Nous sommes actuellement le 27 Avr 2024 2:08

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 12 message(s) ] 
Auteur Message
 Sujet du message : Le prix d'une armure
Message Publié : 26 Nov 2007 23:02 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Avr 2005 20:03
Message(s) : 1649
Localisation : Tournai
Quel pouvait être le prix d'une armure de combat "tout venant" et comment ce prix a-t-il évolué au cours du temps ?

Il existe dans les archives de France ,une facture incontestable à ce sujet ,c'est l'armure de Jeanne d'Arc,laquelle c'était vu offrir par le Roi de France une armure "tout venant" pour ne pas dire "bas de gamme" .

Bon,mais ça vaudrait combien aujourd'hui ?

J'ai lu il y a de celà fort longtemps que celà vaudrait le prix d'un char aujourd'hui .

J'ai des doutes : un char Leclercq tout équipé vaut de l'ordre de 10 millions d'Euros... (ben oui,ça coûte cher de s'entretuer ...) ...
et un char leger vaut de l'ordre de 1 million d'Euros .

Ca ce n'est pas possible,puisque tout chateau avait au moins (je crois) 1 chevalier correctement équipé ,ce qui aurait fait des sommes astronomiques pour un petit fief .

Indépendament de celà,et toujours sur le même sujet,vu le faible progrès des armes,je suppose que les armes ,voire les armures devaient du moins dans les petites localités servir de père en fils ?


Quel est votre avis sur la question ?

Je ne demande pas des prix "d'époque" ( pour moi ça ne veut rien dire),
mais une échelle de prix de comparaison aujourd'hui :
une voiture "tout venant" ,un beau 4 x 4, un camion,un très gros camion ....


Merci .

_________________
A Berthold le Noir,
Et Hiram Maxim ,

L'Humanité reconnaissante !


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 27 Nov 2007 0:41 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 05 Nov 2007 12:53
Message(s) : 435
Au Bas Moyen Age, il existait plusieurs types d'armures avec diverses façon de les fabriquer donc divers prix.

Dans les comptes de la cour d'Anjou des années 1451-1454, 3 dons de René d'Anjou pour l'achat d'une armure sont "inférieurs à 30 livres tournois; vingt sont de 50 livres; six sont supérieurs à 120 livres et ils culminent à 275 livres. Leur montant correspond au moins à l'achat d'une armure de guerre, car "un harnois" de luxe fabriqué à Milan coûtait alors 49 à 55 livres." (PIPONNIER Françoise, Costume et Vie sociale: la Cour d'Anjou, XIVe-XVe siècle, Paris, 1970).

Pour comparaison, les gages des deux armuriers au service de la cour d'Anjou sont de 165 et 110 sous par mois, ceux des tailleur, pelletier, orfèvre de 18 livres tournois par an, celui de la femme de chambre 15 livres tournois par an, le valet de garde-robe 12.

D'autres comparaisons mais diachroniques cette fois:
http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article36
http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article72


Rappel: 1livre= 20 sous
1sous= 12 deniers


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 27 Nov 2007 7:26 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Avr 2005 20:03
Message(s) : 1649
Localisation : Tournai
Un grand merci pour la réponse et les liens .

_________________
A Berthold le Noir,
Et Hiram Maxim ,

L'Humanité reconnaissante !


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 27 Nov 2007 11:01 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Avr 2005 20:03
Message(s) : 1649
Localisation : Tournai
Autres questions ....

Vu le prix,est ce qu'il y avait :

a) un marché de l'occasion (après un décès ou après un combat sur base des "dépouilles")?
b) un réemploi d'armures de génération en génération ?
c) des armures types "prèt à porter" (cad de tailles "standards" ) .
d) des armures "ajustables" (cad prévues pour pouvoir être ajustées dès le départ) .
e) un marché de "l'ajustable" (cad pour des armures non prévues au départ pour être ajustées) .
f) des combattants partant au combat avec des armures partielles (par exemple un seul bras "sous armure" pour parer le choc et l'autre bras avec une simple cotte de maille) ?


Merci .

_________________
A Berthold le Noir,
Et Hiram Maxim ,

L'Humanité reconnaissante !


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 27 Nov 2007 13:48 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 05 Nov 2007 12:53
Message(s) : 435
La cotte de mailles est une armure ;)
Mais oui, on pouvait avoir une armure de plaque uniquement pour protéger le torse sans avoir de jambières et autres. Les enluminures en donnent des exemples. Mais à ma connaissance, on ne mélangeait pas armure de plaque et cotte de mailles sauf peut être si seules les jambières sont en plaque.


