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Message Publié : 03 Fév 2013 0:14 
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Salluste
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Effectivement, pour le Haut Moyen âge, nous manquons de sources écrites.. dont pas mal étaient rédigées sur papyrus, matière assez dégradable, hélas.

On est encore dans une civilisation où la transmission se fait par l'oral et la pratique.

En "phytothérapie", Hidegarde von Bingen a écrit ce qui est finalement une compilation des remèdes utilisés à l'époque.
Depuis quand étaient-ils utilisés? Bonne question...
Aussi curieuse que puisse être la formulation des remèdes préconisés en ces temps, tout n'est pas absurde, loin de là, fruit d'une longue expérience humaine. Des "plantes exotiques" font déjà partie de cette pharmacopée.
Notre science a analysé les principes actifs des plantes et remèdes préconisés... c'est sur ces bases que on s'est mis à synthétiser les molécules actives et.. fabriquer nos médicaments actuels. :mrgreen:
Les arabes ont, de leur côté, sillonnés nos régions pour apprendre et faire importer "nos" remèdes: le bouleau, par ex. est, chez eux, une "plante exotique" (réf. Jhamal Bellakdhar) :wink:

Niveau médecine: en fouille (période mérovingienne) on a trouvé la tombe d'un "médecin" (enterré avec ses instruments, non juif). Un seul? il est rare de trouver, déjà, sur des tombes, si on prend en compte le nombre de personnes décédées depuis tout ce temps.
Idem, période mérovingienne, un adulte amputé de la jambe et prothésé: opération réussie puisque la paléopathologie a prouvé la formation d'un cal osseux post-op.
Post-période mérovingienne, il n'y a plus de "tombe à mobilier" (hélas), ce genre d'informations archéologiques font donc cruellement défaut.

De là à dire que "tout le monde" avait accès à ce type de soins, je ne m'y aventurerais pas.
Mais il ne faut pas regarder fort en arrière pour observer que, objectivement, tout le monde n'avait pas forcément accès à des médecins "de pointe".

Aussi, en ce qui concerne le haut Moyen âge, et même si les villes se sont rétrécies (entre autre avec la Peste Justinienne + modifications climatiques), cela ne veut absolument pas dire "inactivité" et repli sur soi. Là aussi, il faut nuancer.
Le commerce fonctionne plutôt pas mal, avec, dans certains endroits (je ne les connais pas tous et cela dépend des recherches sur ce sujet) la présence de "marchands syriens", nom générique désignant: arméniens, syriens, moyen orientaux, juifs... Certains ont fait souche (traces niveaux tombes ou donations).
Par le nord, arrive l'ambre (dont on retrouve aussi traces dans les tombes à mobilier).
Qui dit commerce, dit aussi: transmission des idées...

En agriculture, le passage à l'assolement triennal permet une meilleure rotation des cultures, donc un meilleur rendement amenant à une explosion démographique (démontrant un état sanitaire de la population satisfaisant), donc des essartages et une "colonisation" de régions, souvent menées par des monastères mais pas forcément qu'eux.

En parallèle, les villes se repeuplent, se créent aussi. Des centres économiques se déplacent, le tout favorisé par un réchauffement climatique (voir Leroy- Ladurie) dont la belle période est le XII- XIIIème.

XIVème: c'est moins "drôle": changement climatique vers un refroidissement (donc des famines à échelle régionale), une importante concentration humaine dans les villes , la guerre de 100 ans et son cortège, la Grande Peste qui y fait son lit.
(quand on voit, actuellement, qu'on crie à l'épidémie avec nos paniques face à 300 cas d'une maladie sur l'ensemble de la population planétaire...) :wink:


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Message Publié : 03 Fév 2013 10:29 
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Pierre de L'Estoile
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Bonjour,
certaines parties de votre texte gagneraient à être développées.
Les Arabes sont venus chercher le savoir médical en chrétienté ?
Nos chères entreprises pharmaceutiques d'aujourd'hui sont parties de ce savoir faire phytothérapique du haut Moyen Âge ?
Dans ce cas, la perte de savoir – et donc le recul – est vraiment vertigineuse ! Vous comprendrez que pour admettre certaines choses pas forcément évidentes, nous avons besoin de sources précises… Merci d'avance.
Nous qui parlions d'étonnement…
Par contre, effectivement il est de notoriété publique que l'asolement triennal a permis d'augmenter les rendements agricoles, ce qui entraîne un besoin en nouvelle terre (du fait de la rotation des cultures pour en arriver aux grands défrichements et la reprise de l'an 1000. Je ne suis pas certain, cette pratique a donc été oubliée puis retrouvée ?
Bien à vous.

