Je vais nécessairement pour vous répondre sortir du cadre chronologique de ce forum, qu’on veuille bien me pardonner, car je pense qu’il n’est pas utile de créer un nouveau sujet, cette remarque pouvant expliquer comment se termine l’âge des tournois.
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« C'est lors du séjour de la Cour à Bayonne, notamment à l'occasion du tournoi allégorique l'opposant à son frère cadet, que Charles IX, âgé d'à peine quinze ans, démontre combien il maîtrise l'art de l'équitation
Justement, vous notez qu’il s’agit d’un tournoi allégorique, c’est-à-dire en fait un ballet équestre, qui remplace à la fin de la Renaissance le tournoi guerrier de type médiéval, et appelé « carrousel » Cette idée de combiner le tournoi et le théâtre est italienne, elle vient des cours de Ferrare et de Florence.
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Si non, est-ce que des rois tel que louis XIV ou Louis XVI, en fait les rois de l’absolutisme, participaient eux-mêmes à des tournois ?
Précisément, c’est cette transformation du tournoi en ballet équestre qui trouve sous Louis XIV son accomplissement avec le « Carrousel » de 1662 qui est un concours de cavaliers avec course de bague et autres jeux d’adresse hérités du Moyen-âge, mais extrêmement scénarisés et ritualisés (c’est à cette occasion que le roi inaugura le thème de son identification mystique au soleil). Mais dès 1612, un carrousel assez semblable avait été organisé par Antoine de Pluvinel pour les fiançailles de Louis XIII avec Anne d’Autriche sur la future place des Vosges.
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Et plus largement, est-ce qu’il y a généralement une différence dans la maîtrise des armes, le contact physique, entre un roi du moyen-âge, roi féodal, et les rois de la renaissance, puis du XVII et XVIII ème siècle. Parcque j’ai la vision du roi au XVII, comme quelqu’un qui reste dans son château, pas guerrier du tout.. Au XVI, ça allait encore, avec François Ier qui se battait bien sur le terrain, à Marignan, etc… Mais à partir du XVII, ça me parait différent.
Henri IV fut cependant un véritable « roi de guerre », et même encore son fils Louis XIII (voir le très riche fil à son sujet dans le forum Grand Siècle). Louis XIV aussi est présent aux armées : dans sa jeunesse, Mazarin l’associe aux opérations (siège de Sainte-Ménéhould en 1653, campagne de Flandres en 1655, prise de Montmédy en 1657), et il ne quitte définitivement le contact direct avec le théâtre d’opérations qu’en 1693. Mais cette présence n’est pas à proprement parler militaire, au contact de l’ennemi ; elle galvanise plutôt les troupes et sert la propagande organisée par ses historiographes et les artistes du règne (par exemple le décor de la grande galerie de Versailles ou les scènes de bataille de Van der Meulen).
La contre-propagande menée par les ennemis du roi ne se fait inversement pas faute de relever la « pleutrerie » du roi : une médaille (Londres, British Museum) montre ainsi le roi sur un char tiré par quatre femmes qui l’éloignaient du front quelque part aux Pays-Bas avec cette cruelle devise « VENIT, VIDIT SED NON VICIT » (allusion à César et à la devise du Carrousel de 1662 dont il a été question plus haut « UT VIDI VICI » ; je n’en trouve malheureusement pas trace sur le net, elle est représentée dans
Louis XIV, les stratégies de la gloire, Peter Burke, Seuil, 1995, que j’ai utilisé pour vous répondre (ainsi que le
Louis XIV de F. Bluche chez Fayard 1986).