LSCatilina a écrit :
Je suis plus dubitatif que vous, Pédro, quand vous estimez que la volonté de conquête est moins présente dans un premier temps et qu'il s'agirait essentiellement d'un résultat.
Les barbares, une fois installés dans l'empire, ne pouvaient pas s'établir comme peuples autrement qu'en s'installant sur des terres déjà occupées. Cela sous-entend une conquête, legitimée ou non (la première alternative étant preferée, car on prenait pour soi un peu du prestige et de la legitimité romaine, et que cela permettait surtout de mieux justifier sa présence et sa domination auprès des élites autochtones) et une invasion du territoire ne serait-ce que pour faire pression.
Je parlais de motivation première ; le déplacement n'est probablement pas motivé par une volonté de détruire l'Empire ou même de s'en tailler un morceau pour son propre compte et bâtir une indépendance politique. Quand on regarde le cas des Goths en 376 leur mouvement est dicté par la pression des Huns et cela se concrétise par une demande officielle d'installation sur les terres impériales. Les barbares sont finalement habitués à ce type de règlement avec les Romains ; nombreux sont les peuples à avoir trouvé un statut et une installation pacifique dans l'Empire. Il faisait parti du paysage, il devait sans doute leur sembler indéboulonnable peu importe ce qui pouvait se passer. Dans cette perspective leur mise en branle de 406 ne me paraît pas avoir, au départ, de but bien arrêté et aussi ambitieux que ce qui va se dessiner passé les succès initiaux. Je pense que c'est un phénomène qui va se concrétiser empiriquement et progressivement.
LSCatilina a écrit :
Et une fois installés dans un lieu donné, cela ne signale pas la fin de l'expansion : je prends l'exemple d'Euric qui étend la domination gothique en Gaule et en Espagne sans qu'il y aie à proprement parler de migration.
Oui, c'est là que l'idée de migration n'est plus du tout opérante ; les barbares, voyant les perspectives de l'inaction impériale, deviennent nettement plus ambitieux. Et d'ailleurs les Goths, comme je l'indiquais plus haut, ont commencé bien plus humblement.
LSCatilina a écrit :
Je concède qu'il s'agit d'expéditions effectuées une fois les peuples plus ou moins installés (quitte à effectuer une autre migration par la suite) mais je ne crois pas que l'on passe subitement d'un but migratoire abstrait à une volonté hégémonique régionale.
Devant l'absence d'autorité et d'intervention on devient entreprenant. Mais qui chez les barbares, au début des mouvements, pouvaient avoir dans l'idée que l'Empire serait incapable de les repousser et de les installer sur des terres?
Citer :
Il y'a bien sûr eux l'arrivée d'infiltration de petits groupes qui s'apparente plus à de l'immigration... mais je pense que l'invasion massive de populations comme lors du franchissement du Rhin en 406 par les Vandales, Alains et Suèves a marqué les esprits des gallo-romains. Ces invasions se sont soldés par des pillages et des destructions. A notre époque où parler de l'arrivée de méchants migrants est politiquement incorrect l'on a tendance à minimiser les faits... mais ce sont bien plusieurs mouvements de peuples et/ou de grands groupes armés (comme les huns et leurs alliés).
Oui c'est bien la perception que je signalais plus haut ; celle de ceux subissant ces mouvements. Mais personnellement ces questions de correction ne me concernent pas dans ma réflexion. C'est plus une question de précision. Si on postule brutalement l'idée d'invasion, on a l'impression que la mouvement est coordonné et a pour but final l'établissement de royaumes détruisant l'entité impériale romaine. Or je doute vraiment d'une telle logique ait présidé à ces mouvements (et vous voyez je ne prend pas trop de risque
) et dans ce sens je pense que migration est plus adapté. Egalement cela se positionne bien dans l'idée des migrations proto-histoire/Moyen Âge.