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Message Publié : 03 Fév 2013 12:05 
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L'assolement triennal n'entraîne pas de besoins de nouvelles terres. Au lieu d'avoir la moitié du finage en production, vous en avez les deux tiers. Mais il demande des terres fertiles et ne peut être généralisé partout, il demande aussi un matériel plus élaboré que l'antique araire. C'est l'augmentation de la population qui entraîne l'essartage, pas l'assolement.

Pour le reste, il me semble que tous les peuples de la planète connaissaient les vertus thérapeutiques des plantes qui poussaient dans leur environnement. On ne passe pas quelques milliers d'année sans acquérir quelques connaissances empiriques.

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Message Publié : 03 Fév 2013 13:13 
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Salluste
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Au niveau pharmacologique, plusieurs choses:

- ce qui est devenu "l'industrie chimique" a démarré au XIXème par la recherche de la synthèse de molécules naturelles, existantes dans la nature, suivant deux axes: la synthèse de molécules tinctoriales (issues des plantes majoritairement) et des molécules "thérapeutiques".
Sur ce plan, la première à avoir été synthétisée est l'acide acétyl salicylique, présente dans le saule mais encore plus dans la reine des prés (et la gaulthérie, pas de nos régions). Cette molécule est plus connue sous le nom de "aspirine". :wink:
On doit la digitaline (molécule existant dans la digitale) grâce à un médecin qui s'étonnait de voir une "rebouteuse" utilisé cette plante pour certaines affections cardiaques.
Question annexe: on ignore depuis quand l'humain utilise cette plante... :wink:

Qui dit industrie dit (aussi) "profit".. dont on ne peut exclure des intérêts "bien compris" dans l'interdiction française d'utiliser des plantes médicinales.
Encore actuellement, l'industrie pharmaceutique envoie des gens un peu partout pour observer les usages médicinaux traditionnels dans le monde, ramener les plantes (ou bestioles), isoler la molécule.. pour la synthétiser, (déposer un brevet, etc...).
Juste que, pour information, la médecine "uni-moléculaire" rencontre des limites.. alors que les plantes (pluri-moléculaires) présentent des effets "totum".

- je me permet de rappeler que, pour la France, la loi de Pétain sur l'exercice de la médecine a amené à la fermeture des herboristeries, donc à la perte de connaissances et de savoir-faire.
Guerre 14-18, les médecins ont utilisé des remèdes à base de plante, et avec succès (ils ont reconnu les vertus de la consoude en matière de consolidation des fractures).
On a donc, à NOTRE époque, une regrettable perte de savoirs en cette matière!
(et une forme de régression?)

Quant à savoir exactement "à quelle date, l'humain a utilisé telle ou telle plante": bonne question... :wink:
L'homme préhistorique trouvé dans un glacier, Ötzi, portait avec lui des plantes médicinales: sa pharmacie de route.
On retrouve des préconisations pharmacologiques dans le Code d'Hamurabi, le papyrus de Stockholm, etc.. au niveau des traces écrites, ce qui ne veut pas dire que les humains étaient dénué de connaissances orales!

En ce qui concerne les échanges entre arabes et occidentaux, je renvoie à Jhamal Belakdar qui a écrit 2 ouvrages, un répertoriant toutes les pharmacopées et rites magiques de la santé au Maghreb (épuisé le livre, hélas...) et un ouvrage sur les plantes médicinales au Maghreb. C'est dans ce dernier que j'ai trouvé l'information des arabes venant chez nous pour s'informer et importer nos remèdes, ainsi que les mentions de plantes typiquement "nordiques" (et de chez nous) également utilisées.
Je n'ai pas encore totalement farfouillé dans le bouquin de pharmacopée chinoise, (et je connais mal leur botanique) mais il semble que eux aussi importaient des plantes médicinales de chez nous en échange de produits de chez eux. Certains produits tinctoriaux, là, je suis certaine (on a des traces sur certains textiles) mais les plantes peuvent être à la fois tinctoriales, médicinales (alimentaire, et textile..) :wink:

