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Penser au Moyen Âge
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Auteur :  Don fray miguel [ 25 Oct 2006 14:23 ]
Sujet du message :  Penser au Moyen Âge

Bonjour,



L’âge moyen

à propos de "Penser au Moyen Age" de Alain de Libera
par Frédéric Nef (mars 1993)



Penser au Moyen Age énonce dans son titre l’ambiguïté de son programme : il s’agit pour son auteur, médiéviste et historien de la philosophie, de réfléchir sur notre attitude vis-à-vis du Moyen Age et de retracer les conditions d’émergence de ce qu’on appelle «l’expérience de la pensée» [1] au XIIIe siècle autour des condamnations de 1277 [2], qui marquent la volonté de l’église de s’opposer à un aristotélisme trop radical, c’est-à-dire à la possibilité d’une béatitude humaine qui serait obtenue par la vie philosophique.


L’invention de la béatitude intellectuelle

Une des thèses condamnées en 1277 est en effet celle-ci «il n’y a pas de status plus excellent que de vaquer à la philosophie» [3], thèse qui aux yeux du censeur énonce la précellence de la philosophie sur la théologie, et donc la supériorité de la béatitude fruit de la sagesse sur la béatitude fruit des vertus théologales.

On trouve chez un auteur arabe du XIe siècle, Miskawahy [4], une définition du bonheur, inspirée de L’éthique à Nicomaque, qui énonce clairement cet idéal de béatitude philosophique :

«L’obtention du bonheur est, d’une façon générale, le fait de la sagesse. Or la sagesse comporte deux parties : l’une théorique, l’autre pratique. Par la sagesse théorique, il est possible de parvenir à des opinions vraies, et par la sagesse pratique, il est possible de parvenir à une disposition excellente, d’où sont issues les belles actions.»

La sagesse théorique culmine en jouissance contemplative, jouissance pleinement positive (alors que le plaisir sensible est relatif) et s’augmente d’être partagée (alors que le plaisir diminue s’il est partagé). Cette jouissance est décrite ainsi par Aristote :

«L’homme doit dans la mesure du possible s’immortaliser et tout faire pour vivre selon la partie la plus noble qui est en lui, car même si cette partie est petite par sa masse, par sa puissance et sa valeur elle dépasse de beaucoup tout le reste [5].»

On sait que J. Le Goff [6], à l’opposé de cette lecture, décrit à l’aide de la grille gramscienne l’émergence de la figure de l’intellectuel au Moyen Age. Cette grille répartit les intellectuels en, organiques (exécutant les tâches de la haute administration d’Etat, en incluant les appareils idéologiques d’État) et en critiques (exerçant un jugement théorique sur la valeur et la validité des politiques étatiques) :

«Les intellectuels du Moyen Age sont avant tout des intellectuels "organiques", fidèles serviteurs de l’Église et de l’État. (...) Mais nombre d’entre eux, parce que la fonction intellectuelle, la "liberté" universitaire, malgré ses limitations, y poussent, sont de plus en plus des intellectuels "critiques", le seuil étant celui de l’hérésie [7].»

A. de Libera ne conteste pas le caractère opérationnel de la distinction gramscienne en tant que telle, mais il est sceptique quand à sa pertinence pour la description de l’émergence de l’intellectuel médiéval. Quand J. Le Goff, à la suite de Renan [8], postule chez un Siger de Brabant et chez les averroïstes un ferment de critique institutionnelle (en incluant la théologie, institution des institutions), opposée à la chape de plomb des scolastiques, écrasant un Thomas d’Aquin, modèle de l’intellectuel organique, A. de Libera montre, lui, que l’averroïsme correspond à quelque chose d’infiniment plus complexe, que les véritables intellectuels médiévaux, par exemple Dante et Maître Eckhart, ne sont ni organiques, ni critiques, qu’un enjeu plus considérable que celui de la critique sociale se joue autour de 1277, définissant ce fameux «seuil d’hérésie», critère du caractère critique de l’intellectuel, et enfin que Thomas d’Aquin ne peut être considéré univoquement comme un intellectuel organique.

Maître Eckhart a franchi ce fameux seuil - en tout cas le pouvoir ecclésiastique a déclaré qu’il l’avait franchi et pourtant il est difficile de voir, en ce théologien, même avec Della Volpe, un modèle d’intellectuel critique. Quant à Thomas d’Aquin c’est une projection, issue du rôle que lui fait jouer l’Eglise depuis Léon XIII, qui en fait le Docteur de l’Église, en partie contre Duns Scot, qui conduit à gommer les tensions qui structurent son oeuvre, entre aristotélisme modéré, néo-platonisme et augustinisme notamment. L’hérésie n’est pas un label «qualité critique» pour l’intellectuel, de même que l’épithète de Docteur de l’Église n’est pas un label de «conformisme organique».

