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Message Publié : 10 Jan 2015 15:33 
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Polybe
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Localisation : chroniqueur du temps qui passe à Nancy
Bonjour,

Je me pose la question suivante :

Tout le monde n'était pas agriculteur ou paysan au moyen âge. Je suppose que seul l'aîné devait reprendre la portion de terre que sa famille recevait du seigneur local.
Bon alors le travailleur libre cela devait correspondre au vilain non ? (si l'autre était serf)
Alors je voudrais savoir : mettons que le travailleur libre soit maçon, il devait louer une chambre à qui ?
Qui possédait des logements qu'il pouvait donner à louer ? un aubergiste il est bien indépendant non ? il n'a pas de compte à rendre à un seigneur ? Il doit donc y avoir au moyen âge une foule de gens qui ne sont pas attachés à une terre agricole, qui se déplacent pour faire les saisons. Mettons que ces gens là travaillent, ils ont des sous, il faut bien qu'ils se marient -ou bien c'est une forme de régulation de l'espèce que j'ignorais encore- ils ont bien la possibilité d'acheter une maison pour s'installer ou bien logent-ils sous les ponts ? où trouve t-on des terres où s'établir ? bref qui veut bien m'expliquer la liberté au moyen âge ?

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Message Publié : 10 Jan 2015 16:43 
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Pierre de L'Estoile
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Localisation : St Valery/Somme
difficile question, qui recoupe aussi celle-ci : quid de la création du proto-village?
Au départ, on est au alentour du IXème siècle, les gens sont regroupés par mense qui dépendent de villa. Il y a un groupe de paysans libres, ou de colons ou d'esclaves en fuites, ou des anciens serf qui migre à cause de la destruction de leur villa ou leur abbaye qui vont créer un proto-village dé novo. C'est le cas dans le nord de la france ou on voit des village de cultivateurs appraitrent sur des plateau avec des champs autour en open field. C'est la création des payasage que l'on peut voir en Beauce, Picardie, normandie etc ... Le travail est mis en commun et il règne une sorte d'égalité au début. Il n'y a pas d'édifice qui dénotte un leadership (pas de chateau ni d'église du moins au début). Puis le chef emmerge parmis la population soit par reconnaissance officielle de la part d'une autorité proche (le compte fonctionnaire carolingien par exemple qui va choisir un centenier pour le service de l'ost) soit par auto-reconaissance d'un pair parmis les habitants, soit encore par l'église (l'évèque qui va désigner un curé). Aprés le village grandis mais il faut toujours voir que dans le monde rural il y a une solidarité et un gout de travail en commun qui fait que les gens ne dorme pas sous les ponts. On peut toujours compter sur la solidarité villageoise pour construire la maison. Par contre la maison appartient au patron du village qui deviendra un futur chevalier ou un seigneur ou retra un alleutier libre.

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(Il permit que les païens traversassent la mer, Pour rappeler aux Francs leurs péchés)


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Message Publié : 10 Jan 2015 19:18 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 01 Jan 2012 11:57
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Lecielmetombesurlatête a écrit :
Bonjour,

Je me pose la question suivante :

Tout le monde n'était pas agriculteur ou paysan au moyen âge. Je suppose que seul l'aîné devait reprendre la portion de terre que sa famille recevait du seigneur local.
Bon alors le travailleur libre cela devait correspondre au vilain non ? (si l'autre était serf)
Alors je voudrais savoir : mettons que le travailleur libre soit maçon, il devait louer une chambre à qui ?
Qui possédait des logements qu'il pouvait donner à louer ? un aubergiste il est bien indépendant non ? il n'a pas de compte à rendre à un seigneur ? Il doit donc y avoir au moyen âge une foule de gens qui ne sont pas attachés à une terre agricole, qui se déplacent pour faire les saisons. Mettons que ces gens là travaillent, ils ont des sous, il faut bien qu'ils se marient -ou bien c'est une forme de régulation de l'espèce que j'ignorais encore- ils ont bien la possibilité d'acheter une maison pour s'installer ou bien logent-ils sous les ponts ? où trouve t-on des terres où s'établir ? bref qui veut bien m'expliquer la liberté au moyen âge ?


J'ai une vision totalement différente du moyen-âge...

Voici ce qui s'est passé pour ma région (Ille-et-Vilaine)
1- Colonisation des campagnes sous l'impulsion du clergé à partir du 7e siècle. Elle s'accompagnera par la division du territoire en paroisse
2- Au cours des siècles suivants, des colons défrichent des terres et deviennent propriétaire de leurs terres. Dans la plupart du temps, ils donnent leur nom à leur domaine, qu'on retrouve dans le nom des lieux-dits actuels, avec comme suffixes: -ais, ou -ière.
La propriété individuelle va façonner le paysage des campagnes en créant le bocage.
3- Parallèlement, se met en place le pouvoir seigneurial. Le seigneur possède 1 ou des châteaux, et quelques terres.
Il domine une vaste zone (sa seigneurie), mais la plupart des paysans reste propriétaire de leur terre. Ils doivent payés une taxe à leur seigneur au titre de propiétaire terrien.
La seigneurie aura un rôle aussi judiciaire par la suite, avec un juge, un procureur fiscal ect..


