Bonjour,
On connaît tous un peu Beowulf et sa prégnance dans notre imaginaire contemporain: que cela soit les mauvais et moins mauvais films sur le sujet, l'inspiration d'un Tolkien ou encore la série de 2016.
Je profite de la sortie récente d'un ouvrage inspirant et inspiré de l'historien Alban Gautier pour évoquer (à nouveau car d'autres sujet de ce forum évoquent Beowulf en filigrane) peut-être une nouvelle facette de Beowulf:
Voici un résumé du livre:
Citer :
Les autorités et les penseurs chrétiens du Moyen Âge ont, en règle générale, tenu un discours extrêmement négatif à l'égard de ceux qu’ils appelaient les païens, qu’il s’agisse de figures polythéistes du passé ou d’individus professant au présent une autre religion : stupides, brutaux, sans foi ni loi, les païens sont ordinairement donnés pour damnés.
Pourtant, dans l’Europe du Nord entre la fin du VIe et le début du XIIe siècle, une poignée de personnages ont été reconnus comme de « bons païens » par des auteurs chrétiens : certains sont regardés comme fondateurs, vertueux, voire exemplaires, et il arrive même qu’on laisse entendre que l’un ou l’autre d’eux a pu accéder au salut. Ainsi le poème anglo-saxon Beowulf met en scène des personnages héroïques et positifs, laissant planer le doute sur leur sort ultime, enfer ou paradis. De fait, selon les contextes politiques, sociaux, et culturels, les réponses à ce double problème de la vertu et du salut des païens ont été très variables : ainsi, si certaines sociétés ont rapporté sans trop de réticences l’histoire héroïque de leurs ancêtres païens, d’autres ont été amenées à refouler l’essentiel d’un passé jugé incompatible avec le nouveau contexte religieux.
L’enquête progresse de façon à la fois géographique et chronologique, explorant tour à tour l’Irlande, les marges septentrionales du royaume des Francs, l’Angleterre, le pays de Galles, la Scandinavie et le monde slave occidental. Dans toutes ces régions, la question des bons païens permet d’éclairer la manière dont, au prix d’accommodements et de bricolages théologiques, les sociétés nouvellement converties ont appris à parler d’elles-mêmes à travers le miroir de l’Autre païen.
Une rencontre avec l'auteur est organisée le 25 janvier à 18h à la Sorbonne.