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Les mafias http://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=50&t=7560 |
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Auteur : | So what [ 29 Juil 2006 22:39 ] |
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Superbe galerie de portraits Obiwan ! |
Auteur : | Obiwan Kenobi [ 30 Juil 2006 1:26 ] |
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Prochainement je poursuis aves les irlandais O'bannion, Bugs Moran, Owney Madden. Puis les mafieux purements Italiens, et surtout je ferais une belle galerie des gansters français, vous ne m'en voudrez pas de ne mettre que les connus reconnus et défunts.(on fait de l'histoire, pas de l'investigation) Car quand les affaires sont finis, d'autres affaires reprennent aussi sec. on ne parlera avec surprises dans 20 ans,ici meme peut etre Les petites histoires de l'histoires qui sont souvent bien surprenantes et importantes, elles touchent des gens au dessus de tout soupçons, heureusement l'histoire finit toujours par se savoir plus ou moins. |
Auteur : | Obiwan Kenobi [ 30 Juil 2006 9:10 ] |
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Au cours des soixante-dix dernières années, les gangsters corses ne se sont pas contentés «d'occuper le haut du pavé du crime (...) à Marseille et à Paris». Jacques Follorou et Vincent Nouzilles, les auteurs des Parrains corses, estiment qu'ils se sont «hissés au rang d'autres grandes organisations criminelles internationales». Aussi, à défaut d'avoir pu accéder aux archives du ministère de l'Intérieur, les deux journalistes ont dû alimenter leur documentation en prospectant, notamment, les archives américaines. CIA, DEA, Bureau des narcotiques et même la bibliothèque du Congrès regorgent, semble-t-il, de rapports et de pièces traitant du sujet. Dès les années 30, Carbone et les Guérini se disputent le port de Marseille, trottoirs et docks, tout en prêtant leurs troupes aux ténors de la politique phocéenne. Les putes assoient leur réputation, la drogue qui explose déjà aux Etats-Unis emplit leur cagnotte. Mais ils ne dédaignent pas des activités plus pittoresques, du trucage des matchs de boxe au trafic de parmesan, lorsque, pour cause de guerre somalienne, l'Italie du Duce est boycottée par la France du Front populaire. Durant la guerre, bien des voyous vont rejoindre le sinistre 93, rue Lauriston, siège de la Gestapo : «pillage des biens juifs (...), chasse aux patriotes, lutte contre les maquisards étaient les moindres actions de cette équipe de tueurs à la solde des Allemands qui les chargeaient des hautes et des basses oeuvres de leur justice : enlèvements, exécutions, disparition des traces des crimes», selon une note récupérée par les auteurs dans les archives de la préfecture de police. Quelques Corses, dont Joseph Orsini, dit «le Sanguinaire» et qui deviendra, après guerre, un des piliers du trafic de drogue, sont de la partie. Des résistants corses tentent d'abattre Carbone. La tentative échoue. Lorsqu'il est tué dans le déraillement d'un train saboté par la Résistance, l'ambassadeur allemand Otto Abetz assiste aux funérailles, aux côtés de Mistinguett éplorée quand «Tino Rossi entonne l'Ave Maria de Gounod et l'Ajaccienne». Le clan des Guérini, lui, prend part à la Résistance. «Ainsi», écrivent Follorou et Nouzilles, Mémé Guérini «ira jusqu'à attaquer un camion pour libérer une jeune juive âgée de 12 ans». La French Connection réconcilie tout ce monde. Le sud de la France devient le «labo» où la morphine se transforme en héroïne. Les Américains préfèrent la nommer Corsican Connection, tant les insulaires dominent. Des policiers français anonymes écrivent à Edgar Hoover, patron du FBI : «Nous, policiers considérés comme des marionnettes, croyons qu'il est temps d'éclairer vos dirigeants (...). La Mafia a des soutiens dans toute l'administration (...). Nos collègues affirment que la police de Marseille, Lyon, Nice, Avignon, est contrôlée par la Mafia ou que des hauts fonctionnaires protègent systématiquement les membres de la Mafia.» De son côté, dans une note à l'ambassadeur américain en France, l'agent John T. Cusack explique : «A Marseille et à Paris, avec moins de vingt agents permanents assignés à la lutte contre les stupéfiants (...), la police judiciaire ne peut se battre contre le milieu corse, (...) qui produit (...) 