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 Sujet du message : Re: Les recluses
Message Publié : 14 Jan 2019 10:46 
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Eginhard
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Inscription : 21 Nov 2008 17:01
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Faget a écrit :
Personnellement ce qui me surprend le plus c'est la notion d'emmurée à laquelle, sauf erreur de ma part, vous ne faites pas allusion.
Je ne souhaitais faire ici qu'une mise en perspective historique de l'érémitisme en général et de la réclusion en particulier. Mon propos n'était pas d'entrer dans les conditions de la vie de reclus ou de recluse.

Les différents articles, cités par vous-même et par Hugues de Hador entrent évidemment beaucoup plus dans les détails, et notamment les conditions matérielles.
Vous avez raison, le très long article de Paulette l'Hermite-Leclercq que vous citez (https://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103 ... _3_1_1517#) est la somme qu'il convient de lire sur le sujet. Merci pour la référence.
L'article de Marcellin Boudet, non cité (https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237 ... 4_1_461521, p.384) donne exemple précis, ceui de Saint-Flour.
L'article d'Aleteia, cité par Pouzet (https://fr.aleteia.org/2017/08/09/lincr ... -laventin/) montre une version moderne (fin du XXe) de la vie d'une recluse.
La page du site Abbayes et monastères, également citée (http://www.abbayesetmonasteres.fr/Les-Reclus) donne, mieux encore que je ne l'ai fait, une mise en perspective utile dans le phénomène plus large du monachisme chrétien (en l'occurrence, catholique occidental).


A tout cela, il convient d'ajouter que tout ne s'est pas toujours passé de manière idyllique. Sans que ce soit une généralité, loin de là, l'enfermement, déjà excessif par ses exigences, a pu mener à des dérèglements psychologiques ou psychiatriques. On parle notamment des cris qui effrayaient les passants (au cimetière des Innocents, je crois) ... Attention, toutefois, il se pourrait bien que cette vision extrême soit due au Romantisme du XIXe et en particulier au génie de Victor Hugo. Le Trou à Rats décrit dans Notre-Dame de Paris (https://fr.www.affinibook.com/ebook/rea ... pter_id=33) n'est peut-être pas pour rien dans cette vision horrifiante. Hugo présente en effet la recluse comme une vieille qui aurait perdu la raison à cause de sa douleur (je ne me rappelle pas la citation exacte). (Hugo est un génie de la littérature, Hugo n'est pas un historien.)

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 Sujet du message : Re: Les recluses
Message Publié : 15 Jan 2019 15:29 
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Polybe
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En 1878, lors de fouilles dans la cité Plantagenêt du Mans, alors dénommée Vieux Mans, une étrange découverte : un sarcophage qui, après ouverture, contient 2 squelettes. A-priori, un homme et une femme.
Mais les 2 locataires n'étaient pas mari et femme. En effet, plusieurs siècles ont empêché une éventuelle idylle amoureuse.
A l'intérieur du sarcophage, on lisait les inscriptions suivantes :
- Hic jacet Ermeci reclusa
- Ite ma Leperier.

Le sarcophage en pierre calcaire a en fait été utilisé 3 fois :
- de part sa forme, il date de l'époque mérovingienne (5e-8ème siècle).
- au 11e siècle, une recluse, Ermecin, l'occupe.
- au 14e siècle, un homme du nom de Leperier, tailleur de pierre, l'utilise à son
tour.

Pourquoi cette colocation avant l'heure ? On suppose que la famille de Mathieu Leperier, par respect pour la 2ème occupante, soit pour capter quelque fragrance de sainteté, ne l'a pas exproprié, laissant donc cohabiter les 2 corps 4 siècles durant.

Sources :
Les mystères de la Sarthe - Alain Moro
Site du Carré Plantagenêt
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 Sujet du message : Re: Les recluses
Message Publié : 15 Jan 2019 17:50 
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Comment ont ils déterminé les dates ?

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 Sujet du message : Re: Les recluses
Message Publié : 16 Jan 2019 11:30 
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Polybe
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Jean-Marc Labat a écrit :
Comment ont ils déterminé les dates ?


