Bonjour,

Lors de ses combats contre les Génois, puis les Ottomans, Venise mettait en ligne une centaine de galères. Cela représentait 20000 marins, donc une fraction non négligeable de la population de la République de Venise de l'époque. Un tel effort était-il soutenable longtemps? Je présume que les marins étaient essentiellement recrutés dans les possessions maritimes et qu'ils avaient d'autres activités en temps de paix.

Par conséquent, combien de galères étaient armées pour le commerce chaque année en temps de paix? Les galères mises aux enchères pour les mude annuelles ne semblent pas avoir été très nombreuses, et les récits de pèlerins (dont le transport en Terre Sainte était une activité économique florissante) n'évoquent qu'une poignée de galères effectuant la traversée vers Constantinople, Jaffa ou Alexandrie.

En sens inverse, certains textes (comme le discours d'adieu du doge Mocenigo en 1423 quand il adjure, sans succès, ses concitoyens de ne pas se lancer dans des conquêtes en Terre Ferme) évoquent des centaines de galères et des milliers de naves, mais je présume que cela inclut même les plus petites embarcations.

A-t-on alors une idée du nombre (et de la taille) des gros navires (nefs et galee de mercato), ou mieux encore une distribution par taille de ces navires vers la fin du XV° siècle à l'apogée de Venise?

Bien à vous

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Quaerendo invenietis

Les galères étaient à usage militaire et non de transport. Parallèlement, Venise a construit des centaines de "galéasses" ou de galions, armés de canons mais servant aussi au commerce en Méditerranée.

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

Venise qui est un empire maritime, une thalassocratie, avait à son apogée une activité sur mer considérable, la première du monde. Elle s'est arrogée le premier rôle dans le commerce en occident mais aussi entre l'orient et l'occident sur la Méditerranée, au point que les musulmans font souvent appel à des navires vénitiens pour leurs propres transports, y compris d'esclaves pour les besoins de l'orient.
La méditerranée est devenue depuis les croisades une mer chrétienne. A partir du 13è siècle les chrétiens, mieux armés techniquement, imposent leur impérialisme, fixent les prix et assurent même les liaisons intérieures des marchés musulmans, qui se contentent de controler et taxer les occidentaux en les laissant commercer chez eux.
Voir Christophe Picard, le monde musulman, XIè au XVè siècles, 2014 et sa bibliographie. Cursus. Remarquable synthèse.
Venise progressera grâce à cette main-mise des navires chrétiens et des commerçants sur le commerce de la Méditerranée. Son arsenal est le premier du monde lors de son apogée, on lit qu'il pouvait construire un grand navire par jour. La cité a remplacé Constantinople en profitant des croisades. Elle s'est emparée de son commerce de luxe et de ses réseaux.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Bonjour,

Les grandes galères de commerce (galee da mercato, galee grosse, galéasses) étaient très répandues en Méditerranée jusqu'à la fin du XV° siècle. Elles transportaient des marchandises de grande valeur sous un petit volume comme les soieries ou les épices, et leur équipage nombreux les mettaient en partie à l'abri des attaques de pirates, surtout quand elles naviguaient en convois (mude). Les galères plus petites (galee sottile) étaient bien à usage surtout militaire, mais il me semble que la distinction civile/militaire n'était pas aussi marquée aux XII°-XV° siècles que par la suite, et que les galères de commerce participaient aux combats navals. Le terme "galion" n'est pas plutôt réservé aux navires ronds océaniques, bien que certains vaisseaux à rames du Moyen-Age aient porté ce nom?

Mais auriez-vous une bonne référence sur le nombre et la répartition des navires vénitiens? J'ai trouvé beaucoup de détails sur les galères elles-mêmes dans le livre de F. Lane, par exemple, et des informations sur le commerce vénitien dans ceux de E. Crouzet-Pavant, mais peu de précisions sur les effectifs.

Bien à vous

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Quaerendo invenietis