150 kg d'héroïne par mois pour les (...) Etats-Unis.» Les Guérini, Paul Mondoloni, Gaëtan Zampa évoluent souvent à proximité immédiate d'élus, notamment du maire de Marseille, Gaston Defferre. Au fil des pages, apparaît une foultitude de comparses. Trop peut-être. On regrette parfois le mélange des genres. Des documents d'archives du FBI côtoient les citations de livres, voire des rumeurs, tous rapportés sur le même mode. Ainsi, un rapport de police sur les Guérini est suivi de cette histoire invérifiable : «Un jour, un de [leurs] convives, substitut du procureur, se plaint ouvertement du vol de voiture dont il vient d'être victime. Antoine Guérini fait rechercher l'auteur du méfait par ses hommes de confiance. Le lendemain, la voiture est garée devant le tribunal, avec un bouquet de fleurs à l'intérieur.» |
Auteur : | Obiwan Kenobi [ 30 Juil 2006 9:15 ] |
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Les Parrains Corses Paul Mondoloni dit "monsieur Paul" PAUL MONDOLONI Le Casse de la Bégum lance le "Petit Paul" Paul Damien Mondoloni, né le 27 septembre 1916 à Sartène, se fait connaître pour la première fois à Paris, sous l'Occupation, où il trafique les tickets. Attrapé, il sera condamné à dix ans de travaux forcés et envoyé à la centrale d'Eysses, d'où il s'évade en 1944. C'est aussi à Paris qu'il fait la rencontre de Jean-Baptiste Croce avec qui il fera plus tard les quatre cent coups. En attendant, en 1949, "Petit Paul" comme on l'appel va participer au coup le plus fameux des années d'après-guerre, réunissant plusieurs pointures du moment. À cette époque, Paul Mondoloni s'est déjà fait remarqué dans le Milieu par son étonnant sang-froid. Le 3 août 1949, la Cadillac transportant l'Aga Khan, l'un des hommes les plus riche du monde et chef spirituel de la secte musulmane des Ismaéliens, et son épouse, la Bégum, est stoppée par une traction garée au milieu de la route. Des hommes armés en surgissent et prennent possession du sac de la Bégum, dans lequel se trouve des diamants d'une très grande valeur. Le montant du braquage s'élève à 213 millions de francs, un record. L'affaire, organisée par un gros poisson du Milieu marseillais, Paul Leca, va faire grand bruit. Tous les membres de l'équipe seront identifiés et condamnés, à l'exception de Sennanedj, abattu par les autres auteurs du casse avec sa femme car découvert trop tôt (ce qui n'empêchera pas le reste de l'équipe de se faire pincer), et de Mondoloni. Ce dernier a en effet payé sa caution en 1952 et s'enfuit alors à Cuba. Il est condamné en 1953 aux travaux forcés à perpétuité par contumace. Mais l'affaire de ce casse ne s'arrête pas là. Elle a fait naître chez certains de ses participants de sérieuses rancœurs, et en particulier chez Jacques Benedetti. Condamné à huit ans de prison, ce dernier décide de se venger. Une fois libre, il abat Dominique Nicoli, oncle de Mondoloni, le 14 juillet 1958 sur la terrasse de sa brasserie du Vieux-Port. Les explosions du feu d'artifice ont couvert le bruit des coups de feu. Nicoli avait pour tort d'avoir donner un conseil qui causera de sérieuses pertes à Benedetti dans le cadre de cette affaire. De plus, son lien de parenté avec Mondoloni, qui, lui, a empoché une grosse somme et qui en plus n'a pas fait de prison, accentue la rancune de Benedetti. Qui s'avère tenace. Condamné pour le meurtre de Nicoli, Benedetti ne sort de prison qu'en 1975 et passe voir Mondoloni à Sartène en 1976 pour lui demander des comptes. Le ton monte