Le grand professeur américain, Carl B. Boyer, consacre un paragraphe à Gerbert dans son
A history of Mathematics, écrit en 1968, et réédité plusieurs fois, car c'est un très bon ouvrage de référence. Dans son édition de 1985, page 275, et d'après ma traduction, il écrit :
Citer :
Gerbert fut peut-être le premier en Europe à avoir enseigné l'utilisation des nombres Hindu-Arabes. Il n'a pas été éclairci comment il en eu connaissance. Une explication possible est qu'il alla en Espagne en 967, où, peut-être à Barcelone, il aurait appris le savoir des Maures, qui incluait la numérotation arabe dans sa forme occidentale ou Gobar (poussière), bien qu'il y ait très peu d'indices de l'influence arabe dans ses documents qui ont subsisté jusqu'à nos jours. Une copie espagnole des Origines de Isidore, datant de 992, contient les chiffres, sans le zéro, et Gerbert n'a probablement jamais connu cette dernière partie du système Hindu-Arabe. Dans certains manuscrits de Boèce, cependant, des formes numériques similaires, apparaissent en tant que compteur sur un plateau ou une abaque ; et peut-être que c'est de là que Gerbert aurait eu sa première connaissance du nouveau système. Les pièces de Boèce, d'un autre côté, pourraient elles-mêmes être des interpolations tardives. La situation concernant l'introduction des chiffres en Europe est à peu près aussi confuse que celle de son invention, peut-être un demi-millénaire plus tôt. De plus, il n'est pas certain qu'il y ait eu une continuité dans l'usage des chiffres en Europe dans les deux siècles qui suivirent Gerbert. Ce n'est pas avant le 13e siècle que le système Hindu-Arabe fut définitivement adapté en Europe, et cela ne fut pas l'oeuvre d'un seul homme, mais de plusieurs (voir G. F. Hill, The Developement of Arabic Numerals in Europe (1915), et D. E. Smith et L. C. Karpinski, The Hindu-Arabic Numerals (1911).)