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 Sujet du message : Le dynamisme des normands
Message Publié : 06 Sep 2009 11:31 
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Jean Froissart
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Inscription : 28 Nov 2005 23:03
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Les normands au 11° et 12° siècle font preuve d'un exceptionnel dynamisme. Ils conquièrent l'Angleterre et l'Italie du sud, participent aux croisades, essayent de conquérir l'empire byzantin.
Comment expliquer un tel dynamisme ?
La Normandie était-elle surpeuplée ?

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"L'histoire me sera favorable car j'ai l'intention de l'écrire". Winston Churchill.


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 Sujet du message : Re: Le dynamisme des normands
Message Publié : 06 Sep 2009 11:51 
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Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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C'est je crois une thématique qui a souvent été avancée sans que l'on puisse le démontrer d'une manière irréfutable. Pour ma part j'y verrais plus les effets d'une ferme notion de gestion politique combinée avec une réussite militaire incontestable grâce à l'emploie de la cavalerie lourde, prototype des futurs chevaliers du Moyen Âge central.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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 Sujet du message : Re: Le dynamisme des normands
Message Publié : 08 Sep 2009 22:37 
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Jean Froissart
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Inscription : 03 Jan 2008 23:00
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Il y a la en effet un phénomène, une "aventure" pour paraphraser le professeur Neveux, assez étonnante, mais qui peut s'expliquer, sinon se comprendre, par le fait que les deux évènements, conquête de l'Angleterre en 1066 par le duc Guillaume, et conquête de l'Italie du sud puis de la Sicile par les Hauteville, sont historiquement concomittants, mais n'ont aucun lien direct.

Je ne reviendrai pas sur les raisons et les circonstances qui ont mené à la bataille d'Hastings le 14 octobre 1066. Il s'agit là d'un évènement politique, avant d'être une aventure militaire, et qui trouve ses racines dans le contexte géo-politique de l'europe du nord de l'époque, et l'intelligence politique du duc de Normandie.

L'aventure italo-sicilienne, pour sa part, est particulièrement surprenante, et fascinante, dans la mesure ou elle ressort par certains aspects d'un véritable western !

Je rappellerai aussi, avant même que les Hauteville, fils d'un petit seigneur de la région de Coutances, deviennent à plusieurs frères et neveux, à la fois la terreur des byzantins, des romains, des arabes, bref de tous ceux qui ont eu la mauvaise idée de se trouver sur leur passage, la figure de Roussel de Bailleul, en quelque sorte leur prédécesseur, et dont l'aventure personnelle est digne d'un western spaghetti : parti de rien (c'est-à-dire de son patelin), Roussel entra dans la garde varègue du Basileus comme mercenaire. Visiblement compétent, on lui confia une unité, puis deux puis trois, et finalement une armée. Il fit subir quelques roustes aux seldjoukides, avant que l'idée phénoménale lui vienne de se construire avec ses troupes son propre royaume, au sud de la mer noire (nord de l'Arménie). Et il y parvint .. enfin, un certain temps.

Pour le ramener à la raison en effet, et nous sommes là encore en plein western, voire dans un album des tuniques bleues, les byzantins et les turcs durent nouer une alliance totalement contre nature, afin de virer ce normand qui s'était taillé un domaine aux dépens des deux belligérants !

Plus sérieusement, et plus techniquement, Pédro évoque avec raison la cavalerie lourde normande. Gardons présents à l'esprit qu'au XIème siècle la chevalerie telle que nous l'envisageons habituellement n'existe tout simplement pas, non plus que l'héraldique et les blasons.

Les cavaliers lourds normands, "milites" selon les écrits du temps tout simplement, ont constitué des unités dont la particularité était d'être regroupées en "conrois", en quelque sorte des escadrons pour faire simple, dont l'efficacité première venait de leur discipline, c'est-à-dire de leur capacité à réagir avec ensemble sur le terrain.

Ainsi, en pleine féodalité naissante, se situe ici une sorte d'anomalie, puisque nous sommes là aux antipodes du désordre de Crécy ou d'Azincourt : ces cavaliers combattent en bande, obéissent au cordeau, et sont capables de manoeuvres en plein combat qui font la différence à une époque ou le combat individuel est souvent la règle.

Ainsi par exemple des manoeuvres de repli et de retour de charge menés par les conrois lors de la bataille d'Hastings, qui supposent des corps de troupes coordonnés et commandés avec précision. Par qui et comment, la nous manquons cruellement de détails, et c'est bien le problème !

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


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 Sujet du message : Re: Le dynamisme des normands
Message Publié : 08 Sep 2009 23:22 
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Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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Localisation : Limoges
On peut sans doute avancer que les relations d'hommes à homme agissaient comme une sorte de liant dans ces formations de combat, préfigurant les relations vassaliques...

On peut rajouter que c'est à l'articulation du XIe et XIIe siècle qu'une innovation dans la technique de combat fait du combattant à cheval le véritable maître des champs de bataille ; en effet, c'est à cette époque que la lance commence à être maintenue en arrêt sous l'aisselle durant la charge ce qui permet d'optimiser son pouvoir pénétrant et de donner au cavalier une puissance de choc dévastatrice. Cette technique utilisée conjointement avec les étriers, a permis l'éclosion de la charge de cavalerie lourde, associée à notre représentation collective de l'art de la guerre du Moyen Âge.

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 Sujet du message : Re: Le dynamisme des normands
Message Publié : 09 Sep 2009 15:22 
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Inscription : 27 Avr 2004 17:38
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Localisation : Région Parisienne
Pédro a écrit :
...

On peut rajouter que c'est à l'articulation du XIe et XIIe siècle qu'une innovation dans la technique de combat fait du combattant à cheval le véritable maître des champs de bataille ; en effet, c'est à cette époque que la lance commence à être maintenue en arrêt sous l'aisselle durant la charge ce qui permet d'optimiser son pouvoir pénétrant et de donner au cavalier une puissance de choc dévastatrice.



Deux choses permettent de charger comme cela, l'étrier, qui est connu depuis deux siècles, mais qui est définitivement généralisé, et la modification de la selle. Un pommeau et surtout un troussequin surélevés rendent possible un choc avec la lance sans être jeté à bas du cheval. Il faut en effet amortir le mouvement arrière du corps. Mais cela se passera plus tard. Si on regarde un cavalier de la tapisserie de Bayeux, les étriers sont là, mais le troussequin est bas.

Image

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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 Sujet du message : Re: Le dynamisme des normands
Message Publié : 09 Sep 2009 17:22 
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Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 08 Juin 2009 10:56
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Localisation : Limoges
C'est justement pour cela que je dis que l'emploi de la lance dans le choc en est à ses balbutiement ; on voit nettement sur la tapisserie certains cavaliers tenir leur lance calée sous l'aisselle. Ensuite, le choc a été possible dans l'antiquité (dans une moindre mesure) sans l'emploi d'étrier, mais souvent en compensant avec des selles hautes. Mais même sans cela des exemple existes notamment du coté des Sarmates.

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