Pour revenir au Moyen Age et la pharmacopée:
- il y avait les utilisations des "simples" (on peut faire déjà pas mal avec celles-là) que sans doute tout le monde connaissait (genre pharmacie de base, encore en usage au début du XXème) et des gens plus spécialisés: certaines "simples" doivent se manipuler avec précaution et requièrent des connaissances (la digitale, par ex;). Idem pour la préparation des remèdes.
- Sous le vocable "d'épices", enjeu commercial majeur de l'époque, ces dernières ne se bornaient pas à simplement parfumer les plats, elles étaient destinées aussi comme remède (et comme teinture). Se retrouve en concurrence les "épiciers" et les "apothicaires": les uns et les autres se livrant à des préparations. Ces métiers pouvaient être féminin (statut de la femme au Moyen Age: voir Régine Pernoud).
- les échanges en épices (et plantes médicinales) pouvaient AUSSI concerner la circulation au sein de l'Occident., simple question de biotope: tout ne pousse pas partout.
(voir Jean Verdon)
- bien entendu, on a essayer d'acclimater des plantes (alimentaires, médicinales, tinctoriales) et assez vite.
Si on connait l'introduction de la vigne en nos régions sous les romains, et dont il faut (aussi) retenir que c'est une médicinale (sans devoir en faire du vin..), en trace écrite, le capitulaire De Villis (VIIIème) dresse une liste de plantes dont on préconise la plantation afin de réformer la culture.
A noter: "autrefois" et au Moyen âge, une bonne partie de la santé était "dans l'assiette"!
(on y revient...) :mrgreen:

Pour rester dans le domaine de la santé au Moyen Age, et de l'alimentation: avec la croissance des villes se met en place des systèmes de traçabilité des aliments!
Si les plantes potagères sont assez peu concernées (proches, jardins maraîchers, on a son petit ou grand potager), en échange la viande et le poisson sont très étroitement surveillés et réglementés parce que les gens du Moyen Age partait, DEJA, du principe que si l'animal avait une mauvaise alimentation, il ne pouvait donner une bonne alimentation aux humains. (là, on a vraiment régressé actuellement!). Idem la surveillance de la santé des animaux, règles d'abattage super strictes, circuit de la viande, etc...
Pour qui cela intéresse: Histoire des peurs alimentaires, Madeleine Ferrières.
Cela s'est gâté vers le XVIIIème et siècles suivants où le bétail est importé quelquefois de très loin amenant en parallèle les soucis d'épizootie donc de santé publique. :rool:


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Message Publié : 03 Fév 2013 14:30 
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Pierre de L'Estoile
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Merci pour toutes ces sources et références que je ne vais pas éplucher (en tout cas pas maintenant) ; je vous crois sur parole. J'espère que je le peux… (?) ;)
En tout état de cause, c'est conforme à ce que l'on sait – à ce que modestement je sais – de l'anthropologie historique des sociétés ; c'est cohérent et logique. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire votre message. Merci pour ce joli développement.
Pour les Arabes deux choses : d'une part, on sait fort bien que ceux-ci n'hésitaient pas à aller chercher le savoir où il se trouvait ; ce n'est donc pas vraiment étonnant de venir les voir chercher des plantes et le protocole d'utilisation chez nous.
Par contre, on sait aussi qu'ils avaient une image exécrable de nos capacités intellectuelles, de notre hygiène et de notre médecine(Carol .Hillendbrand par ex. Pas mal pour des histoires de climat, voir Al Idrissi . Cela en tout cas avant l'an 1000 (pour simplifier). J'imagine donc que nous nous plaçons dans le bas Moyen Âge.
Mais bon, toute généralité à ses exceptions. Exceptions qui pouvaient changer complètement la donne si on tombe, par chance ou par curiosité, sur la plante que l'on cherchait, pour ainsi dire car c'est plus le remède que l'on cherche que la plante.
Bien à vous.

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Message Publié : 03 Fév 2013 14:38 
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L'histoire des peurs alimentaires est effectivement un très bon bouquin. Malheureusement, l'auteur ne peut faire qu'avec les textes existants, et elle démarre donc son analyse relativement tard, fin du MA et Renaissance. De plus, elle s'intéresse à une population essentiellement urabaine, et la réglementation dans les campagnes est pour nous grandement inconnue.

Nous ne savons rien de ce qui se passait durant le Haut MA.