Voici quelques précisions tirées de : Corpus des inscriptions de la
France médiévale - Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe (région Pays de la Loire)
Vincent Debiais, Robert Favreau, Jean Michaud, Cécile Treffort


Inscription sans cadre ni préparation du support. Disposition horizontale sur deux lignes. Écriture très irrégulière présentant des caractères extrêmement disparates. Une très grande majorité des lettres peut être rapprochée de l'écriture onciale (le H de hic, le C et le T de jacet , le E, le M, le R, le S du nom de la défunte, ainsi que le le R, le E et le S" de reclusa).
D'autres lettres sont en revanche très droites avec des ductus différents de ceux de la capitale romaine (le E du nom, le L et le V de reclusa). Le E de jacet est minuscule. Cette diversité des formes, déjà relevée par la bibliographie ancienne, inviterait à douter de l'authenticité de l'inscription si les circonstances de la découverte n'étaient pas attestées dès 1878. Quoi qu'il en soit, la paléographie est des plus curieuses et certaines formes sont à repérer pour leur originalité les R, le A de jacet , etc.
Hauteur maximale des lettres = 1 1 cm. Le E du nom de la défunte porte un tilde droit signalant l'élision de la nasale (N ou M). Pas de décor particulier.

Ermecin proposée ici suppose la restitution d'un nom en langue vulgaire au sein d'un texte en latin, pratique connue à partir du XIIe siècle; la forme latine correspondant, Ermesindis, est très fréquente au Moyen Age central; d'autres noms, assez proches, sont nombreux à la même époque. A. Ledru propose de voir dans la défunte la recluse Hermenim de Saint-Vincent du Mans qui apparaît dans l'obituaire de Saint-Julien-du-Pré à la date du 17 des calendes de décembre ; cette hypothèse est intéressante même si elle suppose à la fois un changement important dans la graphie du nom de la recluse et l'inhumation de cette dernière en un autre lieu que celui de sa vie (ou le remploi ultérieur de son couvercle de sarcophage).

Le texte de cette inscription est fort simple ; il se contente d'identifier, grâce à la formule tumulaire hic jacet, la sépulture de la défunte, nommée et qualifiée par son statut (reclusa). Au-delà de particularités graphiques soulignées plus haut, le principal intérêt de ce texte réside dans la qualité de la défunte; les inscriptions concernant des reclus et des recluses sont en effet rares au Moyen Age.

L'inscription est placée à l'intérieur du couvercle d'un sarcophage contenant, au moment de la découverte, deux corps, produits de deux inhumations successives, comme l'indique la présence d'un deuxième texte. Tracé au pied du couvercle, dans le sens inverse par rapport à l'inscription du XIIe siècle, il est accompagné d'un marteau de maçon; on lit item ma lep(er)rier. La minuscule gothique employée pour l'inscription permet d'attribuer ce texte à l'extrême fin du Moyen Âge. Par le mot item, le lapicide fait référence au premier texte et à sa formule tumulaire hic jacet. Les lettres M et A constituent sans doute le début du prénom du défunt, mais les possibilités sont très nombreuses. Ces deux inscriptions, clairement différenciées par leur paléographie, attestent ainsi des phénomènes de réemplois de sépultures.

Sur la face antérieure du couvercle, on lit enfin le début d'une formule tumulaire composée des lettres HIC RE, sans doute pour hic requiescit. Cette courte section est tracée en lettres capitales très droites, avec un C carré ; l'écriture est très difficile à dater en raison du faible nombre de signes mais on peut la placer entre le Xe et le XIIe siècle. On peut difficilement expliquer la multiplication des textes sur ce seul et même objet, à des époques différentes à l'autre. ;si la graphie change, il semble que la fonction tumulaire de l'inscription reste la même d'un fragment à l'autre.


Pièces jointes :
ermecin 2.jpg
ermecin 2.jpg [ 157.74 Kio | Consulté 6024 fois ]
Ermecin.jpg
Ermecin.jpg [ 146 Kio | Consulté 6024 fois ]
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 Sujet du message : Re: Les recluses
Message Publié : 16 Jan 2019 15:44 
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Réponse très complète, merci.

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