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Lisant les blasonnements de plusieurs familles, il m'est apparu qu'un blasonnement d'une seule et même famille et branche pouvait présenter dans plusieurs énoncés de légères différences de formulation pouvant donner lieu à de petites différences dans le traitement graphique des armes
C’est surtout au XVIIIème siècle, au moment de la décadence de la langue héraldique, que la terminologie se complique en voulant tout décrire de façon extrêmement précise, et donc paradoxalement, que des différences peuvent apparaître dans l’interprétation. On invente alors des mots inconnus au Moyen-âge.
Par exemple, le terme « rampant » pour désigner un animal dressé sur ses pattes postérieures était générique jusqu’au XVIème siècle ; puis on crée des termes propres selon l’animal :
Le lion ou le griffon restent «
rampants », mais le cheval devient «
cabré » ou «
effrayé », le cerf «
élancé », le taureau «
furieux », le mouton «
sautant », le renard ou le loup «
ravissant », le chat «
effarouché », le bélier ou la licorne «
saillant », etc...
Donc, selon les blasonnements, vous pourrez trouver un vocabulaire variable, mais pour les armes tardives, car les autres ont été fixées dans des armoriaux plus anciens.
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Il y a aussi le cas où un élément du blasonnement reste général, ouvrant une marge de variabilité pour le rendu graphique, du moins à ce qu'il me semble.
Quelquefois, en effet, on peut penser qu’il y a une certaine imprécision dans le blasonnement, mais il n’en est rien, car les hérauts, qui « criaient » les armes, ou les héraldistes des armoriaux non figurés (beaucoup étaient seulement écrits) ne prenaient pas la peine de préciser des éléments supposés connus de tous.
Par exemple, les armes de France moderne : «
d’azur à 3 fleurs de lys d’or » ; il était inutile de préciser la position qu’elles occupaient sur l’écu («
posées 2 en chef et une en pointe »), car c’était une évidence ; si elles avaient été placées autrement par contre, on l’aurait indiqué ( ex : «
de sable à 3 étoiles d’or, posées en fasce », et encore ne précise-t-on pas le nombre de rais des étoiles, donc il y en a cinq, sinon on aurait aussi précisé). Autre exemple, «
d’azur à un pal d’argent accosté de 4 étoiles d’or » suffit, on sait qu’il y en a 2 de chaque côté du pal, l’une en dessous de l’autre, inutile de l’ajouter.
Dans le cas des oiseaux, le terme « oiseau » renvoie à une espèce non identifiée, qu’on représente comme une corneille.
Par contre, on peut être extrêmement précis quand on veut désigner un oiseau particulier, par exemple le corbeau ; quand l’espace de l’écu ne permet pas de le représenter dans une taille qui permette de l’identifier à coup sûr, on lui ajoute un accessoire qui lui est propre, l’anneau : comme dans l’exemple ci-dessous, où l’identification du corbeau était indispensable, puisque ce sont des armes parlantes (Mathias CORVIN), étonnantes d'ailleurs car on superpose sable sur azur, ce qui contrevient à la règle d'emploi des couleurs, mais qui peut s'expliquer car le corbeau ne peut être que noir.
L’autruche est réputée pour avaler n’importe quoi : on la représente donc avec un fer à cheval dans le bec ; enfin, une jolie image : la grue, qu’on voyait longtemps immobile sur une patte, est représentée tenant une pierre dans l’autre patte: si elle s’endort, la pierre tombe et la réveille, c’est pourquoi on blasonne «
une grue avec sa vigilance », magnifique, non ?
Autre figure très poétique : le pélican «
dans sa piété », c’est à dire se transperçant le jabot avec son bec et arrosant ses petits de son sang pour les ressusciter. On le rencontre dans certaines armes ecclésiastiques.