Ah, encore une chose, les produits alimentaires étaient plus "trafiqués" à la fin du XIXème qu'aujourd'hui. Mais comme je sors allègrement du sujet, j'arrête là.

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Message Publié : 03 Fév 2013 22:45 
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Plutarque
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Bonjour,

Même si l'on sort quelque peu du sujet, je tiens à vous remercier pour vos réponses et avis, qui m'on permit d'acquérir une vision plus large sur l' époque médiévale!!!
merci


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Message Publié : 04 Fév 2013 9:48 
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Pierre de L'Estoile
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Un bon retour en arrière au moyen age c'est l'augmentation de la mortalité infantile, de la mortalité en couche, et le déséquilibre entre homme et femme que cela implique.
Pendant l'antiquité il existait un controle des naissances : observation des cycles , pratique abortive, ou exposition des nouveau nés, pratiques qui seront interdites par les chretiens.
Les conséquences : une société ou les femmes sont plus rare, une société plus masculine, donc plus guerrière.

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(Il permit que les païens traversassent la mer, Pour rappeler aux Francs leurs péchés)


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Message Publié : 04 Fév 2013 10:39 
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Ah, et qu'en savons nous, rien. Il n'y a strictement rien pour corroborer vos dires. Les pratiques abortives n'ont certainement pas cessées avec l'avènement d'un christianisme dont nous savons tous qu'il mettra des siècles avant d'entrer complètement dans les moeurs, et l'exposition du nouveau né n'évite pas à la femme les risques de l'accouchement.

Maintenant, pour la disparition de la culture classique au début du Haut Moyen-Age et l'extinction des manuscrits, je vais vous raconter l'histoire de Saint Césaire d'Arles.

Ce brave homme avait une excellente culture classique, avait étudié les auteurs de la bonne époque et avait fréquenté une école de rhétorique. Un jour, il eut un rêve où il vit son bras tenant un livre rongé par un dragon, et en déduisit qu'il fallait rejeter les ouvrages païens pour se consacrer uniquement aux livres religieux.

C'est souvent le cas durant cette période où l'on considère les oeuvres anciennes comme frappées de paganisme. Virgile y échappe, car l'Eneide est considérée comme annonçant la venue du Christ, Cicéron, car son latin est vu comme un modèle. Et comme seuls les clercs ont les livres, et le pouvoir de les copier dans leurs monastères, tout dépend de la tendance du père abbé.

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Message Publié : 04 Fév 2013 11:20 
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Eh ben voilà un retour en arrière : le latin de Cicéron.
Progressivement, il a perdu de sa complexité, de son aptitude à rendre avec le plus d'exactitude la réalité dans la langue, les nuances sont moins nombreuses. Les robots copistes bénédictins et autres ont accumulé les bogues et cela demeure et cela s'installe. Certains disent que le latin des mérovingiens et à peu près incompréhensible aujourd'hui. Bon, aujourd'hui on comprend que c'est une évolution de la langue mais à l'époque cela a été perçu comme un latin abâtardi ! Alors au tournant des huitième et neuvième siècles, la bande à Alcuin à la cour de Charlemagne a décidé de sérieusement y remédier : la renaissance carolingienne.
On répondra que toutes les langues sont vouées à évoluer ; je n'en disconviens pas mais je parle de la perception de l'époque. Ce qui est intéressant avec cet exemple c'est précisément que ce retour en arrière est un phénomène perçu comme tel à l'époque. Mais c'est quelque chose de très répandue à l'époque que d'idéaliser l'Antiquité. C'est aussi pour cela que l'on parle de renaissance, mais ce n'est pas seulement en référence à la Renaissance, le terme était employé à l'époque, il faut le savoir.
Bien à vous.

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Message Publié : 04 Fév 2013 12:35 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Ah, et qu'en savons nous, rien. Il n'y a strictement rien pour corroborer vos dires.

c'est dans histoire de la vie privée en cinq volumes de Duby et Aries
Image je vais essayer de remettre la main sur ce bouquin pour vous promis....

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Message Publié : 04 Fév 2013 14:25 
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Jean-Pierre Vernant
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ALMAYRAC a écrit :
Les conséquences : une société ou les femmes sont plus rare, une société plus masculine, donc plus guerrière.