Il faut donc situer le livre d’Alain de Libera dans un triple contexte : les recherches sur la vie intellectuelle dans l’Occident latin, le dépérissement institutionnel des études de philosophie médiévale en France et enfin le recours à un Moyen Age imaginaire par les thuriféraires de l’extrême droite ou de la droite populiste. Ces deux derniers points apparaissent immédiatement dès la première lecture, cependant qu’un enjeu plus essentiel du livre, mais aussi plus discret, est sans doute le statut de la philosophie, comme paradigme d’activité intellectuelle au Moyen Age.
Ce livre s’inscrit dans un grand débat, où plane l’ombre familière et fraternelle de Michel Foucault, sur le passage de l’Antiquité au Moyen Age en ce qui concerne les pratiques du savoir et du corps. Par là, c’est paradoxalement notre relation à l’Antiquité qui est rendue problématique et suscite une inquiétude. L’homme médiéval s’est éveillé à la pensée par la méditation de l’Antiquité, la découverte de la sérénité intellectuelle ; nous-mêmes nous devons lutter pour ne pas nous considérer comme des orphelins du Moyen Age, privés de vertus, de beauté et de courage.

Le livre d’Alain de Libera met en cause l’hégémonie de fait des historiens sur la pensée de la vie intellectuelle médiévale, en réclamant qu’au-delà des dispositifs institutionnels, textuels, on aille voir du côté des contenus de la vie intellectuelle elle-même. Là où Le Goff voit l’intellectuel médiéval hésiter entre la position du clerc ou le ruisseau, voire le bûcher, Libera montre que sous l’influence de la philosophie arabe, et donc de la bienheureuse invasion d’Aristote au XIIIe siècle, une mutation profonde s’est accomplie, qui dépasse les cadres étroits d’une opposition entre intellectuel organique et contestataire, mutation qui a consisté en une découverte tardive de la vie philosophique comme idéal pratique et théorique, distinct de l’idéal ascétique de contemption du monde et de mortification.


Le Moyen Age aujourd’hui

Le mérite du livre d’Alain de Libera, autant que de montrer la nature de l’opération politique sur l’Occident chrétien, avec l’oblitération barbare et ingrate de toute notre dette arabe, est de nous dévoiler un Moyen Age incertain, violent et sombre, non à la manière d’un Victor Hugo ou d’un Huysmans, mais d’un Michelet ou d’un Andersen dans «Les galoches du bonheur» où le Moyen Age apparaît comme un cauchemar. Le livre de Pierre Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique [9], avait montré que la philosophie dans toute l’Antiquité était liée à des pratiques de méditation comme par exemple l’examen de conscience [10], voire de contemplation. Pierre Hadot voyait disparaître cet idéal philosophique au Moyen Age, dès Augustin, avec la mainmise de l’Église sur les pratiques spirituelles, massivement soumises à une théologie de la révélation.

Alain de Libera nuance cette thèse, en montrant qu’au XIIIe siècle la redécouverte de l’aristotélisme non seulement comme corpus, mais aussi comme doctrine de la béatitude par l’union avec l’intellect, décrite brièvement dans L’Éthique à Nicomaque, sous l’influence des commentateurs arabes, qui avaient précisément mis en relief le rôle central de la béatitude intellectuelle, a bouleversé de manière irrémédiable le cours occidental de la pensée.

Le Moyen Age n’est plus alors l’âge de la foi, comme pour Auguste Comte, celui de l’autorité, comme pour Marx, mais un temps divisé dont seule l’historiographie dissimule la fêlure en le subsumant sous la catégorie de la médiation, l’adjectif «moyen». Penser au Moyen Age eût pu s’appeler «L’âge moyen» pour nous montrer que dans ce miroir qu’il ne cesse de nous tendre, c’est nous qui apparaissons : moyens, mais au sens de médiocres.
C’est en ce sens que ce livre remplit pleinement une double fonction : resituer dans le contexte intellectuel, politique, culturel et religieux actuel les études médiévales et contribuer à la réélaboration de concepts politiques et historiques fondamentaux pour la redéfinition d’une éthique politique de l’intellectuel.

