Nous sommes actuellement le 19 Avr 2024 6:15

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 4 message(s) ] 
Auteur Message
 Sujet du message : R2.2
Message Publié : 12 Sep 2011 18:53 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Mars 2005 14:40
Message(s) : 155
Localisation : Centre France
R2.2, c'est son nom de code.

Son vrai nom, c'est Raoul II de Brienne, comte d'Eu et de Guines, Connétable de France... un nom à coucher dehors et qui induit en erreur, car il existe un Raoul I de Brienne, d'Eu, etc, son père, qui fut avant lui Connétable de France. J'ai donc décidé de lui donner un nom de code: Raoul II d'Eu, R2.2.

J'espère que les lecteurs de ce forum me permettront cette facétie! lol

Ce garçon serait né entre 1315 et 1320, c'est-à-dire trois ou quatre ans avant Jean, duc de Normandie, fils chéri de Philippe VI. Leurs pères étaient potes, le père de R2.2 étant le chef des armées du père de Jean de Normandie. A première vue, ils étaient fait pour s'entendre. Alors que s'est-il passé le jour où R2.2 est rentré d'Angleterre en 1350 et s'est fait assassiné par Jean, devenu Jean II, roi de France?

D'après Françoise AUTRAND dans Jean de Berry, Fayard, 2000, chapitre 2, Naissance d'un cadet royal, voici ce qui s'est passé:

"A peine Bonne était-elle morte que sa mémoire fut salie par un soupçon. Un drame s'était produit, en effet, dans les premières semaines du règne de Jean II. Le connétable Raoul d'Eu, comte du Guines, qui, après avoir été longtemps prisonnier en Angleterre, était de retour en France, vint se présenter au nouveau roi qui le fit aussitôt arrêter, enfermer à la tour de Nesle, juger par quelques-uns de ses pairs et exécuter deux ou trois jours plus tard, le 19 novembre 1350. Pourquoi? Personne n'en sut jamais rien car le roi ne le dit pas. A force de conjectures, les historiens les plus savants pensent que ce fut pour trahison. Mais dans les années 1350, comme le roi n'avait en aucune manière donné les raisons de cette "cruelle justice", le bruit courut que le crime du connétable était d'avoir courtisé la duchesse de Normandie [sa femme]."

Et voilà ce qu'en dit Georges BORDONOVE, Les Rois qui ont fait la France, Jean II le Bon, Pygmalion, 2000, chapitre 4, le Roi Jean:

"Les fêtes du couronnement étaient à peine achevées que le connétable de France, venant d'Angleterre, se préseneta à la cour qui accueillit joyeusement son retour. C'est que, selon Froissart, Raoul, comte d'Eu et de Guines, réunissait toutes les qualités d'un vrai chevalier. Il était "able (habile), gai, frice (vif), plaisant, joli et léger". Il s'était fiat capturer par Edouard III au siège de Caen en 1346 et, depuis cette époque, on l'avait retenu en Angleterre. Edouard exigeait en effet de lui une rançon si forte qu'il ne pouvait se libérer, sauf si le roi de France l'aidait à réunir la somme. Mais c'était négliger le charme personnel du connétable. Prisonnier sur parole, traité selon son rang, il vivait à la cour d'Angleterre et participait à toutes les réjouissances. Tant et si bien qu'il entra dans les bonnes grâces d'Edouard et de la reine Philippa, des seigneurs et des dames de la cour. Le roi consentit un 'rabais' sur la rançon qui, de la sorte, fut ramnée à 60 000 écus, et il autorisa le connétable à se rendre en France pour réunir la somme, escomptant bien que Jean II faciliterait les choses. Au bout d'un an, si le comte de Guines ne pouvait payer, il retournerait à sa 'prison' anglaise.

La première visite du connétable fut pour le roi Jean, dont il croyait avoir l'amitié. Aussitôt que le roi l'aperçut, parmi les courtisans, il lui dit: "Comte de Guines, suivez-moi, j'ai à vous parler." L'autre, sans défiance, s'empressa de répondre: "Volontiers, Monseigneur." Le roi l'emmena dans une chambre et lui montra une lettre: "Comte de Guines, vîtes-vous cette lettre ailleurs qu'ici?" Le connétable fut ébahi, puis devint pâle. "Ah! mauvais traître, lui dit le roi, vous avez bien mérité la mort! Je n'y faillirai pas, par l'âme de mon père!" Cette scène dramatique eut lieu à l'Hôtel de Nesle, où résidait Jean II. Arrêté sur-le-champ, le connétable fut jeté danz un cahot de la Tour du Louvre, celui-là même, précise Froissart, là le comte de Montfort avait été enfermé."