et Mondoloni se fait tirer dessus. L'autre aurait mieux fait de ne pas le rater : il est abattu quelques temps plus tard, en avril, de vingt balles de 11,43. Avec Croce et Bistoni dans la Poudre Fin 1952, Paul Mondoloni est envoyé au Mexique avec Jean-Baptiste Croce par son mentor Ansan Bistoni, dit l'Aga Khan (comme l'Ismaélien). Là, ils doivent rejoindre Antoine D'Agostino, ancien collabo, pour l'aider à monter une nouvelle filière pour le trafic d'héroïne. D'Agostino a en effet du mal à envoyer de la poudre vers les États-Unis depuis l'arrestation de ses deux principaux associés, Joseph Orsini et François Spirito. Il apprend aux deux nouveaux venus dans le monde de la drogue les rouages du trafic. Mais les inséparables Croce et Mondoloni vont d'abord manquer de chance : lors de leur première transaction, début 1953, ils sont arrêtés au Texas avec la marchandise. Après avoir passé quelques mois en prison, ils sont extradés vers le Mexique où ils reprennent leurs activités. Et leur apport à la filière mexicaine a effectivement était par la suite d'une grande utilité. Du moins jusqu'en 1955, date à laquelle D'Agostino est arrêté. Croce et Mondoloni, après avoir prit des contacts en Italie et en France, partent alors pour le Canada. À montréal, ils se rapprochent des pontes locaux, Lucien Rivard et les frères Cotroni, et vont s'associer avec eux dans le trafic d'héroïne. Une nouvelle filière est alors montée. Y prennent part Ansan Bistoni et son ami Gabriel Graziani, Dominique Nicoli, fournisseur d'héroïne et oncle de Mondoloni, Dominique Albertini, chimiste surdoué, et les frères Venturi, dont l'un, Jean, a été rencontré par Croce et Mondoloni au Canada. Le réseau utilise des voitures bourrées de poudre. Embarquées à Barcelone, elles sont ensuite envoyées à Montréal ou Véra Cruz d'où elles partent pour New-York. Cette filière permet à l'équipe de faire rentrer environ trente kilos d'héroïne aux États-Unis chaque mois. À ce moment, Croce et Mondoloni sont des trafiquants aguerris et sont devenus des piliers de la French Connection avec leur ami Bistoni. En 1956, ils partent s'installer à Cuba où ils prennent des parts dans plusieurs boîtes de nuit et touchent des commissions sur les machines à sous de la Havane. Les derniers contacts avec la mafia sicilo-américaine qu'ils leur manquaient sont pris sur place et permettent de grossir les filières déjà existantes ou d'en créer de nouvelles. Néanmoins, en novembre 1956, Paul Mondoloni est arrêté et extradé vers la France, malgré toutes les précautions qu'il prenait pour ne pas être pris, notamment les réguliers changements d'identités. Il y est jugé en mai 1957 pour l'affaire de la Bégum et n'écope que de deux ans de prison, et ressort dès juillet 1957 pour ensuite s'installer au Mexique. Par la suite, il ne cesse de voyager pour organiser le trafic : en France, en Espagne, à Cuba, en Amérique du Sud... Il semble aussi qu'il ait mit sur pied une filière passant par l'Italie en association avec des parrains siciliens, bâtisée du nom de "Pizza-Connection". Paul Mondoloni est ainsi devenu l'un des piliers de la French Connection, même si son ami Croce aura prit un poids plus important que lui. À la différence près que Mondoloni, lui, ne se fera jamais pincer pour la came, alors que Croce écopera de dix-huit ans de prison en 1973. Le Voyageurs de Retour devient un "Parrain de l'Ombre" À la fin des années 70, Paul Mondoloni rentre en France et s'installe à Marseille avec son épouse nicaraguayenne. Malgré son âge et les apparences données par son attitude et ses fréquents voyages de repos en Corse, il n'est pas un truand à la retraite. Son étonnant carnet d'adresses lui permet de tirer les ficelles de bien des filières. Il est un monteur d'affaires. Vêtu élégamment, d'une grande courtoisie et très discret, dans l'ombre il joue un rôle centrale dans le Milieu français, fréquentant les grands noms de la pègre. C'est un