Mon cher JS,
Merci de tout coeur pour ces sources. Je vais essayer de me procurer les facs-similés de ces textes pour en prendre connaissance. Je ne critiquais pas Reihart Dozy, vu que je ne le connais pas. Mais pour pratiquer à la fois nombreuses traductions de sources et sources, je me permets d'émettre quelques réserves quant à la qualité de la traduction. Toute traduction mérite d'être actualisée et un siècle est un laps énorme (aussi bonne soit sa traduction).
Citer :
il parlait a priori assez bien l’arabe et le latin ce qui est devenu assez rare chez les chercheurs contemporains français (et peut-être Islandais)
Je prends note de votre légère boutade, mais figurez-vous qu'étant donné l'étendue du monde viking, le chercheur "parfait" se doit de pratiquer au minimum quelques langues barbares... Et même s'il n'est qu'archéologue (ce que je ne suis pas uniquement puisque je suis à la base historien
) il doit connaître les langues locales, ne serait-ce que pour avoir accès aux rapports de fouilles.
Et je peux vous assurer qu'à côté des langues qu'on doit côtoyer tous les jours, des langues familières comme le latin ou même le grec, réchauffent le coeur quand on les a sous les yeux !
Un bon article d'études scandinaves brasse en gros 3 langues mortes & 4 langues vivantes (minimum).
Et un bon chercheur dans ce domaine manie une petite dizaine de langues, sans forcément être à chaque fois un poète
.
Cette fois-ci, Gregor, c’est vous qui avez mal lu. Je sais que l’archéologie est le principal outil de travail pour appréhender un site. Je dis simplement que même en se fondant sur les découvertes archéologiques, cela demeure difficile. Mes excuses, j'ai en effet lu trop rapidement. Et je suis d'accord, ça demeure
très difficile même d'appréhender un site, tant nos artefacts se contredisent parfois. Difficile d'ailleurs de dater parfaitement une couche ou un objet. Et vu le brassage ethnique de cette période, difficile aussi d'associer un identité quelconque à un objet. On trouve nombre d'objets slaves dans les tombes de type scandinave et vice-versa.
Quels sont les indices archéologiques qui permettent de distinguer une simple implantation d’une colonie ? Alors c'est une question plus simple que la précédente. Mais qui mérite en effet d'être posée.
La traduction française "colonie" me semble drôle car ça me rappelle l'histoire grecque. Nous utilisons plus le terme "centre de peuplement", ce qui revient au même, mais reste moins connoté historiquement.
- l'implantation est éphémère et avec peu de liens durables avec le pays en question (ce qui paraît logique). On pensera surtout aux sites permettant des raids (les Vikings étaient friands de petites îles à l'embouchure de fleuves ou en bordure de côte).
- un centre de peuplement par contre aura une organisation sociale plus structurée. Un marché ou des ateliers de production par exemple.
Et on suivra l'évolution sur plusieurs générations, avec la présence de femmes (je ne prends pas en compte les femmes esclaves qui ne comptent en rien), d'origine locale ou même scandinave. C'est particulièrement le cas en Europe de l'est, où les Varègues se sont souvent déplacés avec leurs femmes, plus qu'en Occident.
C'est un nouveau concept de l'archéo, né des études féministes anglo-saxonnes, "gender archaeology" qui nous permet de porter un autre regard sur les centres de peuplements.
Par ailleurs, mais je ne suis pas spécialiste de la question, je n’ai pas de connaissance de luttes claniques inter-scandinaves en Russie.Surtout liées à des problèmes de légitimation dynastiques et de lutte pour un pouvoir local. Chaque chef essayant de prendre le pas sur un autre. On engage souvent des Varègues pour se protéger d'autres Varègues.
Vous avez également au X° siècle un amalgame intéressant entre les Varanges (garde personnelle de Byzance), les Varègues (Scandinaves itininérants rentrant au pays une fois riches) et les Rus' qui sont des Scandinaves (souvent déjà métissés avec des Slaves) de 2° voir 3° génération. Vladimir I était un bâtard de 3° génération par exemple.
Justement, je suis de ceux qui ne sont pas convaincus de la « dispersion politique » en question, mais je suis un peu isolé pour l’instant sur ce point. Pour être honnête avec vous, je n'ai jamais entendu parler de votre théorie qui sous-entend une "unité viking". Encore une fois je ne suis pas spécialiste des attaques de Vikings en Neustrie (honte sur moi
), mais je côtoie pas mal de chercheurs de tout bord et la question ne s'est jamais posée. Comme je vous le disais précédemment, je trouve ceci intéressant, quoique trop peu fondé et risquant chez les esprits simples des débordement du genre: "une conspiration Viking". Débordements qui peuvent servir dans le cadre de romans, mais qui sont malheureusement difficiles à fonder historiquement.
Quand j'aurai le temps j'essaierai de penser à ce problème, qui peut faire le sujet d'un autre débat.
Merci à nouveau de votre intérêt et de la pertinence de vos remarques
Cordialement
G.