Tout cela est aujourd'hui bien élaboré et finement documenté juridiquement comme l'explique Barbetorte.
Mais en était-il de même au XIIème siècle?
Car jusqu'au concile du Latran en 1215, le mariage est essentiellement une affaire privée. l'Eglise n'a pas encore fait prévaloir ses vues pour l'ensemble de la population, loin de là.
Selon Duby, seuls les mariages entre puissants -c'est évidemment le cas ici- étaient noués de manière à être indissolubles, car ils engageait la politique, le temps long et des peuples. C'était en fait les seuls mariages
réels, entendons par-là, conformes aux aspirations de l'Eglise et au sens qui s'est imposé depuis.
Mais puisque l'Eglise qui mûrissait son modèle de son côté n'avait pu encore l'imposer, les répudiations étaient beaucoup plus souples. Par exemple, le théoricien du mariage l'évêque Hincmar est bien obligé de faire de la realpolitik et citer à contrecœur Assuerus dans l'A.T. qui répudie sa femme pour pouvoir épouser Esther!
C'est seulement à partir du Xème-Xiième que l'Eglise s'enhardit, forte de son poids dans la société et de sa doctrine maintenant ficelée, à dénoncer des répudiations chez les puissants, et même oser excommunier un souverain.
Et encore, cela ne se fit pas au nom de l'indissolubilité, concept trop éloigné des mœurs du temps, mais en utilisant le prétexte de la consanguinité. On est en plein dans le cas et la période relevés par Camille
Tout ça pour dire que, dans cette période encore floue, je ne pense pas qu'il y ait eu beaucoup de formalisme juridique dans la séparation de Louis et Aliénor, et que l'on se soit beaucoup préoccupé d'effets de droit. Ce qui a surtout dû faire bosser les conseillers, c'était le retour de l'Aquitaine sous l'autorité d'Aliénor!
Alors, dans ce contexte, les enfants... que des filles, en plus
Un article sur le sujet: Philippe Ariès,
le mariage indissoluble, dans
Sexualités occidentales, contribution à l'histoire et à la sociologie de la sexualité, p123-137, EHESS, 1982