Ce projet n’apparaît peut-être pas immédiatement. Il est des livres trop riches, déviés par des accès de colère mais qu’une grande allégresse soulève et traverse, et dont on ne sait si on doit féliciter leur éditeur de n’avoir su discipliner leur auteur grâce au laisser-faire, laisser-publier de l’éditeur - qui est la règle générale dans l’édition française nous sommes non en présence d’un livre, mais d’une bibliothèque de petits traités sous un seul volume. «Grandeur et misère des études médiévales», «Du tchador», «De la misère en milieu étudiant au XIIIe siècle», «Contemplation et sexualité, ou comment s’en débarrasser ?»...

L’un des intérêts du livre est de montrer qu’une fausse image du Moyen Age véhicule (et est véhiculée par) une vue politique qui est à rejeter, et qu’une image juste de ce Moyen Age pourrait nous permettre, sinon d’acquérir, du moins de justifier des idées politiquement plus correctes. A. de Libera critique la fascination pour le Moyen Age, fascination qui prend des formes très diverses, du romanesque à la nostalgie de l’ordre, et la marginalisation institutionnelle des études médiévales. Il critique notamment l’utilisation par le Front national des thèmes de «l’Occident chrétien» qui posent un Moyen Age de combat. Dans cette critique il ne prend pas une position politique particulièrement originale. Elle est proche de la position rationaliste et laïque classique.

À l’intérieur d’un cadre idéologique qui peut être communément admis, A. de Libera soutient des vues originales : que l’université médiévale tant en théologie qu’en philosophie est le lieu de la rationalité, et c’est cet héritage qu’il entend transmettre. Il se sépare de ceux qui pensent que l’on peut et même que l’on doit séparer théologie et philosophie dans l’étude de la pensée médiévale. Il soutient qu’à cette époque - mais n’est-ce pas vrai aussi de la nôtre ? - il est illusoire de vouloir évacuer le théologique du champ de la pensée rationnelle. Il revendique donc une étude rationaliste et laïque de la rationalité médiévale en tant qu’interaction entre philosophie et théologie, et dans la dialectique des relations entre les Arabes et les chrétiens.

Si A. de Libera insiste sur l’inséparabilité de la philosophie et de la théologie médiévales, c’est parce qu’il constate avec la plus grande rigueur l’inéliminabilité de la question religieuse dans le champ social. Par exemple, on a pu remarquer que Le Pen veut se servir de la religion pour «restaurer l’ordre social», en tout cas instaurer un ordre social suivant ses goûts. A. de Libera montre qu’il se trompe en cherchant dans le Moyen Age une telle coopération (postulée aussi par Le Goff - ici A. de Libera s’oppose à travers Le Pen à Le Goff), mais son mérite est de ne pas se satisfaire d’une position laïque, progressiste, anti-nostalgique, mais d’interroger les conditions de possibilité du laïcisme dans une société multi-culturelle, où l’un des partenaires, l’islam, définit la laïcité, quand celui-ci la reconnaît et l’admet, de façon très différente.

On voit par là la relation qu’accomplit le livre entre la réflexion sur les conditions de laïcité applicables à l’islam et la réflexion sur l’importation en Occident de l’idéal arabe de vie philosophique. La position d’A. de Libera est de proclamer que l’élaboration d’un règlement laïque des conflits inter-communautaires passera par une reconnaissance collective de notre dette arabe. Cette dette consiste essentiellement dans la transmission d’Aristote et de l’idéal de vie philosophique.

La position d’A. de Libera ne consiste pas, comme une lecture superficielle pourrait le faire croire, à revendiquer simplement un rationalisme laïque dans le champ des études médiévales et un code d’argumentation rationnelle dans les disputes sociales sur les conduites religieuses, mais exige d’aller beaucoup plus loin, de consentir un effort héroïque : reconnaître que l’idéal de vie intellectuelle qui a donné naissance à la figure du rationalisme laïque est d’origine médiévale et arabe et que nous devons avoir le courage de retourner contre l’islam obscurantiste cette donnée culturelle et sociale [11], refoulée par les Arabes comme par nous pour des raisons différentes. Certes, on pourrait douter que les Beurs résolvent leurs problèmes d’intégration par la lecture d’Al-Farabi ou d’Averroès, mais A. de Libera revendique là une position qui mériterait d’être défendue dans toutes les discussions sur la nécessité d’un enseignement des religions à l’école, et la possibilité de l’intégration de l’islam.


L’idéal du vulgaire

A. de Libera renverse donc entièrement la définition de l’intellectuel médiéval donnée par J. Le Goff dans le cadre de la sociologie historique. Il montre qu’une définition qui reste dans ce cadre est insuffisante, et il expose le contexte précis d’histoire intellectuelle dans lequel surgit selon lui l’idéal régulateur de l’intellectuel médiéval : la béatitude philosophique. Ce contexte c’est celui de la diffusion de l’aristotélisme dans le deuxième tiers du XIIIc siècle, de la condamnation des erreurs aristotéliciennes par l’autorité ecclésiastique et de la réalisation, au XIVe siècle, de cet idéal dans les oeuvres de Dante et la prédication de Maître Eckhart.

Dante a écrit en langue vulgaire et il entend transmettre la science que son amour de Béatrice, amour profane, lui a octroyé ; Maître Eckhart a soutenu ses vues en moyen haut-allemand devant des auditoires de contemplatives, exclues par définition de la maîtrise théologique. Par là ils combattent le système fondé sur la prééminence du latin et la supériorité théologique des hommes sur les femmes. Ils enseignent par la poésie ou le sermon en dehors de l’université. C’est en ce sens qu’ils sont des intellectuels critiques

«Le mystique allemand et le poète italien ont tous deux acclimaté les aspirations des "intellectuels" hors de leurs institutions d’origine. L’emploi de la langue vulgaire a fait passer dans la société le modèle de vie que les "maîtres" ès arts s’étaient donné ; il a universalisé l’idéal universitaire. (...) Dante et Eckhart sont donc les témoins privilégiés d’une diffusion des "erreurs" philosophiques que ni les condamnations de 1277, ni la guerre contre l’arabisme menée par Raymond Lulle n’ont pu arrêter [12].»

Le livre débouche donc, par une sorte de cure chamanique, sur une ultime sérénité, à propos des figures de Dante et de Maître Eckhart :

«Eckhart et Dante étaient contemporains. Tous deux ont fait l’apologie de la noblesse : la nobilitate, l’Edelkeit sont les maîtres mots d’une nouvelle vision de l’existence, d’un nouvel idéal qui, lui-même, transpose ou aiguise l’idéal de vie philosophique qui aux confins des XIIIe et XIVe siècles s’est emparé de l’université de Paris [13] »

La conjonction du poète et du théologien étonne au premier abord. Mais ils sont réunis ici en vertu d’une affinité très précise : ils ont, d’une manière (scolastique ou poétique) et dans des styles presque opposés (anonymat [14] ou lyrisme), découvert et défendu, dans ses extrêmes conséquences, la noblesse purement intellectuelle d’un idéal contemplatif philosophique, fondée sur la dialectique de l’humilité et de la magnanimité.

Les suites modernes de ceci sont connues : valorisation des intellectuels professeurs, développement de l’idéalisme, avec la conjonction finale, le cauchemar absolu, le savoir absolu d’un Hegel anticipant, accompagnant voire justifiant les catastrophes totalitaires. Il n’appartient pas à Alain de Libera de nous montrer comment d’un aussi joli oeuf, fait du sourire de Béatrice et de l’extase des nonnes, un serpent est sorti. Il nous permet de lire Dante et Maître Eckhart comme des philosophes à part entière.
Dante et Maître Eckhart sont nos contemporains, plus que Siger de Brabant ou Averroes qui nous sont conceptuellement aussi proches : Dante et Maître Eckhart ont écrit ou prononcé en langue vulgaire des textes qui nous touchent immédiatement au-delà de leur apparente étrangeté. Ils proposent un idéal intellectuel démocratique. Cet idéal est à la fois politique et mystique. Politique, car ils s’adressent à ceux qui sont en position de faiblesse ou de sujétion. Mystique, car ils revendiquent le détachement et l’humilité. Ces deux aspects sont étroitement liés, car l’idéal mystique proposé est lui-même démocratique ; il définit une noblesse purement intellectuelle sans recréer pour autant une aristocratie de l’intellect.

Cela devrait suffire à montrer que ce livre doit être médité à la fois par celui qui revendique et par celui qui critique aujourd’hui un idéal intellectuel. La sagesse au fondement de la béatitude intellectuelle est à la fois théorique et pratique. Si elle n’était que théorique elle ne pourrait assurer l’équilibre entre magnanimité et humilité. La considération philosophique du Moyen Age permet de redéfinir l’intellectuel non comme un donné, mais comme une exigence. Notre âge moyen, c’est celui d’aujourd’hui, où cette exigence de liberté de l’intellect est ravalée au rang de pure et tautologique liberté de pensée. Notre Moyen Age, c’est celui d’Alain de Libera, où cette exigence serait exercée de la manière la plus radicale et la plus large, dans le champ politique comme théologique. Mais il est encore à venir.


