Bonjour,
CASSINI Marco a écrit :
Des enquêtes récentes ont montré l'évidence selon laquelle Jehanne (dite) d'Arc n'a jamais vécu dans la maison que l'on visite à Domrémy-la-Pucelle - pas davantage qu'elle y soit née d'ailleurs.
Qui a enquêté ? Sur quels documents ?
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L'un d'entre vous a remarqué que ladite maison est plus cossue que celle attribuée traditionnellement à un paysan (A noter en passant que le terme 'paysan' n'existe pas encore, même à la fin du XVè...), ceux qui connaissent les lieux comprendront aisément qu'ils ne peuvent réellement constituer une maison d'habitation commune pour l'époque.
Il y avait paysans et paysans...
Comment étaient les maisons des coqs de village dans cette région au début du XVème siècle ?
Cela étant, personne ne prétend que l'état de la maison qu'on peut voir aujourd'hui à Domrémy est exactement celui du XVème siècle.
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L'orientation même de la maison n'est pas logique, retournez-y avec une boussole et un traité d'architecture ! Rappelez-vous également quels titres possédaient le "père" de Jehanne...
A défaut de boussole et de traité d'architecture, j'ai lu les actes des procès de Jeanne d'Arc. Ils permettent de situer à peu près le jardin de la maison : l'accusée dit qu'elle a entendu ses voix quand elle était dans le jardin de son père, et qu'elles venaient à droite, du côté de l'église.
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Le village où a vécu Jehanne enfant est d'ailleurs Greux, juste à côté de Domrémy, où elle a été placée par mesure de sûreté politique (pardon pour cet anachronisme faisant court) par les créateurs du personnage qu'elle incarna dix-sept ans plus tard.
"
Nos deux maisons, celle de mon père et celle du père d’Arc, se touchaient. Je connaissais bien Jeannette" (déposition de Mengette, de
Domrémy).
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Si elle gardait des moutons ou des vaches, toute seule, en rêvant la tête dans les nuages ? Peu probable pour l'époque où les loups sortaient des forêts plus couramment que les Anglois venaient pointer du nez dans les affaires des Armagnacs ! Un vrai berger n'était pas seul, solidement armé d'un fameux gourdin et accompagné de chiens.
Qui a dit qu'elle gardait les vaches toute seule, loin du village et près des loups ? Et vous croyez que les loups attaquaient les vaches ?
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Et puis, si l'on pouvait rencontrer dans les petits villages des bergers menant un troupeau aller paître ailleurs, si tant est qu'un berger de la fin du XVè pouvait être assez riche pour en posséder un, ce ne pouvait être qu'une paire ou deux de bêtes, la survie d'une famille dépendait de ses avoirs (prêter un mouton à quelqu'un ?!) - il y avait certainement ici ou là une famille possédant une vache (une seule, pas quinze) qui assurait le lait et un ou deux veaux à vendre. Faites-donc un tour dans les pauvres villages russes, ça se fait encore de nos jours...
Dans les villages de France au XVème siècle il y avait du bétail : bovins (pour tirer la charrue, avoir du lait, faire des veaux) et ovins (laine...). Pas forcément de grands troupeaux, certes, mais des bêtes qu'il fallait bien emmener paître... et mettre à l'abri quand il y avait une alerte ("
En un temps, tous ceux de Domrémy s’enfuirent à Neufchâteau avec leurs bêtes...").
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L'on sait aujourd'hui (historiens passionnés par la véracité historique et l'approche scientifique laissant de côté les considérations de l'Eglise catholique qui est en grande partie responsable de l'imagerie d'Epinal ayant inondé nos livres d'histoire de jeunesse) que les 'voix' de Jeanne d'Arc, les appellations des Saints qu'elle "entendait" lui parler, les choses qu'elles savaient d'office alors qu'une pauvre petite bergère n'aurait pas pu connaître, la reconnaissance du Dauphin en personne et les révélations qu'ils se sont échangées -etc- sont issues d'un apprentissage.