Pour mieux appréhender tes questions, il faut se remettre dans le bain de l'époque. Les armuriers sont des artisans, ils fabriquent des pièces uniques. Ainsi, en théorie rien ne les empêche de retoucher des armures pour les adapter à leur nouveau propriétaire. En pratique, c'est la technique de fabrication de l'armure qui pourra permettre ou non des ajustements. Par exemple, ajuster une cotte de maille est très simple. Il suffit d'ouvrir quelques anneaux pour en ajouter ou en retirer. Ajuster une armure de plaque c'est prendre le risque d'affaiblir le métal et donc de le rendre moins protecteur. En outre, pour l'armure de plaque, les lanières ou lacets permettent d'ajuster chaque partie entre elles à la guise du porteur.
L'armurier a aussi toute capacité de réparer les armures. Et quand une armure est foutue on remploie le métal.

Pour faire baisser le prix d'une armure, tu pouvais procurer toi-même les matières premières comme on le voit avec des vêtements et des bijoux.

Un remploi des armures de génération en génération est tout à fait envisageable à condition que les armures soient assez bien soignées (la rouille ça ne pardonne pas).

Au niveau des armures standards, certains types d'armures permettent plus que d'autres d'avoir une taille standard. Par exemple, une cotte de maille n'a pas besoin d'être près du corps. Une armure de plaque doit être près du corps (ou plutôt du gambison), sinon en l'enfilant tu te retrouveras à ne plus pouvoir bouger.

Après certaines parties de l'armure peuvent être standardisées comme le casque.

Les protections en textile sont dans le même cas que les protections de métal: certaines devront absolument collées au corps (pourpoint), alors que d'autres pourront être standards.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 27 Nov 2007 17:28 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque

Inscription : 10 Nov 2007 18:12
Message(s) : 130
Il semble que les armures, globalement coutaient cher, très cher, puisque les vassaux d'un seigneur devaient se cotiser lorsque le fils du seigneur devenait chevalier; cela était de leurs obligations.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 27 Nov 2007 20:55 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 05 Nov 2007 12:53
Message(s) : 435
Après de rapides recherches sur le net, je n'ai pas trouvé de mention directe d'obligation pour les vassaux de financer l'armure des fils de leur suzerain pour leur adoubement (Thibault, n'hésite pas à mettre des références pour étayer tes propos si j'ai tord).


Ce que j'ai trouvé est l'obligation pour le vassal d'aider matériellement son suzerain dans 4 cas: le mariage de la fille ainée du suzerain, l'adoubement du fils ainé du suzerain, le départ en croisade du suzerain, le paiement de la rançon du suzerain s'il est captif.

Il ne faut donc pas confondre contribuer à financer l'achat d'une armure et aider au financement de l'adoubement. L'adoubement ne se résume pas à l'achat d'une armure. C'est une fête avec des invités qu'il faut loger, nourrir, divertir voir même habiller, un ou plusieurs adoubés à qui il faut fournir plusieurs vêtements pour la cérémonie, plus des cadeaux (armes, amures, chevaux, livrées, etc), et divers autres frais spécifiques à cette fête.

Cela n'indique donc aucunement que l'armure en elle-même est trop chère pour le trésor du seul suzerain, mais que la fête de l'adoubement, elle, peut s'avérer être trop couteuse. Et si c'était l'armure qui était trop chère dans ce cas pourquoi le vassal doit aussi aider matériellement son suzerain pour l'organisation du mariage de sa fille ainée?


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 27 Nov 2007 21:02 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque

Inscription : 10 Nov 2007 18:12
Message(s) : 130
Dans ce cas, c'est le cours de mon prof d'histoire du droit qui serait remis en cause... je me renseignerai au prochain cours, en tout cas voici ce que j'ai noté:

-hypothèse où le seigneur est capturé, enlevé, et où on demande une rançon: les vassaux se cotisent et participent au paiement.
-lorsque le fils ainé du seigneur se mariait: les vassaux devaient se cotiser pour payer l’armure.
-lorsque la fille aînée se mariait, les vassaux devaient se cotiser pour payer la dot.
-lorsque le seigneur partait à la croisade, devaient se cotiser pour le financement.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 27 Nov 2007 23:00 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 29 Oct 2006 23:34
Message(s) : 588
En France et en Angleterre, le vassal doit une aide quand son seigneur marie sa fille aînée, quand il adoube (adoubement n'est pas égal à armure, mais à l'organisation de cette cérémonie) son fils aîné, quand il part en croisade ou quand il est fait prisonnier et qu'une rançon est nécessaire.
Ce sont là des dépenses moindre que celles qui fait pour lui : entretenir un cheval, une armure ... pour être prêt à participer à l'ost pendant 40 jours.

Mais, le seigneur donne à son vassal un fief et les redevances qui vont avec qui permette au vassal d'aider son seigneur.