[1] Expression heideggérienne, ici détournée de son sens.
[2] Pour l’impact de ces condamnations sur l’élaboration de la nouvelle physique parisienne du XIVe, siècle, voir Duhem, Le Système du monde, notamment le début du tome VII.
[3] R 147.
[4] Voir Éthique à Nicomaque, nouvelle traduction de J. Defradas (Agora, Presses Pocket), dossier en annexe : «L’éthique à Nicomaque dans la pensée morale et politique des philosophes arabo-musulmans (falasifà)», pp. 267-304 et pour ce qui concerne cet auteur pp. 291-294.
[5] Éthique à Nicomaque, 1177b35.
[6] Les intellectuels au Moyen Age.
[7] Cité p. 357.
[8] «Averroès et l’averroïsme», 1852, in OEuvres complètes, t. 3, Calmann-Lévy, 1949.
[9] Études augustiniennes, 1989.
[10] Voir le livre récent de P. Hadot, La citadelle intérieure, Fayard, 1992.
[11] La position d’A. de Libera est donc opposée sur ce point à celle défendue par R. Brague dans La voie romaine, Criterion, 1991. Pour A. de Libera, l’Europe n’est pas romaine ; elle souffre plutôt de ne pas se savoir arabe.
[12] PP. 334 et 335.
[13] P. 334.
[14] Dans le corpus entier de l’oeuvre eckhartienne les passages à lointaine résonance personnelle se comptent sur les doigts d’une main.

Auteur :  Sénéchal [ 26 Oct 2006 0:03 ]
Sujet du message : 

Voià un brillant résumé des positions d'Alain de Libera ! :idea:

Je ne suis spécialement équipé pour vous répondre à chaud... :oops: Masi je sens les prémisses d'un bon débat, sur des thèmes peu étudiés ici mais vraiment passionants !

Je vous poserez quelques petites questions très bientôt...le temps de relire quelques notes sur Le Goff ! :wink:

Cordialement.

Auteur :  Kurnos [ 06 Nov 2016 20:06 ]
Sujet du message :  Re: Penser au Moyen Âge

Citer :
La position d’A. de Libera est de proclamer que l’élaboration d’un règlement laïque des conflits inter-communautaires passera par une reconnaissance collective de notre dette arabe. Cette dette consiste essentiellement dans la transmission d’Aristote et de l’idéal de vie philosophique.

« dette arabe » : en langage diplomatique nous serions en conflit ?
On devrait parler de dette arabo-persique, ils auraient confié aux chrétiens l’exclusivité d’un savoir sans en faire usage, pour qu’ils en restituent l’usufruit avec les intérêts par la suite. L’occident serait débiteur d’un raisonnement scientifique "breveté" arabo-persique qui par ailleurs est considéré par ses créanciers comme nuisible pour l’humanité ?

De retour d’une petit séjour à Florence, l'ignorant que je suis s'est mis d’un coup à penser :
Donc, sur la place de la Seigneurie de Florence où se trouve la stèle de Savonarole fondateur de la théocratie à quelques mètres des nudités obscènes du David de Miche-Ange et des Sabines, on pourrait supposer que, sans cette dette, cet héritage, nous aurions l'inverse, la stèle Miche-Ange pendu et brûlé et la statue de Savonarole en soutane entouré des Sabines voilées.
Sans cette dette nous n’aurions jamais été capable de raison, nous aurions probablement toujours vécu dans l’obscurantisme religieux théocratique d’un Savonarole, un grand merci, nous l’avons échappé belle !
N’avons nous pas d’autres dettes comme par exemple vis à vis des étrusques qui sont passés à la trappe ?

Auteur :  Kurnos [ 07 Nov 2016 9:47 ]
Sujet du message :  Re: Penser au Moyen Âge

On peut toujours entrouvrir la trappe :

Les cités étrusques et le monde grec à la période classique
Thèse - Claire J ONCHERAY
http://www.academia.edu/1186177/Les_cit ... _classique

Aristote et le commerce extérieur (Voir les échanges entre étrusques et carthaginois)
Alain Bresson
http://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_ ... _89_3_4287

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