On cherche à se renseigner sur R2.2 sur d'autres sites. Voir: La Guerre de Cent Ans

Que sait-on de lui, à part ça?

_________________
"Le monde est un cactus... Je me pique de le savoir" (Jacques Dutronc)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: R2.2
Message Publié : 21 Sep 2011 10:57 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Mars 2005 14:40
Message(s) : 155
Localisation : Centre France
Je ne suis peut-être pas la seule à confondre R2.2 avec son père. Ils sont souvent mentionnés tous les deux de la même façon, id est: le connétable Raoul d'Eu, comte de Guines. On écrit aussi Raoul de Brienne sans préciser s'il s'agit du père ou du fils. Il est vrai que les personnages de la noblesse avaient plusieurs titres et qu'on les présente souvent sous l'un ou l'autre titre, à charge du lecteur de savoir qu'il s'agit de la seule et même personne.

Dans le livre récent (édition 2000) "The Perfect King, Edward III" de l'historien anglais biographe d'Edouard III, Ian Mortier, on trouve quelques mentions du père et du fils sans qu'il soit précisé duquel il s'agit:

(ma traduction)
au Chapître 6, Le serment du Héron, où est raconté l'offensive de Raoul I père, comte d'Eu, en Agenais en 1337:

(p.142)
(...)
"L'ouverture des hostilités pour cette guerre était molle. L'armée principale de Philippe, sous le commandement du comte d'Eu [Raoul père], avait marché sur l'Agenais au début de juillet. Au même moment, la petite armée d'Edouard sous le commandement de John of Norwich était encore à Portsmouth prêt à mettre à la voile, ce qui laissait les Français libres pour un moment d'attaquer les places fortes et les châteaux seigneuriaux dans la région; mais ils ne s'y sont pas mis avec grande conviction. A la fin de juin Edouard avait envoyé des courriers à 67 Gascons de la haute noblesse, les remerciant de leur loyauté à son égard, et des lettres du même acabit aux bourgeois d'importance de plus de 20 villes. Son espoir qu'ils lui resteraient loyaux au moment de l'invasion des Français s'avéra bien fondé. Les villes fortifiées de St Macaire, St Emilion et Libourne ont résisté chacune à un siège assez court. (...)"


au Chapitre DIX, Edouard le Conquérant, où est raconté l'attaque de Caen où R2.2 est fait prisonnier en 1346:

(p.128)
(...)
"Edouard fit réveiller ses hommes très tôt, avant le lever du soleil. Chaque matin il les envoyait sur certains endroits différents. Le 23 [juin 1346] il les envoya sur Torigny, mais un changement de projet les dirigea sur Cormolain. La marche du lendemain les vit arriver à Fontenay le Pesnel, puis à Cheux. Le 26 juin Edouard se leva, entendit la messe avant le lever du soleil, puis donna l'odre à ses troupes de marcher sur Caen.

Edouard savait que Caen allait être le lieu de la première bataille importante de sa campagne. A l'intérieur des fortifications sûres de la vieille ville et de son château se tenaient les troupes du comte d'Eu [R2.2] et du seigneur de Tancarville, de l'évêque de Bayeux, ainsi qu'une population conséquante, probablement plus de 20 000 habitants. Il s'y tenait aussi environ 300 mercenaires Génois arbalétriers. En dehors des murs, postés pour attendre Edouard se trouvait un grand nombre de gens d'armes sous le commandemant de Robert Bertrand, y compris des habitants de Caen qui avaient insisté à vouloir bravement affronter Edouard à découvert pour minimiser les dégâts éventuels sur leur ville.

Les Anglais commencèrent leur approche vers 15h. Edouard fit mettre ses hommes en ordre de combat. En voyant les milliers d'étendards qui s'approchaient, les gens de Caen, comprenant qu'ils s'étaient largement trompés sur l'étendue de l'invasion, retournèrent se réfugier dans la vieille ville. Malgré leur peur, leur retraite était aussi une tactique sensée pour renforcer la défense de la ville. Les Français étaient entre 2000 et 4000 soldats et sans doute 4000 hommes citadins adultes, ce qui rendait la tâche de monter à l'assaut de la ville plutôt intimidante, car les murs étaient fortifiés et 7000 hommes (sans oublier quelques milliers de femmes) pouvaient facilement les défendre pendant un bon bout de temps. Le confesseur du roi a mentionné par la suite dans une lettre que, lorsqu'il avait aperçu Caen pour la première fois, il avait pensé que la ville était imprenable.

