J'ai cherché sur Google Books le livre en question car je me souviens bien qu'il parlait de ce problème linguistique et effectivement vous trouverez des éléments de réponse (ou en tous cas des indications concernant ce problème linguistique) aux pages 113, 241 et 251. Notons tout de suite que le terme
francus peut se voir aussi écrit
francigenus, ce dernier ne laissant plus de doute sur son sens : il s'agit d'un sens ethnique et non social comme le terme
francus (libre) peut avoir. Par contre pourquoi et à partir de quand le terme
francos (les Français ? ou les Libres ??)) apparaît, or on sait que le royaume de France n'est pas complètement constitué et la "nation " France n'existe pas encore ( aux yeux des étrangers que sont les petits royaumes chrétiens du XIe siècle et même pour les populations de la périphérie du pays France). Et c'est bien là votre interrogation : comment se fait-il qu'on appelle «francs» voire «français» des populations qui ne sont pas toujours encore bien intégrées au vrai Royaume de France ?
Je vous mets juste les petits extraits que j'ai pu copier du livre sur Google books :
Marcellin Defourneaux, p. 113 a écrit :
[...], le terme de Francus ou Francigenus étant appliqué indistinctement à tous les pèlerins venus par les routes pyrénéennes. cependant les chartes ou les chroniques ont retenu le nom d'un certain nombre de grands personnages, évêques, barons ou rois, dont la visite à Compostelle témoigne du prestige dont le sanctuaire de Galice jouissait en France.
Marcellin Defourneaux, p.241 a écrit :
[...]par francigenus. Dans les langues hispaniques, comme dans le latin médiéval, francus a le sens de libre; il désigne donc tantôt une origine ethnique tantôt une condition sociale particulière, et la distinction entre les deux sens n'est pas toujours facile, ni même possible. Les fueros de los francos accordés par certains souverains à certaines catégories d'habitants sont-ils [...]
Si vous arrivez à trouver le livre en bibliothèque ou sur Google Book avec plus de chance que moi, p. 251 il y a apparemment un passage intéressant sur la distinction
francus (=
francigenus, français) et
francus (libre).
Enfin, il était d'usage de nommer la route venant du versant nord des Pyrénnées au versant sud des Pyréneées, le
camino frances...le chemin français. Cet usage du terme francus semble bien ancré et depuis longtemps...
Vous pourrez peut-être trouver des choses dans l'ouvrage classique de
Colette Beaune,
La naissance de a Nation France.
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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès,
in Hérodote,
L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'
Empire libéral.