Le problème pour déterminer l'évolution en hygiène du haut et du bas Moyen Age est la différence actuelle du nombre et du type de témoignages. Au niveau des écrit, il est très rare de tomber sur un inventaire du haut Moyen Age et ceux du bas Moyen Age sont loin de tout dire. L'Archéologie pourrait apporter une début de réponse mais malheureusement ce n'est que depuis récemment que pour le Haut Moyen Age, elle ne s'intéresse plus seulement aux sépultures (un trou de poteau est toujours plus difficile à repérer qu'une sépulture).
Pour ce qui est des abbayes, elles avaient leurs latrines communautaires et leurs étuves (Royaumont, Saint-Ouen l'Aumône par exemple).
Les demeures d'élites étaient pourvues d'étuves et de latrines (qui pouvaient aussi servir de dépotoir et qui étaient vidées (exemple Blandy-les-Tours)) en plus d'évier, lavabo, etc.
En ville, vers le XIIe siècle, il existait des étuves publiques et des latrines privées ou publiques. Des puits et citernes se situaient un peu partout. Et à Paris, il y a des règlementations sur la gestion des déchets (les boucheries n'ont pas le droit de jeter les abats et le sang au milieu des rues, les tanneries, teinturies ont interdiction de s'installer en amont de la ville, etc.). Une citation de Danielle Alexandre-Bidon "Partout, cependant, les structures de l'hygiène sont le plus souvent renvoyées en fond de parcelle: en ville, lorsqu'elles sont limitrophes à deux propriétés, elles devaient être utilisées en commun".
Pour la campagne, je citerai de nouveau Danielle Alexandre-Bidon dans le
Quotidien au Temps des fabliaux: "Malgré la réputation faite aux paysans de ne jamais se décrasser, l'archéologie témoigne, jusque dans les fouilles de villages, d'un relatif souci d'hygiène, que confirment les sources d'archives". Dans les campagnes on avait aussi du savon, du shampooing, des peignes, des pinces à épiler, lessive, etc.
Et n'oubliez pas que contrairement à maintenant en Occident, on avait pas besoin de spécialistes pour fabriquer du shampooing, de la lessive, du savon ou du dentifrice. Cela faisait partie du savoir quotidien en particulier pour les gens de la campagne. Sans compter que se procurer les matières premières étaient plus simples à la campagne qu'à la ville et plus simple à cette époque qu'à la nôtre. Les riches, eux, avaient des penchants pour ce qui arrivaient d'Orient. Mais ce n'est pas parce que bidulle s'achète un parfum venu d'Orient du fait qu'il en en a les moyens, que forcément machin ne se parfume pas parce qu'il n'a pas l'argent nécessaire à de tel achat. Rien ne l'empêche de fabriquer sa propre eau parfumée.
Est-ce bien raisonnable de comparer la société paysanne des XVIIIe et XIXe siècle avec la société paysanne médiévale? Effectivement le travail dans les champs est toujours aussi harassant, mais cela ne veut absolument pas dire que l'hygiène avait la même place. Surtout qu'on est passé par la Peste noire et la Guerre des Religions.
un article de Jean Mesqui sur l'hygiène dans les châteaux:
http://www.mesqui.net/Page-d-accueil/indexfran.htm
une bibliographie sur l'hygiène:
http://questes.free.fr/pdf/biblio/bibli-laver.pdf
la plaquette de l'expo de la Tour Jean-sans-Peur sur l'hygiène:
http://pagesperso-orange.fr/tourjeansan ... YGIENE.pdf