Même si on n'est plus dans le moyen-âge, mais les document notariés que j'ai vu voir pour le 17ème et 18ème siécle dans cette région, comme les baux de fermes, ventes de terres ect.. montrent que les seigneurs possédaient très peu de terres finalement à cette époque.
Les actes se font très majoritairement entre simple propriétaire (souvent laboureur lui-même) et un fermier (location à prix ferme) ou un métayer (location payé en nature)


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Message Publié : 10 Jan 2015 19:35 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Il me semble que dans certaines zones, c'est l'endettement des propriétaires terriens qui finit par les transformer en serfs assujettis à leur seigneur. On a tendance a l'oublier, mais l'agriculture demande d'indisponibiliser pas mal de capitaux en vue de la récolte future. Quand cela se passe bien, on récupère le capital et avec le reste, on a ce qu'il faut pour semer la récolte prochaine, tout en se nourrissant et en vendant les excédents. Mais, en cas d'aléas climatiques ou guerriers, sans compter le reste; bref, si la récolte est détruite ou maigrelette, il faut trouver de quoi vivre, rembourser les emprunts et semer l'année suivante.

En quand le cycle s’amorce, on s'appauvrit de plus en plus, on commence par vendre sa terre, puis on finit par vendre sa propre personne pour rembourser ses emprunts.

Edit : il me semble avoir lu cette explication sur le forum, il y a très longtemps. C'était au sujet d'une loi (?) de Charlemagne où il essayait de contrer cela. Les hommes libres étaient assujettis au service militaire et pas les serfs. Donc, la transformation d'hommes libres en serfs diminuait le nombre d'hommes disponibles pour l'ost.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 11 Jan 2015 8:36 
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Localisation : Région Parisienne
Il me semble que l'édit de Charlemagne était surtout dirigé contre la spéculation.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 11 Jan 2015 10:20 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Jean-Marc Labat a écrit :
Il me semble que l'édit de Charlemagne était surtout dirigé contre la spéculation.


Je ne suis pas spécialiste de la période. Il me semble qu'il y avait eu une discussion sur le sujet, il y a très longtemps. Mais, je ne me souviens plus des détails.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 11 Jan 2015 11:45 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 27 Déc 2013 0:09
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Ce qu'on désigne sous le terme de moyen-âge est une période ayant duré mille ans. L'appellation est arbitraire et il n'est pas possible de répondre brièvement à la question initiale. Par exemple, un aubergiste il est bien indépendant non ?. Au quinzième siècle, oui, quoique les aubergistes fussent encore petit nombreux. Mais y avait-il des aubergistes au dixième siècle ?

Je recommanderais la lecture d'ouvrages tels que Guerriers et paysans de Georges Duby.

Je suppose que seul l'aîné devait reprendre la portion de terre que sa famille recevait du seigneur local. Deux observations. Tout d'abord le personnel exploitant une manse n'était pas réduit à une famille nucléaire. Plusieurs ménages cohabitaient généralement. Ensuite l'évolution démographique était lente. Si la natalité était élevée, la mortalité l'était aussi de sorte que, globalement, il y avait peu de personnes en surnombre obligées de quitter la terre de leur parents ou, s'ils étaient amenés à le faire, c'était souvent pour s'installer sur une terre en déshérence.


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Message Publié : 11 Jan 2015 14:28 
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Pierre de L'Estoile
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Qui dit "travailleur libre" implique, au départ, forcément travailleur itinérant. L'économie rurale (essentiellement) a longtemps reposé sur cette variété d'artisans-commerçants-professions libérales (tisserands, maçons, changeurs, forains, musiciens, écrivains publics, architectes mêmes, etc.). Le fait qu'ils échappaient aux maîtres des terres et aux règles des corporations puis des communes (municipalités) leur a permis de constituer le noyau sur lequel une société multiforme a prospéré avant de tenter de prendre les leviers du pouvoir.

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.


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Message Publié : 11 Jan 2015 22:31 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 23 Mars 2005 10:34
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Localisation : Nanterre
Lecielmetombesurlatête a écrit :
Tout le monde n'était pas agriculteur ou paysan au moyen âge. Je suppose que seul l'aîné devait reprendre la portion de terre que sa famille recevait du seigneur local.
Ce n'est pas forcément exact, en tout cas pas partout. J'avais évoqué, dans le sujet Les Règles de succession à la veille de la Révolution le fait que la règle d'héritage majoritaire en France était le partage équitable des terres entre fils (voire les filles).

