Bonsoir, comme d'habitude JS, vous faites dire aux textes ce qui vous arrange. Vous tirez des conclusions à partir d'une traduction dont le résultat donne "amas de terre et de bois". Vous êtes vous référé au texte originel dans sa langue, histoire de ne pas passer à côté d'une subtilité sémantique? La traduction a-t-elle été faite à partir d'une copie médiévale ou moderne du texte d'origine? En cela, la transcription puis la traduction sont elles irréprochables? Depuis que votre ouvrage est sorti, vous villipendez les historiens (qui vous le rendent bien) et vous vous vantez d'avoir un regard neuf, n'étant pas du sérail; mais eux, au moins, ils ont des méthodes et un esprit critique face aux sources. Vous prétendez que dans la mesure où l'on évoque dans la traduction "amas de terre", il faut comprendre "motte" et non camp circulaire. Et pourquoi donc? Qu'est-ce qui vous permet au regard d'une description aussi mince d'écarter avec certitude d'autres intreprétations?? Un camp circulaire, pour être élaboré, nécessite aussi des amas de terre (et de bois d'ailleurs, à la fois pour créer une bonne base, des renforts latéraux et éventuellement une palissade sommitale). ------------------- Pour en revenir aux origines de la motte, j'ai relu un article consacré au site fouillé par l'INRAP à Pineuilh (près de Sainte-Foix-la-Grande) au début des années 2000 au lieu dit La Mothe. Pour résumer, il s'agit des restes remarquablement conservés d'un logis aristocratique autour de l'an Mil. Les fouilles et les datations ont montré que le site se structure dès 977; situé en zone marécageuse, des tentatives d'assainissement ont lieu dès le départ pour installer l'habitat (notamment par prélèvement de la terre des fossés de drainage pour en faire une plate-forme centrale égouttée). Il faut attendre le milieu du XIe siècle pour que la motte émerge véritablement au cours d'une "refondation radicale" (je cite l'article) de l'ensemble du site. Cela dément la croyance de JS d'une origine viking des mottes aquitaines (liées d'après lui à la "colonisation" du sud-ouest); en effet, la motte n'apparait à Pineuilh que dans un second temps, marquant bien une évolution structurelle ou l'adoption d'une mode et cela, dans une période assez peu surprenante,le XIe siècle. Concernant les "mottes" (dans le sens amas de terre) visibles au Moyen Age, il faut mentionner les talus sur lesquels reposent certaines églises romanes. Hors contraintes liées à l'humidité (élaboration d'une plate forme comme dans le cas de Pineuilh), ils ont deux origines : _ l'église romane est construite sur un ancien cimetière à sarcophages et sur les restes de l'église alto-médiévale _ l'église romane est implantée sur les ruines d'une villa romaine. Dans ces deux cas, le resultat est celui d'une longue plateforme, assez différente des mottes stricto sensu. J'ai en tête un cas difficile à élucider faute d'un sondage archéo. Il s'agit d'une ancienne église paroissiale, probablement d'abord chapelle seigneuriale située à l'extérieur d'un camp protohistorique "castralisé" (oh le vilain néologisme!) par l'ajout d'une motte. Cette église est elle-même sur une motte artificielle, bien différente des talus évoqués ci-dessus. Pour avoir inspecté cette motte dans le cadre d'une prospection-inventaire, notamment une partie abimée par un bulldozer indélicat et les déblais du cimetière (il occupe une partie de la motte), aucun indice ne laisse envisager les deux cas précédents. Est-elle contemporaine de la mise en place du camp d'origine protohistorique? A-t-elle été érigée comme motte pour l'église, indice peut-être d'un droit ecclésiastique que nous ignorons sur ce fief? Même si la motte répond a un besoin militaire ou stratégique, il ne faut pas omettre la portée symbolique de l'ouvrage : le pouvoir sur un lieu donné. Pour les Aquitains que cela intéresse, il s'agit du camp (et de la motte) de l'ancienne paroisse de Sainte-Croix sise aujourd'hui en Carcarès-Sainte-Croix (mentionné sur une carte de JS comme étant "un des castéras qui pourraient avoir abrité les premiers colons danois"...sans commentaire).
Hervé.
_________________ "L'histoire, qui est le juge du monde, a pour premier devoir de perdre le respect" Michelet (J.)
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