Cela est de l'ordre du possible, en effet.
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On dirait aujourd'hui 'de la part d'une société secrète'
Nous y voila.
Le "Da Vinci Code" johannique.
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comportant nombre personnages particulièrement au courant de ce qui se tramait à la Cour, chez les Anglois, au coeur de la religion d'Etat
Pourquoi chercher une socioété secrète alors qu'il y avait à quelques kilomètre de Domrémy, la belle-mère de Dauphin (Yolande d'Aragon) et le beau-frère du Dauphin (René de Bar), plus près encore, à Vaucouleurs, un homme de main de ceux-ci (Baudricourt) ?
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qui savaient également se battre à l'épée, monter à cheval, porter l'armure.
Quelque chose me dit qu'on va nous expliquer que seule une fille noble pouvait monter à cheval et porter l'armure ; et se battre à l'épée (ce que Jeanne n'a jamais fait, soit dit en passant...)
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Je ne suis pas "surviviste" pour l'occasion,
Mais "bâtardisant" quand-même, non ?
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puisqu'il n'y a pas de raison notable pour que cette notion ait pu être inventée.
Le roman surviviste va de pair avec le roman bâtardisant : si Jeanne d'Arc a pu faire tout ce qu'elle a fait, c'était parce qu'elle était la soeur d'un très très haut personnage, et puisqu'elle était la soeur d'un haut personnage elle n'a pas pu être brûlée... Pour le reste, il n'y a qu'à broder autour de cela.
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Au risque de choquer certaines personnes rêvant encore à la p'tite bergère guidée par la lumière divine, Jeanne d'Arc avait failli être mariée (elle a refusé et avait gagné son procès)
C'est exact qu'elle a gagné devant l'officialité de Toul, un procès engagé par un homme qui lui reprochait d'avoir rompu une promesse de mariage. Lumière divine ou pas, il est un fait que Jeanne a plaidé le fait qu'elle avait fait voeu de virginité.
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et surtout a fait ses premiers combats en étant enceinte !
D'abord, elle n'a guère combattu ; il semble qu'elle ait été en première ligne un moment à Orléans (elle a été blessée par une flèche) mais on n'a aucun témoignage qu'elle aurait vraiment combattu.
Ensuite, qu'est-ce qui vous fait dire qu'elle était enceinte à Orléans ?
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L'on sait également qu'elle s'est retrouvée en Belgique après le fait qu'elle se soit fait juger à Rouen (et que l'on ait brûlé quelqu'une d'autre, au profit) pour se faire remettre les clefs de la ville d'Arlon ! ...Et retourner tranquillement finir sa vie en famille, au calme, sous bonne fortune, en Lorraine.
Ce qu'on sait, c'est qu'une certaine Claude, venue d'Arlon en Belgique (duché de Luxembourg à l'époque), s'est fait passer pour Jeanne d'Arc à Metz, puis ailleurs, avec la complicité -à un certain moment- des frères de Jeanne d'Arc, avant d'être démasquée à Paris. C'est l'histoire de "Jeanne des Armoises" au château de Jaulny etc....
Je remarque au passage, qu'après avoir dit plus haut que vous n'êtes pas "surviviste" pour l'occasion, vous nous servez maintenant le roman surviviste comme une évidence ("
on sait également que...")
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Enfin, j'ai lu un de vos articles mentionnant qu'il n'y avait pas de soutien d'Armagnacs au-delà de la Lorraine. Il faut se souvenir que la carte de la France n'était pas celle de nos jours et que le Jura comportait une partie française... très attachée aux Armagnacs ! En fait, les Anglois n'avaient guère d'intérêts à raser la Lorraine : trop loin de leurs occupations principales, relief trop accidenté pour eux. Seulement quelques faits d'armes de garnisons envoyées en 'grandes manoeuvres' sont relatées dans les minutes de notaires locaux.
La Lorraine et le Barrois étaient plutôt du théâtre d'opération bourguignon.