Ha non, certainement pas! Ce n'est pas du tout un excédant d'hommes qui peut expliquer une recrudescence de la violence guerrière. C'est un phénomène culturel intrinsèque au nouveau fonctionnement des sociétés. L'aristocratie germanique va imprimer une nouvelle norme d'identité qui passe par le maniement des armes et de la pratique de la guerre. L'aristocratie romaine était largement devenue civile mais elle a très certainement finie par se mêler, en tout cas en Gaule, aux pratiques nouvelles. Dans la société des hommes on retrouve le phénomène homme libre en arme qui ne disparaîtra vraiment qu'aux alentours du XIe siècle.
En somme cela n'a strictement rien à voir avec le nombre d'hommes présents. L'Empire romain était une société civile, tenue par un pouvoir centralisé souhaitant vivement pacifier son espace civile. Le port des armes n'est pas permis sauf exception ce qui d'emblée est une limitation de la violence. L'armée est professionnelle et ne se fonde pas sur le service des hommes libres (même si théoriquement cela n'a jamais été abolie).

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 04 Fév 2013 17:34 
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Salluste
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Localisation : Helvétie
Jean-Marc Labat a écrit :
C'est souvent le cas durant cette période où l'on considère les oeuvres anciennes comme frappées de paganisme. Virgile y échappe, car l'Eneide est considérée comme annonçant la venue du Christ, Cicéron, car son latin est vu comme un modèle. Et comme seuls les clercs ont les livres, et le pouvoir de les copier dans leurs monastères, tout dépend de la tendance du père abbé.


On peut surtout affirmer ça avec les antagonistes épicurisme/stoïcisme. Le premier était considéré comme faux et nuisible à la société. En niant le rôle divin dans la vie de l'homme et en rejetant (presque) la notion de divinité, les pères de l'Eglise ne pouvaient que condamner de pareilles théories.
A l'inverse, le stoïcisme peut parfaitement s'appliquer à la moral chrétienne. En prêchant que Dieu est tout et qu'il est inutile de se plaindre de quoi que ce soit qui n'ait pas de rapport avec soi, les prêtres avaient trouvé un discours déjà prêt à être employé. Ainsi, les popes byzantins recopièrent-ils le manuel d'Epictète sans rien changé à son contenu.

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"Malheur aux vaincus !"
"L'amitié est une âme en deux corps" Aristote
"Nertom volutom que, etsi snis karamose"


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Message Publié : 04 Fév 2013 17:41 
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Localisation : Région Parisienne
ALMAYRAC a écrit :
c'est dans histoire de la vie privée en cinq volumes de Duby et Aries


Je l'ai lu il y a bien longtemps, et cela ne m'a pas frappé. Je me demande sur quoi reposent de telles affirmations, valables peut être pour la haute société, mieux connue, que pour le menu peuple dont on ne sait rien, ou presque.

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Message Publié : 04 Fév 2013 20:50 
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Pierre de L'Estoile
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Je n'ai pas l'impression de délivrer un secret d'État en révélant que, historiquement, la guerre est d'abord une histoire d'hommes. N'y a-t-il d'ailleurs pas, ces jours-ci, un sujet sur les femmes guerrières Celtes pour lesquelles on rame sérieusement afin de montrer qu'elles existaient de manière notable ? Testostérone, déterminismes sociaux etc. je prends le pari qu'une recherche de trois minutes sur Internet me trouve un article scientifique prouvant cela sans problème. Que l'homme se donne les moyens juridiques d'éviter les guerres est une chose, que la probabilité de conflits soit plus importante dans un groupe masculin que dans un groupe féminin en est une autre et une autre bien différente. L'exception ne fait jamais règle. En conséquence, ce qu'avance notre ami me paraît tout à fait possible. Reste à prouver et à citer Georges Duby dans le texte. Avant la paix et la trêve de Dieu, il y a quand même dû y avoir des tentatives d'imposer la paix de manière normative, je crois. Pour autant, je n'ai jamais entendu de pomerium à cette époque à cet endroit.

L'augmentation de la mortalité en couche est quand même fort probable au vu du reste de ce que l'on sait du haut Moyen Âge. Sans compter que même si les décisions catholiques n'avaient pas le même retentissement à grande échelle que plus tard, en tout cas cela ne va pas dans le sens inverse. De là à un bouleversement démographique, pourquoi pas ? Après, je n'en sais rien, moi aussi j'attends ce que Duby avance. Il a certainement ses arguments…
Bien à vous.

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