Citer :
Bon alors le travailleur libre cela devait correspondre au vilain non ? (si l'autre était serf)
Rien que dans le travail agricole (ce à quoi se rapporte le terme "vilain"), il existe de nombreuses façon d'exploiter la terre.
  • Franc-alleu : exploitation en pleine propriété, libre de droits
  • Métayage : exploitation de la terre d'un autre en échange d'une partie de la récolte
  • Affermage : exploitation de la terre d'un autre en échange d'un droit fixe (ferme)
  • Exploitation par les valets du seigneur (George Duby, dans Seigneurs et paysans, dit que c'était le mode d'exploitation principal de l'abbaye de Cluny, mélangé à d'autres)
  • Salariat : exploitation de la terre par des journaliers, itinérants

Rappelons qu'il n'y a pas que la culture de terre dans l'agriculture : il y aussi l'élevage. Dans Montaillou, village occitan, E. Leroy-Ladurie décrit la vie des bergers, qui travaillent souvent en tant que salariés des possesseurs de moutons, et qui conduisent souvent à la pâture des troupeaux de divers propriétaires. Ceux qui arrivent à épargner mêlent à ces troupeaux les moutons qu'ils possèdent en propre, et peuvent ainsi bénéficier directement de la laine et du lait qu'ils produisent.

Citer :
Alors je voudrais savoir : mettons que le travailleur libre soit maçon, il devait louer une chambre à qui ?
Qui possédait des logements qu'il pouvait donner à louer ? un aubergiste il est bien indépendant non ? il n'a pas de compte à rendre à un seigneur ?
Tous les types de propriétés foncières sont possibles. L'aubergiste peut posséder sa maison, ou la louer à un seigneur laïc ou ecclésiastique.
Il n'y a pas de contrôle du seigneur sur la circulation des gens : l'administration n'est pas assez développée pour cela. En revanche, emprunter certaines routes et certains ponts donnent lieu au paiement d'un péage.

Citer :
Il doit donc y avoir au moyen âge une foule de gens qui ne sont pas attachés à une terre agricole, qui se déplacent pour faire les saisons.
En plus des auberges, il y a aussi les monastères et les autres institutions ecclésiastiques qui remplissent les fonctions d'hôtellerie. De plus, les paysans peuvent également offrir l'hospitalité, contre paiement ou non.

Citer :
Mettons que ces gens là travaillent, ils ont des sous, il faut bien qu'ils se marient -ou bien c'est une forme de régulation de l'espèce que j'ignorais encore-
Il n'est pas rare que le mari et la femme ne se voient qu'épisodiquement, entre deux voyages du mari, la femme restant, par exemple, en domesticité dans la maison d'un seigneur, ou vivant de l'artisanat local.

Citer :
ils ont bien la possibilité d'acheter une maison pour s'installer ou bien logent-ils sous les ponts ? où trouve t-on des terres où s'établir ?
Quand ils veulent s'établir, ils peuvent contracter avec le seigneur locale, qui, je le répète, sera souvent une institution ecclésiastique (abbaye, monastère...) un contrat comme celui que je viens de citer.

Ils peuvent aussi émigrer dans des endroits ou les seigneurs, soucieux de mettre en valeur de nouvelles terres fraîchement défrichées, offrent des conditions avantageuses comme le franc-alleu ou des exonérations de cens durant les premières années.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
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Message Publié : 12 Jan 2015 21:16 
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jibe a écrit :
Qui dit "travailleur libre" implique, au départ, forcément travailleur itinérant. L'économie rurale (essentiellement) a longtemps reposé sur cette variété d'artisans-commerçants-professions libérales (tisserands, maçons, changeurs, forains, musiciens, écrivains publics, architectes mêmes, etc.). Le fait qu'ils échappaient aux maîtres des terres et aux règles des corporations puis des communes (municipalités) leur a permis de constituer le noyau sur lequel une société multiforme a prospéré avant de tenter de prendre les leviers du pouvoir.

Au départ certe mais à quelle dates situez vous ce départ ?
Est ce que cela c'est mis en place progressivement et il y a continuité entre antiquité et moyen-age ou bien suite à l'effondrement de l'état (romains, mérovingiens puis carolingien) le fisc impérial c'est petit à petit privatisé, morcellé dans un ordre féodal et parallèlement une nouvelle classe à vue le jour : des gens qui ont construit des villages, des moulin à eau et des ponts qu'ils ont exploité eux mèmes ?

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Message Publié : 13 Jan 2015 8:33 
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Pierre de L'Estoile
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La seconde idée est la plus vraisemblable mais cela n'exclut pas la continuité des besoins, des métiers et de certains réseaux.

