit que :



Citer :
[b]Joe Attia eu en effet un comportement héroique durant son internement, sauvant de nombreuses vies. Son adaptation à la vie concentrationnaire venait du fait que comme nombre de voyoux, il avait passé des années dans les terribles camps des Bats d'Afs (Les bataillons d'Afriques, battaillons disciplinaires destinés aux délinquants et autres fortes tetes, basés en Afrique du nord, fonctionnaient sur un mode quasi concentrationnaire). Cela n'empécha pas Jo Attia de retrouver joyeuseument à la libération Pierre Loutrel (ancien bats d'Afs lui-meme) dit Pierrot "le fou" et d'autres truands de ses amis, qui avait passé la guerre au service de la carlingue (officine travaillant comme auxiliaire de la guestapo). Il fondèrent ensemble le gang des tractions. Plus tard Jo Attio fut encore impliqué dans le ganstéro-politisme, dans l'affaire Ben Barka. Il travailla aussi au Maroc, avec Jo Renucci, pour les services secrets français contre le mouvement indépendantiste (organisation La main rouge).


Cela n'est abosulument pas en contradiction avec ce que dit le jeune doctorant Grégory Auda, auteur par ailleurs d'un "Bandits corses
De la pègre du maquis au grand banditisme" livre correct pour un néophyte, plus compil fidèle et assez bien docmentée, que livre réellment novateur sur la question.


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Message Publié : 29 Juil 2006 0:10 
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Plutarque
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J'avoue que le judaïsme d'Attia ne m'apparaît pas évident d'autant qu'il me semble qu'à Mathausen, il était parqué avec les résistants français (où il fit de précieuses rencontres avec de futures personnalités gaullistes, ce qui allait bien le servir dans sa "fructueuse" carrière. D'ailleurs je crois qu'il fut surnommé "le roi du non-lieu") et non avec les juifs, généralement destinés à l'extermination.
Mais ce n'est franchement qu'un détail par rapport au sujet de ce topic. Il serait, d'autre part, fort intéressant d'en ouvrir un sur l'affaire Ben Barka (si j'en ai le temps et retrouve mes documents, je m'y collerai dans le futur) qui conserve encore aujourd'hui toutes ses zones d'ombre.

Je pense que je ne vous apprendrais rien, vu votre culture étendue sur le sujet, que l'expression "Cosa Nostra" fut révélée pour la première fois au public par Joseph Valachi en 1962 quand celui-ci décida de devenir un informateur. Il parait que John Gotti utilisait les initiales LCN pour parler de l'organisation. J'ignore si cela est vrai ou pure légende...

Si, par ailleurs, vous avez de la littérature à conseiller sur ce sujet, je suis preneur... :wink:

Pour ma part, je peux toujours indiquer un lien (en anglais) où l'on trouve de nombreuses bios même si certaines peuvent être sujettes à caution:
http://www.crimelibrary.com/index.html


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Message Publié : 29 Juil 2006 5:44 
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Grégoire de Tours
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So What a écrit :
J'avoue que le judaïsme d'Attia ne m'apparaît pas évident d'autant qu'il me semble qu'à Mathausen, il était parqué avec les résistants français (où il fit de précieuses rencontres avec de futures personnalités gaullistes, ce qui allait bien le servir dans sa "fructueuse" carrière. D'ailleurs je crois qu'il fut surnommé "le roi du non-lieu") et non avec les juifs, généralement destinés à l'extermination.


Là nous avons un petit point de désaccord, que je ne pourrais pas pouvoir rapidement vous prouver, il me faudrait faire trop de recherches.
Pour autant, bien que son patronyme et son son prénom, semble l'indiquer, et avec mes souvenir, je persiste, mais ne signe pas, car comme toutes personnes, ayant une démarche historique, si l'on m'apporte la preuve du contraire je l'admedrais volontier.
La position qu' occupais en déportation, paradoxalment, certains juifs , pour peu qu'ils rendaient des services, ou bien qu'ils gardaient des réseaux d'amitiés, avec l'occupant, ce qui était le cas de Joseph Attia, avec ses amis de la carlingue (Piere Loutrel, Auguste Ricord).
Je salue quoiqu'il en soit le courage de Joseph Attia, dans cette épreuve, il est vrai, que les bat d'af français, était une bonne école de la survie en camp.
A vérifier de votre part comme de la mienne.


Citer :
serait, d'autre part, fort intéressant d'en ouvrir un sur l'affaire Ben Barka (si j'en ai le temps et retrouve mes documents, je m'y collerai dans le futur) qui conserve encore aujourd'hui toutes ses zones d'ombre.

je l'ai déjà rapidement évoqué plus haut avec les mémoires récente du commissaire Lucien Aimé Blanc, plus haut, mais effectivment, si cela vous interesse, on pourrait déveloper, car rarement le gangsterisme en France ne fut autant lié à l'histoire de France.