Ungern, je veux bien croire que les prix médiévaux ne veulent rien dire pour vous. Mais, la comparaison des prix actuels avec ceux du Moyen Âge n'ont pas de sens (pour moi en tout cas). Il faut comparer le salaire reçu par un corps de métier, le prix du pain ... avec le prix de l'armure. C'est bien plus parlant.

_________________
le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder (Oscar Wilde)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 27 Nov 2007 23:11 
Hors-ligne
Polybe
Polybe

Inscription : 22 Sep 2007 20:44
Message(s) : 69
Localisation : Poitou
Pour l'armure, je pense qu'il convient aussi de préciser : l'armure de guerre est différente de l'armure de joute.
Je pense aussi que l'imagerie "populaire", au bon sens du mot, met dans le terme "armure" le harnois blanc, pas la maille. La maille est tout à fait adaptable, je n'e ndirai pas tant de l'armure de plaque. Tout doit être fait sur mesure, ne serait-ce que pour l'amplitude des mouvements. Ca doit pouvoir se faire, mais au prix fort de l'armurier...
Quand à la rouille, il ne faut pas oublier qu'elles ont en fer (pas en acier), et écroui à froid le plus souvent. Ca doit rouiller rien qu'en transpirant...
C'est assez amusant, mais pour m'être perdu en droit, mon prof d'histoire du droit parlait aussi du prix d'un char moderne !!!
Il faudrait voir le coût des matériaux, de la main d'oeuvre des forgerons, taillandiers et autres. Les coûts actuels d'une armure "à l'ancienne", en fer, battue à froid et sur mesure les mettent à environ 10 à 15 000€ pièce, pour ce que ça vaut... Mais le métal est plus simple à trouver aussi !!!
Ca va sembler bizarre, mais je pense que les chevaux devaient en fin de compte être le gros budget d'un chevalier !!!

_________________
C'est parce que la vitesse de la lumière est supérieure à celle du son que certains brillent avant d'avoir l'air con...


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 28 Nov 2007 11:08 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 05 Nov 2007 12:53
Message(s) : 435
Bonne idée Thibault de demander plus de détails à ton profs sur l'obligation du vassal à aider matériellement son suzerain pour l'adoubement de son fils ainé. Pourrais-tu aussi en profiter pour lui demander les références de son affirmation du coût d'une armure par comparaison à un char? Et aussi ce qui lui fait dire que Jeanne d'Arc n'avait qu'une armure de base.


Le métal n'était pas plus dur à trouver au Moyen Age en particulier le fer qui est alors le premier métal utilisé (armement, habillement, outillage, construction, etc.). En outre au bas Moyen Age, le marteau hydraulique était déjà utilisé pour fabriquer des tôles de fer (les bas fourneaux ne permettaient pas de couler le fer).


Sinon, l'armure de Jeanne d'Arc (un harnois blanc) avait couté 125 livres tournois, ce qui d'après les chiffres que j'ai mis plus haut est loin d'être une somme délivrée pour un harnois de guerre de base (et je rajouterai que le roi Renée a offert à un chevalier de l'ordre du Croissant un manteau dont le velours coutait 110 livres tournois). Sur un forum de reconstituteurs, il est mentionné l'achat d'un harnois pour 50 livres tournois.


Gallica propose pas mal de transcriptions voir de traductions de comptes et d'inventaires pour ceux qui veulent avoir d'autres coûts ;)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 17 Déc 2007 11:18 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 05 Oct 2006 8:31
Message(s) : 16
Localisation : amiens
la production d'armure avait plusieurs facettes.
Les plus gros centres de fabrications etaient basés dans le sud de l'allemagne, la region de nuremberg, et dans le nord de l'italie, autour de milan. Des villages entiers pouvaient etre devolus a la fabrication de plates, divisés en groupes specialisés dans certaines etapes: decoupe, mise en forme, etc.
Les deux modeles principaux sont qualifiés d'allemand et de milanais, les autres (francais, anglais, alla tadesca,etc) derivent de ces deux groupes.
Ces armures sont realisées sur mesure pour de riches clients, parfois simplement a partir des patrons servant a realiser les pourpoints ou les douiblets des porteurs, et sont alors totalement ergonomiques, chaque galbe du corps etant moulé au maximum.
Un autre circuit est celui des armures realisées plus rapidement, sans mesures prealables, qui sont nvoyés en europe (dans des tonneaux par exemple) et qui servent a approvisonner le marché du "tout venant".
De nombreuses pieces sont reutilisées a travers le temps, et on peut parexemple retrouver sur certaines armures de la fin du XVeme au musée de l'armée des greves ou des canons d'avant bras datant de la fin du XIVe, ré-employés, ainsi que des cuirasses perforées reparées par soudure a chaud de plaques.

_________________
Pas d'images dans les signatures!


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 12 message(s) ] 

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 48 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB