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Guinefort le Saint lévrier
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Auteur :  Share [ 26 Avr 2004 15:14 ]
Sujet du message :  Guinefort le Saint lévrier

Je fais un exposé a propos du Saint lévrier Guinefort.Quelqu'un connaît-il cette légende?

J'ai un texte d'étienne de bourbon, mais je ne vois pas vraiment commen traiter le sujet.Dois-je me servir de ce texte pour mettree en relation a la fois le comportement de l'eglise par rapport aux fidèle et prarallèllement le développement des dominicains (et plus généralement des mendiants) avec le métier de prédicateur?

Auteur :  calavera [ 27 Avr 2004 13:32 ]
Sujet du message : 

a priori 'faut traiter de la prédication (fonctions, techniques),
du rôle des exempla,
mettre l'accent sur Etienne de Bourbon, sur la fonction de son traité

sur la dimension de contrôle/normation sociale par la prédication et par l'itinérance...

Auteur :  Zunkir [ 11 Mars 2005 9:26 ]
Sujet du message : 

C'est pas l'histoire d'un saint lévrier qui guérit les enfants ou un truc dans le genre ? Je crois que ce culte a eu une longue postérité. Mais il n'était sûrement pas bien vu par les autorités ecclésiastiques.
C'est un sujet d'histoire religieuse qui doit être assez intéressant. Il y a sûrement une bibliographie importante pour ce type de sujet.

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 11 Mars 2005 9:44 ]
Sujet du message : 

Voici, trouvé sur la toile, un site intéressant:

http://www.animal-respect-catholique.org/saints.htm

" L’histoire de saint Guinefort, basée sur des faits réels, est le récit d’un chien qui a eu le malheur, dans l’exercice de ses devoirs et donc dans sa fidélité, d’être tué par son propre maître ! Saint Guinefort, en fait un lévrier, après avoir protégé l’enfant de son maître couché dans un berceau de l’attaque d’un grand serpent, se fait tuer par son maître, le chevalier de Villars. Le chien avait eu auparavant le temps de tuer le serpent et donc de protéger efficacement le bébé, mais sa propre gueule, sa tête et une partie du berceau inondés de sang de la part du serpent, laissèrent croire qu’il avait attaqué l’enfant ! La nourrice entrant dans la pièce de l’enfant « dormant doucement » est horrifiée croyant que l’enfant est mort et criant, fait accourir le maître qui dans la précipitation sans réfléchir, voyant le berceau tacheté de sang et croyant l’enfant attaqué par son chien, dégaine son épée et abat le chien sans aucune autre forme de procès !

Plus tard, en découvrant la vérité et sa tragique méprise, le chevalier est pris de remords et enterre son chien près du château. Il plante même des arbres près de son tombeau ! « Par la volonté divine (comme punition ?), le château fut détruit et la terre, ramenée à l’état de désert, abandonnée par l’habitant » .

C’est alors, quelques siècles plus tard, qu’intervient le dominicain -Domini canes (!)- Etienne de Bourbon qui en tant qu’inquisiteur relate et reconstruit toute l’histoire pour extirper définitivement le culte et le pèlerinage qui s’étaient créés autour du tombeau de Guinefort. En effet, « les paysans, entendant parler de la noble conduite du chien et dire comment il avait été tué, quoique innocent et pour une chose dont il dut attendre du bien, visitèrent le lieu, honorèrent le chien tel un martyr ». Le lieu d’ensevelissement de l’animal « martyr » était devenu un lieu de pèlerinage pour sauver les enfants malades.

Plutôt que les paysans s’étaient surtout les femmes qui ayant des enfants faibles et malades demandaient son intercession céleste ! Au lieu présumé du tombeau du « saint lévrier » étaient apportés des langes de bébés, des chaussons ou des petits souliers en guise d’ex-voto, des pièces de monnaie, des clous et on y exposait même pendant un court laps de temps des enfants nus.

Saint Guinefort est donc devenu d’après le rapport de l’enquête menée par Etienne de Bourbon, ce dernier ne pouvant en aucun cas toléré ce culte qu’il juge comme supersticieux, un saint très vénéré dans la région française du Rhône-Alpes et des Dombes. Malgré les actions enregistrées par l’inquisiteur au cours du XIII°s.,« nous (=Etienne de Bourbon) avons fait exhumer le chien mort et couper le bois sacré, et nous avons fait brûler celui-ci avec les ossements du chien. Et j’ai fait prendre par les seigneurs de la terre un édit prévoyant la saisie et le rachat des biens de ceux qui afflueraient désormais en ce lieu pour une telle raison »

L’historien français Schmitt a encore retrouvé au milieu du XX°s. des traces du culte et du pèlerinage et a pu démontrer que le « saint lévrier » était encore bien vénéré même après sa condamnation par l’Eglise catholique ! Gageons que la protection du saint lévrier n’était pas si inefficace et inutile, mais de là à dire qu’elle était voulue ou autorisée par Dieu…! "

Auteur :  Zunkir [ 15 Mars 2005 10:21 ]
Sujet du message : 

En effet c'est une histoire très intéressante quoique assez ahurissante.
Un des rôles des Ordres mendiants était effectivement de participer à la lutte contre les attitudes hérétiques. Cela est plus affirmé chez les Dominicains. Il agissent par la prédication mais aussi par la répression (comme ici). Le XIIIè siècle est une période qui voit l'Eglise mettre en place de nouveaux moyens pour se rapprocher des fidèles, mieux les encadrer (après avoir repris le contrôle sur la hiérarchie ecclésiastique au cours de la réforme grégorienne).

Auteur :  Pan [ 15 Mars 2005 11:38 ]
Sujet du message : 

Les Dominicains, voire dominus canis, soit "les chiens du seigneur". A voir les représentations iconographiques dominicaines où l'on voit un chien tenant une torche enflammée dans sa gueule: représentation de Sirius? (cf: Domini canis, le chien du Seigneur. Fra Angelico, La Glorification de saint Dominique, c.67 v. Missel n. 558 (vers 1430). Musée de San Marco, Florence.)

A quelle date calendaire est fêté saint Dominique?

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 15 Mars 2005 12:07 ]
Sujet du message : 

Bizarre, je n'aurais pas traduit "dominus canis" par les chiens du seigneur, mais par le maître des chiens. J'aurais plurôt vu canis domini pour les chiens du seigneur.

Mais bon, mes souvenirs de latin étant fort lointain....

Auteur :  Pan [ 15 Mars 2005 13:05 ]
Sujet du message : 

Jean-Marc Labat a écrit :
Bizarre, je n'aurais pas traduit "dominus canis" par les chiens du seigneur, mais par le maître des chiens. J'aurais plurôt vu canis domini pour les chiens du seigneur.

Mais bon, mes souvenirs de latin étant fort lointain....


Ce sont les Dominicains eux-mêmes qui se définissent comme cela. Il me semble que Jacques de Voragine dans sa "légende dorée" en parle également.
Leur rôle dans l'Inquisition et leur domination sont adéquates!

Auteur :  Tramstoria [ 27 Juin 2010 15:29 ]
Sujet du message :  Re: Guinefort le Saint lévrier

Share a écrit :
Je fais un exposé a propos du Saint lévrier Guinefort.Quelqu'un connaît-il cette légende?

J'ai un texte d'étienne de bourbon, mais je ne vois pas vraiment commen traiter le sujet.Dois-je me servir de ce texte pour mettree en relation a la fois le comportement de l'eglise par rapport aux fidèle et prarallèllement le développement des dominicains (et plus généralement des mendiants) avec le métier de prédicateur?



Bonjour,

Si cela peut vous aider, voici quelques pistes bibliographiques:
J. -Cl. Schmitt: Le saint lévrier, Paris, 1979.

Ph. Joutard, « Le saint lévrier : enquête sur un chien guérisseur », in Les Collections de L’Histoire, n°36, 07.2007.

Hervé Martin, « L'église éducatrice. Messages apparents, contenus sous-jacents », in
Revue Histoire de l’éducation, n°50, mai 1991 (n° spécial), p. 106 :

« Sans allonger à l'excès la liste des vertus de l'exemplum, je rappelle qu'il peut parfois être l'objet d'une lecture ethnologique: la fameuse histoire du saint lévrier Guinefort, relatée au XIIIe siècle par le dominicain Étienne de Bourbon, cache un infanticide ritualisé et révèle une croyance bien ancrée aux changelins, ou enfants « changés » par les démons. »

J.- L. Le Quellec, Saints populaires : « Saints de glace, de pierre, de grès et de roc. Un saint lévrier : Saint Guinefort à l'Ile-d'Elle », dans Émotions Religieuses en Vendée, p. 36-36, 66-67.

D. Dehouve, L’évangélisation des Aztèques ou le pécheur universel, Paris, Maisonneuve et Larose, 2004, p. 7-8.

Auteur :  calade [ 27 Juin 2010 16:50 ]
Sujet du message :  Re: Guinefort le Saint lévrier

Comme Tramstoria, je ne saurai trop insister sur la lecture du livre de Jean-claude Schmitt que vous trouverez en collection de poche (Champ/Flammarion). C'est en fait un commentaire du texte d'Etienne de Bourbon. Ce livre est un chef d'oeuvre ; je l'ai déjà écrit sur Passion histoire mais je profite de l'occasion pour le redire. ;)

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