Citer :
Je pense que je ne vous apprendrais rien, vu votre culture étendue sur le sujet, que l'expression "Cosa Nostra" fut révélée pour la première fois au public par Joseph Valachi en 1962 quand celui-ci décida de devenir un informateur. Il parait que John Gotti utilisait les initiales LCN pour parler de l'organisation. J'ignore si cela est vrai ou pure légende...

c'est deux fait sont excat.



Citer :
Si, par ailleurs, vous avez de la littérature à conseiller sur ce sujet, je suis preneur... :wink:


Donnez moi des questions précises, je vous éviterez eles compilations, parfois bien faites, mais nullement novatrices et interressantes

Merci pour votre lien.


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Message Publié : 29 Juil 2006 5:45 
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Grégoire de Tours
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Pour commencer sur l'affaire Ben Barka :






Citer :

--------------------------------------------------------------------------------

Dans le cadre relation entre la grande criminalité et le pouvoir politique une vieille histoire politico-mafieuse refait surface :

EXPRESS a écrit:

L'Express du 13/04/2006
Affaire Ben Barka
Le pouvoir savait

par Jean-Marie Pontaut

Des rapports d'écoutes ont été rédigés pour le ministère de l'Intérieur quelques jours avant l'enlèvement de l'opposant marocain, à Paris, le 29 octobre 1965. Publié par l'ancien commissaire Lucien Aimé-Blanc, ce document prouve que les services de police ne pouvaient ignorer que quelque chose se tramait. Cette pièce inédite s'ajoute à ce dossier qui, à ce jour, n'a toujours pas été refermé

Le général de Gaulle avait voulu clore l'affaire Ben Barka, lors de sa conférence de presse du 21 février 1966, par cette phrase, demeurée célèbre: «Du côté français que s'est-il passé? Rien que de vulgaire et de subalterne. Rien, absolument rien, n'indique que le contre-espionnage et la police, en tant que tels et dans leur ensemble, aient connu l'opération, a fortiori qu'ils l'aient couverte.» Le message était clair: l'Etat français n'est en rien impliqué dans l'enlèvement - suivi du meurtre - de l'opposant marocain à Paris le 29 octobre 1965. Les Français mêlés à cette sale affaire, policiers ou agents des services spéciaux, n'avaient jamais prévenu leur hiérarchie de cette opération montée par les autorités marocaines.


Officieusement, le Général se montrait pourtant beaucoup plus réservé quant à cette version, ainsi que le montre le compte rendu du Conseil des ministres du 19 janvier 1966, rapporté bien plus tard par Alain Peyrefitte, avec un chef de l'Etat assez énervé. «Il tapait sur la table», raconte Peyrefitte - lançait au ministre de l'Intérieur, Roger Frey: «Je parle des services de police. Il y a des choses peu claires, des complicités. Je ne l'admets pas…» Frey, qui tente de soutenir ses hommes, est rembarré: «N'insistez pas sur vos policiers. Ils n'ont pas trouvé très vite. Ils étaient paralysés par le copinage. Ils sont restés entre le zist et le zest.» Frey savait sans doute très bien ce que voulait dire le Général.


Le livre d'un ex-grand flic, Lucien Aimé-Blanc, ancien as de la police judiciaire, apporte en effet des éléments inédits sur cette affaire, qui représente le plus gros scandale des débuts de la Ve République (1). Jusqu'ici, rien n'établissait que des responsables policiers de haut niveau avaient été informés de la préparation de ce rapt. Or Aimé-Blanc publie des extraits d'écoutes téléphoniques réalisées du 21 septembre au 23 octobre 1965 - la dernière date donc de six jours avant l'enlèvement de Ben Barka - et qui ne laissent aucun doute sur le projet des ravisseurs.


Ces «orions» (abréviation d'oreillons), comme on les appelait à l'époque, avaient été placés par un service du ministère de l'Intérieur travaillant directement sous la direction de Roger Frey. Le ministre avait d'ailleurs imposé son responsable, un ancien de la lutte anti-OAS, à la police judiciaire.


Pour bien comprendre ce document, il faut se replonger dans les méandres de l'incroyable histoire Ben Barka. De plus, L'Express a retrouvé des témoins, qui commentent ces révélations et restituent le climat de l'époque.


Le 29 octobre 1965, le leader de l'opposition marocaine, tiers-mondiste militant, doit déjeuner chez Lipp, boulevard Saint-Germain, avec le cinéaste Georges Franju pour préparer un film sur la décolonisation, qui devait s'intituler Basta!


En réalité, ce rendez-vous est un piège pour attirer Ben Barka à Paris. Il a été monté par un journaliste, Philippe Bernier, et surtout par un personnage interlope, Georges Figon. Ce fils de famille dévoyé fréquente les milieux intellectuels. Il est lié avec Georges Franju et Marguerite Duras, associée au projet du film. Mais Figon a une autre face: ancien taulard, surnommé «Lunettes» dans ce milieu, il travaille pour une bande de truands qui ont été recrutés par les services marocains. Plusieurs autres personnes participent à l'opération. Antoine Lopez, le chef d'escale d'Air France à Orly, par ailleurs correspondant du Sdece (le service de renseignement français) et très lié aux Marocains. C'est lui qui accueillera Ben Barka à l'aéroport et préviendra les ravisseurs de son arrivée.


Pour que l'enlèvement se fasse en douceur, et sans esclandre, Lopez fait appel à deux de ses amis, des policiers de la Brigade mondaine, Louis Souchon et Roger Voitot. Ils sont responsables de la section antistupéfiants de la préfecture de police, qui comprend, alors, sept enquêteurs! Un pseudo-diplomate, en poste à l'ambassade du Maroc à Paris, Ghali el-Mahi, participe également à la préparation du rapt.


A 12 h 30, ce vendredi 29 octobre, les deux inspecteurs interpellent donc Ben Barka boulevard Saint-Germain et lui demandent de les suivre pour «rencontrer un responsable français». Le leader du tiers-monde, qui se croit en sécurité à Paris, demande à voir leur carte professionnelle. Rassuré, il les suit en toute quiétude. Les policiers l'embarquent à bord d'un break 403 noir équipé d'un téléphone (voir le récit d'Aimé-Blanc) et le conduisent à Fontenay-le-Vicomte (Essonne) dans la villa d'un redoutable truand, Georges Boucheseiche, dit «Jo».


Cet ancien lieutenant de Pierrot le Fou, proche de la «carlingue» (gestapo française pendant la guerre), s'est recyclé dans le proxénétisme. Il possède un bordel rue Blondel. Sa femme est associée avec Lopez dans un hôtel de passe rue du Montparnasse et le couple possède plusieurs établissements au Maroc, dont le Bel Abri, à Casablanca, et le Sphinx, à Mohammedia. Il fréquente aussi une maison de rendez-vous, avenue Niel, qui apparaît dans les écoutes. De plus, «monsieur Jo» donne à l'occasion un coup de main aux services parallèles, les fameux barbouzes, qui combattent l'OAS. Il a participé, par exemple, à l'enlèvement, en Allemagne, du colonel Argoud, pour le déposer dans un coffre de voiture devant la cathédrale Notre-Dame de Paris. Toute la bande de Jo, composée de Jean Palisse, de Pierre Dubail et du tueur de l'équipe, André Le Ny, 1,90 mètre pour 110 kilos, attend Ben Barka dans la villa. Le leader marocain est enfermé dans une chambre au premier étage. Le lendemain, le ministre de l'Intérieur de son pays, le général Oufkir, débarque en personne à Fontenay. Que se passe-t-il alors? Ben Barka est-il tué accidentellement par l'un des voyous? Oufkir l'a-t-il torturé à mort? Il semble pourtant que l'enlèvement n'ait pas été destiné a priori à assassiner l'opposant tiers-mondiste. Il s'agissait peut-être de le «neutraliser» pour négocier les conditions de son retour à Rabat. Une hypothèse qui ne plaisait certainement pas à Oufkir. En tout cas, personne ne reverra Ben Barka vivant et son corps ne sera jamais retrouvé. Cette disparition tourne à l'affaire d'Etat lorsque L'Express publie, le 10 janvier 1966, le récit d'un témoin de l'enlèvement, sous le titre: «J'ai vu tuer Ben Barka». Ce membre de l'équipe affirme que l'opposant marocain aurait été transporté et tué dans la cave de la villa de Lopez, à Ormoy (Essonne).


La bande de voyous parviendra à s'enfuir au Maroc, où Boucheseiche continuera ses activités «bordelières», avant d'être exécuté avec deux de ses complices, pour avoir participé à un complot contre le roi Hassan II! Lopez, Souchon et Voitot seront, eux, arrêtés et condamnés en France. Mais, on l'a vu, l'affaire ne remontera pas plus haut. Roger Frey, couvert par le général de Gaulle, niera toute implication officielle. Une version démentie par les révélations de l'ex-commissaire Aimé-Blanc. Les comptes rendus d'écoutes de la résidence Niel, l'hôtel de passe où habitait l'un des voyous, sont sans ambiguïté (voir le document). L'équipe craint d'ailleurs que les services marocains n'interviennent lors de l'arrivée du leader marocain à Paris.


Reste à savoir d'où viennent ces écoutes, qui en a eu connaissance et pourquoi personne n'a réagi? Aimé-Blanc raconte d'abord, dans son livre, comment il a failli participer à l'enlèvement de Ben Barka. Et, ensuite, dans quelles circonstances il a découvert ces «orions».

Le récit de Lucien Aimé-Blanc

Ce vendredi 29 octobre 1965, j'étais dans mon bureau en train de lire les dépêches du jour, lorsque l'inspecteur principal Louis Souchon, chef du groupe des stupéfiants, et son adjoint Roger Voitot, un jeune inspecteur, pénètrent dans la pièce.


- Bonjour, Lucien. Dis donc, on doit interpeller un bic (sic) au drugstore Saint-Germain. J'ai besoin du break. J'étais responsable du pool de véhicules de la brigade, et je conservais les clefs et les papiers dans mon tiroir. Les formalités étaient très simples: je notais dans un cahier le nom du responsable du groupe qui empruntait la voiture, le jour et l'heure, ainsi que l'intitulé de la mission. Je leur affectai un break 403 noir qui servait généralement à ramasser les prostituées pendant les rondes. (…)


- Vous me le rapportez quand?


- On en a besoin pour la journée, je te le ramène en fin d'après-midi.


- C'est bon.


- Si ça t'intéresse, tu peux venir avec nous. On se fera une bonne bouffe après.


C'était tentant: Souchon avait l'habitude d'inviter ses collègues dans des restaurants gastronomiques; mais j'avais rendez-vous, par bonheur, ce jour-là, avec une fille de la rue Godot-de-Mauroy! Je préférais d'autres plaisirs à ceux de la table! Bien m'en prit.


- Non, non merci. Ce sera pour une autre fois. Souchon rafla les papiers et s'en fut. Le jour même, devant le drugstore Saint-Germain, Souchon et Voitot embarquaient dans le break noir Mehdi Ben Barka, principal opposant au roi du Maroc et leader du mouvement tiers-mondiste.» (…) Quelques mois plus tard, après avoir été entendu par l'IGS (la police des polices), Aimé-Blanc est mis hors de cause et affecté à la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), une promotion, puisque cette nouvelle brigade - surnommée «antigang» - va révolutionner l'enquête policière en pistant les gangsters connus avant qu'ils ne passent à l'acte…


«En fouillant dans les papiers de la BRI, écrit-il, je tombai par hasard sur une liasse de transcriptions d'écoutes téléphoniques, oubliée là, volontairement ou pas.» Le jeune commissaire est évidemment intrigué par leur contenu, mais aussi par leur présentation: ces comptes rendus d'écoutes manuscrits (les bandes étaient effacées très vite) étaient faits sur du papier glacé, au lieu du papier pelure habituel. Aimé-Blanc les recopie alors lui-même (voir le document). Ces écoutes étaient branchées à la Résidence Niel, un hôtel de rendez-vous du XVIIe arrondissement. «Cet établissement, d'un certain luxe, raconte-t-il, était tenu par un bordelier bien connu de la Mondaine, Marius Châtaignier. Elles avaient été demandées par la BCDRC (Brigade centrale de recherches criminelles), un service installé au ministère de l'Intérieur, 11, rue des Saussaies. La BCDRC était dirigée par un commissaire divisionnaire, un ancien de la DST, impliqué activement dans la lutte anti-OAS et placé à ce poste directement par Roger Frey, ministre de l'Intérieur. Je fus stupéfait en lisant ces écoutes de constater que la Résidence Niel était le lieu de résidence habituel de ceux qui furent ensuite identifiés comme les ravisseurs de Ben Barka (…) Ces écoutes ne seront transmises à la BRI que lorsque l'affaire aura éclaté et que les truands se seront dissipés dans la nature. Elles resteront dans les archives, sans être communiquées au juge Zollinger, chargé de l'instruction.

Pourquoi a-t-on laissé faire?

Intrigué par cette lecture édifiante, je fis une copie de ces écoutes administratives, répertoriées sous la référence “Orion 113”, et restées inconnues jusqu'ici.» Pour en savoir plus, L'Express a retrouvé l'ancien n° 2 de cette fameuse BCDRC, Claude Bardon, un jeune commissaire de la PJ à l'époque, qui avait atterri là un peu par hasard et fit ensuite une brillante carrière. «Ce service avait été créé en 1964, à la demande de Roger Frey lui-même, par un ancien responsable de la DST, le commissaire Boué-Lahorgue, qui s'était illustré dans la lutte anti-OAS. Il avait participé, entre autres opérations, à l'arrestation d'André Canal, l'un des chefs historiques de l'armée secrète. L'idée du ministre était sans doute d'appliquer les méthodes anti-OAS à la lutte contre le banditisme. Il s'agissait aussi de contrecarrer la BRI, créée par François Le Mouel à la préfecture de police, et qui était très efficace. Ce sera un échec complet. Boué-Lahorgue n'avait aucune expérience du banditisme et il était complètement rejeté par la PJ. Je n'ai jamais eu connaissance de ces écoutes concernant l'affaire Ben Barka, mais Boué-Lahorgue avait conservé une partie confidentielle, composée d'affaires réservées dont il rendait compte directement à Roger Frey, et qui m'échappait. J'avais juste appris, par exemple, qu'il continuait à rechercher Sergent, l'un des responsables de l'OAS en fuite.»


Très rapidement, Boué-Lahorgue est en effet remplacé par un vrai spécialiste de la PJ, le commissaire Bellemin-Noël. C'est peut-être lui qui a transmis, innocemment ou non, ces écoutes à la BRI du Quai des Orfèvres. Son patron de l'époque, François Le Mouel, contacté par L'Express, ne se rappelle rien. «Je n'ai jamais, bien sûr, été informé avant l'enlèvement de Ben Barka, explique-t-il aujourd'hui. La BRI n'a d'ailleurs pas suivi du tout cette affaire et je n'ai strictement aucun souvenir d'avoir reçu ou lu ces écoutes.»


L'affaire remonte maintenant, il est vrai, à plus de quarante ans, mais le dossier reste ouvert au tribunal de Paris. Un juge d'instruction a même eu très récemment quelques démêlés avec les autorités marocaines en tentant d'aller enquêter à Rabat…


Ces écoutes prouvent, en tout cas, que le ministre de l'Intérieur - au moins - savait qu'une mauvaise action se préparait contre Ben Barka. En outre, les doubles de ces écoutes étaient automatiquement transmis au cabinet du Premier ministre de l'époque, Georges Pompidou. Pourquoi a-t-on laissé faire? C'est la nouvelle énigme de l'affaire Ben Barka…


L'Indic et le commissaire, Plon, 242



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Message Publié : 29 Juil 2006 5:48 
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Xavier Raufer, professeur de criminologie.

Le grand réveil des mafias (2003)
La guerre ne fait que commencer (2002)
L'explosion criminelle (2002)
Entreprises : les 13 menaces du Chaos mondial (2000)
La Mafia albanaise (2000)
Le crime organisé (2000-2003)
Trafics et crimes en Asie du Sud-Est : le Triangle d'Or (1998)
Dictionnaire Technique et Critique des Nouvelles Menaces (1998)
Violences et Insécurité Urbaines (1998-2003)
Les superpuissances du crime, enquête sur le narco-terrorisme (1993)
Le Chaos balkanique (1992)


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Message Publié : 29 Juil 2006 5:51 
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Machines à sous illégales et criminalité Imprimer
Article extrait du Cahier Espaces n°70
de Xavier Raufer, Stéphane Quéré
Editions ESPACES - septembre 2001 - 4 pages
3.00 euros
Mettre dans mon panier

Il existe près de 6 000 machines illicites en France en 1999. Ce qui représente un pactole de plus de 2 milliards de francs qui défile entre les mains d'un crime organisé n'acquittant ni taxes ni impôts.
Mots clés :
casino, casinos, jeu, jeux, machine à sous, machines à sous, criminalité


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Message Publié : 29 Juil 2006 5:53 
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ALAIN BAUER


Président-directeur général de AB Associates, société de conseil en sécurité groupant une dizaine de consultants associés.

Il assure, depuis 2003, la présidence du conseil d'orientation de l'Observatoire national de la délinquance.

Il fut, de 1988 à 1990, conseiller auprès du premier ministre, Michel Rocard.

Il est actuellement membre du conseil d'administration de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).[1]

Il enseigne aux universités de Paris I, II et V (Sorbonne), ainsi qu' au Centre d'Études Supérieures de la Gendarmerie Nationale, à l'École Nationale de la Magistrature, et à l'École Nationale Supérieure de Police. Il dispense également des cours à l'étranger.

Il a une formation de Juriste (Droit Public et Constitutionnel, Science politique) et a rejoint l'Institut de Criminologie après avoir enseigné à l'IEP de Paris.

Ancien Grand Maître du Grand Orient de France de 2000 à 2003. Conseiller de l'Ordre et adjoint de Philippe Guglielmi de 1996 à 1999.

Auteurs d'une vingtaine d'ouvrages sur la criminalité et d'une dizaine sur la franc-maçonnerie.

Il intervient régulièrement dans les medias sur des domaines touchant à la criminologie ou à la franc-maçonnerie.

Il est membre laïque du Conseil de Direction de l'Institut d'Etudes des Sciences du Religieux (IESR).

Récupérée de « http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Bauer »


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Message Publié : 29 Juil 2006 5:59 
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Jacques Follorou, Le retour de la mafia corse, dans Le Monde, 22 mai 2006

Les Parrains corses
Jacques Follorou, Vincent Nouzille
éd. Fayard

573 pages
23 €
150,87 FF
Image

Description du produit Amazone

Présentation de l'éditeur
Le sujet est tabou. II embarrasse les gouvernements, les élus, les magistrats et les policiers. II terrorise des citoyens confrontés à une menace latente. Le milieu corse constitue, en effet, un pouvoir occulte et redouté. En Corse, où il fonctionne comme une véritable mafia. Sur le continent, où il domine le grand banditisme. Et a l'étranger, où il n'a cessé de s'activer. Retraçant l'histoire des " parrains corses " depuis plus de sept décennies, grâce à des archives inédites, des documents confidentiels et des centaines de témoignages, les auteurs de ce livre révèlent l'essor continu d'un système criminel plus puissant qu'il ri y paraît. De 1930 à 1980, les parrains corses ont prospéré, entre Marseille et Paris, grâce à une solidarité clanique, des activités diversifiées, une violence rare, une implantation internationale et de solides appuis politiques. Les caïds corses ont dirigé la French Connection, filière française de l'héroïne, qu'il faudrait rebaptiser Corsican Connection. Ils ont été mêlés à la plupart des grands événements de l'histoire du pays, dans les coulisses de tous les pouvoirs, bénéficiant souvent de protections hors du commun. Au début des années 80, le milieu corse a connu un tournant historique en se repliant sur son île natale. Les parrains ont profité du paravent créé par l'activisme des nationalistes. Aujourd'hui, ils contrôlent un territoire sur lequel ils imposent leur loi. Ils exercent une pression constante sur les élus locaux et gangrènent l'économie insulaire. Ils tiennent à distance l'appareil judiciaire et policier. Ils ont des amis haut placés...