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Message Publié : 13 Jan 2015 18:21 
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Localisation : St Valery/Somme
jibe a écrit :
La seconde idée est la plus vraisemblable mais cela n'exclut pas la continuité des besoins, des métiers et de certains réseaux.

C'est vrai, la vraie révolution concerne surtout les agriculteurs et les éleveurs. Certain métiers n'ont pas connu de modification entre antiquité et moyen age. On peux citer les Bateliers (ou Nautes qui transporte les produits commerciaux sur des radeaux fluviaux), les pêcheurs en mer, les charbonniers (qui tiraient leur subsistance de la fabrication du charbon de bois à partir de l'exploitation forestière qu'il vendaient ensuite au forgeron, au potier, au maçon, au verrier). Par contre il y a de nouveaux métiers liè à des inovations technologiques comme le meunier.

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Message Publié : 04 Avr 2016 16:45 
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Localisation : St Valery/Somme
Narduccio a écrit :
Il me semble que dans certaines zones, c'est l'endettement des propriétaires terriens qui finit par les transformer en serfs assujettis à leur seigneur. On a tendance a l'oublier, mais l'agriculture demande d'indisponibiliser pas mal de capitaux en vue de la récolte future. Quand cela se passe bien, on récupère le capital et avec le reste, on a ce qu'il faut pour semer la récolte prochaine, tout en se nourrissant et en vendant les excédents. Mais, en cas d'aléas climatiques ou guerriers, sans compter le reste; bref, si la récolte est détruite ou maigrelette, il faut trouver de quoi vivre, rembourser les emprunts et semer l'année suivante.

En quand le cycle s’amorce, on s'appauvrit de plus en plus, on commence par vendre sa terre, puis on finit par vendre sa propre personne pour rembourser ses emprunts.

Edit : il me semble avoir lu cette explication sur le forum, il y a très longtemps. C'était au sujet d'une loi (?) de Charlemagne où il essayait de contrer cela. Les hommes libres étaient assujettis au service militaire et pas les serfs. Donc, la transformation d'hommes libres en serfs diminuait le nombre d'hommes disponibles pour l'ost.


A la lecture d'une référence de Laurent Frédéric sur un autre fil : Comparaison administrations mérovingienne et carolingien
Laurent Frédéric a écrit :
Sur celles-ci, voyez notamment : Étienne Renard, "Une élite paysanne en crise ? Le poids des charges militaires pour les petits alleutiers entre Loire et Rhin au IXe siècle", Les élites au haut Moyen Âge: crises et renouvellements, Turnhout, p.315-336.

https://www.academia.edu/3842265/Une_%C3%A9lite_paysanne_en_crise_Le_poids_des_charges_militaires_pour_les_petits_alleutiers_entre_Loire_et_Rhin_au_IXe_si%C3%A8cle_in_F._Bougard_L._Feller_et_R._Le_Jan_dir._Les_%C3%A9lites_au_haut_Moyen_%C3%82ge_crises_et_renouvellements_Turnhout_2006_p._315-336

On peut établir la chronologie de ce phénomène de paupérisation comme suit :
-Les carolingiens ont besoin d'une conscription massive pour la guerre sur les marches du royaume francs.
-Charlemagne établit des règles de conscription sur tout homme libre y compris les propriétaires de moins de 4 manses par le système d'entraide. (un homme qui possède 3 manses de 45 hectares, se fera aider d'un propriètaire d'une seule manse de 15 hectares).
-Les hommes partaient au moins tout l'été pour l'ost.

Les effets pervers de ce système :
-corruptions des recruteurs (comtes, évèques, abbés) qui moyennant backchich renvoient chez eux ceux qui paye et enrolent de force plusieurs année de suite, ceux qui n'ont pas assez. l'objectif avoué de ces recruteurs est de les dépouiller petit à petit à chaque conscription de leur terres pour faire croitre la leur.

-Pour échapper à la conscription des alleutiers donnent leurs terres à une église avec laquelle ils s'entendent pour récupérer en précaire leur biens moyennant le paiement d'un cens.

Ce système abbouttis à une diminution des alleutiers pauvres qui se retrouvent serf ou colons, une concentrations des terres dans les mains des comtes, évèques, abbés et des leurs avoués et centenniers.

-Les Alleutiers plus aisés (5 manses) vont parfois devenir soldats de métier et récupérer sous forme de bénéfices l'equivalent des terres dont-ils ont été déssaisis. Ils entrent ainsi dans la classe des Bélatores. Par le biais de la "précaria remunatoria" il peuvent doubler leur posséssion.
en Picardie on retrouve une catégorie de guerriers-paysans qui ont une charge de "Caballarius" un service à cheval.

Selon Etienne Renard, dans la crise du IXème siècle qui semble avoir frappé les alleutiers, certain ont réussi leur reconversion, mais il n'était déja plus des paysans.

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