Edouard n'ayant pas le temps de faire le siège de la ville ne se posait même pas la question de son caractère imprenable. Il nota en passant que les deux abbayes construites par Guillaume le Conquérant - l'Abbaye aux Hommes (où Guillaume était inhumé) et l'Abbaye aux Dames - se trouvaient en dehors des murs d'enceinte, de sorte qu'en cas de destruction totale de la ville le lieu d'inhumation de ses ancêtres et ses propres fondements religieux ne seraient touchés. Quand l'évêque de Bayeux refusa même de répondre à sa missive offrant d'épargner le vie des habitants si la ville voulait se rendre, et qu'il ne renvoya même pas le messager d'Edouard, sa résolution de détruire la ville se trouva sans obstacle.

Il s'avérait qu'avant même sa décision finale un groupe d'avant-garde était déjà parti. Alors que les derniers soldats de Bertrand s'engoufraient à l'abri de la vieille ville, les hommes du groupe de tête sous le commandement du Prince [son fils Edouard] et du comte de Warwick, les avaient suivi et attaqué. Une bataille s'ensuivit dans laquelle les archers de l'avant-garde se sont trouvés submergés par un grand nombre de gens d'armes. Pour pouvoir sauver ses précieux archers, Edouard envoya un message au comte de Warwick lui ordonnant de battre retraite, mais, dans la violente mêlée qui s'ensuivait dans les rues de la ville, le comte se trouva aussi plongé dans la bagarre. Réalisant qu'il n'y avait plus qu'à engager la bataille à fond, Edouard donna l'odre d'attaquer. Tout était centré autour du pont qui se trouvait entre la vieille ville et la ville neuve. Un contingent de lanciers Gallois, voyant que la marée basse leur permettait de traverser la rivière à pied, se sont jetés dans l'eau pour aller attaquer les défenseurs qui se trouvaient sur l'autre rive et prendre le pont à revers. D'autres Anglais se sont alors jetés dans l'échauffourée jusqu'à ce que les défenseurs perdent courage et qu'ils se retirent en laissant ceux de leurs compagnons qui étaient sur le pont se faire massacrer. Quelques-uns des chevaliers se sont alors réfugiés à l'étage du bâtiment de corps-de-garde du château. Ils voyaient le sort réservé à ceux qui restaient dans les rues. Même les riches bourgeois étaient massacrés par les Anglais qui étaient (d'après Froissart) "des hommes de peu de conscience". Personne n'était capturé pour une demande de ranson. Les chevaliers dans le corps-de-garde [R2.2 et Tancarville] ne sont restés en vie que parce que l'un d'entre eux a reconnu les armes de Sir Thomas Holland parmi les assaillants et qu'il a pu implorer d'être fait prisonnier, ce qui les a sauvé."


Donc, R2.2 a été fait prisonnier à Caen en 1346 et emmené à Londres pour ranson. Il n'en serait revenu qu'en 1350 pour se faire assassiner par Jean, devenu roi de France, et qui était très certainement son ami d'enfance.

_________________
"Le monde est un cactus... Je me pique de le savoir" (Jacques Dutronc)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: R2.2
Message Publié : 21 Sep 2011 13:45 
Hors-ligne
Administrateur
Administrateur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Avr 2004 17:38
Message(s) : 10645
Localisation : Région Parisienne
Daisy a écrit :
pour se faire assassiner par Jean, devenu roi de France, et qui était très certainement son ami d'enfance.



Tss, tss, un Roi de France ne peut assassiner, il fait exécuter. Il ne faut pas oublier qu'il est maître de la justice, et qu'il fait ce qu'il veut en ce domaine. Si le Roi décide qu'il est coupable, qu'il ait tort ou raison, il y a décision de justice, ce n'est donc pas un assassinat.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message : Re: R2.2
Message Publié : 21 Sep 2011 18:18 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 10 Mars 2005 14:40
Message(s) : 155
Localisation : Centre France
...d'accord, d'accord, je vous concède cette stricte difinition :'(

_________________
"Le monde est un cactus... Je me pique de le savoir" (Jacques Dutronc)


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 4 message(s) ] 

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 28 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB