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 Sujet du message : Roi très glorieux
Message Publié : 26 Nov 2008 23:05 
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bonsoir,
pourquoi à la fin des diplômes royaux il est signé "roi très glorieux" ?
et qui écrit les diplomes? la chancellerie?


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 Sujet du message : Re: roi très glorieux
Message Publié : 27 Nov 2008 13:06 
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Thucydide
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darkvador a écrit :
bonsoir,
pourquoi à la fin des diplômes royaux il est signé "roi très glorieux" ?
et qui écrit les diplomes? la chancellerie?



Votre question soulève beaucoup de difficultés. Le titre de "tres" et glorieux va de pair avec "très" chrétien et n'est pas réservé ( pour le premier) au roi de France on le trouve dans de nombreuses diplomatiques par exemple très catholique pour le roi d'Espagne. En effet il s'agit bien d'un titre qu'on retrouve très tôt dans la diplomatique royale. On retrouve chez les rois de la période antique ce titre qui prend dans la chrétienté un sens particulier. D'abord le roi a une "généalogie" avec le Christ ( de qui il tient son pouvoir) mais pas le Christ enfant ou souffrant le " glorieux" christ. Celui qu'on voit en sculpture au porche "royal" des cathédrales. Le qualificatif de " très" est - par rapport au Christ- un diminutif. Le Christ est simplement Glorieux le roi n'est que "très" glorieux ( ou très catholique ou très chrétien) ce qui signifie qu'il est dans un rapport imitatif avec le Christ. Il tente sans y parvenir à rejoindre ( en quelque sorte se fondre) dans le Christ glorieux ou le glorieux Christ ce qui ne représente pas exactement la même chose : le premier désignant le Christ décorporanéisé après la résurrection le second désigne le Christ e majesté après l'ascension. Vous noterez q'on représente le Christ soit en statue insérée dans la colonne centrale du porche royal soit dans une "mandorle" distribuant la justice définitive comme le roi est souvent représenté ( sans mandorle mais dans la même position corporelle) dans les miniatures du moyen age. Ainsi la Gloire n'est elle pas la gloire des armes mais l'appartenance à la gloire spirituelle qui différencie absolument la royauté des très grands seigneurs qui prennent aussi ce titre de "très glorieux". Dans cette concurrence se joue une partie politique essentielle. Le très glorieux sera définitivement le roi parce que la gloire vient du chrème et non des victoires militaires. C'est donc bien une gloire spirituelle qui fonde la monarchie et emprunte les 2 titres christiques de "très glorieux" et "majesté" qui appatient aussi au Christ ( en majesté).
Ceci permet d'entrer dans la question de la Chancellerie.Nous sommes au coeur de la diplomatique ( qui bien sûr n'a rien à voir avec la " diplomatie") La diplomatique est l'art de rédiger les actes dans le langage approprié avec les titres appropriés, c'est aussi l'art exercé selon des " codes" précis par les chancelleries ( pontificale, royale, impériale puis seigneuriale et même curiales) où les notaires mettent en forme les décisions et les scellent du sceau qui convient avec le ruban qui convient ( Grand Sceau, scel de la reine, petit sceau etc...). Il n'y a pas à proprement parler de Chancellerie avant les derniers capétiens où celle-ci devient un véritable " secrétariat général du gouvernement" une étude approfondie de Robert-Henri Beautier sur la chancellerie royale peut etre trouvée à la bibliothèque de l'Ecole des Chartes ( 1964 vol 122 n°1 suivi d'un second article le tout publié sur le site " persée.fr"). Sans entrer dans le détail complexe de l'évolution des Chancelleries et plus précisément de la Chancellerie royale tant dans ce qu'on a appelé tel ( de façon inexacte) dans les royaumes carolingiens que sous le règne de Philippe VI de Valois qui vit à la fois un renouvellement et une évolution très significative avec Guillaume Flote fils de Pierre Flote chancelier ( chef de la Chancellerie) de Philippe IV le bel je me permets de signaler ces études sur la mise en forme de ces formules et des décisions royales.

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 Sujet du message : Re: roi très glorieux
Message Publié : 27 Nov 2008 13:14 
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Thucydide
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j'ajoute que ce serait une erreur de penser que la formule " roi très glorieux" n'appartient qu'à la signature du roi, on la trouve dans le corps de nombreux actes soit désignant le roi signataire soit encore que soit évoquée la mémoire du ( ou d'un feu) roi prédécesseur

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 Sujet du message : Re: roi très glorieux
Message Publié : 27 Nov 2008 15:29 
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Inscription : 26 Nov 2008 22:55
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je vous remercie de votre réponse. Concernant les diplomes royaux, pourriez vous m'indiquer qui les rédigeaient vraiment à l'époque carolingienne (pour Charles III le Simple par exemple), était ce le roi lui même?


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 Sujet du message : Re: roi très glorieux
Message Publié : 27 Nov 2008 16:06 
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Les conseillers conseillent, le roi décide, la chancellerie rédige, le roi signe, avec le contreseing du chancelier (dapifer).

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 Sujet du message : Re: roi très glorieux
Message Publié : 27 Nov 2008 16:34 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Les conseillers conseillent, le roi décide, la chancellerie rédige, le roi signe, avec le contreseing du chancelier (dapifer).


C'est évidemment inexact. Philippe Auguste avait supprimé le cancellariat et durant la fin du M-A la double mission de celui qu'on appelle encore le chancelier est de garder les sceaux assurant et contrôlant ainsi l'expédition des actes l'autre mission ( quand la curia suit le roi est précisément de suivre le roi ( v. L'audience du Sceau de G.Tessier) cela est vrai sous le regne des derniers capétiens et des premiers valois. En réalité le Chancelier est soit une charge importante soit elle est vidée de son contenu soit encore elle est purement et simplement supprimée et cela est vrai jusqu'à la fin de l'ancien regime où les vacances de la charge de Chancelier ( le plus souvent par exil sur les terres) sont fréquentes. Cela dépend du bon vouloir royal

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 Sujet du message : Re: roi très glorieux
Message Publié : 27 Nov 2008 17:54 
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Oui, mais nous sommes dans le forum Haut Moyen-Age, où Philippe-Auguste était encore dans les limbes :mrgreen:

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 Sujet du message : Re: roi très glorieux
Message Publié : 27 Nov 2008 17:57 
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Par conséquent la réponse à ma question est ..? ;)


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 Sujet du message : Re: roi très glorieux
Message Publié : 28 Nov 2008 9:59 
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darkvador a écrit :
je vous remercie de votre réponse. Concernant les diplomes royaux, pourriez vous m'indiquer qui les rédigeaient vraiment à l'époque carolingienne (pour Charles III le Simple par exemple), était ce le roi lui même?


L'aphorisme "le roi décide..." est encore plus faux en ce qui concerne le chancelier dans la période dite du haut-moyen-age. Pour répondre a votre double question une double observation : ne parlez pas de " diplomes" royaux mais d'actes royaux . Le roi carolingien n'écrit bien sûr pas les actes et je m'étonne que vous posiez cette question qui e requiert pas ( pour sa solution) de connaissances historiques spéciales mais du simple bon sens.

Il est inexact de parler de "chancellerie" et de " diplomatique" carolingienne. L'Empereur puis la succession des rois carolingiens disposent bien evidemment d'une chancellerie impériale puis royale qui , dans une première période au moins, se confond avec la " chapelle" royale ( ou impériale. Les missions qui incombent au chancelier ( ou à l'archichancelier selon les royaumes et les époques) sont extrêmement variables. Bien sur l'activité fondamentale est d'assurer la rédaction des "diplomes" ( aussi appellés préceptes qui sont des actes "gracieux" qui sont intitulés au nom du souverain reconnus en chancellerie et validé par le sceau royal) le " formulae" les missives privées généralement regroupés sous la désignation artificielle de " capitulaires" ( cela concerne aussi les actes "politiques" pactes traités circulaires ordonnances etc). La question centrale pour cette période est qu'il faut se défaire d'une vision " moderniste" des institutions et pratiques du M-A et surtout du haut M-A. Le palas n'est pas un ensemble de services ayant des attributions fixes alors que els institutions de cette periode ont des compétences floues fondées sur le pragmatisme, la fidélité personnelle et de "familiarité". Reste que si la période mérovingienne connait des "référendaires" des " gardiens du sceau" directement hérités du bas empire romain, les pipinnides disposent d'un bureau d'écriture où s'affairent quelques clercs qui rédigent les " préceptes" et les jugements royaux ils sont 3 ou 4 écrivent les actes eux memes ou les font écrire par des scribes qu'ils emploient. C'est en 760 que les actes sont "reconnus" par un seul perosnnage o par un de ses collaborateurs en son nom ( in vice); Il ne porte aps le titre de chancelier mais de Liber pontificalis ou capellanus et notarius il est assisté de "notaires". C'est donc bien l archi-chapelain qui tient la chancellerie ( il y a débat entre les diplomatistes allemands les français étant plus réticents v l'article de Bautier " la chancellerie et les actes royaux dans les royaumes carolingiens" in bilbiotheque de l'Ecole des Chartes vol 142 n°1). Charlemagne place a la tete de sa chancellerie un lettré ( Fridugisus) qui est le magister des notaires qui intervient pour faire ecrire des actes ou pour les faire valider voire dicter lui-même. La hiérarchie est molle les notaires agissent fréquemment in vice sont dépositaires du sceau, bref ils se partagent les tâches d'un chancelier et garde du sceau.Mais il arrive que l'archichapelain soit un personnage politique de premiere importance comme l'Abbé Hugues sous le règne de Louis II le bègue ( 877) qui a la haute main sur l ensemble de la politique royale. Pour synthétiser à partir du règne de Louis le pieux l'archichapelain ou archichancelier a sous ses ordres un chancelier qui dirige la "gestion" de la chancellerie et peut être lui-même un personnage politique considérable. On se rend compte de la montée en puissance de la chancellerie quand les formules des actes après consultation ou conseil des palatins se vident de leur contenu pour devenir des formules diplomatiques les affaires etant instruites par l archichncelier , l'archichapelain, le chancelier qui commandait l'acte à un notaire par délégation royale. Si a la fin de la période se dégage bien une chancellerie et un chancelier doté de prérogatives ( et non de pouvoir) sur la rédaction des actes et l apposition du sceau il ne faut pas entretenir la confusion avec les périodes postérieures où le chancelier acquiert des pouvoirs ( certes toujours délégués en régime monarchique) mais il en va du Chancelier comme du connétable, le roi ne peut rien faire sans leur "aveu" mais le roi peut toujours changer de connétable ( sauf durant la réunion d'un "ost") et exiler son chancelier sans le remplacer

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