juge de paix respecté que l'on consulte régulièrement. Passionné par les casinos, il aurait des parts dans celui de Bandol et d'autres en Afrique, et aura essayé de s'accaparer le casino Rhul de Nice. En 1982, on pense qu'il a envoyé en Floride l'un de ses "poulains", Gilbert "le Libanais" Hoareau, ancien lieutenant de Zampa, pour régler son compte à Edgard Zemmour. Ce dernier avait en effet eu le malheur d'assassiner Marcel Francisci, roi du jeu parisien et grand ami de Paul Mondoloni. En 1983, Mondoloni aurait eu le génie de réunir plusieurs des grands noms ou futurs grands noms du Milieu français autour d'une seule et même affaire. Cette année-là, Jean-Claude Kella lui demande en effet de prendre les dispositions nécessaires pour fournir de façon conséquente un américain du nom de Maneri, lui-même en contact avec la famille mafieuse des Benevento, pour alimenter un laboratoire clandestin à Phœnix, en Arizona. Pour se faire, Mondoloni fait d'abord appel à Grégoire Leccia et son fils Jean-Marc pour lui trouver des fournisseurs de morphine-base. Les Leccia ont le contact nécessaire en Turquie. Pour l?investissement, Mondoloni aurait réussit à réunir Gilbert Hoareau, Tany Zampa et son bras droit Jean Toci, Jacky le Mat, Francis le Belge, Pierre Lothoz dit le Nat, caïd du milieu lyonnais, et enfin le toulonnais Jean-Louis Fargette, chacun devant investir aux alentours d'un million de francs. Participe aussi à l'opération Michel Régnier, fils du pilier toulonnais Louis Régnier, chargé de transporter la marchandise. Ainsi, fin 1983, Régnier fait passer 300 kilos de morphine-base, cachés sur un yatch, de Turquie à Marseille, puis de Marseille aux Antilles et enfin des Antilles en Floride, la drogue étant ensuite acheminée jusqu'à Phœnix. Là, dans une villa des Benevento, deux chimiste français, François Scapula et Charles Altieri, transforment la morphine-base en 148 kilos d'héroïne vendus ensuite à New-York par l'intermédiaire des Benevento. L'opération rapporte 240 millions de francs, dont au moins la moitié est revenu aux truands français, dont 15 millions pour chaque chimiste, 20 millions pour Mondoloni, et un total de 40 millions pour les Régnier-Fargette-Lothoz. En cette année 1984, Mondoloni a parrainé une autre grosse affaire, tournant cette fois-ci autour d'un marseillais d'origine arménienne, André Manoukian dit le "Panzone", en association avec des passeurs italiens et israéliens, montée sur les filières déjà existantes de la "Pizza-Connection". Mais la "retraite" de ce père tranquille qu'est Mondoloni va prendre fin en 1985. Le 29 juillet de cette année-là, âgé de 69 ans, Paul Mondoloni se rend vers 18 heures à la brasserie "les Danaïdes", en haut de la Cannebière, où il a ses habitudes. Soudainement, plusieurs hommes planqués dans une voiture font feu sur lui et l'abattent sur place. Le garde du corps de "Monsieur Paul" aura à peine eu le temps de riposter, en vain. Les obsèques de Mondoloni, dans sa ville natale de Sartène, seront grandioses. Qui donc a put avoir la folie de s'en prendre à ce juge de paix qui n'était en mauvais termes avec personne? Il semblerait qu'il s'agisse de Jean Toci qui, après la mort de Zampa et le démantèlement de son empire, pensait Mondoloni complice de la chute du clan Zampa et capable de retourner sa veste à tout moment contre lui. À la suite de ce coup de folie, Toci se cachera un moment pour éviter les balles. Avant de mourir, Paul Mondoloni aura tout juste eu le temps de préparer le terrain ...................., qui depuis règne en maître sur la Corse du Sud. Beaucoup d'info sont tirés de l'excellent Skyblog http://lunik-parrain.skyblog.com/index.html |
Auteur : | Obiwan Kenobi [ 30 Juil 2006 9:24 ] |
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Paulo Leca et Paul Mondoloni l'affaire des bijoux de la bégum Les bijoux de la Begum Le 3 août 1949, la Cadillac de l'Aga Khan - l'un des hommes les plus riches du monde - est l'objet d'une attaque à main armée. Les agresseurs font main basse sur deux cents millions de diamants et de pierres précieuses... L'AGA KHAN est un homme heureux. Petit mais heureux. Paris Match qui s'y connaît en vraies célébrités écrit de lui : « Descendant de Mahomet, dieu vivant pour 70 millions d'Ismaëliens (...) l'Aga reçoit chaque année son poids en or qu'il s'empresse d'ailleurs de distribuer à des oeuvres de charité. Son immense fortune fait de lui un des hommes les plus riches et plus puissants de la planète. Son écurie de courses est une des plus fameuses du monde. » Cet homme a, par ailleurs, un fils, Ali Khan, qui épousera cette année-là la star hollywoodienne la plus flamboyante, Rita Hayworth, mais ceci est une autre histoire. Il a aussi une épouse - la cinquième en titre - la Begum, une femme splendide née Yvette Lebrousse à Sète en 1906, ancien prix de beauté. L'Aga est septuagénaire et comme il aime beaucoup son épouse, il lui offre des bijoux, beaucoup de bijoux. Et la presse en parle beaucoup du petit Aga, chef temporel et spirituel de la secte musulmane des Ismaëliens et de sa cinquième et radieuse épouse (qui, elle, est très grande) et de ses bijoux... A Cannes, le couple habite la villa Yakimour. Or ce 3 août 1949, il s'apprête à quitter la Côte d'Azur pour Deauville où il a décidé de passer l'été. Il est midi lorsque la Cadillac quitte la villa pour se rendre à l'aéroport de Nice. L'Aga Khan s'est assis à l'avant à côté du chauffeur. La Begum est à l'arrière avec sa femme de chambre. A ses pieds, sa malette de cuir rouge qui contient des bijoux offerts par l'Aga : diamants et pierres précieuses. Il y en a pour plus de deux cents millions de l'époque. Subitement, la Cadillac est obligée de ralentir : un cycliste en plein milieu de la route, remonte sa chaîne de bicyclette... La puissante limousine ralentit et se voit couper la route par une traction avant. La Cadillac s'arrête pile. De la traction descend un trio, ni masqué, ni cagoulé mais puissamment armé : une mitraillette, deux gros calibres. Les portières de la Cadillac sont ouvertes... L'homme à la mitraillette braque son arme sur la Begum qui n'hésite pas un seul instant : la malette de cuir rouge change de propriétaire... Le trio repart dans sa traction. Le hold-up de l'année n'a pas duré cinq minutes. D'ailleurs, très concentré sur sa tâche principale, le trio n'a même pas pensé à détacher du cou de la Begum le collier qu'elle porte ce jour-là : une bagatelle de 80 millions. L'affaire fait évidemment la une de tous les journaux qui parlent, eux, du « hold-up du siècle ». Ils ne perdent rien pour attendre. Pour l'heure, l'enquête commence et elle est menée par le chef de la Police judiciaire en personne, Georges Valantin, qui - antérieurement secrétaire général de la police à Marseille - passait justement ses vacances dans le Midi. Nous avions donné notre parole que nous ne ferions rien Il connaît bien le « Milieu » de la Côte, Valentin et très vite, l'on identifie l'homme à la mitraillette, le gros Roger, de son vrai nom Roger Sennanedji, un truand bien connu de la police, « un dur un tantinet mou (qui) avait la réputation de se mettre trop facilement à table. » On sait même où il est le gros Roger (105 kg tout de même !) : à Genève avec son amie Renée Rémy. Il ne reste plus qu'à les cueillir, la police hélvetique est d'accord : pensez donc, mettre la main au collet du voleur des bijoux de la Begum. Seulement voilà, au moment où le couple va être arrêté, il disparaît : prévenu à temps selon certains, liquidé par les complices selon d'autres... En tout cas, ces deux-là, on ne les reverra jamais ! Ensuite, l'enquête piétine jusqu'au jour où un « informateur » fournit au commissaire Mattei de la Police judiciaire de Marseille les noms de tous les autres protagonistes du hold-up : Barthélemy Ruberti dit Mémé, François Sanna dit Choï - les deux acolytes armés - Jacques