Biographie de l'auteur
Jacques Follorou est journaliste au Monde. Vincent Nouzille est journaliste indépendant, après avoir été grand reporter à l'Express





tiré de l'Express :

Jacques Follorou et Vincent Nouzille ont retracé l'histoire des Parrains corses. Ils expliquent comment ces derniers ont étendu par étapes leur emprise à toute l'île

Votre ouvrage constitue une véritable encyclopédie du milieu corse, une histoire détaillée de ses mythiques parrains. Comment commence cette épopée du banditisme?
Les parrains corses ont tenu le haut du pavé du banditisme français depuis le début des années 1930. Mais ils n'étaient pas considérés comme des mafieux, au sens sicilien. En revanche, depuis la fin des années 1970, avec la naissance d'un groupe baptisé «la Brise de mer», ils réunissent les principales caractéristiques d'une mafia. A savoir une structure organisée, un sanctuaire géographique, une emprise sur la démocratie locale, la gangrène de l'économie et l'impunité par rapport aux machines judiciaire et policière. Notre livre est d'abord destiné aux Corses. Ils sont victimes d'un paradoxe: pendant des années, l'île a été asphyxiée par la pauvreté. Or, à partir des années 1980, l'argent a commencé à arriver, ne serait-ce que par la solidarité du continent. Mais, au moment où la Corse pouvait se développer et coller à sa spécificité culturelle, économique et politique, les voyous s'installaient à demeure sur l'île. Aujourd'hui, celle-ci est étouffée par le pouvoir du milieu.

«Les voyous et les "natio" constituent deux pouvoirs en Corse»


Il existe, selon vous, deux époques dans l'histoire du milieu insulaire. La première, où les parrains prospèrent à l'extérieur, et la seconde, où ils s'établissent en Corse, corrompant la société locale. Pourquoi les Corses réussissent-ils dans le banditisme?
Ce sont des exilés d'une île pauvre et trop souvent conquise, habitués à définir leurs propres règles. Ils s'installent dans les colonies, aux quatre coins du monde, et ont des capacités à jouer les passeurs. Ils prennent aussi pied dans un port, Marseille, première ville corse de France, et se lancent dans le proxénétisme. Carbone a été le premier grand parrain. C'est un ancien marin des Messageries qui a fait la guerre de 14. Proxénète, il s'allie avec un Italien, Spirito, né à Marseille. L'Italien et le Corse, c'est l'alliance magique de deux mentalités. Ils vont vite comprendre que, pour gérer la prostitution, le racket, le trafic de parmesan et de cigarettes, il faut une assise politique. Ils se lient à un adjoint au maire de Marseille, Simon Sabiani. Seulement, pendant la guerre de 40, Spirito et Carbone choisissent le camp de la collaboration. En face d'eux, leurs amis, les Guérini, ont pris l'option de la Résistance. Ces derniers vont profiter de la mort de Carbone, en 1943, et de la fuite de Spirito et de Sabiani en Amérique. Les Guérini, après guerre, se mettent dans les rangs de la SFIO et forment les gros bras pour les campagnes électorales.

Vous décrivez ensuite dans le détail les étapes de la fameuse French connection.
En réalité, ce qu'on a appelé la French connection était une Corsican connection: toute la filière française de l'héroïne était tenue par des Corses, selon les archives que nous révélons. Les Américains et les Français l'ont su dès le début des an-nées 1950. Mais elle a prospéré pendant vingt ans, avant qu'on s'y attaque sérieusement.

Pourquoi?
Parce que la législation ne punissait que de cinq ans de prison le trafic de drogue. Il faudra attendre la loi de 1970 pour obtenir des peines plus sévères. Mais aussi parce que les Corses ont des amis gaullistes au pouvoir - un conseiller du ministre de l'Intérieur, par exemple. Et puis, en 1969, Nixon écrit à Pompidou, qui vient d'être élu, et lui dit que ça ne peut plus durer. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Raymond Marcellin, qui n'est pas gaulliste, expédie des policiers à Marseille. Quelques figures du milieu tombent alors, dont Jean-Baptiste Croce. Ce «diplomate» de la Corsican connection avait navigué de La Havane à Palerme, en passant par le Canada. A ce moment-là, certains parrains prennent des coups; d'autres s'éloignent de la drogue ou se mettent en cavale. C'est le cas d'un personnage central, Jean-Jé Colonna.

