Au niveau pharmacologique, plusieurs choses:
- ce qui est devenu "l'industrie chimique" a démarré au XIXème par la recherche de la synthèse de molécules naturelles, existantes dans la nature, suivant deux axes: la synthèse de molécules tinctoriales (issues des plantes majoritairement) et des molécules "thérapeutiques".
Sur ce plan, la première à avoir été synthétisée est l'acide acétyl salicylique, présente dans le saule mais encore plus dans la reine des prés (et la gaulthérie, pas de nos régions). Cette molécule est plus connue sous le nom de "aspirine".
On doit la digitaline (molécule existant dans la digitale) grâce à un médecin qui s'étonnait de voir une "rebouteuse" utilisé cette plante pour certaines affections cardiaques.
Question annexe: on ignore depuis quand l'humain utilise cette plante...
Qui dit industrie dit (aussi) "profit".. dont on ne peut exclure des intérêts "bien compris" dans l'interdiction française d'utiliser des plantes médicinales.
Encore actuellement, l'industrie pharmaceutique envoie des gens un peu partout pour observer les usages médicinaux traditionnels dans le monde, ramener les plantes (ou bestioles), isoler la molécule.. pour la synthétiser, (déposer un brevet, etc...).
Juste que, pour information, la médecine "uni-moléculaire" rencontre des limites.. alors que les plantes (pluri-moléculaires) présentent des effets "totum".
- je me permet de rappeler que, pour la France, la loi de Pétain sur l'exercice de la médecine a amené à la fermeture des herboristeries, donc à la perte de connaissances et de savoir-faire.
Guerre 14-18, les médecins ont utilisé des remèdes à base de plante, et avec succès (ils ont reconnu les vertus de la consoude en matière de consolidation des fractures).
On a donc, à NOTRE époque, une regrettable perte de savoirs en cette matière!
(et une forme de régression?)
Quant à savoir exactement "à quelle date, l'humain a utilisé telle ou telle plante": bonne question...
L'homme préhistorique trouvé dans un glacier, Ötzi, portait avec lui des plantes médicinales: sa pharmacie de route.
On retrouve des préconisations pharmacologiques dans le Code d'Hamurabi, le papyrus de Stockholm, etc.. au niveau des traces écrites, ce qui ne veut pas dire que les humains étaient dénué de connaissances orales!
En ce qui concerne les échanges entre arabes et occidentaux, je renvoie à Jhamal Belakdar qui a écrit 2 ouvrages, un répertoriant toutes les pharmacopées et rites magiques de la santé au Maghreb (épuisé le livre, hélas...) et un ouvrage sur les plantes médicinales au Maghreb. C'est dans ce dernier que j'ai trouvé l'information des arabes venant chez nous pour s'informer et importer nos remèdes, ainsi que les mentions de plantes typiquement "nordiques" (et de chez nous) également utilisées.
Je n'ai pas encore totalement farfouillé dans le bouquin de pharmacopée chinoise, (et je connais mal leur botanique) mais il semble que eux aussi importaient des plantes médicinales de chez nous en échange de produits de chez eux. Certains produits tinctoriaux, là, je suis certaine (on a des traces sur certains textiles) mais les plantes peuvent être à la fois tinctoriales, médicinales (alimentaire, et textile..)
Pour revenir au Moyen Age et la pharmacopée:
- il y avait les utilisations des "simples" (on peut faire déjà pas mal avec celles-là) que sans doute tout le monde connaissait (genre pharmacie de base, encore en usage au début du XXème) et des gens plus spécialisés: certaines "simples" doivent se manipuler avec précaution et requièrent des connaissances (la digitale, par ex;). Idem pour la préparation des remèdes.
- Sous le vocable "d'épices", enjeu commercial majeur de l'époque, ces dernières ne se bornaient pas à simplement parfumer les plats, elles étaient destinées aussi comme remède (et comme teinture). Se retrouve en concurrence les "épiciers" et les "apothicaires": les uns et les autres se livrant à des préparations. Ces métiers pouvaient être féminin (statut de la femme au Moyen Age: voir Régine Pernoud).
- les échanges en épices (et plantes médicinales) pouvaient AUSSI concerner la circulation au sein de l'Occident., simple question de biotope: tout ne pousse pas partout.
(voir Jean Verdon)
- bien entendu, on a essayer d'acclimater des plantes (alimentaires, médicinales, tinctoriales) et assez vite.
Si on connait l'introduction de la vigne en nos régions sous les romains, et dont il faut (aussi) retenir que c'est une médicinale (sans devoir en faire du vin..), en trace écrite, le capitulaire De Villis (VIIIème) dresse une liste de plantes dont on préconise la plantation afin de réformer la culture.
A noter: "autrefois" et au Moyen âge, une bonne partie de la santé était "dans l'assiette"!
(on y revient...)
Pour rester dans le domaine de la santé au Moyen Age, et de l'alimentation: avec la croissance des villes se met en place des systèmes de traçabilité des aliments!
Si les plantes potagères sont assez peu concernées (proches, jardins maraîchers, on a son petit ou grand potager), en échange la viande et le poisson sont très étroitement surveillés et réglementés parce que les gens du Moyen Age partait, DEJA, du principe que si l'animal avait une mauvaise alimentation, il ne pouvait donner une bonne alimentation aux humains. (là, on a vraiment régressé actuellement!). Idem la surveillance de la santé des animaux, règles d'abattage super strictes, circuit de la viande, etc...
Pour qui cela intéresse: Histoire des peurs alimentaires, Madeleine Ferrières.
Cela s'est gâté vers le XVIIIème et siècles suivants où le bétail est importé quelquefois de très loin amenant en parallèle les soucis d'épizootie donc de santé publique.