nico86 a écrit :
Ne s'agit t'il pas de la Dilaceratio Corporis ?
Exemption papale permettant au défunt roi de bénéficier d'une technique funéraire consistant à séparer le corps du cadavre en plusieurs parties.
"Le mos Teutonicus est ainsi une technique qui se divise en 3 étapes successives ou dilaceratio corporis (division du corps). Tout d’abord on pratique l’éviscération du corps et la mise à l’écart des entrailles et du cœur, puis on sépare les membres du corps et enfin on fait bouillir les restes du cadavre, afin de nettoyer les os des chairs restantes, dans de l’eau salée ou dans du vin aromatisé. — (Éric FAUVEAU, Embaumement. Dilaceratio corporis : diviser pour mieux régner sur
http://www.funeraire-info.fr, 30 avril 2015)"
(source Wiki).
Bonne réponse : Philippe le Bel fut en effet le premier roi de France à faire le choix d'une double sépulture de son vivant. Il transformait ainsi les pratiques funéraires capétiennes puisque ce choix, logiquement, imposait également une double cérémonie de funérailles et l'érection de deux gisants distincts. Dans son premier testament, rédigé en 1288, après trois ans de règne et alors qu'il n'avait que 20 ans, Philippe le Bel, sans surprise, demandait à être inhumé à Saint-Denis. Il prévoyait ainsi de rejoindre la nécropole dans laquelle reposaient la plupart de ses prédécesseurs mérovingiens, carolingiens et capétiens, selon la volonté de Saint Louis. Mais moins de dix ans plus tard, en mars 1297, le roi modifia son testament : il exprima le désir d'avoir deux sépultures et de voir son cœur reposer au couvent des dominicains de la rue Saint-Jacques, à Paris.
Philippe le Bel n'imaginait pas en 1297devoir surmonter un obstacle de taille pour parvenir à ses fins : l'hostilité du pape. La pratique de la division des corps gagnant alors jusqu'aux membres de la curie romaine, Boniface VIII finit même par intervenir. En 1299, il promulgua la décrétale Detestande feritatis - c'est-à-dire « De la nécessité de détester la barbarie » -, où il la condamnait sévèrement, certainement du fait aussi d'une répulsion personnelle. Agitant les menaces de l'excommunication et de l'interdiction de sépulture ecclésiastique, le pape rendait la division du corps à des fins privées beaucoup plus difficile. Cette bulle eut un effet dissuasif dans le royaume d'Angleterre et chez les nobles français... mais pas sur Philippe le Bel et ses successeurs.
Après la mort de Boniface VIII (1303), qui eut pour effet de favoriser un rapprochement entre le monarque capétien et la papauté, Philippe le Bel, bien décidé à disposer de son coeur, sollicita une exemption d'abord auprès de Benoît XI (avril 1304) puis de Clément V (1306). Il obtint du premier l'autorisation de faire diviser son cadavre et transporter ses ossements s'il mourait loin de Saint-Denis, et du second la permission de disposer librement de son coeur. Alors même que la condamnation de Boniface VIII contribuait à une forte diminution du nombre de sépultures de coeurs chez les monarques et les nobles européens, les Capétiens, en la personne de Philippe le Bel, disposaient dorénavant d'un privilège tout à fait exceptionnel.