Jean-Jé Colonna apparaît dans votre livre comme l'incarnation même du parrain...
C'est un homme charnière. Il est d'abord l'héritier du système marseillais, de la «French Corsican connection». Il y a fait ses armes. En cavale pendant dix ans, il s'appuie sur cette fameuse diaspora corse qui permet à un parrain ou à un truand corses de vivre tranquillement pendant des années à l'étranger. «Jean-Jé» incarne ensuite la nouvelle époque, le repli sur l'île. Pour le comprendre, il faut mettre des lunettes spéciales. Jean-Jé n'est pas un parrain à la mode sicilo-américaine. Il est surtout un chef de clan. Le lien de dépendance avec son entourage est plus compliqué. Quand il parle de ses amis, il existe trois degrés de dépendance: il y a l'ami d'enfance, l'ami du même village et l'ami tout court! Des liens d'obligeance qui tiennent aux services rendus. Sa situation judiciaire est aussi particulière. Il a été condamné en première instance, mais n'a pas été jugé en appel. Cette bizarrerie - l'action publique est prescrite - lui a permis de rentrer tranquillement chez lui après sa cavale.

Comment un tel dysfonctionnement est-il possible?
La question reste ouverte... On ne peut rien dire de plus, sauf qu'on sait que les parrains ont des relais au sein de la machine de l'Etat, de la police et de la justice.

Nous arrivons à la période charnière, celle où le banditisme change de nature. Vous l'attribuez à la création de la bande de la Brise de mer.
Cette bande a été constituée par un groupe de jeunes, à la fin des années 1970, qui a scellé un pacte, suffisamment puissant pour qu'il tienne jusqu'à aujourd'hui. Ils étaient neuf ou dix, pas plus. Nous donnons leurs noms. La Brise de mer, à l'origine, est un bar qui donne sur le Vieux-Port, à Bastia, et qui est tenu par Antoine Castelli, un petit caïd local. Le point fort de ce groupe tient d'abord à l'indéfectible solidarité de ses membres. Seconde règle: l'organisation ne délègue jamais. Ses membres font parfois appel à des gens extérieurs, mais ils contrôlent toujours leurs coups de A à Z. Le braquage «fondateur», c'est le casse du Crédit lyonnais, qui se déroule un week-end de Pâques 1982, à Bastia.

Autre épisode décisif: le procès de Dijon. Un procès qui fait suite au meurtre de Daniel Ziglioli, assassiné en 1982, lors de la lutte qui oppose les anciennes équipes de Haute-Corse aux jeunes de la Brise de mer. Les présumés tueurs sont arrêtés, mais le procès est dépaysé à Dijon pour empêcher les pressions. Finalement, les trois prévenus sont acquittés. On sait aujourd'hui que l'avocat général, le président et des jurés ont été «appelés». Cet acquittement est apparu en Corse comme la preuve de l'impunité de la Brise de mer. L'équipe passe alors à l'échelon supérieur. Le 25 mars 1990, elle braque une succursale de l'UBS, à Genève. Un coup qui rapporte 120 millions de francs!

Quelles sont les relations entre les membres de la Brise de mer et les nationalistes, dont le mouvement naît à peu près à la même époque?
C'est une question délicate. Les voyous et les «natio» constituent en Corse deux pouvoirs qui ont délimité leur territoire. Selon nos informations, la Brise a passé, au milieu des années 1980, un pacte avec les «politiques». «Si un problème survient, on le jouera à la sicilienne, c'est-à-dire qu'on ira chercher vos enfants et vos femmes.» Cet équilibre s'est bien incarné dans l'affaire des fourgons. A partir du moment où les nationalistes ont investi dans la sécurité privée, notamment dans le transport de fonds, les fourgons n'ont plus jamais été attaqués!

Et quels liens existent entre la Brise de mer et les élus?
Pour les évoquer, nous nous appuyons à la fois sur des affaires judiciaires et sur des rapports de magistrats, en particulier celui de Bernard Legras, ancien procureur général à Bastia. En 1986, par exemple, les policiers enquêtent sur le Challenger, une boîte de nuit de Balagne. Apparaissent alors, via des écoutes téléphoniques, des conversations entre le frère d'un des piliers de la Brise de mer, Dominique Rutily, et l'ancien maire de l'Ile-Rousse, Pierre Pasquini. Dans le même temps, la police découvre que deux voyous arrêtés en flagrant délit pour tentative de braquage et qui devaient visiter des familles pour les convaincre de «bien voter» étaient des «agents électoraux» de Pierre Pasquini.

Autre élément: dans son rapport, Bernard Legras écrit qu'il a rencontré un élu important de la Haute-Corse qui lui a parlé, à propos de la Brise de mer, de la nécessaire réinsertion des délinquants. La citation est anonyme. Seulement, en remettant son rapport, en 2000, le magistrat a annexé la liste des noms de personnes citées anonymement... Nous découvrons ainsi que cet élu n'est autre que Paul Giacobbi, président du conseil général de la Haute-Corse. Nous n'en concluons rien; nous constatons.

Comment les politiques corses «cohabitent» -ils avec la Brise de mer?
Aujourd'hui, au sein de la collectivité territoriale, près de 80% des élus, lorsqu'ils prennent une décision, tiennent compte de la sphère d'influence de la Brise de mer, du milieu en Corse-du-Sud et des nationalistes. Cela ne signifie pas que tous les élus soient liés à ces divers groupes. Mais leur poids est tel qu'un élu honnête et intègre, aujourd'hui, en Corse, doit forcément prendre en compte les intérêts des voyous et des nationalistes.

Ce que vous dites signifierait que le système mafieux a gagné en Corse et qu'il contrôlerait le système économique...
Il est devenu très difficile, voire quasi impossible, de faire des affaires en Corse en négligeant l'influence des voyous ou de leurs affidés, même pour installer, à Bastia, une modeste baraque à frites.

Comment peut-on changer cette situation?
es premières victimes, il faut le répéter, sont les Corses. Pour qui connaît et aime cette île, il règne là-bas une peur diffuse. On peut même parler d'un climat de terreur. Et cela quel que soit le milieu auquel on appartient. Notre livre est aussi un appel à l'aide pour sauver la Corse.


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Message Publié : 29 Juil 2006 6:08 
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Pour les curieux taper "Brise de mer" sur google :

http://www.investigateur.info/affaires/ ... utily.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Brise_de_mer_(mafieux)


http://www.investigateur.info/affaires/ ... demer.html


http://www.surlering.com/pdf.php/id/4387

http://www.senat.fr/rap/l99-069/l99-0694.html

Citer :
Un ancien responsable préfectoral a décrit comme suit à la commission ces activités du grand banditisme durant les toutes dernières années :

" La Brise de mer, une association de malfaiteurs de la Haute-Corse, dispose d'un patrimoine dont l'évaluation est délicate mais qui se situe entre 800 millions de francs et 1 milliard de francs. Il est constitué du produit de vols à main armée très importants, dont le Crédit Lyonnais en 1980 et l'Union des banques suisses en 1990, pour un butin à chaque fois équivalent ou supérieur à 1 milliard de francs. Cet argent est blanchi sur place, utilisé dans l'acquisition d'établissements de nuit, de bars, de machines à sous. Nous le retrouvons également dans des casinos et cercles de jeux en Afrique et en Italie ".







Citer :
en 1994 par le procureur général de Bastia, M. Christian Raysséguier, lors d'une réunion franco-italienne sur le crime organisé :

:

" La Corse ne paraît donc pas être, sauf de très rares exceptions, une terre de repli, de refuge de mafieux fuyant l'action policière et judiciaire de leur pays. Il existe en Corse un milieu corse suffisamment organisé, actif et puissant pour ne pas laisser directement agir sur son territoire les organisations criminelles étrangères à l'île.

En clair, et de façon caricaturale, la Corse n'a pas besoin de la mafia sicilienne, calabraise ou napolitaine, elle a la sienne !

Est-il besoin de rappeler que si la population de toute l'île ne représente à peine plus de 0,50 % de la population française, 20 % des individus inscrits au fichier national du grand banditisme se trouvent ou sont originaires de l'île de Beauté ! ".



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Message Publié : 29 Juil 2006 6:16 
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Lire le livre du vieux parrain François Marcantoni (monsoeur François)pour le milieu de l'aprés guerre : ami de Delon et Belmono, Aznavour , Michou Régine,Andé Pousse et bien d'autres.


Image


http://andrepousse.free.fr/Pigalle.htm




Citer :
lunettes noires, chemises à rayures à ses initiales, lorsqu’il pénètre dans cette brasserie des Ternes, les serveurs lui donnent du « Monsieur Marcantoni », le maître d’hôtel s’écarte sur son passage. Pour un peu, on se croirait chez Scorsese.
Originaire d’Alzi, en Corse, il s’est engagé dans la Résistance, fut torturé par la Gestapo. A la Libération, il détrousse d’anciens collabos et monte le cabaret Les Calanques, rue Quentin-Bauchart, avec le frère de Tino Rossi. Il tâte aussi du braquage, dit avoir fait partie du gang des tractions avant. Proche du SAC, il joue les agents électoraux : « J’ai assuré le service d’ordre pour la campagne de Robert Hersant dans l’Oise », dit-il entre deux bouffées de Montechristo. Marcantoni le facétieux qui, lorsqu’un jour un inspecteur de police lui enjoint de se tenir à carreau, revient le lendemain au commissariat avec une chemise à carreaux. En 1969, il est soupçonné du meurtre de Markovic, avant d’obtenir un non-lieu sept ans plus tard. A 73 ans, il retournera en prison suite à une affaire de tableaux volés. Quartier VIP, en compagnie du préfet Bonnet et de Bob Denard.
Aujourd’hui, Marcantoni dit avoir des occupations de retraité : Loto, tiercé, théâtre. Mais fustige avec morgue le gangstérisme actuel : « Avant, il y avait un code d’honneur. Une morale. Des règles. Quand les flics faisaient une descente, ils n’avaient pas besoin de gilets pare-balles. Aujourd’hui on tire au bazooka sur les convoyeurs. » Les truands, aussi, sont nostalgiques… Vincent Monnier


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