Je ne sais pas sur quelles sources votre interlocuteurs s'appuyait, mais respect des population et troupe en campagne, c'est assez contradictoire quelle que soit l'époque.
La guerre est une abolition du droit en temps de paix. Les conditions de la guerre, ses conséquences, font que les repères moraux habituels en sont perturbés.
De l'antiquité à nos jours, les lois de la guerre se résument par "Vae Victis", malheur aux vaincus, comme aurait dit celui qui m'a inspiré mon pseudo.
Au Moyen Age, pillages et massacres sont monnaie courante (c'est là où l'image de pillards qu'ont les vikings est très surfaite, leurs détracteurs n'avaient rien à leur envier.... mais ils étaient païens). Pendant la guerre de cent ans, c'est la règle. Il ne faut pas oublier qu'à une époque où l'on a peu de GPS, de radars, de radios et finalement assez peu de moyens de repérer l'ennemi en dehors d'éclaireurs et d'espion (avec tout l'aléatoire qu'on imagine), ainsi que peu de moyens logistiques, la guerre prend rarement la forme d'un choc frontal. Il n'y a pas de front. Si on ajoute à cela que les partis en présence sont souvent déséquilibrés, l'un cherche à se dérober plutôt que d'affronter l'ennemi dans une bataille qu'il est sûr de perdre.
Tous ces facteurs font que la guerre au Moyen Age prend la forme de chevauchées, dont le but est de ravager les domaines de l'ennemi: prendre et démanteler ses châteaux (ou en faire des bases d'opération avancées pour le conquérant), piller, faire le plus de dégât possible. Et il ne faut pas oublier qu'à l'époque, le nerf de la guerre, c'est le paysan qui paye ses impôts en nature. Détruire les récoltes, voler tout ce qui peut l'être, est un bon moyen d'affaiblir considérablement l'ennemi sans coup férir. Les batailles rangées sont rares, et quand elles arrivent, elles sont rarement chevaleresques.
Alors certes, il y a cette culture chevaleresque..... Mais en dehors des romans, elle est finalement peu visible. Et lorsque cela arrive, elle concerne les nobles. Un exemple: dans les années 1370 (vous me pardonnerez l'imprécision, il faudrait prendre le temps de chercher), le prince noir pilla Limoges. Ce fut un bain de sang. Dans l'ancien quartier du château, deux chevaliers "français" luttaient jusqu'au bout. Au moment où ils étaient prêt de succomber, le prince noir en personne vint leur dire que l'honneur était sauf et qu'ils pouvaient se rendre. Le soir, il organisa un grand banquet en leur honneur, pendant que les routiers qui constituaient l'essentiel de son armée pillaient et tuaient à loisir.......
Les populations "civiles" sont donc les premières à souffrir des guerre qui sont l'un des trois maux les plus redoutés. Et ça ne se cantonne pas à la guerre de Cent Ans. Au XIIème siècle, Richard Coeur de Lion employaient des troupes de "brabançons" qui n'avaient rien à envier aux écorcheurs de la guerre de CEnt Ans. Ils firent de tel ravages en Limousin que tous les seigneurs locaux mirent leur querelle de côté pour aller les exterminer à la bataille de Malemort en 1177.
La Croisade contre les Albigeois, autre exemple, a été une catastrophe pour les populations du Sud de la France.
Ce qui motive l'homme d'arme, au-delà de l'idéal parfois chevaleresque dont sa fonction est enrobée, c'est l'enrichissement par le pillage. Pour le noble, le but est de capturer d'autres nobles, la rançon étant une source de revenu considérable. Pour le simple sergent ou mercenaire, c'est le pillage. Si l'on considère à nouveau la faiblesses des moyens logistiques de l'époque, la plupart des armées devaient se servir sur le pays ne serait-ce que pour leur simple survie.
La guerre implique des actes violents et cruels. Le respect des population n'entre pas en considération, et ce quelle que soit l'époque (voire les guerres actuelles ou récentes).On ne peut pas demander à des êtres humains de tuer à telle heure, et de se comporter en vertueux chevaliers soucieux des populations une heure plus tard. Et en dehors du simple meurtre, sévices divers, viols et humiliations étaient monnaie courante (comme actuellement dans certaines régions du monde,
J'ai remarqué un phénomène dans la reconstitution historique: beaucoup sont attirés par des aspects assez martiaux de l'époque qu'ils recréent; armures, armes de l'époque, l'image que l'on a de tout ça, on les comprend bien. Mais on sent parfois qu'ils n'assument pas vraiment la part sombre de ces aspects là: un guerrier est avant tout là pour tuer, et une arme, aussi attrayante qu'elle soit par la beauté de l'objet, est là pour l'aider à remplir son office.
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