Benedetti et Paul Mondoloni, les deux qui étaient restés dans la traction. En un tournemain, tout ce joli monde se retrouve sous les verrous. Nous sommes début janvier 1950. L'affaire est terminée ? Non, elle commence car deux questions - essentielles - restent, si l'on ose dire, en suspens : où sont les bijoux ? qui est le cerveau de l'affaire ? Les déclaration des malfrats sont passablement embrouillées : les bijoux ont été enterrés dans un jardin à Vallauris puis déterrés puis ? On ne se souvient plus (sic). Le cerveau ? Finalement, après bien des interrogations, un nom tombe : il s'agirait de Paulo Leca, l'un des grands bonnets du milieu marseillais depuis 1936. Riche. Inattaquable et d'ailleurs, pour l'heure, subitement introuvable. Or, le 20 janvier 1950, coup de théâtre : un « informateur » anonyme avertit le commissaire Trucchi qu'un paquet l'attend au pied de l'escalier, dans la cour de l'hôtel de police de Marseille. On y va, on ouvre le paquet, on convoque les experts : ce sont effectivement les bijoux de la Begum. Il n'en manque qu'un, le fameux diamant dit de la Marquise qui vaut 60 millions à lui seul. Cette découverte miraculeuse a une explication que fournit obligatoirement le commissaire Trucchi : les avocats des gangsters auraient convaincu leurs clients de restituer les bijoux, ce qui leur vaudrait la mansuétude des jurés aux Assises... Finalement, l'on retrouve également - début mars 1950 - le fameux diamant, retaillé il est vrai afin de pouvoir être revendu à un Américain. L'on notera - c'est une information objective et rien de plus - que dans cette affaire, l'on retrouve beaucoup de Corses... des deux côtés de la barrière, souvent même originaires du même village ! Finalement, tout ce beau monde se retrouve trois ans plus tard, le 6 juillet 1952, devant la Cour d'Assises d'Aix-en-Provence. Manquent cependant le gros Roger (liquidé), Paulo Leca (évanoui dans la nature), Mondoloni (laissé en liberté provisoire, également disparu). Du côté des victimes, l'Aga - septuagénaire - est absent. La Begum - « robe d'été blanche à pois bleus, longs gants blancs, chapeau blanc (...) d'une royale beauté (...) beaucoup d'allure », (Frédéric Pottecher dixit) - viendra le troisième jour du procès. Du côté des policiers, l'on attend une rencontre - violente - au sommet entre Georges, Valentin, directeur de la Police judiciaire et Berteaux, directeur général de la Sûreté nationale. En effet, le premier a porté contre le second des accusations graves, l'accusant notamment d'être le véritable cerveau du hold-up ! C'est un quasi sosie de Winston Churchill qui préside : M. Pourtoukalian est jovial, haut en couleur. Il commence à en voir... de toutes les couleurs lorsque - interrogeant le commissaire Trucchi sur son « informateur » - il entend Me Pollack, avocat (de la défense) célèbre, dire au policier : « N'auriez-vous pas pu suivre le manège de cet informateur et arriver, grâce à lui, jusqu'aux receleurs ? »; et le policier de répondre tranquillement : « Non, parce que nous avions donné notre parole que nous ne ferions rien et que la parole d'un fonctionnaire doit être sacrée, surtout avec un homme du milieu ». Bigre. Le procès a atteint ses sommets ou plutôt ses égouts Cela continue avec Ruberti, celui qui jouait le rôle du cycliste pendant le hold-up. Pour lui, le cerveau, c'est Leca. A la fin, il est énervé, Ruberti. Il crie : « Et moi, je paye en étant détenu pendant que les autres qui sont libres, courent toujours ! ». Le président : « Vous avez touché votre part... » Ruberti : « Rien du tout. Peut-être trente sacs ? Autant dire des bigorneaux ! » Le président : « Je ne connais pas le cours des bigorneaux ! » Le troisième jour, royale arrivée de la Begum. Elle reconnaît le fameux diamant et un seul des gangsters : l'émotion sans doute. Arrive le jour dont J.M. Théolleyre du Monde écrira : « Le procès d'Aix-en-Provence a atteint vendredi soir ses sommets ou plutôt ses égoûts. » Depuis quelques jours, le passage à la barre de leurs subordonnés n'a rien donné mais voilà qu'entrent en scène Georges Valantin, directeur de la Police Judiciaire et Berteaux, directeur de la Sureté nationale. Ravagé par les tics, Valantin lance d'entrée : « Vous croyez peut-être que c'est Paulo Leca l'instigateur du coup ? Eh bien, l'instigateur n'est pas Leca mais M. Berteaux, directeur de la Sûreté nationale ! ». Le président : « Ah ça ! Vous avez des preuves ? » Valantin : « Parfaitement ! Oui, c'est M. Berteaux le véritable chef du gang ! » Et de signaler que Paulo Leca et Berteaux sont d'ailleurs de vieux amis. Stupeur du public et de la Cour. Les accusés dans le box, eux, sont hilares. Arrive Berteaux, très calme, très sûr, très élégant : « Tout vient de ce que je n'ai pas assez estimé M. Valantin à ses propres yeux ! Or, M. Valantin est un incapable, un brouillon, un hurluberlu, un hanneton ! » Si Valantin le poursuit de sa haine, c'est parce que lui, Berteaux, a refusé de lui payer des notes de frais exagérées : elles étaient subitement passées de 30 000 à 125 000 F par mois. Valantin explose : « Si c'est ça, on va remuer de la merde ! » Berteaux, de plus en plus sûr de lui, en arrive à tracer un portrait très flatteur de son ami Leca, élargit son propos à une analyse sociologique du milieu : « Tous ces hommes ont un certain sens de l'honneur. Et croyez-moi, quand il n'y a plus d'honneur dans le milieu, il n'y en a plus nulle part dans le pays ! » J'ai parlé du code de l'honneur et non de l'honnêteté Explosion dans la salle. Le président : « Et avec ces raisonnements, vous étiez chef de la Police ? » Berteaux : « Oui, et alors ? J'ai parlé du code de l'honneur, non de l'honnêteté ». Nouvelle explosion. Vacarme. Le président : « Vos conceptions sont suffocantes ! Leca est un bandit, et c'est vous le directeur de la Sûreté nationale, qui venez le défendre ici ! Le milieu ? Je vais finir par me demander si vous n'en faites pas partie. » Tumulte général. Dans leur box, les accusés trépignent de joie, observe Frédéric Pottecher. Le président lève la séance : « Cette Cour d'assises a servi de vidange à une véritable poubelle ! » Applaudissements du public. Le lendemain, Berteaux est suspendu de ses fonctions par le ministre de l'Intérieur. Peu de temps après, en décembre 1953, il sera élu sénateur du Soudan (à l'époque colonie française) malgré les perpétuelles attaques de Valantin. Reste à prononcer un verdict : il sera finalement assez modéré : de cinq à dix ans de prison pour chacun. Et l'on sait ce que valent les durées des condamnations... En août 1960, Leca refait surface et demande à être jugé pour vol de bijoux de la Begum. Il passe en jugement le 17 novembre 1961 devant la Cour d'Aix-en-Provence. Plus personne ne se souvient vraiment de cette histoire... il écope de deux ans de prison. Or, il vient de purger dix-huit mois en préventive. Il doit rembourser une somme de 91 millions qu'il ne remboursera jamais. Car le truand meurt peu après le verdict. Quant à la Begum, elle vient de mourir très recemment. Elle avait survécu à l'Aga, à Ali Khan et à la flamboyante Rita Hayworth... Quel souvenir gardait-elle de ce 3 août 1949 ? Texte : Edouard Boeglin Illustration : Christian Heinrich |
Auteur : | So what [ 01 Août 2006 23:22 ] |
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Obiwan, j'espère que c'est une blague de demander votre bannissement du forum sur un autre topic. Pour ma part, j'apprécie grandement vos contributions sur celui-ci et je pense ne pas être le seul... |
Auteur : | Obiwan Kenobi [ 01 Août 2006 23:44 ] |
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Tout est réglé, c'était un quiproquo avec un modo, que en plus j'apprécie, rien de grave. |
Auteur : | Obiwan Kenobi [ 02 Août 2006 6:43 ] |
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François Marcantoni, le parrain ami du show bizz, Delon, Belmondo, Aznavour ect.... Monsieur François Marcantoni, l’élégant Il a 84 ans, un air de parrain à la Scorsese qui fait le bonheur des plateaux télé. Il fustige avec morgue le gangstérisme actuel. L a démarche trahit le poids des années mais la formule fait encore mouche. Le Fouquet’s ? « C’est devenu un restaurant pour routiers ! » Son entrée dans le milieu ? « Une fois goûté au champagne, la limonade m’a parue fade. » Sa fiche au grand banditisme ? « Je l’ai accrochée dans un beau cadre doré. » A 84 ans et même sans son célèbre borsalino, François Marcantoni excelle dans son rôle de figure truculente du milieu, bandit médiatique vu chez Philippe Bouvard Bouvard ou Mireille Dumas ou Fogiel et Ardisson. « Je ne sais pas si ce fut un vrai parrain. Mais en tout cas il aime bien jouer ce rôle », avance un connaisseur du milieu. Blazer bleu, lunettes noires, chemises à rayures à ses initiales, lorsqu’il pénètre dans cette brasserie des Ternes, les serveurs lui donnent du « Monsieur Marcantoni », le maître d’hôtel s’écarte sur son passage. Pour un peu, on se croirait chez Scorsese. Originaire d’Alzi, en Corse, il s’est engagé dans la Résistance, fut torturé par la Gestapo. A la Libération, il détrousse d’anciens collabos et monte le cabaret Les Calanques, rue Quentin-Bauchart, avec le frère de Tino Rossi. Il tâte aussi du braquage, dit avoir fait partie du gang des tractions avant. Proche du SAC, il joue les agents électoraux : « J’ai assuré le service d’ordre pour la campagne de Robert Hersant dans l’Oise », dit-il entre deux bouffées de Montechristo. Marcantoni le facétieux qui, lorsqu’un jour un inspecteur de police lui enjoint de se tenir à carreau, revient le lendemain au commissariat avec une chemise à carreaux. En 1969, il est soupçonné du meurtre de Markovic, avant d’obtenir un non-lieu sept ans plus tard. A 73 ans, il retournera en prison suite à une affaire de tableaux volés. Quartier VIP, en compagnie du préfet Bonnet et de Bob Denard. Aujourd’hui, Marcantoni dit avoir des occupations de retraité : Loto, tiercé, théâtre. Mais fustige avec morgue le gangstérisme actuel : « Avant, il y avait un code d’honneur. Une morale. Des règles. Quand les flics faisaient une descente, ils n’avaient pas besoin de gilets pare-balles. Aujourd’hui on tire au bazooka sur les convoyeurs. » Les truands, aussi, sont nostalgiques… Vincent Monnier Il n'en reste qu'un. Il s'appelle François Marcantoni. Dernier témoin d'une époque révolue, à 85 ans, « monsieur François » se demande encore comment il a pu passer entre toutes les balles. Jeune résistant blessé en opération, arrêté par la police française qui le livre à la Gestapo, il subit les interrogatoires, la torture. Décoré, pensionné, il aurait pu, à la Libération, aspirer à vivre paisiblement. Mais il choisit la vie marginale des « hommes » du milieu. Il arnaque d'anciens collabos, puis devient braqueur de banques. Gang des tractions-avant, gang des blouses grises, François Marcantoni se retrouve fiché au grand banditisme. En 1968-1969, le voilà propulsé au coeur d'une affaire d'État : le meurtre de Stefan Markovic, un proche d'Alain Delon. En fait, ce cadavre permet d'ourdir une machination politique visant à couper la route de l'Élysée à Georges Pompidou. L'auteur, qui a bénéficié d'un non-lieu en 1976, donne au lecteur toutes les pièces du puzzle Markovic. Une affaire qui en dit long sur le cynisme et le machiavélisme des gens du pouvoir. François Marcantoni évoque les grands truands qu'il a côtoyés : Henri Laffont, Abel Danos, Pierrot le Fou, Émile Buisson, Paul Dellapina, Ange Salicetti, Jo Attia, les Guérini, Tany Zampa et Francis le Belge... À la jonction de la grande truanderie, du show-biz et de la politique, François Marcantoni nous livre un témoignage étonnant, unique, sur les trente glorieuses du milieu. |
Auteur : | Obiwan Kenobi [ 02 Août 2006 6:46 ] |
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